Nous avons déjà évoqué les romans consacrés au Livre Ancien et à la bibliophilie.
Ils sont en fait assez eu nombreux. Je crois en avoir lu quelques uns, et il me semble que Club Dumas, d’Arturo Perez-Reverte (disponible en poche) est d’assez loin le meilleur. Si vous ne l’avez pas encore lu, voici un résumé qui vous en donnera peut-être envie… Si vous l’avez lu, peut-être que cela vous donnera envie de le relire, comme je viens de le faire.
Il est venu voir Balkan pour authentifier un manuscrit de Dumas. Dès lors, le lecteur suivra Corso dans une double (en)quête : l’authentification des feuillets de Dumas et la recherche des trois exemplaires d’un autre ouvrage, du 17ème celui là, Les Neuf Portes du Royaume des Ombres, mission qui lui a été confiée par un bibliophile richissime, Varo Borja.
En effet, celui possède un exemplaire du précieux livre, dont l’imprimeur est mort sur le bûcher au 17ème, en jurant qu’il en avait caché un exemplaire avant que les autres ne soient détruits. Oui mais voilà, trois exemplaires sont connus, et Borja demande à Corso de vérifier si le sien est l’unique et authentique.L’ouvrage en question est réputé être un guide pratique pour invoquer le Diable et accéder au royaume des Ombres. Il contient 9 gravures sur bois. Le lecteur va dès lors suivre Corso à la recherche des autres exemplaires existants, à Sintra au Portugal, puis à Paris, où il rencontre divers acteurs du monde du livre : relieurs/restaurateurs, libraires et bibliophiles.En comparant les ouvrages, Corso semble penser que la réponse réside dans les gravures, mais je vous laisse découvrir cet aspect par vous même.
Au fil de sa quête, au cours de laquelle il transporte le manuscrit de Dumas et le fameux livre de démonologie, Corso réalise qu’il est suivi et que ses péripéties se révèlent bien souvent proches des intrigues des Trois Mousquetaires…
Ensuite, les événements s’enchaîneront, et Corso, plus que jamais devra mener les deux enquêtes en parallèle et s’exposer doublement… Mais je n’en dirai pas plus, pour ne pas gâcher votre plaisir…Pour un bibliophile l’ouvrage est passionnant, notamment pour sa galerie de portraits de ces bibliophiles – collectionneurs, libraires spécialisés, « rabatteurs », restaurateurs-faussaires – prêts à tout pour assouvir leurs passions et se procurer le livre tant convoité… Un petit bémol cependant : à mon sens, les deux intrigues auraient mérité chacune un ouvrage, tant la partie consacrée à Dumas se termine un peu en « eau de boudin »… Pour ma part, j’ai adoré l’enquête sur l’ouvrage de démonologie, au cours de laquelle on croise des personnages fascinants, dont certains ont déjà eu les honneurs du blog…Si vous ne l’avez pas lu, vous êtes impardonnable, mais vous me remercierez (mille fois) au moment où vous dévorerez l’ouvrage sur la plage… Si vous l’avez lu, vraiment, il mérite la relecture. En effet, parce que je connaissais le dénouement, j’ai finalement plus apprécié la relecture au cours de laquelle j’ai pu profité pleinement de toutes les références bibliophiliques… et c’est bien simple, le bonheur du bibliophile se trouve à chaque page!
Ce livre a inspiré un film « La Neuvième Porte », de Roman Polanski et avec Johnny Depp, dont je parlerai très bientôt. En attendant, voici de quoi aiguiser votre curiosité pour ce long métrage… (voir le petit film)
H.
Images : les 9 gravures sur bois
J’ai retrouvé le titre du film: « Tristan », mais franchement, il ne vaut pas le détour… (à mon avis); la bibliophilie joue un rôle somme toute secondaire, et l’intrigue est invraisemblable.
ok, je ne lirai donc pas La règle de Quatre mais essaierai plutôt de trouver un bel exemplaire de l’édition aldine du songe de Poliphile… sans trop y croire…
Merci à tous pour ces avis et ces échanges, comme quoi tout le monde n’est pas en vacances…
Amicalement, Bertrand
Merci pour vos commentairess.
Bertrand, tout le monde est du même avis, La Règle de 4 ne vaut pas les 7 euros qu’il coûte en format de poche!!!
Je vais lire l’Anatole France et le Cuneo de ce pas…
Mais je n’ai pas trouvé trace du film que Guillaumus évoque dans la filmographie officielle de M. Seigner.
Il va falloir que je me mette sérieusement à un scenario sur notre sujet de prédilection, que nous soyons également représentés dans le 7ème art!
