Amis Bibliophiles Bonsoir,
Deux messages ce soir. Le premier sur Cureau de la Chambre, le second est, comme promis, les explications de Rémi sur la pagination et la foliotation, deux connaissances nécessaires à tout bibliophile. Pour mémoire, Rémi est l’un de ces jeunes bibliophiles qui sont de fidèles participants au blog. Rémi n’a pas 25 ans… Ca vous en bouche un coin?
Lundi, Kristian demandait au blog de faire le point sur la question de la foliotations/pagination et des signatures dans les catalogues. Il est vrai que c’est là un problème intéressant, mais très technique, et rien de clair sur le sujet n’est disponible en français. C’est aux bibliographes anglais (Philip Gaskell, Fredson Bowers) que l’on doit les meilleurs manuels sur la question. On trouvera ici quelques notions générales, qui conviennent pour décrire la plupart des ouvrages d’ancien régime.
PROLOGUE : LES FORMATS.
Avant de commencer, un simple rappel de ce que sont les formats des livres anciens.
In-plano : la feuille imprimée n’est pas pliée, mais reliée à « plat », parfois sur onglet.
In-folio (2o) : la feuille imprimée est pliée une fois, dans le sens de la largeur. Cette pliure divise la feuille en deux parties égales.
In-quarto (4o) : la feuille imprimée est pliée deux fois. Cette pliure divise la feuille en quatre parties égales.
In-octavo (8o) : la feuille est pliée trois fois. Cette pliure divise la feuille en huit parties égales.
In-seize : la feuille est pliée quatre fois, et divisée en seize parties égales.
Et ainsi de suite…
1. LES UNITÉS BIBLIOGRAPHIQUES
Un livre se divise en « unités bibliographiques ». Ces unités sont des éléments choisis arbitrairement par le catalogueur pour exprimer les caractéristiques matérielles du livre imprimé. Quatre unités bibliographiques sont donc utilisées généralement : la feuille, le feuillet, la page, le cahier.
La feuille : la feuille est à l’origine du livre. C’est le matériel brut, sorti des « formes » du moulin à papier. Elle présente un recto et un verso, et n’est pas encore pliée.
Le feuillet : c’est l’unité de base du volume. Un feuillet correspond au rectangle de papier que la main du lecteur tourne au fil de sa lecture. Le feuillet est constitué d’un recto et d’un verso (soit deux pages).
La page : la page correspond à l’une des deux faces du feuillet. Un livre ouvert présente deux pages en vis-à-vis (sur deux feuillets différents). Un feuillet présente deux pages « dos à dos » (recto et verso).
Le cahier : c’est l’élément clé du livre. Le cahier est un groupe de feuillets. Le plus souvent, il correspond à une feuille imprimée et pliée (en quatre, huit, seize, etc.). Un livre au format in-8o est généralement constitué de cahiers de huit feuillets (16 pages). Un in-4° est constitué de cahiers de 4 feuillets (8 pages). Il arrive cependant que plusieurs feuilles soient « encartées » (= regroupées l’une sur l’autre et pliées ensembles), notamment pour les livres au format in-folio : regrouper les feuilles par trois ou quatre (soit des cahiers de six ou huit feuillets, au lieu des deux feuillets de la feuille seule pliée) permet au relieur de travailler beaucoup plus vite (une seule couture au lieu de trois ou quatre). À de très rares exceptions (lorsqu’un feuillet seul est encarté), un cahier a toujours un nombre pair de feuillets.
2. LES NOTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
L’imprimeur qui compose son livre doit veiller à ce que les différentes pages imprimées se trouvent dans le bon ordre une fois la feuille pliée. Il doit donc les disposer sur la presse de manière à ce que le verso des feuillets corresponde à leur recto, et à ce que les feuillets se succèdent dans le bon ordre. Cette opération s’appelle l’imposition. Pour s’y retrouver, le typographe s’aide d’un certain nombre de mentions imprimées en haut ou en bas des pages, qui lui servent à identifier d’un coup d’œil la place de la page à l’intérieur du livre.
