Où et comment vendre des livres anciens?

Amis Bibliophiles bonjour,

Rare sont les bibliophiles (ou leurs descendants) qui ne se posent pas un jour la question de vendre tout ou partie de livres anciens. Soit parce que le/la bibliophile de la famille est hélas décédé(e) sans que sa bibliothèque intéresse un héritier, soit parce que le bibliophile lui-même décide de tout vendre et de se consacrer à une autre passion, soit enfin, et c’est peut-être le cas le plus courant, parce qu’un(e) bibliophile se pose souvent la question de vendre quelques ouvrages, soit pour faire de la place, soit parce que ses goûts ont changé, soit pour financer d’autres achats, etc.

Il existe plusieurs façons de vendre des livres anciens, voici les principales, avec leurs avantages et leurs inconvénients respectifs principaux, sans être exhaustif.

Avant d’entamer cet article, je me permets également de rappeler qu’il est fréquent que des personnes ayant hérité d’une bibliothèque surestime la valeur des ouvrages dont ils sont en possession. Pour résumer en quelques mots, et c’est important de l’avoir en tête quand on veut vendre des livres anciens, la valeur d’un ouvrage ne dépend pas seulement de son ancienneté, mais aussi de la qualité de l’auteur, du thème abordé, de l’édition, de l’état de l’ouvrage, de la demande sur ce type d’ouvrages, etc.

Les critères sont très nombreux, et quand on ne connaît le sujet, on est souvent surpris de la faible valeur que peut avoir un ouvrage qui a pourtant quelques centaines d’années.

Vendre ses livres anciens à un libraire:

Le libraire est un professionnel qui doit vivre, et donc réaliser une marge à la revente, tout en entretenant une réputation, souvent locale, qui lui permettra de nouer un lien de confiance avec sa communauté et de se voir confier d’autres lots de livres. L’achat aux particuliers est l’un des moyens dont dispose le libraire pour s’approvisionner, avec notamment l’achat en salles des ventes.

Comme le dit un ami libraire, le commerce du livre ancien est un difficile équilibre dans lequel trois personnes doivent être gagnantes, le vendeur, le libraire et le nouvel acheteur. L’objectif du libraire est donc de s’approvisionner à un prix relativement faible, afin de faire vivre son commerce, tout en pouvant proposer au futur acheteur un prix attractif.

L’intérêt pour le vendeur est que c’est un processus rapide en général, mais c’est rarement celui dans lequel on obtient la valeur la plus haute pour des ouvrages. L’une des questions posées par cette approche est que c’est le libraire qui évalue le plus souvent les ouvrages qu’il va lui-même acheter, ce qui peut remettre en question l’honnêteté de son estimation. Il est toujours intéressant de se renseigner sur la réputation du libraire avant de lui demander une estimation, et le plus sage restede consulter plusieurs libraires de la région. A noter qu’une librairie luxueuse dans les beaux quartiers n’est pas nécessairement un gage d’honnêteté. J’en ai fait l’expérience.

Le libraire vous proposera soit d’acheter quelques ouvrages, soit la totalité de la bibliothèque (on a hélas vu des achats « au mètre »), soit encore pour certains ouvrages très spécifiques, de les prendre en dépôt. J’ai confié deux fois des ouvrages en dépôt, à deux libraires différents. Dans un cas le livre s’est vendu, dans l’autre non. Dans les deux cas, la commission du libraire était d’environ 20%. C’est une méthode intéressante, mais plutôt réservée à des ouvrages isolés, souvent spécifiques. Elle présente un inconvénient, celui de ne pas être très rapide.

Pour résumer, l’avantage principal du libraire est qu’il vous achètera probablement les ouvrages immédiatement;

Le principal inconvénient est que le libraire va en général vous proposer un prix relativement bas, parfois inférieur à vos attentes, pour rémunérer son rôle d’intermédiaire entre vous, le vendeur, et son acheteur potentiel. Si vous avez le temps, il est utile de contacter plusieurs libraires, et de comparer les offres qui vous seront faites si vous en avez le temps, ou de s’adresser à un libraire local à la réputation établie (ce qui ne rime pas avec le luxe de sa vitrine).

Vendre ses livres anciens aux enchères via un commissaire-priseur:

Si vous décidez de vendre vos livres anciens aux enchères, deux solutions s’offrent à vous: vous charger vous-même de la vente via des sites comme ebay ou catawiki, ou passer par un commissaire-priseur. Dans les deux cas, c’est un process assez long.

