Amis Bibliophiles bonjour,
Nous vous proposons aujourd’hui une étude concernant La Nouvelle Justine de Sade, et de nouvelles informations sur sa date de parution, avançant significativement les dates connues, et infirmant le fait qu’elle puisse être antidatée.
Dans son excellent article paru dans le Bulletin du Bibliophile (L’édition originale de La Nouvelle Justine et Juliette, Bulletin du bibliophile, 1992, volume I.), Pascal Ract-Madoux nous conte l’histoire passionnante de ces deux grands classiques du marquis de Sade.
Son propos est de dresser une chronologie de l’aventure éditoriale de La Nouvelle Justine, de dater l’édition originale, et en partant de ce point, de dater également celle de Juliette, qui ont toutes deux fait l’objet de nombreuses spéculations.
Les recherches de M. Ract-Madoux le conduisent à proposer la chronologie suivante, reposant en partie sur les deux premières références connues à La Nouvelle Justine parues dans deux publications françaises de l’époque (Les Etrennes de l’Institut national ou la Revue littéraire de l’an VII, publiées par Colnet, et Tribunal d’Apollon, ouvrage similaire à celui de Colnet):
1. Juillet – Sept. 1799 :
– Publication de La Nouvelle Justine, très probablement en juillet ou en août (ou entre fin septembre 1798 et fin août 1799)
– Publication des Etrennes de Colnet (août) et du Tribunal d’Apollon (avant le 20 septembre)
2. Vers le 15 août 1800 :
– Seule saisie connue de La Nouvelle Justine (avant le 19 août)
3. Fin février 1801 :
– Le préfet Dubois apprend (après le 20 février) que Juliette va paraître « incessamment »
4. Fin février-début mars 1801 :
– Publication de Juliette (avant le 6 mars)
5. 6 mars 1801 :
– Arrestation de Sade et Massé
– Saisie du manuscrit de Juliette et d’un exemplaire de La Nouvelle Justine annoté par Sade
6. 7 mars 1801 :
– Massé remet 1000 exemplaires de Juliette à la police
7. Mars (?) 1801 :
– Les 4 vol. de La Nouvelle Justine sont épuisés
8. Date inconnue 1801 (?) :
– Massé (?) fait imprimer de nouveaux titres pour Juliette
9. Avant le 17 juillet 1802 :
– Barba fait imprimer l’édition B, contrefaçon de l’édition originale de La nouvelle Justine), qu’il catalogue et met en vente avec Juliette
10. 13 septembre 1802 :
– Saisie de Meaux.
C’est le premier point qui nous intéresse aujourd’hui, à savoir la datation de l’édition originale de La Nouvelle Justine.
M. Ract-Madoux situe l’édition originale entre juillet et septembre 1799, voire dans une période plus large (entre fin septembre 1798 et fin août 1799, durée qui correspond à l’année révolutionnaire An VII) ; de nouvelles découvertes concernant la première mention connue de l’œuvre, nous montrent qu’il faut désormais avancer cette période d’environ deux ans, comme nous le verrons.
M. Ract-Madoux, citant J. -J. Pauvert, rappelle également dans son article que « les dix volumes (Justine + Juliette NDLR) sont datés 1797 et cela dans toutes les éditions. L’usage d’antidater un livre pour tenter d’échapper aux poursuites policières était connu avant Sade« .
Selon les recherches de M. Ract-Madoux, il faudrait donc établir que l’édition originale de La Nouvelle Justine, en quatre volumes, orné d’un frontispice et de quarante gravures, datés 1797, serait a priori parue entre juillet et septembre 1799.
Juliette, elle, sera en effet publiée en six volumes, entre la fin février et le début de mars 1801 (avant le 6) ; Soit dix volumes en tout pour La Nouvelle Justine et Juliette.
M. Ract-Madoux rappelle enfin que « dans un Nota Bene mis après coup en tête du tome premier de la Nouvelle Justine, Sade présente ainsi ses dix volumes : « les aventures de Justine que nous publions en ce moment contiennent quatre volumes, ornés d’un frontispice et de quarante gravures. L’histoire de Juliette, qui y fait suite et qui s’y lie, en contient six, ornés de soixante gravures ; ce qui forme une collection, unique en son genre, de dix volumes et de cent estampes toutes plus piquantes les unes que les autres. » ».