Foliotation : la foliotation est l’une des premières mention à avoir été utilisées par les typographes. J’écrivais plus haut que le feuillet était l’unité matérielle de base, et pour nous, qui sommes habitués à lire des livres « paginés », il est dur d’admettre que l’usage aux XVe et XVIe siècles pouvait être différents. Les livres de la première moitié du XVIe siècle sont pourtant généralement numérotés par feuillets (= foliotation), et non par pages. La foliotation prend généralement place en haut à droite sur le recto du feuillet concerné. Le verso ne comporte aucune numérotation. Cette foliotation peut être en chiffres arabes ou romains.
Pagination : La pagination apparaît un peu plus tard. En France, c’est à partir des années 1530 que l’on commence à croiser régulièrement des ouvrages « paginés », c’est-à-dire des livres dont les feuillets sont numérotés sur leur recto et leur verso. Cet usage, plus commode pour le lecteur qui dispose d’un nombre plus grand de points de repères, s’est peu à peu imposé et reste notre référence aujourd’hui.
Réclame : On voit souvent, en bas des pages composées, les premiers mots ou les premières lettres de la page suivante. C’est ce que l’on appelle la réclame. La réclame a deux utilités : d’une part, elle sert de point de repère pour le typographe, qui sait immédiatement quelle page va venir à la suite de celle qu’il est en train de disposer sur le marbre de la presse ; d’autre part, le lecteur a ainsi sous les yeux le début de la page suivante, qu’il lit à l’avance : il peut anticiper la lecture, tourner la page et reprendre le fil du texte sans perdre la dynamique qui était la sienne.
Signature : Mais pour le typographe, la plus importante de ces mentions, c’est la signature. À elle seule, la signature permet de connaître la place d’un cahier dans l’ouvrage et la place d’un feuillet à l’intérieur d’un cahier. La signature se compose généralement d’une lettre, suivie d’un chiffre (arabe ou romain). La lettre indique la place du cahier à l’intérieur du volume : en effet, les différents cahiers d’un livre sont généralement « signés » dans leur ordre de succession par des lettres, de a à z. Le relieur, auquel on présente les feuilles pliées, n’a plus qu’à remettre les cahiers dans l’ordre avant de procéder aux opérations de reliure. À l’intérieur d’un même cahier, les premiers feuillets (généralement la première moitié du cahier) sont signés par la lettre identifiant le cahier auquel ils appartiennent, mais aussi par un chiffre indiquant leur place à l’intérieur du cahier. Le feuillet signé « b5 » est donc le cinquième feuillet du cahier « b ».
Une petite méthode pratique à connaître : Face à un livre sans foliotation ni pagination, grâce aux signatures, on peut, sans avoir à compter les pages unes à unes, connaître le nombre de feuillets : il suffit de regarder la lettre signant le dernier cahier, de voir quel est le rang de cette lettre dans l’alphabet (attention : jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, l’alphabet latin n’a que 23 signes : pas de J, ni de V ni de W !) et de multiplier le chiffre obtenu par le nombre de feuillets des cahiers. Par exemple, un livre du XVIe siècle de format in-8o, dont le dernier cahier est signé X (21ème lettre de l’alphabet de l’époque), comprend (21 x 8 =) 168 feuillets (soit 336 pages). Cette méthode n’est pas fiable à 100% et ne remplace pas une véritable collation page à page (les cahiers n’ont pas nécessairement le même nombre de feuillets), mais elle peut tout de même aider lorsque l’on est pressé.
3. LES FORMULES DE FOLIOTATION
Une fois défini tout ce jargon, on a sans doute mieux compris comment le livre est fabriqué. Mais le bibliographe/catalogueur ne doit pas se contenter de comprendre comment est fait l’ouvrage, il doit décrire cette matérialité, et exprimer avec des formules claires la collation d’un livre. Quelques usages sont donc à respecter pour que les formules utilisées soient compréhensibles par tous.
Pour exprimer la foliotation ou la pagination d’un livre, les usages sont assez bien définis.
– La numérotation s’exprime selon une formule simple : [premier chiffre mentionné] + [tiret] + [dernier chiffre mentionné] : un livre dont la foliotation est formulée « 1-244 » sera donc composé de 244 feuillets chiffrés de 1 à 244.
