Cureau de la Chambre : Médecin, physicien et régal des bibliophiles

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Nous continuons notre cycle scientifique avec un nouvel article de Bernard, qui guide une nouvelle fois nos pas dans les ouvrages de science, avec un portrait qui devrait notamment intéresser Jean-Paul : Cureau de La Chambre, médecin et physicien.
Portrait, fin XVIIème.

Marin Cureau de La Chambre (1594-1669), fut pendant trente-cinq ans le médecin de Pierre Seguier, chancelier de France. Il fut également l’un des médecins ordinaires de Louis XIV qui entretint avec lui une correspondance secrète. En 1634, il fit paraître son premier ouvrage : Nouvelle pensées sur les causes de la lumière, du desbordement du Nil et de l’amour d’inclination. Cet ouvrage, est écrit en français à une époque où les ouvrages scientifiques étaient rédigés en latin. Le cardinal de Richelieu le fit recevoir à l’Académie française en 1634. Il fit partie de l’Académie des Sciences dès sa création en 1666. Les idées de La Chambre, détaillées dans les trois ouvrages suivants, sont bien éloignées de celles de Descartes, son contemporain.
Nouvelles observations et conjectures sur l’iris.
Paris, Pierre Rocolet. 1650.
1 volume in-4 ; (6), 342 (mal ch. 340), (6) pp.

Dans cet ouvrage, dédié au Roy, l’auteur donne sa théorie sur la nature des couleurs, en particulier de celles de l’arc en ciel. Il est divisé en trois chapitres: Du lieu où se fait l’Iris – Des couleurs de l’Iris – De la figure de l’Iris.
« Cureau de la Chambre rend compte de la formation de l’arc-en-ciel, et, dans un long passage, il utilise l’harmonie musicale pour mesurer les couleur. Après avoir démontré que l’iris résulte de la modification et de l’affaiblissement de la lumière, il mesure la quantité de lumière qui se trouve dans chaque couleur grâce à une méthode dont Castel se sert aussi: exploiter le connu pour connaître l’inconnu. » (Elizabeth Lavezzi, Le clavecin irisé. Le clavecin oculaire du Père Castel et les couleurs de l’Iris de Cureau de la Chambre. In: Revue d’Histoire littéraire de la France, 101e année, n.º 2, Mars-Avril.)
La lumière…
Paris, Rocolet. 1657.
1 volume in-4 ; frontispice, (2) pp, frontispice épître, (16), 414 [ 402 en réalité car les pages 65, 66 et 369 à 378 ont été omises dans la pagination], (10) pp.
Marin Cureau de La chambre dédicace cet ouvrage au Cardinal Mazarin. Dans l’avant propos, il indique : « … il y aurait quatre sortes de lumière dans la nature ; à savoir celle qui est dans le corps lumineux, celle qu’il répand hors de soit, les couleurs et les espèces visibles ». Il n’étudie ici que les deux premières et l’ouvrage est divisé en deux chapitres : De la lumière radicale – De la lumière extérieure. Les deux autres sont étudiées dans l’autre ouvrage : Nouvelles observations et conjectures sur l’iris.
Discours sur les causes du débordement du Nil. Discours de la nature divine selon la philosophie platonique.
Paris, Jacques Dallin. 1665.
1 volume in-4 ; (30), 272 pp.

La Chambre attribue les débordements du Nil, non pas aux pluies en amont, mais à la « fermentation » du « nitre », c’est à dire du salpêtre ou nitrate de potassium. C’est lui qui fertilise les terres inondées et « gonfle le fleuve. On trouve un compte-rendu de l’ouvrage dans le Journal des Sçavans du 21 juin 1666 : « Car lorsque le nitre est eschauffé par la chaleur du Soleil, il se fermente, et se meslant parmy l’eau, la rend trouble, l’enfle et la fait passer par dessus ses bords, de la mesme manière que les esprits qui sont dans le vin, lorsqu’il est nouvellement fait, le rendent troubles et le font bouillir dans la cuve. »
La première partie se termine par une lettre de Monsieur Burattini : La descouverte des sources du Nil faite en 1618, par le R.P. Pays Jésuite, rapportée par Gaspard Schotto dans son Livre des Fontaines. Cette partie est illustrée d’une carte « Topographie des sources du Nil ».
L’ouvrage se termine par le Discours de la Nature divine selon la philosophie platonique.
Cet exemplaire possède un ex-libris de la bibliothèque du docteur Paul Delaunay (1878-1958), bibliophile passionné, membre de la commission historique et archéologique de la Mayenne, de la Société d’agriculture de la Sarthe et de la Société française d’histoire de la médecine.
Merci Bernard, les ouvrages de Cureau de la Chambre sont recherchés… Gageons que cela ne vas pas s’arranger avec ce bel article.H

3 Commentaires

  1. Parce que devant autant d’érudition… on reste sans voix !

    Bravo Bernard ou plutôt « Merci Bernard » en plus ça me rappellera une vieille émission TV qui a contribué à forger bien 10% de ma personne…

    Amitiés, Bertrand

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