Lea beaux classiques du Fonds Médard, de Holbach à Buffon

Amis bibliophiles bonjour,
Au hasard des recherches sur Internet, j’ai découvert récemment le site du Muséee Médard.C’est un musée situé à Lunel qui expose la bibliothèque de M. Louis Médard (1768-1841), marchand d’étoffe de son état.
 Il passa trente ans de sa vie à chercher des ouvrages rares, et finit par léguer à sa ville natale, l’ensemble de ses collections qui regroupent 5000 ouvrages (je n’ai pas compris si c’était 5000 ouvrages ou volumes, mais peu importe, ça représente un certain nombre de corps de bibliothèques!) Une de ces bibliothèques du 19e restée dans son jus, que l’on ne rencontre plus de nos jours hélas… Je n’ai malheureusement pas encore eu le temps de m’y rendre, mais je compte bien y aller au printemps sur un week-end.Les responsables du musée ont eu la très bonne idée de photographier et de mettre en ligne un certain nombre de volumes (reliures, pages de titre, illustrations…). Afin de s’aiguiser l’appétit avant d’aller sur place, on pourra regarder le site :http://www.museemedard.fr J’ai relevé quelques ouvrages dignes d’intérêt, dans les sujets qui m’intéressent (mais on pourra trouver un peu tous les sujets : histoire, belles lettres, sciences naturelles…) : Dans la section « Théologie Hétérodoxe », quelques pièces vraiment remarquables : 
Holbach « Systeme de la Nature » 1770 en maroquin rouge par Derome le Jeune.Que peut on rêver de plus beau dans un bibliothèque?J’avais en tête un seul autre exemplaire relié par Derome : celui de Pixérecourt mais j’ignore où il est passé… Souverain « Le Platonisme dévoilé »  1700 en maroquin vert par Derome le Jeune :

Holbach « de la cruauté religieuse » 1769 en maroquin vert :


Toland «  Le Nazaréen ou le christianisme des Juifs, des Gentils et des Mahométans » 1777 en maroquin rouge par Derome le Jeune : 
Dans la section « Livres 18e illustrés » :
Cervantes « Don Quichotte et Nouvelles » 1768 en maroquin rouge avec un superbe dos à la grotesque :
Homère « l’Iliade et l’Odyssée » 1711 en maroquin rouge d’une remarquable fraicheur :
 
La Fontaine « Fables » 1755-59 en maroquin rouge :  Buffon « Histoire naturelle des Oiseaux » 1771-86 en maroquin rouge par Derome le Jeune :


 L’ouvrage fait l’objet d’une exposition temporaire.Je pense que ça vaut le coup d’oeil : les coloris ont l’air très délicats!
Dorat « Fables » 1773 en maroquin rouge par Lefebvre :
 La reliure semble d’une fraicheur remarquable.
Et enfin dans la section «Facéties», je ne résiste pas à vous montrer un petit livre dont le titre seul prête à sourire :
Rolet « Tableau historique des ruses et subtilitez des femmes : où sont naïvement représentées leurs moeurs, humeurs, tirannies, cruautez, desseins, inventions, feintises, tromperies, & generalement leurs artifices & practiques; le tout confirmé par histoires arrivées en France de nostre temps, non moins véritables que tragiques & prodigieuses » 1623 dans une admirable reliure fin 17e en maroquin rouge.Le livre provient des bibliothèques choisies de DuVivier et de Charles Nodier.Un petit bijou!
Il me semble que cela fait une belle destination pour un week-end non?
Bonne lecture à tous.
Wolfi
Ps : si un lecteur a un Holbach dans cet état, je suis preneur 🙂

14 Commentaires

  1. Merci Wolfi, il restera donc définitivement "dans le style de", à parler franchement je m'attendais un peu à cette remarque, surtout depuis que j'avais rajouté la photo en gros plan de la roulette, mais je suis parfois taquin et joueur. Cela reste un bel exemplaire qui se mérite, et vous le méritez ! N'hésitez pas à me recontacter via mail ou tel, mes conditions pourraient vous surprendre.

    Daniel B.

  2. Cher Wolfi, je ne suis qu'un amateur de reliures anciennes mais ma boutique est proche de Lunel. Je vous propose donc de faire un tour à Tarascon en Provence si vous flânez aux portes de la Camargue… Pierre

  3. Wolfi, vous êtes désormais un très grand connaisseur des reliures 18e, bravo pour vos remarques, toujours fines et justes 😉

    B.

  4. En zoomant sur la photo du Cervantes et celle de la reliure avérée de Derome, on voit clairement que ce n'est pas la même roulette : de loin effectivement, ça y ressemble, mais de près, les fleurs sont évidées dans celle de Derome, alors que dans l'autre, il n'y a qu'un très mince filet creux. Idem pour l'espèce de trèfle sur la roulette inférieure. Et de façon générale, la roulette de Derome est beaucoup plus nette.

