Des livres qui ont de la valeur et de ceux qui en ont moins qu’on ne dit, la seconde épître de Jean Marchand

Amis Bibliophiles bonjour,
C’est depuis l’autre côté du monde que je vous propose de retrouver la seconde épître de notre ami Jean Marchand. Celle-ci est un petit vade mecum  pour bibliophile

                                   SECONDE ÉPITREA UN BIBLIOPHILE AMI DE L’AUTEURSUR LES LIVRES  QUI ONT DU PRIX
Mon AMI, tu me mandes que ma première t’a été que tu en as été content, mais que ta curiosité n’est point encore rassasiée. Tu veux savoir aujourd’hui à quelles marques certaines se connaissent les livres qui ont du prix, afin de les distinguer et honorer parmi tous ceux que tu possèdes, et les mettre à l’abri avant les autres, si ta ville est assaillie par les barbares ; afin aussi de ne pas mordre à l’hameçon bien appâté de quelque malin vendeur, ou de ne point encourir de pénible déception si tu dois toi-même, un jour, envoyer, ô deuil! ta librairie à l’Hôtel…
Il est bien difficile, mon Ami, de satisfaire à ta demande, au moins en quelques parties; tu m’engages dans un chemin tout creusé de fondrières et semé de pièges: les plus fins y trébuchent et se laissent prendre, et je ne m’y hasarde qu’en tremblant ; mais comme il y va sinon de ta vie, à tout le moins de ton escarcelle, je veux essayer de te venir en aide.
Je t’ai dit, naguère, qu’il te faudrait bien du goût pour soigner et réparer tes livres ; il t’en faudra plus encore pour les apprécier justement, et cela ne suffira pas, loin de là : tu auras besoin d’une science solide et bien assise, renforcée de ce grain de divination, qui ne nuit jamais. Malgré tout cela, il te restera assurément des chances de te tromper.
N’attends point que je t’endoctrines, en cette brève épître, d’une façon définitive ; que je te déclare — Ce livre-ci vaut cent écus, celui-là n’en vaut que trois, —  ni même que je cherche à établir, comme disent ceux qui versent dans la mathématique, des coefficients de prix. Tout varie en ce monde, aussi bien l’argent que la mode, et le prix d’achat d’un livre diffère de son prix de vente — comme tu t’en apercevras — et de son prix d’estimation désintéressée. Une appréciation ne sera tant soit peu juste que pour un exemplaire déterminé et pour un temps, je voudrais t’en convaincre. Au reste, prends la peine d’achever ta lecture avant de me vouloir répondre ; mes divisions tendent à être commodes, mais elles sont factices et un même ouvrage peut entrer dans plusieurs d’entre elles à la fois. Peut-être te parlerai-je d’argent, parce qu’il le faut bien, mais ce ne sera pas le fond de mon discours. Ce dont je veux t’entretenir avant tout, c’est de la véritable valeur que doivent avoir les livres aux yeux d’un bibliophile honnête homme. Peut-être avancerai-je des opinions contraires à certaines idées courantes, et peut-être plusieurs, qui ont intérêt en la question, me trouveront-ils trop sévère, mais je n’ai d’autre souci que de te répondre franchement, c’est pour toi que j’écris et non pour d’autres. Excuse-moi donc, si je te choque, et prends en bonne part ce que je te dirai.
Mon Ami, j’essaierai de t’instruire surtout des livres qui ont une valeur certaine, selon les catégories dans lesquelles on les peut ranger ; puis, pour te mettre en garde contre la fraude, des livres dont on exagère parfois la valeur.
Que faut-il pour qu’un livre mérite d’être qualifié de précieux ? Bien des éléments entrent en jeu. Regardons d’abord ce qui fait l’objet même du livre — son texte — pour étudier ensuite ce qui lui procure un intérêt de curiosité, — la beauté de l’exécution matérielle, la rareté, les souvenirs qui s’y rattachent.
En général, le bibliophile digne de ce nom commencera, dans un livre, par considérer le texte (je vois bien, mon Ami, que cette affirmation te semble audacieuse… n’importe, je continue) ; il recherchera les grandes œuvres ou les œuvres d’un genre de mérite particulier.- Et dans quels domaines?-Tu sais que nos anciens bibliographes divisaient l’ensemble de la littérature en cinq classes, assez arbitrairement distribuées, mais fort pratiques : Théologie, Jurisprudence, Belles-lettres, Histoire, Sciences et Arts. Les grands textes qui ont fourni la matière de livres précieux, livres anciens surtout, se rencontrent en grand nombre dans les Belles-lettres, et ce sont ceux qui intéressent principalement les amateurs non spécialisés on en trouve aussi beaucoup, mais moins, dans l’Histoire les Sciences et Arts contiennent, parmi bien du fatras, des ouvrages précieux dans les genres les plus divers, de la philosophie au costume ou à la technique des métiers ; en dehors des Livres saints proprement dits, toujours recherchés, la Théologie offre une foule d’ouvrages d’enseignement, de controverse et autres, vieillis et dépourvus d’intérêt (pour d’autres que les spécialistes), s’ils ne portent pas, par exemple, la signature d’un Pascal, d’un Bossuet ou d’un Fénelon. Sans plus de valeur, tous les anciens traités de Jurisprudence que ne relève un caractère historique, littéraire ou philosophique bien marqué.            Tu regarderas donc généralement comme précieux, mon Ami, les ouvrages qui se placent au premier rang par la valeur de la doctrine et la hauteur de la pensée, la nouveauté (pour l’époque) du sujet et la qualité de l’expression ; ceux qui ont pu jouir de la faveur du public, modifier ou « éclairer » (terme qui peut également signifier : obscurcir) les idées en matière religieuse, politique, économique, ceux qui ont élevé les esprits, ou qui méritent d’être distingués par quelque raison particulière.— Voilà qui est bien, me diras-tu, et je t’entends ; mais de ces grands textes, quelles éditions faut-il regarder comme les plus précieuses ? Car enfin le texte ne suffit pas….— C’est surtout dans l’ordre littéraire, où comptent les ouvrages le plus souvent réimprimés, qu’on doit discerner les éditions. Je ne t’imposerai pas des règles immuables, il y a bien des cas d’espèce dont tu apprendras à juger. En bonne doctrine, cependant, tu tiendras l’originale pour l’une des plus précieuses éditions d’un grand texte. Précieuse, elle l’est à plus d’un titre : l’œuvre, le chef-d’œuvre, si tu veux, y paraît sous sa première forme, souvent différente de la forme réputée définitive, et sous l’aspect matériel que les contemporains de l’auteur ont connu. Le succès étant douteux, l’ouvrage ne se tirait pas à grand nombre ; mais ce succès venu, les exemplaires s’épuisaient vite, il fallait faire de nouvelles éditions, — devenues elles-mêmes rares et presque aussi recherchées, aujourd’hui, que l’originale ; souvent, en effet, l’auteur les corrigeait ou augmentait, de sorte qu’elles peuvent contenir des parties originales. Ainsi le troisième Livre des Essais de Montaigne n’a-t-il paru pour la première fois que dans la cinquième édition de l’ouvrage.
