Miscellanées bibliophiles: la rentrée, Anthony Hobson, les suites de l’affaire de la Girolami

Amis Bibliophiles bonjour, C’est la rentrée, avec la fin de la vente de Montignac (rien eu, mais amusant de la suivre en dilettante en Live vidéo), c’est définitivement une nouvelle saison de ventes qui nous attend, mais aussi de salons et de contacts multiples, avec des libraires et entre bibliophiles. Avez-vous déniché des ouvrages intéressants pendant l’été? En vacances dans en Bretagne Nord, à quelques kilomètres de la vacation, je me suis déplacé lors de la mise aux enchères d’une édition originale de l’Origine des espèces de Darwin (« On the origin of species by means of natural selection, or the preservation of favoured races in the struggle for life », 1859), plus par envie de voir ce monument, en état parfait du reste, que pour enchérir. Adjugé pour 69 000 euros, il va rejoindre, et c’est une bonne chose, la bibliothèque d’un amateur anglais.   La salle est d’ailleurs restée muette et les enchères se sont faites au téléphone et via internet. Signes des temps. Pour ma part deux petites acquisitions cet été, un très bel envoi d’un auteur que j’aime beaucoup à son maître et collègue, et un petit ouvrage de Liseux réputé introuvable. Sur eBay, dans les deux cas, et ce n’est pourtant pas faute d’avoir couru les librairies / bouquineries à proximité de mon lieu de vacances. Autre signe des temps, plus triste cette fois, Anthony Hobson est décédé le 12 juillet dernier à l’âge de 92 ans. C’est une grande personnalité du monde du livre et de la bibliophilie qui nous quitte. Anthony Hobson (1921 – 2014) était un spécialiste reconnu de la reliure et de son histoire. On lui doit notamment des ouvrages de référence sur la reliure à la Renaissance.   Universitaire et intervenant à Oxford et Cambridge, il était également directeur du département Livres de Sotheby’s London et président de l’Association Internationale de Bibliophilie entre 1985 et 1999.  Enfin, nous n’avons pas fini de découvrir les multiples rebondissements de l’affaire de la Girolami. Si vous avez suivi l’affaire de cette bibliothèque spoliée par son directeur, qui avait pourtant une réputation déjà sulfureuse, vous aviez sans doute entendu parler des rebondissements en Allemagne au sein de la société de ventes Zisska und Schauer. Le 2 août 2013, l’un de ses associés principaux, Mr Schauer, avait été arrêté puis incarcéré en Italie. Les autorités italiennes supposaient en effet une complicité entre le directeur de la Girolami et Mr Schauer. Si la société de ventes a longtemps soutenu l’un de ces associés principaux, elle a pris une position très différente à la fin du mois de mai 2014 en publiant un communiqué au texte édifiant:
« Communiqué no. 3 de la maison de vente aux enchères ZISSKA, SCHAUER & CO. KG du 19 mai 2014Rien n’est apparemment épargné à notre maison !Presque dix mois ont passé depuis l’arrestation de Mr. Schauer le 2 août 2013 en raison d’un mandat d’arrêt européen des autorités judiciaires italiennes à Naples, lesquelles supposent une complicité délictueuse de Mr. Schauer concernant la disparition de nombreux livres de la bibliothèque napolitaine Girolami. Mr. Schauer se trouve toujours en Italie, mais depuis mi-février en résidence surveillée. Le directeur de la bibliothèque de Girolami à cette époque semble avoir vendu des milliers de volumes dans le monde entier avec l’aide de nombreux complices et cela pendant plusieurs années. Notre maison a été dupée en automne 2011 et a ainsi accepté la vente de livres d’une bibliothèque de propriété familiale. Cette livraison s’étant avérée douteuse juste avant la date de vente en mai 2012, notre maison avait donc immédiatement retiré la livraison complète. Nous étions toujours persuadés que Mr. Schauer n’était pas complice dans l’affaire Girolami.Mais avec l’incarcération de Mr. Schauer notre maison devait naturellement faire le point. Dans ce contexte, des inventaires dans tous les secteurs ont été réalisés. Très tôt déjà, à notre grande surprise, nous avons découvert de multiples désaccords inexplicables. Après quelque temps il s’avéra nécessaire de demander de l’aide professionnelle externe. Le résultat de cet examen confirma finalement le soupçon que Mr. Schauer avait commis pendant des années des détournements massifs au détriment de tiers et aussi de notre maison. Après avoir pris connaissance de ces infractions, notre maison s’est longtemps demandé si elle devait porter plainte ou si une solution interne pouvait encore être envisagée, mais elle a finalement pris la décision de chercher une réglementation en tenant compte de toutes les parties en cause.Par résolution des associés nous avons donc exclu Mr. Schauer de la KG et en même temps nous avons déposé plainte pour exclusion de Mr. Schauer auprès du tribunal de grande instance Munich I.Cela dépendra maintenant de la volonté de coopération de Mr. Schauer si des poursuites juridiques ne pourront être évitées en fin de compte. Wolfgang Lacher
ZISSKA, SCHAUER & CO. KG
Buch- und Kunstauktionen
Unterer Anger 15
80331 München
« 
Mr Schauer a été condamné récemment à 5 ans de prison et a fait appel.