La liste Decker, une mention publique de La Nouvelle Justine dès avril 1798 ?
Nos recherches, et notamment la découverte d’un périodique allemand de l’époque, nous permettent aujourd’hui de préciser la période de l’édition originale de La Nouvelle Justine, et nous verrons que la bonne période se situe significativement en amont des dates habituellement évoquées.
En effet, le Allgemeine Literatur-Zeitung de l’année 1798, Zweyter Band, consacré aux mois d’avril, mai et juin 1798 (Jena et Leipzig) donne un nouvel éclairage sur la datation de l’édition originale de La Nouvelle Justine.
Fondé en 1785 à Jena (Iéna), le Allgemeine Literatur-Zeitung est un important périodique allemand de l’époque. C’est un quotidien, consacré à la présentation et à la critique de la production littéraire de l’époque. A côté de la publication quotidienne du journal principal, sont apparues plusieurs publications complémentaires, le Allgemeine Repertorium der Literatur, une bibliographie universelle systématique, le Revision der Literatur, consacré à l’histoire de la littérature et enfin le Intelligenzblatt (der Allgem. Literatur Zeitung), qui est plutôt consacré aux ouvrages de sciences.
Régulièrement, l’Intelligenzblatt (der Allgem. Literatur Zeitung) s’enrichit d’une présentation des nouveaux ouvrages disponibles chez les libraires qui font part de leurs nouveautés au périodique.
Le numéro du Intelligenzblatt (der Allgem. Literatur Zeitung), paru le mercredi 18 avril 1798 propose ainsi de découvrir dans sa partie Ankündigungenneuer Bücher (littéralement « annonces de nouveaux livres »), une « Note de livres nouveaux et estampes, qui se trouvent chez J. Decker, libraire à Bâle« , en français dans le texte.
Il y est précisé que « les prix sont en livres de France, dont 24 équivalent à 11 florins d’empire« . S’ensuit une liste d’une trentaine d’ouvrages proposés par ce libraire réputé, tous en langue française, parus en 1797 ou en 1798. Au sein de cette liste du 18 avril 1798, deux se distinguent par un prix supérieur à 20 livres, alors que la plupart des ouvrages sont proposés pour quelques sous ou quelques livres.
Il s’agit du Dictionnaire élémentaire de botanique, par Bulliard, chez Crapelet 1797, pour 27 livres, ainsi que, vous l’avez deviné, de l’ouvrage de Sade, ainsi décrit :
La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de Juliette sa soeur; ouvrage orné d’un frontispice et de cent sujets gravés avec soin. Nouvelle édition. 4 Vol in-18. Hollande 1797.
On voit donc apparaître dans le Intelligenzblatt daté du 18 avril 1798, dans une liste de libraire forcément antérieure à cette date, une mention de La Nouvelle Justine, dont on pensait jusqu’à maintenant que l’édition originale avait paru entre juillet et septembre 1799, soit 15 mois plus tard ; voire entre fin septembre 1798 et fin août 1799, soit au plus tôt 5 mois après la parution du périodique allemand et de la liste de Jean Decker.
Dans tous les cas, nous nous trouvons donc face à une mention de l’ouvrage dans un périodique de l’époque, antérieure de 16 à 17 mois aux premières mentions connues de l’ouvrage dans des publications françaises, citées par M. Ract-Madoux.
La lecture de la notice donne plusieurs informations :
Le titre « La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de Juliette sa sœur ; ouvrage orné d’un frontispice et de cent sujets gravés avec soin », diffère légèrement du titre de l’édition originale connue « La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de l’histoire de Juliette sa sœur ; ouvrage orné d’un frontispice et de cent sujets gravés avec soin ».
Une différence sur laquelle on peut formuler deux hypothèses : le libraire ne connaît pas le titre exact, n’ayant pas l’ouvrage en mains, – hypothèse peu probable, comme nous le verrons -, ou il a choisi de l’amputer légèrement, pour gagner un peu de place.