Non moins que les originales, sont précieuses certaines éditions qualifiées de pré-originales. Il s’agit de publications soit clandestines ou frauduleuses, parues sans le consentement ou l’aveu de l’auteur ou sans l’autorisation de la censure, soit simplement données dans un recueil, dans un périodique, avant la publication indépendante ou reconnue. Ainsi les Elzevirs, s’étant procuré une « méchante copie » des Maximes de La Rochefoucauld, la publièrent sans permission, en 1664 ; l’originale authentique ne parut que l’année suivante, chez Barbin ; de même, deux ans avant de voir le jour en édition originale, imprimerie de Monsieur, 1789, le petit roman de Paul et Virginie ne formait qu’un épisode des Etudes de la Nature de Bernardin de Saint-Pierre. Or on recherche avidement l’édition originale de Paul et Virginie, tandis que les Etudes de la Nature n’ont pour ainsi dire aucune valeur ; l’originale des Maximes est fort précieuse, et la pré-originale l’est encore bien plus. Garde-toi donc, mon Ami, des généralisations imprudentes.
Comme les originales et certaines pré-originales, il faut encore tenir en haute estime la dernière édition revue par l’auteur elle offre le texte considéré comme définitif de l’œuvre c’est le cas de la neuvième des Caractères de La Bruyère, parue en 1696.
Tu n’oublieras pas non plus, mon Ami, de donner ton attention aux originales posthumes, publiées quelque temps après la mort de l’auteur par des parents, amis ou héritiers littéraires, — parfois tardivement, par des érudits, d’après des manuscrits retrouvés.
Te citerai-je les Pensées de Pascal, données en 1670 par Port-Royal (pour ne pas parler de l’inestimable et quasi introuvable édition de 1669), le Télémaque de 1717, dû au marquis de Fénelon, le Neveu de Rameau, de Diderot, paru en 1821, les Œuvres inédites de La Rochefoucauld, que fit imprimer en 1863, d’après les manuscrits, le comte Edouard de Barthélemy?
L’intérêt littéraire des éditions originales posthumes est comparable à celui des originales parues du vivant de l’au­teur, mais leur valeur marchande est en général moindre (avec de nombreuses exceptions), et d’autant moindre qu’elles ont été publiées plus tard ; il est vrai qu’un tirage réduit et une exécution soignée ou même luxueuse peuvent en relever le prix.
Quant aux simples rééditions des grandes œuvres, quelle que soit leur date — combien de fois, par exemple, le Théâtre de Molière a-t-il paru ! — au contraire des originales, qui sont souvent d’un aspect fort modeste, elles n’ont chance d’avoir une notable valeur que par ces qualités, que je viens de dire, de luxe ou de rareté ; c’est pourquoi je t’en entretiendrai dans une autre partie.
Je ne te parlerai pas des éditions critiques modernes, quoiqu’on ne puisse s’en passer pour l’étude : elles n’entrent point dans la catégorie des ouvrages précieux.
N’attends pas non plus de moi des listes de ces originales ni de quelques autres éditions de grand prix que tu ne saurais trop rechercher : je dois me borner ici à quelques notions générales et je me contente de te renvoyer aux Bibliographies d’ensemble que tu connais, de Rahir, Rochebilière, Le Petit, Tchemerzine ; à des notices ou bibliographies propres à cer­tains auteurs, parues dans la Collection des Grands Ecrivains de la France, ou isolément comme le Corneille de Picot ou le Boileau d’Emile Magne. Du reste, descends au sous-sol de la Bibliothèque Nationale, dans la nouvelle salle du Catalogue, explore le coin du fond, à droite et tu trouveras de quoi te satisfaire…
Après ce que je viens de te dire des ouvrages purement littéraires, m’attarderai-je aux autres classes ? Tu sauras, j’en suis sûr, trier le bon grain de l’ivraie.
Les livres précieux de Théologie, de Jurisprudence, d’Histoire ou de Sciences ont été, somme toute, moins souvent réimprimés -que les précédents, à cause de leur objet spécial ou des circonstances ; malgré de nombreuses et importantes exceptions — au premier rang desquelles brille le plus abon­damment publié de tous les livres, la Bible — le choix des éditions des ouvrages de ces domaines paraît moins difficile ; parfois même il n’y a pas ou presque pas à choisir… Dans le doute, aide-toi des mêmes principes que pour les ouvrages de littérature ; les éditions les plus précieuses seront les origi­nales et, parmi les suivantes, celles qui devront leur valeur à des éléments autres que le texte, et dont je vais t’entrete­nir. D’ailleurs, Brunet et Graesse, quoique déjà vieux, te seront d’excellents guides ; ne néglige pas de les compléter par les bibliographies des matières déterminées — quand il en existe — comme le Thesaurus literaturœ botanicœ, de Pritzel.
Des livres dont le texte mérite d’être recherché, venons-en, mon Ami, à ceux qui l’emportent par leur beauté.
Cette beauté du livre réside dans la perfection de la typographie et dans l’excellence de l’illustration ; il faut, bien entendu, que typographie et illustration s’accordent au plus haut point ; et que le papier, enfin, soit digne de l’impression. À vrai dire, l’illustration complète le livre, de sorte que presque tous les « beaux livres », sont illustrés ; il y a, certes, nombre de livres parfaits et des plus recommandables sans figures, mais c’est autre chose.
Le monde des livres illustrés est très vaste et tu penses bien que je ne vais pas t’y promener : il ne manque pas de bons guides pour cela ; je leur laisse le soin de te renseigner sur les divers procédés de la gravure en relief ou en creux, sur bois, sur cuivre ou sur acier, taille d’épargne, eau-forte ou burin, pour ne pas parler des procédés modernes ; sur l’encrage en noir ou en couleurs ; sur les divers genres œuvres, compositions de maîtres, vues en perspective, portraits ou figures documentaires, gravures d’une valeur d’art ou d’enseignement, du XVe siècle à nos jours, en France et à l’étranger. Choisis avec grand soin les ouvrages illustrés fameux dignes de ta Réserve.
Je te souhaite d’y comprendre le Speculum humante salva­tionis ou l’Hypnerotomachia Poliphili, la Danse macabre ou l’Ars bene moriendi, les Heures de Vérard ou de Vostre, l’Apo­calypse de Dürer ou le Thewerdanck de Pfinzing, les Entrées de Henri II ou de Charles IX, le Combat à la Barrière avec les figures de Callot, le Manège royal de Pluvinel avec les figures de Crispin de Pas, le premier état des Hommes illustres de Perrault, avec les figures de divers maîtres, notamment Ede­linck et Lubin, et bien d’autres oeuvres des principaux artistes des XVIP et XVIIIe siècles, les Bosse, Silvestre, Le Clerc, les Cochin, Boucher, Gravelot, Eisen, Fragonard ou Moreau…
N’oublie pas, dans ton zèle, que l’on trouve maints fortbeaux liv res dont le texte est du second ordre, sinon tout à fait insignifiant (les Lettres portugaises de Mme de Graffigny, les Chansons de La Borde, entre autres) ou même franchement mauvais.
Ce que je te recommande avant tout, puisque tu portes aujourd’hui ton attention sur les ouvrages illustrés précieux, c’est de ne pas peser seulement l’âge des illustrations, l’intérêt du sujet, ni la qualité de l’exécution, — mais de ne choisir que des épreuves irréprochables. Que la bonne conservation de ces épreuves ne te suffise pas : assure-toi d’avoir des tirages parfaits et s’il se peut avant la lettre ; mieux encore, des suites complètes, avec états et dessins originaux… quand ils existent : ce sera de l’or en barre ; car, d’une façon générale, un beau livre, un très beau livre, s’il est bien conservé, a beaucoup de chances d’être précieux.
