Un frontispice gravé par la Marquise de Pompadour: Rodogune, Princesse des Parthes, par Pierre Corneille, 1760

Amis Bibliophiles bonjour,
De la Pompadour nous connaissons le goût pour les livres, les armes, les armes imitées par des doreurs peu scrupuleux, mais savez-vous qu’elle est allée plus loin que ce « simple » goût des livres et qu’elle s’est investie personnellement dans un ouvrage?

Cet ouvrage, le voici, il s’agît d’une édition de Rodogune, Princesse des Parthes, une tragédie de Pierre Corneille, parue en 1760, et dont le frontispice a été « gravé à l’eau forte par Mme de Pompadour ». 

Je sais encore peu de choses de cette nouvelle acquisition, mais l’histoire raconte que la Pompadour était fort curieuse des étapes qui procèdent de l’impression d’un ouvrage. Le roi Louis XV fît donc venir à Versailles des ouvriers de l’Imprimerie Royale, ainsi qu’un presse, qui fût installée dans les appartements de la favorite, qui étaient situées « au Nord », d’où l’indication de lieu sur la page de titre.


La Marquise de Pompadour eut donc ainsi la possibilité de suivre les différentes étapes et de graver elle-même le frontispice, gravé par Boucher…. et retouché par Cochin. L’histoire ajoute également que le tout aurait été gravé avec des caractères d’argent. 

Il n’y aurait eu qu’une vingtaine d’exemplaires imprimés: 4 sont connus au CCFR, un autre (l’exemplaire du frère de la Pompadour, si ce n’est de la favorite elle-même) réalisa l’enchère record de l’une des sessions de la bibliothèque de Robert Hoe en 1912, en atteignant 1200$. Cet exemplaire, l’un des ouvrages favoris de Hoe, portait la mention manuscrite suivante: « En l’année 1760, ma soeur [Mme de Pompadour] voulant connoistre l’art de l’imprimerie, on établit dans son appartement à Versailles une des presses de l’imprimerie royalle et on imprima devant elle la tragédie de Rodogune. On a mis au Nord parce que son appartement est exposé au Nord… ». E. Picot, Bibliogr. cornélienne, n° 599.

L’exemplaire ici présenté porte les ex-libris d’Ambroise Firmin Didot et de Martin Jones. Il est relié en maroquin rouge de l’époque à dentelle, la pièce de titre est montée en long. C’est un assez élégant format in-4 de [4]-80 pages.

Si vous avez d’autres informations, je suis bien sûr preneur.
H

12 Commentaires

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  2. Pffff… 19ème… Aujourd'hui, heureusement, ça a bien changè…
    On ne fait plus seulement la couture dans les ateliers, on amène aussi le café!
    Et avec le sourire e, plus.
    Calamar, pousse au crime, quand même un petit peu 😉
    Bien à vous.
    Sandrine

  3. Pour faire réagir :
    "Les femmes bibliophiles !… Je ne sache point deux mots qui hurlent plus de se trouver ensemble dans notre milieu social ; je ne conçois pas d'accolade plus hypocrite, d'union qui flaire davantage le divorce ! La femme et la bibliofolie vivent aux antipodes, et, sauf exceptions aussi rares qu'hétéroclites, – car les filles d'Eve nous déroutent en tout,- je pense qu'il n'existe aucune sympathie profonde et intime entre la femme et le livre ; aucune passion d'épiderme ou d'esprit ; bien plus, je serais tenté de croire qu'il y a en évidence inimitié d'instinct, et que la femme la plus affinée sentira toujours dans "l'affreux bouquin" un rival puissant, inexorable, si éminemment absorbant et fascinateur qu'elle le verra sans cesse se dresser comme une impénétrable muraille entre elle-même et l'homme à conquérir."

    L'auteur, bien connu, était célibataire, ça va de soi.

  4. Michel 188: "Le rôle de Cochin dans la gravure de ce frontispice est connu par une confidence faite à Joly que celui-ci a transmise à Heinecken:
    Je vais conc notter tout ce que je sais m'ajouta-t-il (Cochin), et mettre de petites anecdotes à l'occasion d'une…vignette que l'adulation a citée comme étant gravée par Mad. de Pompadour tandis que Boucher étoit l'auteur du sujet, et moi le graveur derrière la tapisserie, la marquise ayant eu la foiblesse de laisser mettre son nom comme graveur; et moi de ne rien dire sachant bien que le diable n'y perdroit rien…"

  5. En réalité, Cochin en est l'auteur, comme des autres planches publiées de la marquise.
    Il était des intimes de la marquise qui a été son protecteur.
    Les caractères furent fondus en alliage d'argent et de cuivre, pour les rendre plus durs, par Fournier.

  6. Remarquable exemplaire!
    Et puis la bibliothèque de Firmin-Didot est vraiment ce qu'il y a de mieux comme appartenance!
    En revanche, je ne l'ai pas trouvé dans les catalogues de 1807, 1808 et 1810. Mais il y en a eu d'autres je crois…
    Quelqu'un aurait l'info?
    Cordialement,

    Wolfi

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