Vous êtes plutôt maroquin ou maroquin?

Amis Bibliophiles bonjour,
Il y a d’un côté les amateurs comme Erick, qui ne jurent que par les maroquins d’époque, d’autres comme Philippe qui préfèrent le veau… Personnellement même si le texte est toujours le point de départ dans ma recherche d’un ouvrage, j’avoue qu’avec le temps et en prenant le temps j’essaie désormais, quand c’est possible d’acquérir les textes que je recherche dans des exemplaires en maroquin. Plus joli, plus fin, et souvent mieux conservé, comme si la reliure avait appelé le respect et avait protégé l’ouvrage des outrages du temps et des mains indélicates.
Lots d’ouvrages 18e en reliures en maroquin signées du 19e
(Trautz, Chambolle Duru, Marius Michel, Cuzin, Hardy)Comme il est parfois difficile de croiser les textes recherchés en maroquin d’époque, mon choix se porte également sur les maroquins postérieurs (19e en tout cas), le plus souvent signés. Aussi je m’interroge souvent, parce que j’aime me poser des questions inutiles: s’il me semble acquis que le maroquin est plus esthétique, qu’en est-il du point de vue bibliophilique?
Que faut-il préférer, toutes conditions d’état égales par ailleurs: un maroquin d’époque, cela va de soit, mais ensuite? Les bibliophiles que vous êtes préfèrent-ils un exemplaire d’un texte 17e ou 18e en veau d’époque, ou en maroquin signé Cuzin, Chambolle Duru, Trautz Bauzonnet ou Marius Michel par exemple? 
Quand j’ai le choix, j’opte en général pour le maroquin 19e… et je dois avouer qu’il peut même m’arriver de préférer un beau maroquin signé 19e à un maroquin 18e abîmé, n’étant pas amateur de restauration. 
Reliures en maroquin d’époque, non signées à gauche, signées Derome à droiteDu reste, il me semble que les maroquins 19e signés ont également une autre dimension qui m’attire, puisqu’ils furent souvent confiés à des ateliers de reliure par des bibliophiles de l’époque, et qu’ils sont régulièrement « améliorés »: truffés, reliés dans des reliures renvoyant à l’ouvrage, porteurs de notes ou d’ex-libris, ce qui est parfois un plus.

Ah oui, et en passant, je suis comme Jean Marchand, contre le truffage, à de rares exceptions près: si l’ouvrage a été truffé dans le passé, et bien je le prends bien sûr comme il est, mais si ce n’est pas le cas, je le préfère le plus souvent vierge de toute intrusion. J’ai eu entre les mains des EO 19ème qu’un amateur avait truffé de LAS de l’auteur, mais qui n’avaient strictement aucun rapport avec l’ouvrage, dans ce cas, je ne vois pas l’utilité. Les rares cas où cela devient passionnant, c’est quand la « truffe » a un rapport étroit avec le texte ou l’ouvrage en général. Ainsi, il ne me viendrait pas à l’idée de truffer un ouvrage aujourd’hui, sauf cas absolument exceptionnel et encore jamais croisé.
Bref, maroquin, maroquin ou veau d’époque?
H

19 Commentaires

  1. @Hugues Pour l'éducation c'est quand tu veux, si en plus de livres bien habillés à observer, nous avons une belle robe bourguignonne à déguster, je veux bien débattre avec plaisir…;)

    Daniel B.

  2. Une femme vintage avec une patte en moins, mais d'époque, ou une belle femme élégament habillée et tatouée discrètement "Niédrée" ?
    Le tatouage ne me dérange pas plus que ça dans ces conditions.

  3. Personnellement je n'aime pas le box, et vous ?

    Je suis comme Jean-Paul, c'est au vélin que va ma préférence. C'est doux au toucher, se patine fort bien avec le temps et conserve presque en toutes circonstances un cachet inimitable.

    B.

  4. Même position que Daniel, pour moi la reliure de l'époque même abimée sera toujours supérieure au rhabillage ultérieur dusse t il être en maroquin signé.

  5. Je croyais qu'on ne parlait que des reliures qu'on avait, ou pouvait avoir, dans sa bibliothèque. Si on parle d'inaccessibles reliures des musées ou de prix dépassant les capacités d'un salaire de cadre supérieur, alors rien n'a été fait de mieux depuis le XVIe siècle, tant en typographie qu'en reliure : ils peuvent tous aller se rhabiller (c'est le cas de le dire !)

  6. Selon moi, il y a trois grands moments dans la reliure française, et je les donne par ordre de préférence :
    – les reliures en maroquin aux petits fers du 17e (Maitre Doreur, Caumartin, Padeloup…) avec une préférence marquée pour les reliures doublées de Boyet.
    Regardez le catalogue Esmérian et le catalogue d'exposition de Chantilly!
    Corps d'ouvrage impeccable, maroquin d'une finesse incomparable, travail de dorure parfait sans être froid pour autant….
    Pour moi, on a jamais fait mieux!
    -les reliures maroquin du 18e avec Le Monnier et Derôme le jeune.
    A mon sens, un peu moins de distinction que les précédentes, mais quelle charme, notamment celles mosaiquées!
    – les reliures 16e de Fontainebleau : des joyaux inaccessibles…

    Toutes ces reliures sont en maroquin, pourquoi?
    Parce que :
    – c'était cher à l'époque, et on voulait montrer sa fortune; mais c'est une raison fort peu bibliophilique…
    – le maroquin est plus résistant que le veau, et quand on faisait relier un livre pour une petite fortune, je pense que l'on avait envie qu'il dure un peu…
    – le travail de dorure ressort mieux sur un maroquin que sur un veau ou sur un vélin; j'avoue que c'est complètement subjectif, mais bon…

    Quant aux reliures du 19e, je n'ai jamais accroché : travail parfait mais froid. Leur gros mérite est d'avoir pu sauver de la décrépitude des ouvrages méconnus.

