Bibliophilie et Sciences, un saut dans le temps, Edouard Branly et la naissance de la radio

Amis Bibliophiles bonsoir,
Je suis en voyage et après Bernard, c’est René qui maintient le blog en vie en nous faisant sauter quelques siècles après l’Académie Royale de Bordeaux… comme le souligne René, le caractère bibliophilique est en certes peu évident, quoique …
« Un petit ouvrage du début XXe me suggère l’idée de ce billet consacré à la naissance de la Radio ou plus exactement de la Radiotélégraphie. Le caractère bibliophilique est en certes peu évident, quoique …Ce livre publié dans la célèbre Collection PAYOT tire tout son intérêt bibliophilique de l’envoi de l’auteur à Georges Maneuvrier. Celui-ci continua, au XXe siècle, la publication du non moins célèbre Traité de Physique de Adolphe Ganot.
Mais qu’est-ce que la Radiotélégraphie ???
Au XVIIIe siècle, de nombreux « physiciens » se livrèrent à des démonstrations amusantes basées sur les phénomènes électriques ou plutôt électrostatiques : foudre en réduction, étincelles accompagnées de commotions qui faisaient l’étonnement et la joie des Précieuses de l’époque … certaines faillirent y perdre la vie.
Rapidement on tenta de trouver des applications à ces découvertes : Bernard nous en a relaté quelques-unes dans ses articles sur l’Abbé Nollet, Sigaud de Lafond et l’Abbé Bertholon.
Cependant rien de vraiment pratique ne devait en résulter.
Les choses sérieuses commencèrent au XIXe siècle
S’appuyant sur les travaux d’Ampère et de Faraday (un chimiste-relieur … tiens, tiens), le physicien écossais James Clerck Maxwell publia en 1865 une description mathématique des phénomènes électriques et magnétiques prédisant l’existence d’ondes « électromagnétiques » de même nature que la lumière et se propageant à la même vitesse. En 1886, le physicien allemand Heinrich Rudolf Hertz expérimentait la production d’étincelles au moyen de la bobine d’induction de Ruhmkorff. Il observe, sous certaines circonstances, l’apparition de minuscules étincelles aux extrémités d’un conducteur en boucle ouverte totalement indépendant de la bobine. Il y avait donc une action à distance !
Hertz venait de réaliser la première liaison sans fil. Cette action à distance était due à l’apparition des ondes électromagnétiques prédites par Maxwell et toutes ses expériences ultérieures en confirmèrent les théories.
Mort à l’âge de 37 ans, Hertz n’avait pas envisagé d’applications pratiques à ses découvertes et n’eut pas connaissance de la suite extraordinaire qui allait leur être donnée. En sa mémoire, les ondes radio sont dites ondes hertziennes, et l’unité de mesure des fréquences est le hertz. Malgré l’intérêt capital des découvertes de Hertz, il s’agissait toujours d’expériences de « Cabinet de Physique » le Résonnateur ou détecteur ne réagissait que sur une distance de quelques mètres. Pour réaliser de véritables liaisons à distance il fallait non seulement accroître la puissance de l’Emetteur mais surtout augmenter la sensibilité du Détecteur (élément qui constate qu’une onde a été reçue).
LE COHÉREUR COMME DÉTECTEUR
Le premier Détecteur pratique fut le Cohéreur. Il se base sur le comportement électrique particulier des « mauvais contacts » : un tube en verre rempli de particules métalliques se comporte comme un très mauvais conducteur de courant. Si on provoque des étincelles au voisinage du tube, celui-ci devient subitement conducteur et le reste, ce n’est que lorsque le tube est soumis à un choc qu’il revient à son état initial de mauvais conducteur.
Plusieurs savants dont Munck de Rosenschöld, Calzecchi-Onesti, Harley firent des recherches en rapport avec ce phénomène mais c’est le Français EDOUARD BRANLY (1844-1940) qui l’étudia de manière approfondie vers 1890. Il donna au tube le nom de « radioconducteur » puis de « cohéreur ».
En novembre 1890, Branly réalisa des liaisons sans fil sur plusieurs dizaines de mètres.
Les Français considèrent ce moment comme la naissance de la radio et Branly reçoit le Prix Nobel de physique en 1909 pour cette découverte. Mais, comme pour la plupart des inventions, il y a de nombreux inventeurs, chacun apportant sa pierre à l’édifice.
En 1895, le Russe Alexandre Popov (1859-1905) fit des essais avec le cohéreur comme paratonnerre. Il constata qu’il pouvait ainsi prédire l’arrivée des orages en utilisant une « Antenne ». En effet, l’éclair étant une décharge électrique, il envoie de puissantes ondes électromagnétiques qui aboutissent au cohéreur et le font réagir. Il connectait son cohéreur à un fil métallique qu’il faisait monter grâce à un ballon, constituant ainsi une antenne de réception. En 1895 il fit la démonstration d’un émetteur et d’un récepteur au cours d’une conférence. En mars 1896, il recommença avec un appareil morse incorporé dans l’émetteur : ce fut la première transmission télégraphique sans fil sur une distance d’environ 1 km. Pour les Russes, Popov est l’inventeur de la radio, il n’a cependant pas exploité son invention commercialement.
A la fin du XIXe siècle tous les éléments étaient donc réunis pour réaliser la communication sans fil. En effet, il était possible de générer des ondes électromagnétiques et de les détecter à distance.
Ce fut finalement Marconi qui introduisit une demande de brevet le 2 mars 1897 et l’exploita de manière optimale. Il fut le premier à obtenir un succès commercial à grande échelle.
Mais la radio était dans sa petite enfance, rapidement on découvrit d’autre détecteurs beaucoup plus sensibles et beaucoup plus pratiques. Et surtout, grâce aux travaux de Edison, Fleming et Lee de Forest, on parvint à amplifier le signal électromagnétique reçu par l’antenne. Mais cela est une autre histoire.
Jusque dans les années 1950, avant que le terme « Electronique » n’ait été définitivement tiré du grec, toutes les technologies liées aux ondes électromagnétiques portaient le nom de T.S.F – Télegraphie Sans Fil – d’où elles dérivaient en droite ligne.
Merci René,
H