– Très souvent, les feuillets liminaires (titres, dédicaces, etc.) ne sont pas chiffrés. Dans ce cas là, en règle générale, on fait figurer entre crochets le nombre de feuillets (ou de pages) non chiffrés : un livre dont la foliotation est formulée « [2] 3-244 » sera donc composé de deux feuillets non chiffrés et de 242 feuillets chiffrés de 3 à 244.
– On respecte le format de la numérotation du livre : chiffres romains en chiffres romains, chiffres arabes en chiffres arabes.
Il est important de toujours indiquer l’unité matérielle utilisée comme référence. Pour cela, on dispose de quelques abréviations :
– f. (ou ff.) pour feuillets,
– p. (ou pp.) pour pages,
– col. pour colonnes (il arrive en effet que les colonnes soient numérotées, et non les pages ou les feuillets)
– ch. pour chiffré(s).
– n. ch. pour « non chiffrés »
La formule changera selon que l’on réfléchira en feuillets ou en pages. On suit généralement l’usage du livre lui-même, selon qu’il soit paginé ou folioté. Ainsi, si l’ouvrage est composé de 244 feuillets foliotés, on formulera « 244 ff. ch. » (ff. ch. pour « feuillets chiffrés »). Si l’ouvrage est composé de 244 feuillets paginés, on formulera : « 488 pp. (ou pp. ch.) ».
Pour des ouvrages en plusieurs parties, il arrive que la numérotation reprenne au début à chaque partie de l’ouvrage. On fait alors se succéder les différentes séries de foliotation/pagination. Ainsi, la formule « [2] III-XXVI, 1-344, 1-648 » décrit un livre composé de trois parties : la première (sans doute les pièces liminaires) comprend deux feuillets non chiffrés et 24 feuillets numérotés en chiffres romains de III à XXVI ; la deuxième partie comprend 344 feuillets chiffrés, et la deuxième partie comprend 648 feuillets chiffrés.
4. LES FORMULES DE SIGNATURE
Le catalogueur doit aussi souvent indiquer la manière dont sont signés les différents cahiers et feuillets d’un livre. Cela est finalement assez simple.
En règle général, on l’a dit, une lettre de l’alphabet (ou un symbole quelconque) correspond à un cahier. Lorsque les lettres se suivent dans l’ordre alphabétique, on n’indique que la première et la dernière de la série, séparées par un tiret : la mention « a-m » indique ainsi une succession de 12 cahiers (l’alphabet complet n’a que 23 lettres, ne l’oublions pas !) signés de « a » à « m ».
On précise, en exposant, le nombre de feuillets composant chaque cahier. La formule « a-m8 » indique donc une succession de 12 cahiers de 8 feuillets (soit un total de 96 feuillets).
Mais il arrive souvent que certains cahiers n’aient pas le même nombre de feuillets que les autres. Il faut alors parfois interrompre la série des signatures. La formule « a-g8 h4 i-m8 » indique ainsi une série de 12 cahiers de 8 feuillets, à l’exception du cahier signé « h » qui n’en comprend que quatre.
Parfois, le bibliographe se trouve face à un feuillet, seul, encarté entre deux cahiers (cela m’est arrivé récemment). La formule la plus simple et la plus compréhensible consiste alors à mentionner la présence de ce feuillet par un symbole, suivi en exposant du chiffre « 1 ». On obtient alors une formule du genre « a-g8 [*]1 h-m8 ».
Il arrive qu’un ouvrage comporte plus de 23 cahiers (c’est même le cas pour la majorité des éditions). La série des lettres de l’alphabet ne suffit alors plus. Généralement, l’imprimeur reprend la signature des cahiers à la lettre « a », mais passe des minuscules aux majuscules, puis il multiplie les lettres. Il n’est ainsi pas rare de croiser des formules de signatures ressemblant à cela : « a-z8 A-Z8 Aa-Zz8 Aaa-Mmm8 ». Dans le cas présent, on est face à un ouvrage de 648 feuillets (3 x [23 x 8] + [12 x 8]), signés de « a » à « z », puis de « A » à « Z », puis de « Aa » à « Zz », puis de « Aaa » à « Mmm ».