En revanche, la valeur du plus bel ouvrage, s’il est en mauvais état ou incomplet, si les épreuves des figures ont été tirées sur des planches fatiguées, manquent de marges, et que des rousseurs ou des mouillures les déshonorent, tombe à néant ou à peu de chose, sauf des cas exceptionnels.
Ainsi la « condition » du livre (permets-moi ce terme technique) en fait varier le prix du haut en bas de l’échelle. Il ne saurait y avoir d’exception à ce grand principe de la bonne conservation que dans le cas de pièces uniques ou rarissimes, telles qu’on ne peut espérer en trouver de parfaites : si tu en possèdes, je serai trop heureux d’excuser une tache ou une déchirure.
Je ne parlerai pas davantage, mon Ami, des livres précieux par leur texte ou par leur beauté, tu as trop de lettres et un goût trop exquis pour qu’il y ait grand chose à en dire que tu ne saches ou que tu ne sentes. Tu veux connaître ceux qui doivent leur valeur à des causes plus particulières. De ces causes, certaines ne -sont pas moins du domaine du curieux que de celui du bibliophile, si, selon La Bruyère, « la curiosité n’est pas un goût pour ce qui est bon ou ce qui est beau, mais pour ce qui est rare, unique, pour ce qu’on a et ce que les autres n’ont point. » — Donc, tu recherches les livres rares et pour leur rareté seule, sans t’arrêter au texte, qu’il soit excellent — tant mieux — ou — tant pis — tout à fait nul…
Rare, un livre le sera pour bien des motifs : Vogt en énu­mère doctement quinze (et sans doute en oublie-t-il) au cha­pitre des Axiomata historico-critica de raritate librorum de son Catalogua historico-criticus librorum rariorum (1793). Je te ferai .grâce des détails ; rappelle-toi seulement, en bref, qu’un livre peut être rare à cause de sa vénérable antiquité, et, tout à fait pour les plus anciens (non, du reste, sans exceptions), en raison même de son âge.
Il peut être rare parce que le tirage en a été fait à petit nombre ; parfois même, l’auteur s’est réservé les exemplaires pour les distribuer en présents et n’en -a point mis dans le commerce : Bossuet ne tira qu’à douze exemplaires l’édition dite des Amis de son Exposition de la doctrine de l’Église catholique, en 1671 ; les Œuvres diverses d’un auteur de sept ans, du duc du Maine, ne furent publiées qu’à sept ou huit exemplaires, par les soins de Mme de Maintenon, sa gouvernante ; le fameux Tableau des mœurs du temps, de Le Biche de La Popelinière, n’eut que trois ou quatre exemplaires. Rares sont en particulier les ouvrages issus d’imprimeries privées, comme en avaient autrefois, pour leur plaisir, quel­ques amateurs de haut rang ; parmi ces « imprimeurs » comp­tent des personnages aussi illustres que les ducs d’Aiguillon et de Choiseul, le prince -de Ligne, Mme Pompadour — qui imprima en 1760 la Rodogune de Corneille — et même des têtes couronnées : Louis XV exécuta en 1718 ses Cours des fleuves et rivières d’Europe, et Louis, dauphin, le futur Louis XVI, donna ses célèbres Maximes morales et politiques tirées de Télémaque, 1766 ; mais il y avait aussi de simples particuliers, comme ce M. de Gauffrecourt, qui imprimait à Montbrillant, au XVIIIe siècle, quelques ouvrages « pour faire usage dans sa vieillesse de son heureuse oisiveté ». Des livres atteignent le comble de la rareté, ceux dont on n’a tiré — ou dont on ne connaît plus — qu’un seul exemplaire, comme les Sonetti de Pétrarque, imprimés à Rome en 1473, comme l’Esope de Caxton, comme le Recueil de pièces héroïques et historiques, contre Louis XIV, de 1693, comme Le Partage du Lion de la Fable, paru à Cologne en deux volumes in-8°, 1700 et 1701. Pour quelques ouvrages anciens célèbres, les ama­teurs du temps ou les érudits ont pris soin de noter le petit nombre des exemplaires tirés, encore ne sont-ils pas toujours d’accord. Te citerai-je les Considérations politiques sur les coups d’État, de Gabriel Naudé, ouvrage tiré, disent certains, à 12 exemplaires, mais à un plus grand nombre en vérité ; ou les Divers Portraits de Mademoiselle de Montpensier, dont l’édition originale, de 1659, in-4°, ne comptait selon Huet que soixante exemplaires?
Je te renvoie, d’ailleurs, à Gabriel Peignot, en sa Bibliographie curieuse, fort utile, quoique très incomplète.
Au XIXe siècle, on a pris l’habitude, pour les livres tirés à petit nombre, de donner la justification du tirage et de numé­roter les exemplaires : ainsi le contrôle devient-il aisé. Cepen­dant, comme je t’ai promis de te signaler les abus, tu ne dois point croire que tous les ouvrages numérotés aient du prix ; il y en a beaucoup, de notre temps, qui, en dépit des numéros, n’ont ni intérêt ni valeur. Méfie-toi des entreprises de librairie et de la fantaisie de quelques auteurs ou éditeurs.
Un livre peut encore être rare par suite de la disparition. de la majeure partie des exemplaires, due à des causes accidentelles ou intentionnelles. Le temps est l’une des premières. Plus le livre est ancien, plus les exemplaires, d’une façon générale, ont eu de chances de disparaître. Peu d’ouvrages, sans doute, ont péri tout entiers et les bibliographes comme G. Brunet ont essayé, du moins, d’en relever les titres ; mais on dresserait une liste assez longue de ceux dont il ne reste qu’un très petit nombre d’exemplaires : c’est le cas de beau­coup d’incunables.
Ne crois pas cependant que la rareté des livres (non plus que leur valeur) croisse rigoureusement selon leur âge ; l’intérêt du texte, l’importance du tirage sont la source de bien des exceptions. Un incunable qui ne se recommande point singulièrement par son sujet, sa beauté, sa belle conservation, peut n’atteindre qu’un prix médiocre. Le grand âge ne confère de très haut et monnayable intérêt à un livre que s’il s’agit des premiers et rarissimes monuments de l’art de l’imprimerie dans les divers ateliers des divers pays — dus à la xylographie ou à l’emploi de caractères mobiles primitifs, comme le Speculum, les Lettres d’indulgences ou la Bible à 42 lignes…
Mais le grand âge n’est pas la seule cause de la rareté des livres.
Compte aussi la destruction, l’incendie d’un fonds de librairie, la suppression par autorité de justice d’une édition tout entière, pour raison politique, morale, religieuse ou même privée : faut-il te citer les exemples de la Christianismi resti­tutio de Michel Servet, du Cymbalum mundi, de Des Périers, de la fameuse Epître envoyée au Tigre de France, pamphlet contre le cardinal de Lorraine, des Pensées de Louis Morin, qui furent brillées ainsi que leur auteur, des Fragmens d’insti­tutions républicaines de Saint-Just, dont un relieur lacéra presque toute l’édition ? Il est rare cependant que quelques exemplaires n’échappent à de semblables rigueurs.