Si vous vous adressez à un commissaire-priseur pour vendre vos livres anciens, celui-ci prendra en charge la vente, depuis l’estimation jusqu’à la vente effective des livres, mais il vous faudra vous intégrer dans son calendrier de ventes. J’ai vendu deux fois des ouvrages de ma bibliothèque dans des ventes aux enchères, dans le premier cas cela a pris 8 mois, dans l’autre près d’un an.

Les frais sont importants, environ 40% au total, répartis entre l’acheteur et le vendeur, en général autour de 25% pour l’acheteur, qui devra s’en acquitter lors du paiement du lot, et d’environ 15% pour le vendeur, c’est à dire vous, qui seront déduits du paiement que vous versera le commissaire-priseur.

L’avantage principal de la vente via un commissaire-priseur est que son intérêt est le même que le vôtre, à savoir que le livre se vende le plus cher possible, puisqu’il est lui-même rémunéré sur la vente. En général, son estimation est également juste (voire sous-estimée, pour attirer les enchérisseurs), et c’est probablement lui qui draine le plus d’acheteurs potentiels pour vos ouvrages, que ce soit des bibliophiles ou des libraires qui achètent pour revendre ensuite.

L’inconvénient principal de vendre des livres anciens en salles des ventes est double, d’une part les frais élevés, même pour vous, le vendeur; d’autre part le temps qui s’écoule entre la vente puis entre la vente et le paiement. Dans les deux cas, il peut s’écouler plusieurs mois, et il n’est pas garanti que le commissaire-priseur vendra votre objet. Il est à noter que dans certains cas, la vente aux enchères d’un objet pourra être soumise à une taxation par le Trésor Public. En résumé, vous devrez déclarer votre vente et payer une taxe. Enfin, si la qualité des ouvrages que vous souhaitez vendre est moyenne, il est possible que ceux-ci soient vendus en caisses, par lots, et ne bénéficient pas d’une mise en avant qualitative.

Vendre ses livres anciens aux enchères via ebay:

Si vous décidez de vendre vos livres anciens vous même aux enchères, via ebay par exemple, les frais sont réduits: il n’y a pas de frais pour les acheteurs, mais vous devrez vous acquitter d’environ 10 à 20% de frais vendeur, en fonction du mode de paiement que vous proposez. Ce mode de vente est plus approprié pour des bibliophiles qui souhaitent vendre quelques livres et savent comment les décrire. Si vous souhaitez vendre une bibliothèque entière de cette façon, il vous faudra décrire chaque ouvrage, prendre des photos, encaisser les paiements, emballer les ouvrages, les apporter à la Poste, cela peut s’avérer extrêmement long et fastidieux. Ebay propose également un système de vente à prix fixe, mais les contraintes sont les mêmes. Dans tous les cas, pour une bibliothèque complète, la vente sur ebay prendra également un temps assez long, si vous considérez que la mise en vente d’un ouvrage demande environ 10 à 15 minutes pour quelqu’un qui n’en a pas l’habitude, sans parler de toute l’énergie dépensée après l’achat: encaissement, emballage, Poste, gestion éventuelle des acheteurs mécontents, etc.

D’autres solutions plus exotiques existent enfin pour vendre ses livres anciens:

  • la vente sur des sites tels que Le Bon Coin, que je déconseille dans la mesure où vos ouvrages ne seront pas bien mis en avant, et que vous n’échapperez pas aux mêmes contraintes qu’ebay (description, photos, logistique, etc.)
  • la vente sur des sites spécialisés tels que abebooks, qui semble désormais s’ouvrir aux particuliers, mais qui présente les mêmes contrainte qu’ebay (description, photos, logistique, etc.), qui peut s’avérer extrêmement longue et qui n’est pas adaptée aux livres de qualité moyenne.

Je ne les recommande pas pour des particuliers.

La dernière solution pour vendre des livres anciens est d’en parler autour de vous. Vous pouvez en parler autour de vous, et si vous avez de la chance, il est possible d’un bibliophile de votre entourage soit intéressé, ou que l’une de vos connaissances connaisse un bibliophile, mais les bibliophiles sont rares… et il vous faudra un peu de chance!

Si vous avez besoin de plus d’informations, vous pouvez me contacter à blog.bibliophile@gmail.com, j’essaierais de vous aider.

H

7 Commentaires

  1. Conseil aux héritiers.

    À l’époque Tang, le grand bibliophile Tu Xian portait sur tous ses volumes : Vendre ou prêter les livres paternels est contraire à la piété filiale.

    Cependant il peut arriver que l’on y soit contraint par les circonstances …

    René

    • hum… du coup, on ne vendrait donc que les livres qu’on a soi-même acquis. Ceux dont on a hérité, même s’ils sont hors de notre intérêt, sont inaliénables, et ceci jusqu’à extinction des héritiers en ligne directe 🙂

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