    Cordialement,
    Wolfi

  5. Bradel ayant repris (tout ou partie?) le matériel de Derome, on y trouve souvent des fers communs en effet.

    Bradel du reste s'est borné à imiter Derome ou l'air du temps, je ne lui trouve pour ma part aucune originalité, un bon ouvrier, et puis voilà. Ca reste subjectif, mais les après 1790 début XIXe sont vraiment de pauvres décennies question reliure. Tout était relié pareillement, quelque soit l'ouvrage, la thématique, l'époque de l'édition… Avec une créativité proche du zéro absolu sauf de rares exceptions, quand Bozérian ou d'autres se lâchaient un peu. Période majoritairement navrante.

    Pour les étiquettes vous avez tout à fait raison il faut être prudent. Une étiquette de Derome le jeune peut être apposée, pour diverses raisons, sur une reliure qui n'est pas de lui…

  6. Quand à la phrase "les seules reliures de Derome sont celles portant son étiquette", elle est également à considérer avec prudence, j'ai eu en main une très belle reliure en maroquin vert sur un in quarto avec grande dentelle à l'oiseau et étiquette de Derome, hors il semblerait qu'elle provenait de l'atelier de Jubert !…On peut également imaginer que vu le succès Derome n'arrivait plus à faire face et qu'il sous-traitait parfois des reliures ou des dorures…

    Daniel B.

  7. Cher anonyme, je partage assez votre avis, et je me contente dans ma notice de dire que cette reliure est dans le style de Derome. Tant que je n'aurais pas d'éléments plus probants que cette unique roulette, l'attribution ne pourra être formelle et garantie. Bradel a fait également des dos très proches de style. D'une manière générale quand la reliure n'est pas signée, j'évite les attributions formelles, car dès qu'un relieur était célèbre il était fortement imité.

    Daniel B.

  8. Cette roulette ne me semble pas suffisante pour lui attribuer une reliure, surtout une reliure tardive ou Derome avait déjà été très imité, les fers qu'il utilisait se retrouvent sur des reliures qui ne sont clairement pas de lui, cette roulette en particulier.

    On attribue trop à Derome le jeune, il est devenu le Dupont & Durant de la reliure du XVIIIe alors qu'à mon sens la place devait grouiller d'ateliers "d'imitateurs" d'un genre qui fonctionnait et qui était prisé de ceux qui faisaient relier à grands frais.

    Ce relieur mériterait à lui seul une étude plus poussée que ce qui existe actuellement, vaste entreprise si il en est. En dehors des réalisations très particulières intimement liées à Derome le jeune de par l'originalité du décors, les seules reliures de Derome sont celles portant son étiquette.

    Cette reliure pourrait être de Derome, mais rien ne vient vraiment étayer ce postulat, si ce n'est une roulette devenue bien commune fin XVIIIe. Trop commune pour un seul homme ou un seul atelier.

    Pour ma part, j'attribuerais cette reliure à un atelier de qualité, car la reliure semble l'être, mais je n'évoquerais pas le nom de Derome.

    Ce qui, du reste, n'enlève rien à cette sympathique réalisation.

  9. J'ai regardé dans le catalogue Waddesdon Manor où sont répertoriés beaucoup de fers de Derome : le fer qui se rapproche le plus est la roulette intérieure des plats où des ovales et des quadrilatères alternent. Mais dans la vraie roulette de Derome, à priori, il y a 5 petits points, alors que là il n'y en a que 4.
    Je pense que c'est une reliure vers 1785 d'un habile artisan, mais impossible comme ça de dire qui…
    Cela dit, il est joli!

    PS : tout le monde l'aura remarqué, j'essaie de présenter aussi des maroquins verts pour alterner 🙂

    cordialement,

    Wolfi

  10. Reliure de "style anglais" absolument typique de la fin du XVIIIe cher Daniel, et qui me semble difficile à attribuer. Ca ne ressemble pas aux productions de Bozérian, Derome a fait quelques reliures dans ce genre et le losange aux petits fers lui ressemble, ça pourrait être lui, mais l'ensemble apparait trop tardif et la séparation par un caisson de la pièce de titre et de la pièce de tomaison ce n'est pas trop dans ses habitudes.

    Pour ma part je dirais: Reliure classique faites aux alentours de 1790 ou plus tard, provenant d'un atelier inconnu qui suivait la mode anglaise du moment.

  11. Merci Wolfi pour cet article, j'aimerai discuter avec vous, qui avez une grande expérience de ce type de reliure en maroquin d'époque, de l'attribution éventuelle d'une de mes reliures qui n'est pas signée. J'ai bien une idée, mais peut etre avez vous dans vos livres des reliures ou sont utilisés des fers identiques à ceux utilisé sur celle ci ? Ce qui pourrait infirmer ou confirmer mes premières hypothèses. https://picasaweb.google.com/110579295112734400457/Quichotte?authuser=0&feat=directlink

    Merci
    Daniel B.

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