Je pense encore à tant de précieux ouvrages d’éducation, comme les fameux Donats, qui périrent par l’insouciance des écoliers ; à certains livres techniques, comme Le Pastissier François, presque entièrement perdu dans les mains graisseu­ses des cuisinières ; à certaines pièces politiques, à des libelles et pamphlets sur feuilles volantes, courant sous le manteau, comme les Mazarinades ; à des opuscules littéraires — papiers légers, réputés peu dignes d’être conservés, aussitôt lus aussi­tôt jetés — comme La nymphe de la Seine à la Reyne, ode, par Jean Racine, petit in-4° de quinze pages aujourd’hui introuvable.
D’autres livres sont rares pour des raisons diverses ; impri­més étrangers en langues difficiles et peu répandues (tamoul, telinga…) manuels destinés aux missions, traités spéciaux à l’usage de quelques érudits, ouvrages que leur importance matérielle empêche de multiplier et de transporter aisément, comme la Bible polyglotte in-folio, la collection dite des Grands et petits voyages des De Bry, l’Encyclopédie de Dide­rot et de D’Alembert, la Description de l’Egypte. N’oublie pas que les ouvrages encombrants sont, en dépit de leur intérêt, d’un commerce difficile.
Te parlerai-je encore des livres issus d’ateliers fameux, dont le nom ne manque pas d’éblouir bien des personnes trop peu averties ? Tout ce qui provient d’une officine typographique célèbre n’a pas, du fait même, un haut prix. Certes on se dispute à juste titre les Nicolas Jenson et les Antoine Vérard, on couvre d’or les Caxton et les Colard Mansion — quand on peut en découvrir ! mais quel «amateur» ne se sent pa­reillement alléché à la seule annonce d’un Elzevir ou d’un Alde, d’un Junte,d’un Estienne ou d’un Plantin ? Ici encore, prends garde et sache reconnaître les éditions et les exemplaires dignes de la valeur qu’on leur attribue. Si nous pre­nons les Elzevirs pour exemple, il y a Elzevirs et Elzevirs ; il y en a de vrais et de faux, de signés et de non signés, de bons parmi les faux et de médiocres parmi les vrais… La Théorie des Editions elséviriennes, de Nodier, quoique fort vieillie, peut te donner une idée de la complexité du sujet, mais vois surtout Willems ,et Rahir. Très peu d’Elzevirs, en somme, ont une valeur importante en état ordinaire, tandis que l’on paie leur poids d’or les beaux exemplaires non rognés, non coupés ou tirés sur grand papier ; je te reparlerai de ces derniers.
Parmi les ouvrages rares et parfois précieux, tu n’oublieras pas de placer ceux qui offrent des singularités d’impression, tels que les livres en caractères de civilité, imitant l’écriture, (ainsi appelés du titre d’un traité de La civile honesteté, de 1560, pour lequel on les utilisa) avec leurs variétés, comme les caractères de Moreau ; ou tels que les livres entièrement gravés,comme les Heures de Senault, à la fin du XVIIe siècle, le Temple de Gnide de 1772, les Chansons de La Borde de 1773, le Télémaque de 1781.
Saches encore, mon Ami, que parmi les exemplaires d’une édition qui n’offre pas un intérêt du premier ordre, il peut y en avoir quelques-uns d’exceptionnels par leur texte ou par leur condition matérielle.
Que l’auteur ait voulu, au dernier moment, corriger une faute typographique ou améliorer un passage, ou que la cen­sure ait exigé des modifications, l’imprimeur a dû exécuter des changements au cours du tirage. Le moyen est simple : on coupe la page incriminée le long de la couture, en laissant un étroit onglet, Iruison la remplace par une nouvelle et bonne page appelée « carton », montée sur l’onglet; tel est du moins le cas le plus fréquent. Ta devines, mon Ami, que les exem­plaires non cartonnés, qui n’auraient point dû entrer en cir­culation, sont fort rares. Tu ne trouveras guère d’exemplaires de la neuvième édition des Caractères de La Bruyère portant, page 234, le mot igno-minie au lieu d’igno-rance ! Si ja­mais tu rencontres un tome VII des OEuvres de Monsieur de Molière de 1682, avec le premier état de la scène du Pauvre, à l’acte 111 du Festin de Pierre, acquiers-le à tout prix…— Un exemplaire à la faute, diras-tu, n’est tout de même qu’un méchant exemplaire…— Peut-être. Mais pourquoi veux-tu, homme étrange, qu’un livre précieux soit un livre correct ?
Les exemplaires les plus remarquables par leur état maté­riel sont imprimés sur « grand papier ». On avait jadis en effet l’usage (devenu de notre temps abus) de tirer d’un livre quel­ques copies sur un papier non seulement d’un format supé­rieur à celui des exemplaires ordinaires et fournissant de plus vastes marges, mais d’une qualité meilleure. Pour un même ouvrage on employait quelquefois plusieurs sortes de grands papiers, et parfois de la peau de vélin. Avidement recherchés, faut-il le dire, tous ces exemplaires peuvent atteindre les plus hauts prix, qu’il s’agisse d’ouvrages anciens, romantiques ou modernes.
Voilà un bien rapide aperçu des principales classes dans lesquelles se rangent les livres rares. Mais, mon Ami, je ne te parle des livres rares qu’à propos des livres précieux : prête­ moi donc attention, car tu dois être mis en garde de plusieurs écueils. D’abord, n’oublie pas que les livres  «vraiment rares», comme disait Jules Richard, «ne sont pas communs» ; il y a d’ailleurs des degrés dans la rareté ; et puis la rareté ne suffit pas à te contenter, tu veux que tes livres soient précieux : or t’aviseras-tu de tenir tous les livres rares pour précieux ? S’il en est d’inestimables, n’oublie pais que beaucoup d’autres ne sont guère recherchés et n’ont par cela même qu’une valeur médiocre : le sujet, l’ancienneté et l’état de conservation entrent en cause.— Soit, diras-tu, mais comment savoir le degré de rareté de tel livre, à combien d’exemplaires il a été tiré, si le Par­lement l’a condamné, si les marmitons l’ont perdu dans les sauces, si les amateurs l’estiment, — en un mot, si je dois en offrir un modeste prix ou ne pas hésiter à délier largement les cordons de ma bourse ?         — Mon Ami, tu as un beau zèle et je ne veux point te décou­rager ; je dois cependant te dire la vérité : ce n’est qu’à force d’étude et de temps que tu apprendras ce que tu me deman­des-là. On ne peut deviner, à la seule vue d’un livre qui, bien souvent, ne se distingue par aucun caractère extérieur parti­culier, s’il est rare, très rare, précieux ; il faut s’enquérir de son histoire et de celle de son auteur, feuilleter Brunet et Graesse, consulter les bibliographies spéciales, les catalogues de grandes ventes et ceux des libraires experts. Si tu pratiques un peu ce genre de recherches, ta science et ta subtilité unies te feront bientôt, j’en suis sûr, décider assez justement des valeurs.
L’habit ne fait pas toujours le moine, mon Ami, mais il le­fait parfois ; la reliure, veux-je dire, suffit à rendre un livre-infiniment précieux ; elle mérite par ses qualités propres toute l’estime d’un bibliophile ; son intérêt peut même dépasser celui du volume qu’elle couvre. Mais si tu revêts un grand. texte de superbes dehors, je ne t’en ferai pas reproche.
La reliure peut devoir sa valeur, j’entends une valeur au dessus de l’ordinaire, à des causes diverses : ancienneté, matière, décor, signature de l’artiste, « provenance ».