Nous avons désormais toutes les clés pour lire et comprendre une mention de signature. Passons désormais aux travaux pratiques : combien de feuillets compte la célèbre Cosmographie de Sébastien Münster publiée chez Heinrich Petri (Bâle, 1550, in-2o), dont la formule de signature est la suivante :
[-]6 *6 [14 cartes sur bifeuillets hors-texte] a-e8 f2 g4 h-k6 l8 m2 n2 o6 p8 q4 r4 s-z8 A-B8 C6 D2 E8 F6 G4 H2 I4 K2 L4 M2 N-O8 P6 Q-R2 S4 T-V2 X4 Y4 [1 planche dépliante hors-texte entre les feuillets Y2 et Y3] Z6 Aa-Bb2 Cc8 Dd2 Ee-Gg8 Hh4 Ii8 Kk6 Ll2 Mm2 [1 pl. dépliante h.-t. entre Mm1 et Mm2] Nn-Oo8 Pp4 Qq2 Rr4 Ss2 Tt4 [1 pl. dépliante h.-t. entre Tt2 et Tt3] Vu6 Xx4 Yy2 Zz8 AA-BB2 CC8 DD4 EE-FF8 GG4 HH-KK8 LL4 MM-QQ8 RR4 SS-ZZ8 Aaa-Fff8 Ggg6 Hhh8.
Bon courage à ceux qui se lanceront ! Merci Rémi!H
je rajoute un bravo pour l’article sur « pagination et foliotation » ; c’est un domaine dans lequel je suis complètement béotien (car je collectionne plutôt les ouvrages 19 et 20e, en général mieux établis, de façon plus lisible en tous cas !!!) Bravo pour votre érudition à tous. Signé « Petit nouveau », en bibliophilie et sur le blog.
Un grand merci à Gonzalo et à Hugues pour l’article !
L’Amérique, c’est bien. Albert Cim [Cimochowski] (« Le Livre ». Paris : E. Flammarion, s.d. [1905], t. V, p. 159-189), c’est pas mal non plus, avec les locutions latines en plus (p.190-206).
C’est vrai.
Pour revienir au sujet, il y a un extrait de Rouveyre sur les formats sur le site textesrares.com qui pourrait intéresser l’un(e) ou l’autre: http://www.textesrares.com/rouveyr/rou037.htm
J’y suis. Merci de votre patience, Martin. Cette question de l’estimation nécessaire sur du « vide bibliographique » mériterait un débat à elle-seule. Je crains qu’il soit bien tard aujourd’hui pour l’entamer.
Mais non. Le livre existe, mais l' »expert » ne pouvait pas l’identifier, c’est tout.
OK. Voulez-vous dire que titre et auteur sont fantaisistes et ne correspondent pas à la réalité de l’ouvrage ?
Bonsoir Jean-Luc,
Pas de bourde, loin de ça.
Je m’amuse tout simplement du fait que l’expert n’était pas capable d’identifier ni l’auteur ni le titre. Par contre, il se sent assez expert pour estimer la valeur de ce livre. (En fait, la valeur dépend de la reliure et de son état.)
Certes mon allemand laisse à désirer mais à part le « premier » mot justement du titre, tout le reste est bien obscur! Avec 35 planches parait-il! L’avez vous acheté?
Lauverjat
Et puis Bravo Gonzalo, une petite piqûre de rappel aussi clairement exposée ne peut faire que le plus grand bien. Peut-être que Hugues devrait « épingler » les contributions de ce type, elles méritent de ne pas disparaître sous la multitude. Ce blog est toujours si vivant que s’est à se demander si les bibliophiles n’aiment pas plus parler des livres que de faire leurs valises et partir en vacances !
Bonsoir Martin,
Oui, ça ressemble à un lot de la vente de Lyon ; je suppose qu’il y a une grosse bourde…
Manheim, pardon. Quand même.
Ah, les experts…
Vous connaissez Erste und fürnechmste Beiss dem heiling helen Se. Apffer…, Mahneim, Nicolas Pierron, 1752, du célébre Matthau Bogel?