79 Commentaires

  1. Merci pour le topo, René. Reçu 5/5.

    D'Estaunié, on peut lire "Le secret de Madame Clapain" et ne pas s'ennuyer du tout.

    Raphael

  2. Excellent billet, je l'ai lu avec plaisir et intérêt, étant titulaire du certificat d'opérateur radiotéléphoniste et radiotélégraphiste 😀 .
    PLC
    amoureux des livres et radioamateur

  3. Il y a finalement beaucoup de connexions entre la bibliophilie et les sciences, Faraday avait débuté comme relieur ce qui lui permit de consulter les livres qui décidèrent de sa carrière ultérieure.
    Je ne connaissais pas les activités de Estaunié dans le domaine des radiocommunications.

    Grâce à Branly et à ses nombreux émules nous avons la possibilité et le plaisir de nous rencontrer sur le Blog du Bibliophile.

    René

  4. Pour se rapprocher de la bibliophilie, on peut rappeler Edouard Estaunié (1862-1942), ingénieur, polytechnicien, grand homme de la radiocommunication en France, qui passe pour l'inventeur du mot (à défaut de la chose ?) "télécommunications" et grand écrivain, académicien aujourd'hui assez oublié… il a fait notamment les beaux jours de la petite "Collection Française" de Cyral.

  5. Il y a dans le regard de ce génial savant une tristesse qui m'interpelle. Ses découvertes n'ont pourtant pas contribué, comme Oppenheimer, au malheur de l'humanité mais à son bien-être.

    Merci, René pour cet article qui me donne envie de chercher dans mes vieux bouquins si un ne traite pas du sujet. Pierre

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