Possèdes-tu, j’en serais heureux pour toi, quelque reliure du XVe siècle, de bonne exécution et en bon état, qu’elle soit en velours ou en peau de truie, de veau, de cerf ou autre, simplement ornée de motifs à froid, plaques, roulettes ou fleu­rons, rehaussée de clous, armée de fermaux, munie d’une chaîne P Point n’est besoin de dorures pour lui donner du prix, la rareté suffit.
Tu comptes sûrement dans ta librairie un grand nombre de reliures des XVIe, XVIle et XVIIIe siècles, en peaux variées, vélin blanc ou ivoirin, parchemin, veau brun ou fauve, ma­roquin rouge, vert, lavallière ou citron, soit unies soit diver­sement décorées, selon l’époque, de filets, d’entrelacs, de rin­ceaux, de semés, de compartiments, de riches dentelles, ou même de mosaïques de cire ou de peaux multicolores ; beau­coup d’entre elles portent les marques de leurs anciens posses­seurs, armes, devises ou emblèmes.
Selon les temps, on employait de préférence telle ou telle peau pour les reliures de luxe : le maroquin a presque tou­jours prévalu, tandis que le veau, le vélin, la basane, n’étaient employées que pour les reliures ordinaires : ainsi en usait-on-surtout aux XVIIe et XVIIIe siècles. Cependant, au XVIe siècle, et même plus tard, on a exécuté de fort beaux vélins dorés pour les plus illustres amateurs et on a employé le veau pour des reliures qui comptent parmi les plus précieuses, comme celles. de Grolier, de Maioli ou de Mansfeldt. Le XVIIe siècle a connu, pour les livres de prix distribués dans les collèges, des reliures souvent de médiocre exécution, mais d’un minutieux travail de dorure en simple basane fauve ; enfin, savamment marbré et doré, le veau a permis de faire, au XVIIIe siècle, des œuvres de valeur.
Tu auras donc, mon Ami, des vélins dorés, des reliures de haute qualité en veau, mais tu t’attacheras, pour les XVIIIe et XVIIIe siècles, aux nobles reliures en maroquin. Tu n’oublie­ras pas que, toutes autres qualités égales, le prix d’un volume relié en maroquin est infiniment supérieur à celui d’un volume relié en veau. Je te recommande les œuvres de nos grands classiques, dont les premières éditions surtout sont extrêmement rares sous ce riche vêtement, … mais prépare ta bourse. Les Semaines saintes, Missels et autres livres de piété se trouvent beaucoup plus couramment ainsi habillés que les ouvrages de littérature pure. La haute estime en laquelle les amateurs tiennent cette peau somptueuse qu’est le maroquin vient de sa beauté, de sa solidité et de sa souplesse, du soin et du temps qu’elle a exigés pour sa préparation ; elle s’apprê­tait originairement au Maroc, et on n’en pouvait obtenir autrefois que des quantités assez réduites.
Pourtant, mon Ami, aveuglé par la richesse du maroquin, ne méprise pas la vieille et modeste reliure en veau brun uni.
— Ne me disais-tu pas que cette peau était commune ?— Oui certes, la matière est sans valeur ; mais revêt-elle un ouvrage de prix — l’originale du Cid ou des Femmes savantes ,si tu veux — qui ne se peut guère découvrir sous une reliure de maroquin ancien, elle lui conserve l’aspect qu’il avait pour les contemporains, elle en fait pour toi, homme du XXe siècle, une véritable relique, et cette peau qui, sur un quelconque bouquin, serait négligeable, participe en ce cas à la valeur de l’ouvrage.
— Ne vaut-il pas mieux, comme font certains, remplacer cette laide reliure, indigne du précieux contenu, par un riche maroquin moderne… ?— Arrête, barbare, tu ne m’as pas compris — ou bien dois-tu ce conseil à ton relieur ? Un maroquin moderne ne donnera jamais à ton vénérable Corneille, à ton Molière, qu’une figure de nouveau riche. A moins que l’état désespéré du volume n’exige, pour sa conservation, des soins urgents, respecte l’ancienne reliure. On a trop souvent voulu « faire honneur » de la sorte à des textes illustres en renouvelant leurs vieux habits : les reliures d’origine n’en sont devenues que plus rares, et les bibliophiles éclairés d’aujourd’hui les apprécient — de toute façon — bien plus que quelque maro­quin flambant neuf.
Franchissons maintenant, veux-tu, la période révolution­naire et atteignons la Restauration et l’époque romantique. Tu continueras à rechercher curieusement les reliures de maroquin : elles sont devenues fort rares ; leur qualité ne vaut peut‑être pas celle des anciennes peaux, et on ne trouve guère que du maroquin à grain long ; à défaut de maroquin, tu te con­tenteras de chagrin, également employé pour les reliures de luxe. De l’une ou l’autre matière, les belles reliures pleines atteignent des prix élevés. Mais tu trouveras en beaucoup plus grand nombre des reliures en veau : cette peau, parfaitement unie et polie, convient mieux que le maroquin au genre de décor qui sévit en cette première moitié du XIXe siècle ; elle fait ressortir de façon incomparable les fers les plus fins, les rinceaux les plus déliés, aussi bien que les larges à-plats, les motifs légèrement poussés à froid et les plus épaisses gaufru­res. Sur des fonds presque toujours teintés, s’épanouissent les lourdes dorures, s’étalent les mosaïques aux couleurs vives, rutilent les verrières des cathédrales gothiques. Parmi les oeuvres de cette période tu trouveras de grandes pièces, plus ou moins séduisantes, mais d’un réel mérite de composition et d’une exécution extrêmement soignée ; on les recherche fort, à présent, si du moins leur fraîcheur s’est bien conser­vée : elles sont, en effet, très délicates. La peau du dos et des mors est-elle demeurée souple ? Souvent le veau se dessèche et se brise aux charnières. Une trop vive lumière n’a-t-elle pas fait pâlir ou jaunir de façon désastreuse les robes de couleurs aussi fragiles que charmantes de ces précieux volumes.
Je m’attarderai peu aux riches reliures de la seconde moitié du dernier siècle : exécutées sur de bon maroquin, très soi­gnées, ce sont œuvres d’excellents praticiens, mais elles doi­vent leur valeur au travail souvent fort long et minutieux qu’elles ont exigé, plus qu’à leurs qualités artistiques. Certains maîtres se sont inspirés de modèles anciens ; ils ont produit des oeuvres parfaites, trop parfaites, dépourvues de la liberté et du naturel des originaux. — De notre temps, disons depuis 1900, si l’on trouve toujours de fort honnêtes reliures, on ne peut s’empêcher de regretter assez souvent la fantaisie exces­sive du décor, qui s’oriente vers l’étrange et le violent. Tu peux payer fort cher, mon Ami, un casse-tête chinois de morceaux de peau vivement colorés, disposés autour d’un livre, sans avoir acquis pour cela une reliure précieuse.
J’en viens à ce qui rend une reliure accomplie : la signa­ture de l’artiste. Si la perfection confirmée d’une série de reliures issues d’un atelier a rendu cet atelier célèbre, en retour l’estampille du maître donne à l’œuvre un surcroît de valeur. Les pièces signées méritent que tu les collectionnes, aussi bien pour leurs qualités ipropres que pour l’histoire de la reliure. Tu prendras soin d’en vérifier avec attention l’ori­gine, de t’assurer notamment qu’une étiquette authentique ne provient pas… d’un autre volume.