Bertrand a dit « j’ai même remarqué depuis un certains nombre d’années que les plus grands libraires d’ancien de la place ne prenaient même plus la peine de donner la pagination complète », mais un entretien avec eux peut permettre de s’en assurer mais c’est hélas le cas aussi de quelques experts établissant des catalogues ce qui est beaucoup plus dommageable, car pour certains ouvrages peu connus (de l’expert lui-même d’ailleurs) l’absence du frontispice ou de l’errata passe ainsi inaperçue…
Lauverjat
hélas, mille et mille fois hélas, pas de photo… Je m’en suis mordu les doigts rétrospectivement… D’autant que je suis… photographe !!! Pas cplt professionnel, mais disons que c’est un de mes métiers. Par contre des photos et scans des livres, j’en ai. Je mailerai qques exemples au chef… Tiens j’ai sur les genoux à l’instant « The Rhyme of the Ancient Marinere », de Coleridge, chez Emile Paul 1920, ill. André Lhote, état de neuf, un des 9 sur « India Paper » (deuxième papier après un unique Arches au nom du souscripteur), avec, malheureusement une seule des 2 suites sur Hollande VGZ. Par chance, je possède la plus rare, celle en bleu. Suis désespérément à la recherche de la suite en noir, qui accompagnait les 27 sur Chine (je dis ça de mémoire, je peux me tromper). C’est un de mes livres préférés. oui je sais je dépare un peu sur le blog, vous avez l’air d’être majoritairement des amateurs de reliure et en tt cas d’ouvrages plus anciens. J’adore Emile Paul Frères, je travaille d’ailleurs sur Daragnès qui en fut directeur artistique. J’échangerais un très beau livre contre cette suite pour posséder « complètement » ce magnifique bouquin. Les EC de Lautréamont chez GLM 1938 en tirage de tête, par exemple, à celui qui me la déniche !!!
Juste pour le fun de votre heureuse découverte et l’heure de la photographie numérique, auriez-vous pris par hasard quelques photos de la maison « en ruines » au moment de sa découverte avec les livres qui jonchent le sol ?? Ce serait un document d’archive intéressant et à la fois émouvant pour les lecteurs du blog. Et sans bien évidemment ne rien dévoiler ni du lieu, ni des noms des propritaires, je pense que cela est possible. Envoyez vos photos à Hugues pour faire un article intéressant sur le sujet. Ludwig
Benoît, ça me rappelle le jour où j’ai découvert que mon grand-oncle (d’amérique, forcément) calait son armoire avec trois bibles de Gutenberg (un seul pied était encore valide)… Je lui ai offert des Marc Lévy pour caler le tout et j’ai conservé les trois Bibles. Parfois je vends un feuillet quand je veux partir faire un tour du monde.
Blague à part, il va falloir que vous nous en montriez un peu plus pour convaincre les aficionados du blog, où le sérieux est de mise : on veut voir des photos, des titres, etc!
Toni Montana
(Oui, mon oncle adorait le sucre en poudre)
Bertrand, moi j’aime bien savoir le format des marges avant d’acheter un livre, comme tu le fais pour certains de tes ouvrages… C’est plus qu’un détail en matière de bibliophilie!
oh oui j’ai gardé les plus belles… A part le Benjamin Constant, je n’ai vendu aucune belle pièce… J’ai donné certains à des proches, et vendu qques pièces mineures. 99% sont tjs en ma possession, à l’abri de la lumière et des regards, vous vous en doutez…
A bientôt pour la suite… Je vais vous faire tomber raides. Je préviens : pour le moment ne suis pas vendeur, pas la peine de me contacter pour demande de liste ou autre… Je me donne le temps et vais d’ailleurs peut être tout garder ou presque, malgré le pactole à portée de main… A bientôt
Parfait Frédérick! Bravo! 592 ff. + les hors textes!
En fait, pour le « Vu » ou « Vv », cela revient au même, puisque l’alphabet de l’époque ne fait pas la distinction. Un bibliographe rigoureux aurait sans doute noté « Vv » ou « Uu », comme vous le suggérez. Il me semble que la signature de ce cahier dans l’ouvrage est (typographiquement) « Vu » (les « U » majuscules étant très rares, et le « v » servant de « u » allègrement dans les textes). Je l’ai sans doute recopiée telle quelle sans réfléchir.
Sauf erreur de ma part (je n’ai compté qu’une fois), la cosmographie de Sébastien Münster comporte 592 ff.
