Une reliure mosaïquée de belle provenance, reliée par Pétrus Ruban

Amis Bibliophiles Bonjour,
Une fois n’est pas coutume, je partage avec vous une acquisition assez originale, joliment reliée, avec une provenance qui se déclare de façon élégante.Il s’agît de l’ouvrage Une Nuit de Cléopâtre, par Théophile Gautier, à Paris, chez Ferroud, 1894. Un beau volume de format in-8, contenant 21 compositions par Paul Avril et préfacé par Anatole France.Il est relié en plein maroquin marron, et porte deux grandes compositions mosaïquées sur les plats avec des ornements de style égyptien. Le décor est identique sur les deux plats, mais les compositions mosaïquées sont de couleurs différentes. A l’intérieur on découvre une large bordure de maroquin, elle aussi mosaïquée dans les angles, avec un filet doré; l’ouvrage est doublé et possède des gardes de soie brodées de couleurs très vives, dans un style rappelant le décor des plats. Les couvertures et le dos de l’époque sont conservés, le tout rentre joliment dans un bel étui.
L’exemplaire est numéroté et est l’un des exemplaires sur Grand Vélin d’Arches. Il contient un triple état des illustrations dont l’eau-forte et un état avec remarques. Il est en état parfait, les tranches sont dorées.
Cette belle création est l’oeuvre du relieur Pétrus Ruban (1851-1929). La reliure est signée en bas du contreplat par « P. Ruban 1910 », qui était d’ailleurs connu pour la finesse de ses mosaïques.
Jusqu’ici, l’ouvrage est intéressant, très joliment relié, mais il a également un petit plus, de ceux que recherchent parfois les bibliophiles: c’est en effet l’exemplaire de Pétrus Ruban, le relieur, et il a lui même doré son ex-libris en bas au centre du contreplat (« Ex-libris Pétrus Ruban »).Dès lors, on peut rêver… Pétrus savait-il que cet exemplaire lui était destiné et il y a mis tout son art. Ou bien en voyant cette superbe réalisation il n’a pu se résoudre à s’en séparer… Qui sait?
Avez-vous déjà croisé d’autres ex-libris de ce relieur moins connu que d’autres, mais très talentueux?
J’ai peu d’informations sur Ruban (toujours pas de Fléty…), mais j’ai néanmoins découvert qu’il a exercé jusqu’en 1910, ce qui est précisément la date de cette reliure…
H

8 Commentaires

  1. Les américains ont été de très gros amateurs de reliures de Petrus Ruban, et comme les bibliophiles français semblent l'avoir boudé longtemps (pour quelles raisons ?), il y a encore de nombreuses reliures à rapporter dans le patrimoine !

  2. Merci à tous les deux. Le catalogue n'est hélas pas disponible sur Google books… J'ai également cherché sur Gallica, mais (comme toujours), le site est en panne……
    H

  3. Catalogue de Beaux Livres Modernes en Editions de Luxe Recouverts de Riches Reliures composant la Bibliotheque de Mr.Petrus Ruban Ex-Relieur.
    1910

  4. Merci beaucoup Gilles. La question est, ce catalogue existe-t-il? En tout cas, c'est probablement l'une des dernières reliures exécutées par Ruban.
    J'avais oublié une chose: je l'ai faite revenir du continent américain, elle fait donc à nouveau partie du patrimoine culturel français! 🙂
    H

  5. Longue notice du Fléty sur:
    "RUBAN Aîné (dit Pétrus Ruban), né en 1851 à Villefranche-sur-Saône. Relieur et doreur. Créa son atelier, 16 rue Dauphine, le 1er mars 1879, puis le transféra 9 rue de Savoie en 1896.
    D'une grande fécondité d'imagination, il pratiqua tous les genres avec un égal bonheur. (….)
    Après avoir exposé au palais de l'industrie où il obtint une médaille d'argent, il participa à l'Exposition Universelle de 1889 où il obtint également une médaille d'argent (…)
    De fait sa vogue fut grande et il travailla pour la plupart des collectionneurs de son temps : Barthou, Baudin, Beraldi, Borde, Baron de Claye, Granjon de l'Epinay, Raynal, Romagnol etc. (…) Il exerça jusqu'en 1910, année où il céda son affaire à Lanoé, vendit sa bibliothèque personnelle comprenant 115 reliures éxécutées par ses soins, le 12 décembre de la même année, et se retira à la maison de retraite Galignani à Neuilly où il mourut le 21 avril 1929, à l'âge de 79 ans."

    Son frère Claude était relieur à Villefranche-sur-Saône.

    Je le crois surtout virtuose irréprochable de la mosaïque. Devauchelle le compte parmi les vingt de l'élite de la reliure d'art peu avant 1900, adepte du décor floral. Il rapporte une sitation de Ruban d'où il ressort qu'il avait horreur du cuir incisé.
    Hugues, il te reste à trouver le catalogue de sa bibliothèque!
    Lauverjat

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