Si tu ne possèdes que le nom d’une famille de relieurs dont plusieurs membres se sont succédé dans le même atelier, comme les Derome, tu tâcheras, par le secours de la chronologie ou par l’étude des détails d’exécution, de déterminer l’auteur responsable de l’œuvre. Faute de nom, garde-toi d’attribuer légèrement sur la seule foi d’une marque (comme l’oiseau) telle reliure à tel maître ; pousse ton examen et n’affirme pas sans réserves. Assure-toi, en tous cas, que la qualité de l’ouvrage répond à la réputation de l’artiste reconnu ou présumé.
Je ne te renverrai pas aux travaux utiles, fort peu nombreux, qui ont paru sur l’histoire de la reliure et des relieurs ; tu connais, en particulier, ceux de Gruel et de Thoinan, mais puisque j’attire ton attention sur les reliures signées, je m’en voudrais de ne pas te citer ici le somptueux catalogue des French signed bindings of the Mortimer L. Schiff collection, publié en 1935 par Seymour de Ricci, en quatre gros in-4°.
Parmi les élément du décor des reliures auxquels un volume peut devoir une distinction et une valeur particuliè­res, tu iplaceras au premier rang les marques de possession, armoiries ou emblêmes, noms, chiffres ou devises ; ce sont ces marques qui lui donnent sa personnalité, le tirent de la foule des anonymes. Il est d’un vif intérêt de savoir que tel volume n’a pas été offert en vente au public, mais destiné à un amateur particulier et relié à son fer. Bien entendu, ton premier soin sera de déterminer cet amateur. Le vieux mais toujours commode Armorial du Bibliophile de Guigard, le grand et riche Manuel de l’Amateur de Reliures armoriées françaises par E. Olivier, G. Hermal et R. de Roton, l’Armo­rial de l’Eglise de France de Jacques Meurgey, pour ne citer que les meilleurs instruments de recherche, t’y aideront. En cas d’échec, il faudra recourir à l’arsenal des ouvrages d’hé­raldique, mais si tu n’es pas versé dans le blason, tu risques de perdre ton temps : les plus doctes eux-mêmes en cet art font parfois buisson creux.
Tu as identifié le possesseur des armes ou du chiffre : était-ce un grand seigneur, un prince de l’Église, une duchesse, une abbesse, un fameux érudit ou un amateur obscur ? Si toute pièce marquée mérite l’attention du bibliophile, sa valeur, en effet, peut varier dans les limites les plus étendues ; ne tombe donc pas dans l’excès et ne tiens pas indifféremment tout ouvrage armorié pour précieux. Il y a des fers qui ne donnent, pour ainsi dire, aucun supplément de prix à une reliure : leur intérêt est d’ordre purement historique. Tu trouveras, par contre, des armes illustres, des armes royales poussées sans soin sur de nombreux volumes de bibliothèques ou sur des prix de collèges, parfois médiocrement reliés : ne leur attribue pas une valeur excessive : elles n’ont là qu’un caractère froidement officiel. Ce qui, au contraire, donne du prix aux reliures marquées, c’est la qualité et le renom de leur bibliothèque d’origine, leur rareté même à défaut de beauté. Les apparences sont parfois trompeuses ; l’illustration monnayable que certaines armes ou marques peuvent donner à un livre est tout à fait indépendante de la richesse de la re-liure. Ce modeste volume habillé de veau, et d’un sobre décor, s’il porte le nom de Grolier, vaudra autant ou même bien plus qu’un orgueilleux maroquin tout doré aux armes du Roi Soleil.
J’ai vu, il y a quelque temps, une médiocre édition hollandaise du début du XVIIle siècle, de Mémoires français du XVIIe ; ce petit in-12, couvert en veau marbré, aurait pu valoir une cinquantaine de francs — sans son fer, du reste fort simple, aux armes de Mme de Pompadour : le libraire en demandait 2.000 francs.
Un dernier conseil en matière de marques, honnête Ami : prends garde aux fers faux ; des commerçants indélicats, nantis d’anciennes matrices ou même de matrices gravées à neuf selon des empreintes authentiques, ont poussé des armes sur des reliures vierges depuis des siècles. Compare l’or des fers suspects et l’or des fers non douteux du volume : motifs d’entre nerfs, dentelles ou filets d’encadrement, roulettes des coupes ; vois si le dos porte des armes ou pièces d’armes répondant à celles des plats (sans exiger la présence de ces témoins, qui n’existent pas toujours); assure-toi (les faussaires commettent de ces bévues) que le possesseur des armes en cause n’était pas mort avant la date d’impression du volumes ; consulte, s’il a paru, le catalogue de vente de la bibliothèque du personnage : ton livre y figure-t-il ? Bref, ne néglige aucun moyen de contrôle.
Tu brûles de me poser une question, mon Ami: j’ai omis de te dire, en effet, si la reliure devait être contemporaine de l’ouvrage, ou si une reliure tardive faisait perdre au volume de sa valeur.
En règle, tu le sais, les livres se vendaient jadis tout reliés les reliures de luxe destinées à des présents ou commandées par des amateurs de qualité exigeaient plus de temps que les autres, mais elles n’en demeurent pas moins, à peu d’inter­valle près, contemporaines de l’ouvrage. C’est sous cet ancien habit que tu dois, sauf exceptions justifiées, t’efforcer de trouver tes livres : tu posséderas de la sorte un monument intact, non entaché d’anachronisme. Note cependant que bien des reliures ont été confectionnées avec un retard plus ou moins important, ou même refaites à neuf au goût d’un nouveau possesseur difficile. Des gothiques, des ouvrages du XVIe ou du XVIIe siècle furent assez souvent reliés au XVIIIe par de grands amateurs, tel le duc de La Vallière. Si la reliure est d’excellente qualité et encore ancienne, je veux dire anté­rieure à la Révolution, elle fera chez toi honorable figure : accepte-la. Depuis la Révolution, l’art est devenu si différent de ce qu’il était auparavant, qu’une reliure romantique ornée, par exemple, quel qu’en soit l’intérêt, sur un ouvrage du XVIIIe siècles ou plus ancien, aura bien des chances de heurter violemment le goût, même la valeur marchande du volume n’en dût-elle pas souffrir. Une reliure moderne très sobre re­couvrira convenablement, si elle ne l’habille, un ouvrage ancien ou un romantique. — En un mot, observe, mon Ami, quelque sévérité pour toute reliure dont le style répond mal à celui de l’époque du livre, comme son décor au caractère de l’ouvrage — et sois d’autant moins indulgent que cette diffé­rence est plus accusée.
Cependant, si tu découvres un Roman de la Rose de Vérard dans un riche maroquin du XIXe siècle orné d’une superbe rose aux petits fers dans le style de Redouté (oui, j’ai vu cela), ne lui ferme tout de même pas la porte de ta librairie…
Mon Ami, même au domaine des bibliophiles « par divers moyens on arrive à pareille fin », comme disait Montaigne. Si une riche reliure armoriée double, triple, décuple la valeur d’un volume, l’absence totale de reliure en peut faire autant.