Hugues
Bonjour,
Même avis que les autres lecteurs pour « La règle de quatre », livre cousu de fil blanc qui a les défauts de ce genre de thrillers au parfum ésotérique, sans en avoir les qualités; j’ai vu le film avec J. Depp (fort bien), sans avoir lu le livre, mais à lire ces messages, la lacune sera vite comblée.
Puis-je recommander Le crime de Silvestre Bonnard d’A. France, sans être tout à fait ringard ? La bibliophilie n’est pas vue sous un jour technique, et reste un peu à l’arrière-plan, mais le tout est vraiment très drôle.
Guillaumus
P.S.: Je me rappelle aussi d’un (mauvais) film avec Mathilde Seigner; le père de M. Seigner était bibliophile, et le principal suspect, courtier en livres anciens, mais cet aspect n’était pas vraiment développé…
Bonjour,
La coïncidence entre ma lecture de ce livre (terminée mardi dernier!) et la publication d’un message le concernant m’incite à écrire! J’avais vu le film il y a longtemps, mais le livre m’a semblé bien meilleur. Pour ceux qui n’ont lu que ce roman de Perez Reverte, je les invite à se précipiter sur tous les autres ouvrages qu’il a écrit. Les aventures du capitaine alatriste (5 titres pour l’instant) raviront les amateurs de roman de cape et d’épée!
Plus généralement, je tiens à exprimer le plaisir que m’offre la lecture quotidienne de ce blog. Bibliophile débutant mais lecteur boulimique, j’apprends énormément sur l’univers du livre ancien!
Cordialement
Autant le club Dumas ma passionné, autant la règle de quatre ma laissé dubitatif ; il est vrai que je n’ai pas fréquenté la continent Nord américain et certains codes m’échappent ; mais quand on possède un Poliphile sa lecture ne peut être qu’un pur délice ;-).
S’il vous reste quatre ou cinq euros lisez donc Le tableau du Maître flamand du même Perez-Reverte, le livre ancien n’est pas le pivot mais l’intrigue est bien construite : un livreidéal pour les vacances.
PS : Avez-vous lu les différents articles de Grasset D’Orcet ?
Le songe de Poliphile y est décrypté d’une manière bien particulière ; mais après avoir feuilleté les bigarrures du Seigneur des accordz (Estienne Tabourot), sa théorie ne le classe pas obligatoirement dans la catégorie des fous littéraires
Cordialement
Je l’ai également lu… Si vous me permettez de faire mon snob… je ne suis allé au bout de l’ouvrage que parce que j’avais mon exemplaire du Poliphile (in4, Guillemot, 1660, avec les bois de Kerver) dans la main gauche…
Et même avec cela, j’ai peiné, la lecture est laborieuse, les références à l’ouvrage innombrables…
Bref, je ne le conseille pas.
Hugues
Je l’ai lu, mais honnêtement, j’ai trouvé ça long et pas très bien écrit. Je l’ai fini uniquement parceque le sujet est l’Hypnerotomachia poliphili, mais je ne le conseille à personne… Plongez vous plutôt dans l’original (en version française bien entendu).
Philipem
j’ai retrouvé la référence via internet (merci Google) :
La règle de quatre
Ian Caldwell, Dustin Thomason
éd. MICHEL LAFON
Trad. de l’américain par Hélène Le Beau et François Thibaux.
365 pages
21,5 €
141,03 FF
Voici d’ailleurs le résumé du site internet :
Les aventures mouvementées de quatre étudiants de Princeton aux prises avec un mystérieux manuscrit de la Renaissance: Dan Brown fait des émules
Livres Romans étrangers Critique
L’Express du 14/02/2005
L’énigme du Poliphile
par Thierry Gandillot
Les aventures mouvementées de quatre étudiants de Princeton aux prises avec un mystérieux manuscrit de la Renaissance: Dan Brown fait des émules
Sur le bandeau rouge qui entoure ce gros livre, le romancier Nelson DeMille affirme: «Si Scott Fitzgerald, Umberto Eco et Dan Brown s’étaient réunis le temps d’un roman, ils auraient écrit La Règle de quatre.» C’est peut-être pousser le bouchon marketing un peu loin, mais il ne fait aucun doute que Ian Caldwell et Dustin Thomason s’inscrivent dans la lignée de Da Vinci Code. On leur souhaite de rencontrer un succès équivalent à celui de Dan Brown, qui a explosé la barre des 20 millions d’exemplaires!
