Amis Bibliophiles Bonsoir,
« Système des libraires parisiens », « bibliographies », « codes »… On le voit, bien qu’elle soit une passion (parfois dévorante), la bibliophilie obéit à des règles. Il y a les règles fixées par l’Histoire, celles édictées par nos aînés en bibliophilie et il y a surtout les règles que chaque bibliophile se fixe à lui-même.
En ce qui me concerne, j’ai commencé comme j’ai pu, j’ai poussé en bibliophilie comme une mauvaise herbe, à la mesure de mes moyens et des arbitrages que m’imposaient ma vie d’étudiant (sniff, sniff…. bon, c’est bon, vous pouvez remettre vos mouchoirs dans vos poches)… Enfin bref.
Mais aujourd’hui, sauf exception, je me suis fixé des règles strictes, pour ne pas acheter n’importe quoi et ne pas regretter au final certains de mes achats (voire ne pas tomber dans une bibliomanie effrénée) :
1. Les livres incomplets, ne serait-ce que d’un feuillet de côté tu laisseras.
2. Les dépareillés, pareillement, oncques ne convoiteras.
3. Le bon état toujours tu privilégieras.
6. La qualité au nombre toujours tu préféreras.
4. Une émotion te procurer, chaque livre devra.
5. Les prix tu compareras
6. Patient tu seras.
Désormais, devant chaque livre, je me pose de façon instinctive ces questions, et quand une reliure vient accompagner l’ensemble, je veille toujours à ce qu’elle ait un sens par rapport au livre qu’elle recouvre. (ne pas oublier la règles fondamentale « tous les livres doivent recevoir une reliure appropriée à leur date, à leur valeur et à leur contenu »).
Et vous, avez-vous vos propre règles? Différent-elles des miennes?
H
Dans un autre genre, voici les
Commandements du Bibliophile, par François Fertiault, excellent bibliophile bourguignon du siècle de Baudelaire :
« De bonne heure t’éveilleras,
Laissant l’oreiller prestement,
Alerte, tu t’habilleras,
Et quitteras l’appartement,
Le long des quais tu te rendras,
Pour entrer en chasse ardemment,
Par le soleil tu marcheras,
Et par la bise également,
Dans chaque boîte fourreras,
Ton nez et tes doigts vivement,
Retournant tout, tu flaireras,
Avec un fin discernement,
Le plus possible choisiras,
Puisant avec acharnement,
Quand une aubaine trouveras,
Cacheras ton contentement,
Mais, en dedans, tu béniras,
La providence tendrement.
Tout le jour, calme, arpenteras,
La dalle infatiguablement,
Le soir, bien chargé tu seras,
Et t’en reviendras lentement,
Dans tes rayons tu les mettras,
En les classant logiquement,
Les rangs doubles éviteras,
Comme cause d’un gros tourment,
En ami tu les poseras…
Puis les fermeras prudemment,
Les emprunteurs distingueras,
Pour prêter équitablement :
Aux fidèles accorderas,
Plein d’un affable empressement ;
Des indiscrets te garderas,
Refusant énergiquement,
Aucun livre ne détruiras,
Ni n’écorneras seulement.
Au contraire, tu guériras,
Ces blessés paternellement.
Les destructeurs tu maudiras,
Sans grâce, impitoyablement ;
Les voleurs, tu les châtiras,
En les divulguant vertement.
Donc, tes livres tu chériras,
Et tiendras amoureusement ;
Au couteau tu les couperas,
Sans frange et délicatement ;
Enfin, surtout, TU LES LIRAS…
C’est mon plus haut commandement.
Près du feu, tard, tu veilleras,
Pour les contempler longuement.
A la fin, tu te coucheras,
L’esprit plein de ravissement,
Toute la nuit tu rêveras,
Bouquin, brochure et document ;
Aux Elzevirs tu sourieras,
Tombant presque en l’enivrement,
Le lendemain, continûras,
Pris d’un semblable entraînement,
Et, sans dol, rebouquineras…
Jusqu’à ton dernier moment ! »
François Fertiault, 1877.
Pour information, François Fertiault est né en 1814 et mort en 1915 !
Vous comptez bien… 101 ans
La bibliophilie conserve c’est certain.
Pierre Bérès est né en 1913, je vous le rappelle et il se porte comme un charme…
Amitiés, Bertrand
Je ne peux que souscrire à ces règles. Je vais parler comme une « ancien », mais il faut un peu de temps pour se conformer à ces règles de bon sens. Je crois que le maître-mot est patience.
Jean-Marc