A suivre…

H

11 Commentaires

  1. figurez vous que j'ai trouvé une edition daté de 1473 elle imprimée à la new amsterdam.

    ca remet meme l'histoire en question !

  2. 3 bonnes trouvailles pour ma collection, et signes des temps justement :
    – 2 sur ebay (France et Angleterre)
    – 1 chez un libraire français

  3. Ce n'est pas pour me vanter, mais j'en ai fait une belle, de trouvaille, à faire baver tous les bibliophiles et -pathes de France et de Navarre, la trouvaille du siècle : un ouvrage de 1549 édité, s'il vous plaît, à New York, oui mesdames et messieurs, "comme il est écrit en latin au dessus de la date en chiffre romain" selon les propos mêmes du vendeur dont je vous invite à rechercher l'annonce sur ebay. Imaginez un peu, 1549, l'imprimeur demande à ses arpètes, des autochtones pas cher et durs à la tâche, des Indiens avec des plumes, comment on dit "Nouvelle Angoulême" dans leur patois, histoire de faire couleur locale… Nouillorque ? On va avoir des problèmes pour vendre à l'international… Et en latin, qu'est-ce que ça donne ? Lugdunum !
    Le vendeur de ce joyau "tellement rare qu'il est inestimable", n'en veut que 1500 euros, une bagatelle, un cadeau. Quand on pense, nous confie-t-il, qu'un Lyonnais – pardon, un Américain – a lâché plus de vingt mille euros plus en faire naguère l'acquisition en salle…
    Toutes ces considérations hautement bibliophiles sont garanties sur facture : "vous achetez ce que vous voyez et ce que vous lisez".
    On peut se laisser tenter par un autre ouvrage proposé par le même vendeur sur le même site, un alléchant "Au début du journal de Moïse" (et non pas de Mickey), soit "In Genesin Mosis commentarius", une autre rareté qui démarre à 1000 euros, une plaisanterie.
    Allez, je ne suis pas chien, je vous en laisse un. Bonnes enchères à tous !
    Dryocolaptès

  4. Viele Danken, Daniel, je ne m'étais pas précipité sur Google il est vrai, merci d'avoir fait le boulot pour moi !
    Pour le dédicataire "Gérôme", il ne peut bien sûr s'agir DU Jean-Léon Gerôme, le peintre ; puisqu'il ne peut être qualifié de "confrère"… Mais Gérôme, avec un "G" et un circonflexe sur le "o", il n'y en a pas beaucoup…

  5. Albert Kaempfen

    Avocat, administrateur français, rédacteur et journaliste (15 avril 1826 à Versailles – ?). Collaborations : Gazette des Tribunaux de 1855 à 1866 ; rédacteur de l'Illustration ; Courrier du dimanche ; l'Époque ; revue moderne ; Revue des Provinces ; l'Univers illustré ; Magasin des Demoiselles ; Magasin d'éducation et de récréation ; Vie parisienne ; Courrier de Paris ; Discussion de Lyon ; Rappel ; chroniqueur au Temps de 1866 à 1870 ; la Gironde ; direction du Journal officiel de 1871 à 1874. Pseudonymes : Henrys, Henri Este et X. Feyrnet. Romans : La tasse à thé (1866), publié d'abord dans l'Illustration, Paris capitale du monde (1867).

    Dictionnaires biographiques

    Daniel B. (sans mérite, merci google.)

  6. Toute petite trouvaille de rentrée, en vide-greniers, à 2€ le lot, "Madeleine Bertin" (Lévy Frères 1869) et "Un assassin" (Achille Faure 1866) de Jules Clarétie, en reliures identiques demi-vélin de Paul Vié, sur grand pap, avec envoi sur chacun. Un envoi "à monsieur Gerôme son très dévoué confrère" et sur l'autre "à mon ami A. Kaempfen Cordial souvenir". Bon c'est timide comme rentrée, mais c'est bibliophile quand même !
    Quelqu'un aurait une idée sur l'identité des dédicataires ?
    B.

  7. les professionnels sont-ils le plus grand danger que courent les livres ?
    bonne rentrée Hugues, je te souhaite de nombreuses trouvailles pour cette nouvelle saison.

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