La description de La Nouvelle Justine par Decker est quant à elle très précise, et ne laisse pas de poser quelques questions :
Decker connaît le bon format des ouvrages, in-18. Il indique le bon nombre de gravures, qui est contenu dans le titre. On pourrait penser qu’il se trompe sur le nombre de volumes, n’indiquant que quatre volumes, ceux correspondant à La Nouvelle Justine, et qui comportent donc 41 figures en tout dont le frontispice. En réalité, il ne se trompe pas, dans la mesure où il indique bien quatre volumes (il ne peut en indiquer dix, puisqu’il ne vend que La Nouvelle Justine), tout en copiant parfaitement ce qu’annonce le titre.
L’absence de mention des six volumes de Juliette vient, lui, confirmer l’hypothèse de J. -J. Pauvert qui le premier a compris que les dix volumes ont paru en deux temps. Decker sait donc qu’un « ensemble » de Sade comportant La Nouvelle Justine et Juliette va être publié, qu’il contient un frontispice et cent gravures, et il dispose bien des quatre premiers volumes de La Nouvelle Justine.
Le prix auquel le libraire propose l’ouvrage montre également qu’il est conscient de sa valeur.
La mention de « Nouvelle édition », enfin, qui figure dans la description de Decker, pourrait être destinée, comme souvent, à troubler les pistes (cf. Ract-Madoux).
La relative précision de la description de Decker interpelle forcément, elle prouve qu’au plus tard cinq mois avant la première date évoquée par M. Ract-Madoux, un libraire établi à Bâle (et non à Paris), connaît suffisamment le projet éditorial de Nouvelle Justine et de Juliette, pourtant entouré d’une probable discrétion, pour en donner une description précise, et le proposer à ses clients, non pas « sous le manteau », mais dans une liste, qui est relayée dans un important périodique littéraire allemand de l’époque. Le libraire dispose de l’ouvrage.
En effet, les autres ouvrages que propose Decker dans sa liste sont déjà bien connus, voire ont paru au 18 avril 1798, et il ne mentionne pas « à paraître » en face du Sade ; ainsi Le château mystérieux…, ou encore Les aventures de Hugues Trévor, respectivement signalés le 1er et le 24 février 1798 dans le Journal typographique et bibliographique.
Decker est un libraire sérieux, et non pas l’un de ces libraires aventuriers, voire aventureux, qui peuplent l’époque. Né à Bâle vers 1733-34, il succède à son père en 1754, et naturalisé français en 1759, il est autorisé à s’établir en qualité d’imprimeur par arrêt du Conseil du 26 février. A cette date, il devient également imprimeur du Roi et du Conseil souverain d’Alsace, puis du département du Haut-Rhin depuis 1790. Il est enfin imprimeur de l’almanach de Colmar, « Le Messager boiteux », et de la première feuille d’annonces locales. À la Révolution, il est membre de la « Société des vrais amis de la liberté et de l’égalité » jusqu’en juin 1795, il prend une part active aux débats politiques locaux. En 1798, il a donc 64 ans et une réputation de sérieux bien établie.
On peut donc penser que dès avril 1798 Decker a l’ouvrage de Sade entre les mains, et peut le livrer aux acquéreurs potentiels.
Comme le rappelle M. Ract-Madoux, la mention française la plus précoce de l’ouvrage figure dans un ouvrage de Colnet, Les Etrennes de l’Institut national ou la revue littéraire de l’an VII, parue en août 1799. Cette année révolutionnaire a commencé le 22 septembre 1798 et s’est terminée le 22 septembre 1799, elle explique la fourchette « large » de M. Ract-Madoux pour la publication de La Nouvelle Justine (« entre fin septembre 1798 et fin août 1799 », c’est tout simplement la période couverte par les Etrennes).
En revanche, la période correspondant à la fourchette « étroite », soit entre juillet et septembre 1799, à la toute fin de la période couverte par les Etrennes de Colnet et surtout à la toute fin de l’an VII, semble très éloignée de la mention dans l’Intelligenzblatt.
Elle se situe en effet au plus tôt 15 mois après la parution de la liste de Decker. On imagine mal un libraire aussi sérieux inscrivant un ouvrage dans une liste d’avril 1798, sans mentionner « à paraître » (presque 15 mois avant la publication estimée par M. Ract-Madoux dans sa fourchette « étroite »), sans que l’ouvrage ne soit disponible.
