Le Libraire de Demain : la « proposition » de Jean-Luc

Amis Bibliophiles Bonjour,

Le Libraire de demain, par Jean-Luc :

Présent sur un terrain virtuel, il l’est aussi sur un terrain réel. Il conjugue boutique web et librairie dans un lieu choisi avec pertinence, ses clients sont donc aussi bien le monde entier que ses voisins. L’identité de sa boutique est la même mais, comme un mille feuille, elle se décline en plusieurs couches : les catalogues en ligne, les catalogues papier, les cartes de viste, son blog, etc.
Sa boutique est ouverte en entrée libre et sans rendez-vous au moins cinq jours par semaine. C’est un lieu convivial avec une âme. Le libraire soignera si bien le contact avec les clients et la déco de sa boutique que l’on prétextera la recherche d’un livre pour simplement passer quelques minutes dans ce lieu magique. Ce lieu convivial sera une alternative aux bars du début du XXe siècle : on vient y chercher les derniers potins, on y épanche ses peines, on y rit des brèves de comptoir, on y parlera des découvertes littéraires.

Avec ses fauteuils, sa table de lecture, renouant avec les salons du XVIIIe siècle, la librairie de demain sera un lieu de partage érudit comme un lieu de drague, d’expression de l’ego et de rencontres.

Sa boutique sera surtout généraliste, mais les ouvrages seront soigneusement sélectionnés. Le visiteur qui ne recherche rien de particulier à priori, qui espère juste le plaisir de la lecture et de la culture, sait en entrant dans sa boutique que nombre de trouvailles l’attendent. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il revient régulièrement voir son libraire. Hier encore, il avait un repas entre amis et lorsque il a montré son dernier achat au dessert, la discussion a continué pendant une heure : on s’émerveillait qu’un tel livre puisse exister.

Notre libraire consacrera aussi trois rayons à des spécificités bibliophile que lui seul a su réunir. Chacune de ses trois spécialités donneront lieu à de superbes catalogues papier publiés annuellement qui feront référence pendant longtemps. Mondialement connus, ces catalogues sont très attendus par ceux qui partagent la passion pour ces spécificités. Dans l’arrière boutique, le libraire disposera de la dernière Espresso Book Machine, qui lui permet d’imprimer et de relier n’importe quel livre ancien numérisé par la Bnf et Google parmi un million de titres disponibles. 30% de son chiffre d’affaire viendra de la réédition à la demande.

Le libraire lui-même sera une forte personnalité, à l’instar les bibliophiles érudits du XIXe siècle. Cette personnalité s’exprimera surtout sur son blog, devenu incontournable. Mais il sera aussi écrivain et aura publié quelques ouvrages sur des sujets pointus, très documentés qui lui vaudront d’être régulièrement invité pour intervenir dans conférences et colloques aux quatre coins du monde. Bien installé dans les réseaux sociaux, il aura sa page Myspace, FaceBook et dans les réseaux littéraires spécialisés. Très bien classé sur del.icio.us, notre libraire sera facilement joignable par les internautes et, rompant avec l’élitisme pédant de règle dans la seconde moitié du XXe siècle, il répondra à toutes les demandes, se mettant à la portée des néophytes. Sa réputation sur le net (intelligent, érudit, cool, drôle, disponible, serviable) lui vaudront des milliers d’amis virtuels et sa librairie bénéficiera d’une renommée virale.

Maîtrisant parfaitement le français et l’anglais, il saura aussi lire le latin dans le texte. Parce que cette langue sera de moins en moins comprise, ceux qui liront le latin (et aussi le grec ancien) feront figure d’initiés, de maîtres des codes, capables de révéler le secret des livres anciens. Cette connaissance du latin lui amènera régulièrement des demandes d’avis sur des ouvrages.

Libraire classique, un peu éditeur, un peu auteur, le libraire de demain sera très sollicité et n’aura que peu de temps libre. D’autant qu’une fois par an, il organisera une manifestation locale autour du livre, prétexte à réjouissances bacchaniques autour d’un thème littéraire très attendues par les habitués. Mais ce travail intense sera compensé par les menus plaisirs que procure sa passion : voyages, rencontres, decouvertes, etc.

Il gagnera modestement sa vie, un peu plus de deux fois le smic, mais avec des aléas parfois préoccupant qui lui vaudront deux lettres recommandées par an de son banquier, mais il s’offrira aussi quelques caprices en revendant un ou deux trésors par an de sa réserve. Il aura convertit certains de ses clients plus fortunés en mécènes, comme au XVIe siècle, dans une amitié partagée et fidèle. Aussi, ne cachera-t-il jamais la précarité de sa situation, jouant carte sur table, faisant comprendre à ses visiteurs qu’ils peuvent peut-être trouver le même ouvrage moins cher ailleurs mais qu’en l’achetant ici, ils lui permettent de continuer son métier.

Collaborateur fidèle d’un commissaire priseur éclairé, il proposera deux belles ventes clef-en-main par an, assurant tout, de la rédaction des notices à l’édition du catalogue. Dans ces ventes, il saura ménager l’intérêt des vendeurs et celui de ses confrères, il ne visera jamais l’hyper-publicité ou la pulvérisation d’estimation mais la satisfaction de tous.

Merci Jean-Luc,

Hugues

9 Commentaires

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  3. Bien d’accord avec vous Bertrand. Cet essai n’est pas un souhait, juste une fiction qui poursuit quelques années en avant des directions juste amorcées aujourd’hui. Et je persiste à croire que le libraire ancien de demain sera aussi éditeur de très petits tirages, voir de livres à la demande. Le train est en marche, pourra-t-il économiquement le laisser passer sans être tenté de monter à bord ?

  4. C’est un beau projet de librairie que le vôtre Jean-Luc, et je ne sais s’il est réalisable, souhaitable et enviable.

    Ce que je sais pour ma part, c’est que l’idée de voir débouler ma petite librairie un « commercial » pour venir « installer » dans ma libraire une EBM… eh bien ça ne m’emballe pas du tout.

    Sans doute alors ce métier ne voudra plus très bien dire grand chose pour moi et il sera tant alors de passer à autre chose.

    Amitiés, Bertrand

  5. Mon texte n’est qu’un essai de prospective. Pour l’instant seul Blackwell a intsallé une EBM dans sa boutique ( http://cozop.com/clements_actualitte_une_page_de_caractere/print_on_demand_le_libraire_blackwell_supprime_imprimeur ), mais dans 4 ou 5 ans, un commercial viendra en installer une dans votre librairie. Un pas important est en train d’être franchi pour la librairie ancienne car les notions de « contenu rare » ou de « livre moderne épuisé » ne voudront plus rien dire et les libraires devront apprendre à vendre autre chose que l’exclusivité d’un contenu. Problème auquel ils n’ont jamais été confrontés depuis l’invention de l’écriture…

  6. Merci, Jean-Luc, pour ce portrait fidèle à nos attentes et, somme toute, réalisable.

    J’ai trouvé très sympathique l’idée de pouvoir éditer à la demande des ouvrages de travail introuvables ou onéreux sous forme de « fac-similé de garage ».

    Cela nous amènera une clientèle de brillants étudiants qui deviendront de fidèles amateurs. Pourriez-vous, dès maintenant, m’envoyer les références de « l’Espresso Book Machine » et le mot de passe de la BNF qui s’y attache ?

    Cordialement. Pierre

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