Texte obscur. L’action se déroule à l’université de Princeton, quelques jours avant les vacances de Pâques. On va suivre les aventures mouvementées de quatre étudiants, aventures provoquées par le mémoire de l’un d’eux, Paul Harris, consacré à un manuscrit de la Renaissance, Le Songe de Poliphile, publié en Italie, sous le titre Hypnerotomachia Poliphili, en 1499. A mesure que les compères avancent dans leur quête, crimes et catastrophes s’abattent sur le campus. Pourtant, rien n’arrêtera leur marche en avant, jusqu’à la découverte du secret du Poliphile…
Depuis des siècles, des chercheurs, des écrivains ou des artistes tentent d’apprivoiser ce texte obscur, boursouflé, ésotérique, à la fois traité savant d’architecture et parcours initiatique à travers ruines, temples, villas, tombeaux, jardins et pyramides. Paul Harris, aidé de ses amis, progresse dans le déchiffrage d’énigmes plus complexes les unes que les autres. Du genre: «Combien de bras de tes pieds à l’horizon? Que peuvent avoir en commun un coléoptère aveugle, un oiseau de nuit et un aigle au bec déformé? Quelle est la plus petite harmonie d’une grande victoire? Où se rencontrent l’âme et le sang?» Etc. Précisons que ces devinettes ont été inventées par les auteurs, comme l’indique Gilles Polizzi, professeur à l’université de Mulhouse, éditeur du Songe de Poliphile à l’Imprimerie nationale (disponible pour la modique somme de 29 euros) et auteur d’une thèse intitulée «Emblématique et géométrie: l’espace et le récit dans Le Songe de Poliphile».
La mode étant aux commentaires tous azimuts de Da Vinci Code, gageons que La Règle de quatre n’échappera pas aux tentatives de décryptage. Il faut dire que l’ouvrage s’y prête. Sa naissance d’abord, mystérieuse. Qui se cache derrière Le Songe de Poliphile? On sait que l’impression des 500 premiers exemplaires a été financée par Leonardo Grasso, protonotaire apostolique à Vérone, et que François Ier, Charles Quint, Philippe II et Henri VIII en possédaient un.
Esthétique de l’énigme. On s’interroge aussi sur les motivations de l’imprimeur, le Vénitien Alde Manuce, éditeur d’Erasme, spécialisé d’ordinaire dans les classiques grecs et latins. Quant à l’auteur, il fut rapidement démasqué grâce à l’acrostiche formé par les initiales des chapitres: «Poliam frater Franciscus Columna peramavit», c’est-à-dire «Frère Francesco Colonna aima Polia d’un grand amour». Si l’on ignore qui était Polia – personne réelle ou allégorie – les spécialistes hésitent encore entre deux Francesco Colonna: un moine vénitien, maître de rhétorique à Trévise, ou un prince romain. De toute façon, on ne sait pas grand-chose de l’un ni de l’autre.
Le songe allégorique était un genre fort prisé au XVe siècle. Mais ce qui a attiré l’attention sur l’Hypnerotomachia, c’est sa langue (mélange de syntaxe italienne et de lexique latin, parsemé d’hébreu, de grec, d’arabe, et même de hiéroglyphes), la complexité de ses songes et son esthétique de l’énigme («J’étais nu si la bête ne m’eût couvert»). Ces mystères ont inspiré, au cours des siècles, des artistes aussi divers que Jean de La Fontaine, Salvador Dali, Georges Perec, Gérard de Nerval, Roman Polanski ou Rabelais. Au-delà de toutes ces interrogations, une chose est sûre: ce songe n’a pas fini de faire rêver.
J’aimerais l’avis d’un bibliophile qui l’a lu…
Dans l’attente,
Amicalement, Bertrand
Bonsoir,
je sais qu’il existe un livre assez récent (américain je crois) qui tourne autour du decryptage de l’Hypnerotomachia poliphili ou Songe de Poliphile, livre du XVè hautement réputé pour son contenu plus que mystérieux et ses gravures.
Malheureusement, je ne me rappelle plus le titre de cet ouvrage ni son auteur. D’ailleurs lorsque je l’avais croisé sur les rayonnages d’une grande librairie de ville je n’avais pas osé l’acheter de peur d’être déçu et entrainé bien malgré moi dans les enièmes avatars du Da Vinci Code…
Si quelqu’un connait cet ouvrage, l’a lu, peut nous en faire une petite critique, je suis preneur.
Amicalement, Bertrand
Bonsoir,
Reste t’il quelques bloggers pas encore partis en congés ? Les commentaires se font rares …
Entièrement d’accord ave Hugues sur les qualités du roman de Perez Reverte. Le film qui en a été tiré n’a pas la même richesse avec la double intrigue, mais il présente d’autres intérêts (Emmanuelle seignier, …).
Dans une autre veine, mais aussi agréable à lire, connaissez vous « Le maître de Garamond » d’Anne Cuneo (Stock 2003)?
Bien cordialement
Philippem