Cette nouvelle découverte, la liste Decker, parue le 18 avril 1798 dans l’Intelligenzblatt, nous donne donc trois nouvelles informations importantes au sujet de La Nouvelle Justine :
- La première mention connue de La Nouvelle Justine dans une publication, n’est plus celle des Etrennes de l’Institut national ou la revue littéraire de l’an VII de Colnet, datant du mois d’août 1799 citée par M. Ract-Madoux, mais serait celle de la liste du libraire Decker, parue dans l’Intelligenzblatt (der Allgem. Literatur Zeitung), datant du 18 avril 1798, soit près de 16 mois plus tôt.
- Début 1798, et avant le 18 avril 1798, le projet éditorial de La Nouvelle Justine et de Juliette est déjà connu, précisément formulé, et diffusé, puisqu’un libraire bâlois propose l’ouvrage à ses clients, et le relaie dans un grand périodique allemand au milieu d’une liste de livres déjà parus.
- Le très long délai de 15 mois entre la parution de cette liste dans un périodique allemand, l’Intelligenzblatt, et les dates de la fourchette « étroite » (juillet –septembre 1799) semblerait pouvoir permettre de formuler une hypothèse d’une date de publication de l’édition originale de La Nouvelle Justine plus précoce de quelques mois.
Et même dès 1797 ?
Mais, nous n’étions pas au bout de nos surprises.
En effet, en nous penchant de façon plus approfondie sur les catalogues de Decker, nous découvrons qu’en réalité l’édition originale de La Nouvelle Justine ne semble pas être antidatée : non seulement elle est mentionnée par J. Decker en avril 1798, comme nous venons de l’expliquer… mais nous l’avons également retrouvée – toujours dans l’Intelligenzblatt, listée dans un catalogue de vente de Decker dès le 9 juin 1797, près d’un plus tôt.
Dans ce catalogue, elle est mentionnée, ainsi d’ailleurs qu’Eleonore de Rosalba d’Anne Radcliffe, et Les Mystères d’Udolphe. La Nouvelle Justine est ainsi décrite : « La Nouvelle Justine ou les malheurs de la vertu, 4 vol. in-18 avec 40 fig. », ce qui est encore une fois conforme à l’ouvrage tel qu’on le connaît.
Dès avril 1797, Decker propose donc La Nouvelle Justine à ses clients, avec une description précise, qui semble confirmer que l’édition originale date bien de 1797 et n’est pas antidatée.
Si on continue à dérouler le fil de l’Histoire, et toujours dans l’Intelligenzblatt, Decker proposait également deux exemplaires de Justine (NB : et non La Nouvelle Justine, il s’agit un ouvrage précédent de Sade) dès juillet-août 1796 (avec une description en deux volumes), dont un relié de maroquin rouge, ce qui nous montre que Decker est habitué à vendre des ouvrages de Sade, et confirme une nouvelle fois la fiabilité de ces nouvelles informations.
En tout état de cause, nous pouvons conclure que :
1. La Nouvelle Justine n’est pas antidatée et a bien été publiée en 1797,
2. L’écart entre l’édition originale des quatre volumes de La Nouvelle Justine et des six volumes de Juliette est d’environ quatre ans et non pas deux. De même, celui avec la contrefaçon est de l’ordre de quatre à cinq ans.
A toutes fins utiles, on peut donc proposer une nouvelle chronologie, complétant celle de M. Ract-Madoux et la faisant débuter dès juin 1797, soit près de 2 ans plus tôt :
1. Juin 1797 :
– Première mention connue de La Nouvelle Justine un catalogue du libraire bâlois J. Decker, avec une description conforme.
2. 18 avril 1798 :
– Deuxième mention connue de La Nouvelle Justine dans un période de l’époque, dans l’Intelligenzblatt (der Allgem. Literatur Zeitung), au sein de la liste du libraire bâlois J. Decker.