Les relieurs ont eu souvent tu le sais, la déplorable idée de rogner exagérément les livres confiés à leurs soins : les marges, les gênaient, leur paraissaient excessives, irrégulières, et leur souci de les égaliser les entraînait à des abus ; de mauvaises langues (que je n’écoute pas) prétendent aussi que les relieurs se procuraient par là des chutes de papier à revendre. Ce trai­tement était, pour ainsi dire, général avant la Révolution, à cause de l’usage, dont je t’ai parlé, de vendre les livres tout reliés. Parfois, de leur côté, certains collectionneurs mania­ques ne craignaient pas d’appliquer aux volumes plus grands que les autres, sur un même rayon, le supplice de Procuste. Aussi les volumes munis de leurs marges complètes, brochés, en blanc, comme on disait, et surtout non coupés sont-ils devenus extrêmement rares. On en trouve cependant, — que nos anciens les aient oubliés dans un fond de boutique ou laissés volontairement intacts pour permettre de prendre des notes en marge. Leur valeur, jusqu’à un certain point, se-justifierait par l’intérêt qu’ils offrent pour l’histoire du livre, en nous fournissant des feuilles parfaites, mais elle est due plutôt à la curiosité. Il y a notamment des Elzevirs conser­vés en ces conditions, qu’on s’arrache à prix d’or ; on ne recherche pas moins, dans le même état, les romantiques célè­bres et des ouvrages encore plus récents. Ces livres, qui cir­culaient généralement brochés, ont surtout souffert des mani­pulations de lecteurs avides et peu soigneux. Plus l’ouvrage a eu de succès, plus il est devenu difficile d’en trouver de beaux exemplaires. Faisait-on relier le volume, les couvertures sou­vent défraîchies et que les relieurs n’avaient pas l’habitude de garder, tombaient. Achète, mon Ami — si tu en connais —un roman de Stendhal, de Balzac, de Dumas en édition origi-nale, broché, propre et frais, et surtout non coupé, ou relié sur brochure, avec sa couverture : tu m’en diras le prix.
Relié ou broché, comme tu viens de le voir, le livre doit une valeur exceptionnelle à ses qualités propres, rareté, beauté, richesse de l’habit, état de conservation. Le témoignage certain de ceux qui l’ont possédé peut encore le rendre des plus précieux. Les armes et autres marques dont je t’ai déjà parlé, qui relèvent de l’art du relieur, montrent que le volume s’est trouvé compris *ifs la bibliothèque de tel personnage plus ou moins célèbre, elles ne prouvent pas que cet amateur s’y soit intéressé, ni même qu’il ait tenu le livre entre ses mains : Louis XIV n’a sans doute ni touché ni vu la plupart des volumes frappés à ses armes ; de grandes dames et de grands seigneurs ne se constituaient une bibliothèque que pour satisfaire à la mode par ce genre de luxe. Il en va tout autrement, des exemplaires qui portent des dédicaces ou des corrections de l’auteur, des signatures ou des notes des possesseurs, et qui, selon l’intérêt des autographes, peuvent valoir des fortunes ; je ne parle pas de leur prix aux yeux de l’historien, du lettré, du bibliophile honnête homme ! Tu connais bien cet exemplaire fameux des Essais, conservé à Bordeaux, tout travaillé de la propre main de Montaigne, et je n’ai pas besoin de te rappeler l’histoire assez récente de ce tome dépareillé d’une édition quelconque d’un classique latin, annoté par Napoléon… Que te dirai-je de plus, mon Ami ? Feuillette soi-gneusement tes livres, même les plus modestes d’aspect, et guette la signature qui te permettra d’élever du dernier au premier de tes rayons ce volume, confident ou conseiller d’un grand homme. Et si un jour tu dois (ce que je ne souhaite) t’en séparer, ce sera du moins contre bons louis sonnants, loyaux doublons ou carolus.
Mon Ami, si ce que j’ai maintenant à te dire ne te plaît pas tout à fait, j’en suis au regret ; mais tu dois apprendre à te méfier de toi-même et, oserai-je dire, un peu des autres. Je veux te parler de livres dont le prix marqué sur l’étiquette n’est pas toujours bien justifié.Il y a des livres dont la valeur certaine ne peut que se con­server ou s’accroître pour les bibliophiles, gens de goût, ama­teurs soucieux d’éditions correctes, de pièces belles et rares ; il en est d’autres qui ne jouissent que pour un temps de l’es­time particulière des collectionneurs. On préfère, selon le caprice de la mode, un fauteuil Henri II, Louis XV ou Em­pire ; de même recherchera-t-on tantôt les  ouvrages illustrés du XVIIIe siècle, tantôt les romantiques, ou d’autres. Les cotes monteront ou baisseront comme la pression atmosphérique.— Et la raison, s’il te plaît, de cette mode ?— Une mode en a-t-elle ? Peut-être se conforme-t-elle à une autre mode plus générale en faveur d’une époque ; peut-être une école littéraire ou un auteur déterminé ont-ils fixé l’atten­tion du public, à la suite d’études critiques, d’expositions, de… l’adresse d’honnestes particuliers, _que sais-je ? Ce goût, qu’il s’agisse d’anciens ou de modernes, durera plus ou moins, selon les circonstances. Veux-tu te débarrasser de ces livres que l’on recherche presse-toi, saisis l’occasion: revien­dra-t-elle ? Veux-tu, au contraire, acquérir pour ta propre satisfaction de ces ouvrages un moment en faveur : attends — patience au bibliophile que, le plus haut point de l’en­gouement public passé, les objets de ton désir redescendent à des prix raisonnables, l’attention des curieux se portant ailleurs.
Il n’y a pas que la mode, disons si tu veux, une faveur de quelque durée, qui hausse le prix des livres ; il y a l’occasion beaucoup plus brève d’une grande vente. Tu as été à l’Hôtel, tu as vu, en de fiévreuses journées, disperser au rythme des coups de marteau ces bibliothèques constituées à force de temps, de recherches, de peine et de finance, ou même ces collections qui, sans rien contenir de précieux, ont appartenu à l’homme (ou la femme) en vogue ; bibliophiles, curieux et spéculateurs s’y pressent. Les livres disputés en ces combats s’adjugent à des prix souvent hors de proportion avec leur valeur courante. Ne te fie donc pas aveuglément à des cotes trompeuses : l’acheteur a payé moins le livre que l’ex-libris et la gloire de pouvoir dire : « Voici qui vient de la vente Trois Etoiles. » Pour que la valeur du livre se maintienne, il faut bien des conditions, et la marque de l’ancien possesseur ne suffit pas toujours, l’enthousiasme refroidi, à la garantir.— Les prix excessifs ne se pratiquent-ils que dans les grandes ventes ?— Nullement, mon Àmi, mais garde cette opinion pour toi, je ne veux me brouiller avec personne. Si parfois tu paies l’ex-libris, tu payeras aussi l’enseigne sur rue. Sans résister à la tentation, tu as acheté, pour les yeux de la tête, dans l’éblouissante vitrine de la première boutique d’Ispahan, cette reliure, non dépourvue de mérite à vrai dire, si habilement offerte à tes regards. Le seuil à peine franchi, dès le trottoir, tu ne peux te retenir de contempler ton trésor : dis-toi bien que sa valeur n’est plus celle qu’il avait un instant aupara­vant… Il fallait être raisonnable, et je ne te plaindrai pas.