Une petite coquille s’est glissée dans les signatures. Ligne 5, on ne doit pas lire Vu X 6 mais Vv X 6
Je confesse de mon côté l’utilisation de ( ) à la place de [ ] tout simplement par facilité de frappe au clavier… peut-être pas très orthodoxe mais bon… disons qu’entre ( ) et [ ] je ne vois guère de différence à faire de mon côté.
Pour le format des livres je m’efforce de donner systématiquement le format en cm ou en mm pour les plus petits formats avec pour les Elzevier ou les éditions originales anciennes du XVIIè la hauteur des marges en mm (reste de bibliogériatrique… à force de consulter Rochebilière et autres Morgand on finit par attraper le virus de l’elzeviriomètre… même si aujourd’hui tout le monde ou presque s’en f…
D’ailleurs, concernant la pagination des ouvrages, j’ai même remarqué depuis un certains nombre d’années que les plus grands libraires d’ancien de la place ne prenaient même plus la peine de donner la pagination complète, se contentant de donner le format et le nombre de volumes. Je trouve cela un peu léger mais bon, c’est vrai que lorsqu’on annonce un ouvrage collationné complet (surtout s’il est en 12 volumes…) est-il bien toujours nécessaire d’aligner des suites de pages type 343, 454, 234, 654 pp. ???
Amitiés dominicales pluvieuses, Bertrand
Superbe Rémi, c’est parfaitement clair!
Il faut mettre en garde contre les erreurs fréquentes de pagination ou de foliotation des livres anciens, d’où l’intérêt de confronter pagination et foliotation avec les signatures voire les réclames. Attention aussi aux cahiers inversés ou redoublés (deux cahiers « A » ne remplacent pas un cahier « A » plus un cahier « B », mais le nombre de pages y est!). Dire aussi qu’il est d’usage de signaler les feuillets blancs.
Si le format de la feuille initiale détermine une fois pliée le format du livre, il faut bien dire qu’en pratique le format de la feuille n’est jamais donné (format bibliographique). Ces formats ont un nom: Cloche 30 cm x 40 cm, Pot 31 x 40 (papier écolier), Tellier 31 x 44 (dit Timbre ou papier ministre), Couronne 36 x 46 ou 35 x 46 ou 37 x 47, Ecu 40 x 53, Carré ou Coquille 44 x 56 ou 45 x 56, Cavalier 46 x 60, double couronne 46 x 76, raisin 50 x 65 et 50 x 70, Petit Jésus 56 x 72, grand-Jésus 56 x 76, petit Colombier ou Soleil ou affiche 58 x 80 ou 60 x 80, Colombier 62 x 85, « Journal » (format de rotatives Marinoni) 65 x 94, grand-Aigle. 75 x 106, grand monde 86 x 120..etc pour les français seulement!
Cependant après reliure et rognage successifs le format se trouve réduit et un in-4° d’origine devient in-8° (format apparent). Si un bibliophile visualise bien ce qu’est un in-4° par rapport à un in-16°, qui peut me dire la différence entre un grand in-32° et un petit in-16°? Ceci pour dire que les dimensions en centimètres son souvent préférables et aussi peu souvent données.
Enfin on appelait au XIXe siècle les in-folio ou in-plano « format Atlantique »soit celui des Atlas
p.s. j’ai adopté les mesures tirées de différents manuels et des connaissances familiales, il existe de nombreuses discordances selon les manuels et selon les époques, les papetiers et les machines à papier et à imprimer.
Amitiés,
Lauverjat
> »quelle différence fais-tu entre la notation(12)-334 pp. et [12]-334 pp. ?? »
Personnellement, je n’en fait pas. Si je lis un « (12)-334 pp. », je me dis que le catalogueur ne connait pas bien les usages (il aurait fallut des crochets). Mais je ne suis pas le plus compétent en la matière, sans doute ces parenthèse peuvent-elles avoir un sens pour les plus érudits (je pourrais faire quelques recherches, mais je ne suis pas chez moi ce soir).
Par ailleurs, je n’aime pas trop la forme qui consiste à donner le nombre de feuillets paginés sans donner le premier chiffre apparaissant dans le volume: je préfère voir une formule en [12] 1-334 pp »: en effet, le premier feuillet (ou la première page), souvent n’est pas chiffré, et il peut être important de savoir s’il est compté dans ces « 334 pp. ».