3. Juillet – Sept. 1799 :
Premières mentions françaises de La Nouvelle Justine dans les Etrennes de Colnet (août) et leTribunal d’Apollon (avant le 20 septembre), (périodiques français de l’époque qui évoquent pour la première fois La Nouvelle Justine)
4. Vers le 15 août 1800 :
– Seule saisie connue de La Nouvelle Justine (avant le 19 août)
5. Fin février 1801 :
– Le préfet Dubois apprend (après le 20 février) que Juliette va paraître « incessamment »
6. Fin février-début mars 1801 :
– Publication de Juliette (avant le 6 mars)
7. 6 mars 1801 :
– Arrestation de Sade et Massé
– Saisie du manuscrit de Juliette et d’un exemplaire de La Nouvelle Justine annoté par Sade
8. 7 mars 1801 :
– Massé remet 1000 exemplaires de Juliette à la police
9. Mars (?) 1801 :
– Les 4 vol. de La Nouvelle Justine sont épuisés
10. Date inconnue 1801 (?) :
– Massé (?) fait imprimer de nouveaux titres pour Juliette
11. Avant le 17 juillet 1802 :
– Barba fait imprimer l’édition B, contrefaçon de l’eo de la Nouvelle Justine, qu’il catalogue et met en vente avec Juliette
12. 13 septembre 1802 :
– Saisie de Meaux.
Conclusion :
Cette étude permet par conséquent d’établir une nouvelle date pour la première mention connue de la Nouvelle Justine, plus précoce de près de deux ans, la ramenant de la fin de l’année 1799 au mois de juin 1797. Cette mention figure dans le catalogue de Jean Decker.
L’édition originale de La Nouvelle Justine est l’édition A, citée par M. Ract-Madoux..
Le fait qu’un libraire réputé, qui n’est pas situé à Paris mais à Bâle, propose La Nouvelle Justine de façon suffisamment précise dès juin 1797, démontre que l’ouvrage est disponible dès cette date et que La Nouvelle Justine n’a pas été antidatée et a bien été publiée en 1797.
Il reste à établir une date de publication plus précise, potentiellement plus précoce, sans doute plus proche du début de l’année… ou à expliquer pourquoi la publication aurait été reportée.
Nous nous permettons de suggérer une piste : en fait, La Nouvelle Justine serait passée inaperçue, c’est tout, mais, surtout, ce n’est pas étonnant.
En effet, ce fut également le cas de La philosophie dans le boudoir, datée de 1795. Sade l’évoque dans La Nouvelle Justine, donc il est certain qu’elle est parue au plus tard en 1797, mais pourtant elle ne semble pas avoir été remarquée : ni Colnet, ni le Tribunal d’Apollon, ni par exemple l’article de Villeterque du 22 octobre 1800, à l’origine du pamphlet L’Auteur des Crimes de l’Amour à Villeterque, folliculaire, ou encore celui de la Décade Philosophique, Littéraire et Politique du 21 décembre 1800, paru à l’occasion des Crimes de l’amour, n’en font état.
Notons qu’elle figure le 22 septembre 1798 dans une liste, publiée par la revue allemande dont il est question ici, de livres interdits par la censure.
L’édition de la Pléiade que nous avons consultée affirme elle aussi qu’on n’en connaît pas de compte-rendu d’époque.
Il semble d’ailleurs, lorsqu’on lit certaines publications de l’époque, que la rumeur que Sade était mort ait couru, sans que le lien ne soit jamais fait avec cette mention sur la page de titre de La Philosophie : ouvrage posthume de l’auteur de Justine : on disait qu’il était mort ou supposé l’être, tout en ignorant la source de cette information.
Tout ceci nous conduit à établir une nouvelle fois que La Nouvelle Justine est bien parue en 1797, et qu’elle n’est donc pas antidatée.
Philippe Kassarian & Hugues Ouvrard
Cher Philippe et Hugues, Merci pour le partage du fruit de vos laborieuses et trépidantes recherches! Votre étude se lit vraiment comme un roman.
Quel plaisir de vous lire à nouveau.
Un plaisir de retrouver le blog !
Pardon… : « feutrés ». L’excitation de retrouver les pages de bibliophilie.com sans doute…
Une bombe dans les milieux feutrées de la bibliophilie cet article… Félicitations pour cette enquête minutieuse, extrêmement claire, et absolument passionnante !
Merci Philippe et Hugues ! un bel article pour la renaissance du blog ?
Christian