Parfois une folie, si elle n’est pas trop folle, s’excuse ou s’explique. Ce La Bruyère, que tu me montrais et dont tu possédais déjà huit éditions du XVIIe siècle, tu l’as payé cher, m’avouais-tu. L’exemplaire est précieux, j’en conviens : tu as tout de même largement dépassé la mesure.— C’est vrai ; mais, comptant sur mes rayons la suite pres­que complète des originales des Caractères, ne devais-je pas combler à tout prix l’ultime lacune ?— La pente est dangereuse, mon Ami, si le chemin est séduisant : le bibliophile finira par céder le pas au bibliomane. Je te pardonne pour cette fois ; attention !
Tout cela, me diras-tu, est bel et bon, mais les mots de cher et de bon marché ne m’éclairent guère ; ne saurais-tu me renseigner plus précisément ?— Eh, c’est bien là le difficile ! J’essaie de te dire ce que tu dois rechercher de préférence et dans quelles conditions ; pour le citer des chiffres, à Dieu ne plaise ! Cependant les catalogues de libraires te donneront une idée du prix moyen des livres les plus courants, je veux dire du prix que tu les achèterais ; tu les vendrais, si tu voulais t’en débarrasser, les deux tiers, la moitié ou le tiers de ce prix, selon les cas. Les catalogues -de ventes te seront également utiles ; on en trouve, depuis le XVIIIe siècle surtout, qui portent les enchères notées à la main par les amateurs ; enfin tu te tiendras au courant au moyen des annuaires spéciaux, comme celui de Delteil, des revues de bibliophiles et des chroniques de quelques journaux; J’ai cru inutile de te citer le classique Brunet. N’oublie pas, pour les enchères anciennes, de rapporter les prix aux années des ventes respectives, car, de même que le goût des amateurs, l’intérêt relatif de l’ouvrage et son degré de rareté, la valeur même de l’argent varient. Telle édition originale d’un romantique vendue, vers le temps de la publication, pour une somme médiocre, est aujourd’hui extrêmement recherchée Et nous méprisons absolument tel petit roman du XVIIIe siècle que les contemporains s’arrachaient. Considère encore que plus un livre est commun plus son prix s’établit facilement, les conditions de l’offre et de la demande variant peu ; inversement, plus il est rare, plus ce prix est sujet à fluctuations ; s’agit-il d’un exemplaire réputé unique, le prix devient tout à fait arbitraire.
Faut-il le rappeler l’aventure de cet amateur de province, à la suite de la vente La Roche-Lacarelle ? Un exemplaire des Contes de La Fontaine, des Fermiers généraux, habillé d’un superbe maroquin aux armes de Mme de Pompadour, avait atteint le prix de 15.000 francs (ce qui ferait aujourd’hui…) . Notre homme qui possédait un exemplaire des Contes de la même édition s’empressa de le proposer au libraire expert : — « Monsieur, mon journal m’apprend que l’édition de La Fontaine de 1762 vaut maintenant 15.000 francs et même, davantage. A la vérité, mon exemplaire ne porte pas les armes de la Pompadour, femme d’ailleurs peu estimable. Il est relié en veau et la reliure est très fatiguée ; l’intérieur a aussi souf­fert ; cependant toutes les pages y sont. Dans ces conditions, j’admets que mon précieux livre ait moins de valeur que celui récemment vendu et je vous l’offre pour un prix inférieur des deux tiers. »
Tu penses bien que ce volume ne valait pas 5.000 francs 100 francs ou peut-être 50 eussent été un bon prix.
Oui, la valeur du plus beau livre, s’il est mal conservé, ou incomplet, tombe à néant ou à peu de chose, — à moins qu’il ne s’agisse d’une de ces insignes raretés qu’on ne peut trouver intactes. En revanche, un ouvrage même médiocre de texte, les Chansons de La Borde, si tu veux, en grand papier, avec les états des figures et une riche reliure, parfaitement frais (je prends, tu vois, des cas extrêmes) vaudra des sommes considérables.— Un excellent bibliophile ne peut-il se contenter d’exem­plaires moins luxueux, surtout s’il y a une telle disproportion entre le mérite du texte et le luxe du vêtement ?— C’est tout autre chose. Leber disait d’un livre : « S’il n’a pour lui que sa date et son prix, il n’a rien pour moi et l’exemplaire fût-il unique, je le laisse aux amateurs de ra­retés ». Ce jugement te paraîtra sans doute un peu dur. Mais à la vérité, j’ai eu trop de peine à répondre à ta première ques­tion pour m’engager maintenant en de nouvelles difficultés..
Tu m’as mis dans un cruel embarras, mon Ami ; tu m’as demandé du secours pour reconnaître en tes livres ou en ceux des autres des qualités variées, durables ou changeantes, en apprécier les degrés, et réduire des sentiments en équations. Et tu m’as montré, comme pour brouiller encore les données -du problème, ce méchant petit volume sans nulle valeur vénale, mais pour toi chargé de souvenirs, auquel tu tiens plus qu’à tes somptueuses reliures payées… combien?
Que te dire, mon Ami, pour conclure? Armé de goût, cuirassé de science, bardé de prudence, efforce-toi de distinguer les livres qui ont et, j’espère, auront toujours un mérite solide par leur texte, par leur beauté, par leur rareté, par le souvenir de ceux qui les ont eus. Pour les apprécier sainement et distinguer les pièces de valeur, oublie d’abord qu’ils peuvent être matière à vente ou achat, pèse leurs divers mérites, intègre tes jugements. — Puis, si tu as quelque dessein en tête, consulte ta bourse et agis selon l’occasion, — selon la hauteur d’un prix qui sera toujours dans l’océan de la finance, malgré nos efforts pour le fixer, comme le fameux navire du capitaine Nemo : Mobilis in mobili.Je suis,Mon Ami,    avec tout le zèle du monde,                                     ton plus affectionné serviteur,      I.M.P.A.P.B.A.I.C.D.D.

Tiré sur les presses de l’Imprimerie Taffard 6, rue Métivier, Bordeaux – Avril 1940

13 Commentaires

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  4. Et toi JLP, t'es pas lourdaud avec tes considérations ? Qui es-tu pour juger ce genre de texte ? PPDA ? Bernard Pivot ?
    Please, Hugues, perds pas ton temps à remercier ce genre de billet.

  5. entre le tweet et le verbiage il y a un juste milieu.(et c'est pas celui-là)
    Je n'aime pas son écriture, je la trouve lourde encore une fois.

    Hugues, vous ecrivez mieux que ces vieux bibliophiles du XIX, c'est dommage de leur laisser la parole

    jlp

  6. Je ne sais pas si on peu parler de "grande majorité". Beaucoup de libraires faisaient également relier les livres avant de les vendre, même chose pour les très nombreux cabinets de lectures ou l'on accédait aux livres via un abonnement, beaucoup étaient reliés quoique très modestement.

    Ca me semble difficile d'être affirmatif concernant la proportion d'ouvrages vendus en feuillets, brochés ou reliés, car l'on manque cruellement de sources variés et diversifiées à l'échelle national et européenne pour réellement quantifier ces pratiques avec justesse.

  7. Intéressant article mais avec des erreurs comme celle-ci. :

    "Ce trai­tement était, pour ainsi dire, général avant la Révolution, à cause de l'usage, dont je t'ai parlé, de vendre les livres tout reliés"

    Les livres étaient vendus en grand majorité brochés et également en feuilles.
    Cordialement
    Léo

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