Le manuel le plus complet sur la question, mais aussi malheureusement le plus compliqué (parfois dur à suivre), est le manuel de Fredson Bowers (le titre complet m’échappe, et je ne suis pas chez moi), récemment réimprimé par Oak Knoll Books.
Quel amoureux des livres ne tomberait pas raide de vivre une fois dans sa vie une telle situation !!??
Et c’est là bien évidemment le bibliophile qui parle et non le libraire avide de bonnes affaires.
J’espère que vous avez su garder les plus belles pièces pour vous.
A l’attention de Rémi alias Gonzalo : chapeau bas. Explications claires, nettes, complètes et précises sur un sujet où bien des bibliographes se sont mélangés les pinceaux.
Juste une question : pour toi, quelle différence fais-tu entre la notation (12)-334 pp. et [12]-334 pp. ?? Ca m’intéresse de savoir et savoir et sans doute les autres lecteurs du blog également.
Amitiés, Bertrand
Benoît,
Pouvez-vous me contacter svp : blog.bibliophile@gmail.com
H (le boss, sourire)
Bonjour à tous,
Jeune bibliophile (passion récemment éclose, pour le reste ne suis pas si jeune, j’ai 37 ans !), je découvre avec ravissement ce blog. Je ne suis pas tout seul, je le savais certes, mais l’esprit qui règne ici est proche du mien. Bravo pour votre boulot à tous et vos contributions, toujours érudites et sympathiques. Je profite de ce commentaire pour vous conter une histoire qui va en faire rêver plus d’un : je suis « tombé » dans la bibliophilie grâce à la découverte……. d’une caverne d’Ali-Baba.
Je resterai, vous le comprendez, discret sur les lieux et les noms…
Mes parents ont acheté, il y a 2 ans, un petit hôtel particulier dans une ville de province. Le bâtiment était en très mauvais état, et surtout, non débarrassé des milliers d’objets qui jonchaient le sol de toutes les pièces. Et avant tout : plus de 8000 livres, dont une moitié de valeur bibliophilique. L’ancien propriétaire était un vieux monsieur un peu fou, grand collectionneur, héritier d’une famille aisée. Je me suis donc trouvé face à un chantier gigantesque : dans cette grande maison, aux allures un peu fantomatiques, récupérer ces milliers de volumes, les trier, les épousseter si besoin. Lors de ma première visite, je trouve par terre, sur le carrelage de l’entrée, un petit volume, demie-basane violine, dos plat orné. Je l’ouvre : B. Constant, Adolphe, Colburn, Treuttell et Würtz, 1816. Oui c’était bien l’EO d’Adolphe, dont je me suis séparé lors de la vente Tajan du 15 mai 2007 (vente Pruvot, volume en fin de catalogue). Notre homme était un bibliomane compulsif, j’ai trouvé dans cette maison aussi bien des EO modernes (L’automne à Pékin au Scorpion 1947), aussi bien que des illustrés modernes ou encore des Elzévir, ou bien l’EO de la religieuse portugaise.
Agrégé de lettres modernes, mes études m’avaient déjà guidé vers les livres, mais je n’avais pas attrapé le virus… Ayant beaucoup travaillé sur Supervielle, je m’étais procuré quelques EO, « par obligation », certains textes n’ayant pas été réédités (Les BBV dans la charmante petite collection « les nouvelles originales » chez Minuit, par exemple).
Je vais commencer un petit feuilleton, qui j’espère vous intéressera, car j’ai bien conscience d’avoir vécu un moment que beaucoup espèrent… Juste une petite cerise sur le gâteau : il n’y avait pas que des livres, également des objets d’art. Notamment : ce qui est peut être la première aquarelle de Granville, signée, contextualisée et datée. Elle gisait, intacte, sous plusieurs tonnes de gravas car le sol de la salle de bains s’était effondré sur le sol du petit salon où elle était posée, sagement, le long du mur…
Voilà en quelques mots comment j’ai « plongé » ; depuis je suis devenu fou de bibliophilie et ai dû absorber toutes ces nouvelles informations en qques mois…
La suite au prochain épisode… !