    Bon après on va me taxer d'être bibliopegimane!
    Mais un bon livre est un bon texte avec une bonne reliure. Autrement, il y a qq chose qui cloche!

    bonnes fêtes à tous,
    en espérant que le Père Noel sera très généreux!

    Wolfi

  7. Le maroquin possède un grain qui atténue la sensation de "froid", grain qui est rarement présent sur les reliures en veau. C'est aussi une reliure que je qualifie de "rigoureuse", et qui, à mon avis, plaît aux gens rigoureux – du moins ceux qui le sont avec leur bibliothèque, ce qui est sûrement mon cas. Non pas que ceux qui n'aiment pas le maroquin XIXe ne soient pas rigoureux ! C'est un constat d'ensemble. Moi, j'aime de manière égale les maroquins XIXe (signés) et antérieurs, les vélins dorés en parfaite condition et quelques reliures en veau d'exception. Je fais passer en second plan les veaux XVII et XIIIe traditionels, avec les vélins classiques. Pour qu'une reliure inférieure entre dans ma bibliothèque, le texte doit être exceptionnel, ou manuscrit. Mais toujours, le texte est là, il me plaît, je le recherche, mais bien habillé…

  8. Pour la vue et le toucher, mes préférences vont, dans l'ordre :
    1 au vélin, doré de préference et à recouvrement
    2 au veau, blond de préférence
    3 au maroquin (c'est vrai que le maroquin est froid, son toucher ne m'est pas agréable)

  9. Les livres de la bibliothèque du château de Trianon en veau porphyre, armes de Marie-Antoinette au centre des plats, triple filet doré en encadrement et chiffre couronné du Château de Trianon au dos constituent le summum du rêve bibliophilique pour moi…
    Les maroquins en bon état du XVIIIème siècle sont également superbes, en revanche les maroquins du XIXème sont trop "froids" à mon goût…

  10. @ Anonyme (grr): c'était pas plutôt une femme de tête Marie-Antoinette???

    @ Daniel: je passe t'éduquer à la maison avec un Chassagne.

    @ Bertrand: c'est vrai que c'est beau le veau, surtout avec deux brins de persil dans les oreilles 🙂

    H
    P.S.: ça me rappelle une histoire:
    "- Il paraît que quand on est amputé, on a encore mal au membre disparu.
    – J'ai déjà entendu dire ça, t'imagine Louis XVI, la migraine…." 🙂

  11. A état égale puisque telle est la question je peux répondre spontanément en VEAU D'EPOQUE ou velin d'époque. Même si le maroquin XIX e est d'un grand maître. Mais la question est biaisée ;), car c'est presque mission impossible de trouver des ouvrages en reliure veau d'époque d'un état égale de reliures XIXe signées, qui sont très souvent comme sortie des mains du relieur et à l'état de neuf.
    Je vais donc aller plus loin, je préfère même un veau d'époque avec une coiffe manquante et un mors faible ou un velin frippé sur un XVIe à une reliure XIXe en maroquin. Quelques grands maîtres arriveraient sans doute à infléchir ma position.

    Daniel B.

  12. Si le maroquin est plus robuste, le veau est en général supérieur sur le plan esthétique. Marie-Antoinette, qui était une femme de goût, avait fait relier sa bibliothèque du petit Trianon en veau.

  13. j'aime bien les tites fleurs de lis sur le papier peint au mur, ça se marie assez bien avec les maroquins XIXe.

    Blague à part, j'aime tout quand c'est en excellent état. Un maroquin usé vaudra toujours moins à mes yeux qu'un veau en parfait état. Mais ça m'arrive le lendemain de penser le contraire, alors…

    B.

  14. Le grand intérêt des bibliophiles du 19ème et des relieurs à qui ils confiaient leurs livres et d'avoir redoré le blason (et parfois sauvé de la ruine) des livres qui n'avaient pas eu, à leur époque, un tel honneur. Après il y a toujours la question de l'état antérieur à l'intervention du relieur (à la demande du bibliophile)…

    De mon côté je trouve qu'il y a, aussi, des veaux (d'époque) très beaux, très fins, parfois "brossés" (je ne sais pas si c'est le terme exact).
    Ce qui compte finalement c'est que la reliure ajoute quelque chose au livre : un livre populaire en état impeccable, un livre aux armes (ou en plein maroquin du temps) qui n'était pas à mettre entre toutes les mains (parce que des semaine sainte à la fanfare il en tombe comme à Gravelotte).
    Quant aux truffes, parfois c'est effectivement vraiment ridicule : une lettre de Charles X, avec tout un fatras, dans un ouvrage 19ème (je ne sais plus où j'ai vu ça). Comme les reliures d'ailleurs : le Sade il y a peu dans ce maroquin bleu roi avec (de mémoire) des angelots mal-élevés…

    Bref c'est une grosse responsabilité que d'intervenir sur un livre.

    Bonne soirée et joyeuses fêtes à tous,
    Olivier

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