Amis Bibliophiles Bonsoir,
La solution de l’énigme…
Qui mieux que moi peut prévoir le temps qu’il va faire 10 mois plus tard, vous raconter les faits divers qui se sont produits à Saint-Petersbourg, New-York ou Dijon, en images pour certains, tout en vous donnant les dates de la Foire au Gruyère, les phases des planètes ou la population de la Chine… Tout ceci en une cinquantaine de pages et quelques bois…?
Vous l’avez deviné, je suis un almanach. Mais j’aimerais évoquer ce soir un almanach en particulier, le plus attachant de tous ceux que j’ai eus entre les mains, Le Messager Boiteux, qui existe d’ailleurs toujours après 301 ans de parution. Le premier Almanach Historique, nommé le Messager Boiteux est en effet paru en 1707 à Basle (ou 1708, selon les sources).
En fait, l’Almanach est né en 1677 sous l’impulsion de deux imprimeurs bâlois, qui voulaient lutter contre lutter contre la concurrence d’un almanach liégeois qui se vendait alors particulièrement bien en Suisse. Ces deux imprimeurs proposèrent en même temps deux almanachs portant le même nom, le Basler hinkende Bote.
Le nom viendrait d’un colporteur de la région, qui aurait été boiteux.
C’est Jean-Conrad de Mechel, l’un des deux imprimeurs Baslois qui publia, dès 1708, une édition française de son hinkende Bote. Le succès fût au rendez-vous et n’a jamais cessé puisque le Messager Boiteux paraît encore aujourd’hui. Il fût repris par le libraire Chénebié qui pût l’imprimer seul à partir de 1753 sur une presse à bras (dite modèle Gutenberg) qu’il avait ajouté à sa boutique.
Le nom lui-même de l’Almanach changea avec l’Histoire : Messager boiteux de Berne au départ, il devînt Le véritable Messager boiteux de Vevey ou Le Messager boiteux « tout court » sous le Premier Empire. Il porte, de nos jours, le nom de Messager boiteux, almanach romand, même s’il est vrai qu’il a essaimé et qu’on peut par exemple croiser le Messager Boiteux de Strasbourg et autres.
Le Messager boiteux avait au départ pour auteur un certain Antoine Souci, astrologue et historiographe. Ni la chronique de l’almanach, ni les documents de l’époque ne donnent d’indication exacte sur l’énigmatique Antoine Souci. Une supposition paraît toutefois plausible : l’édition allemande du Messager boiteux était rédigée par un nommé Antoine Sorgmann. Or, Sorgmann veut dire homme de souci en français. Il est probable qu’il s’agisse donc d’une traduction. A noter également que l’apparition d’Antoine Souci sur le titre n’est pas obligatoire, certaines années elle semble présente et d’autres non. En tout cas, elle apparaît aussi bien sur des Messager Boiteux du milieu du 18ème que sur d’autres du milieu du 19ème.
L’Almanach est connu et recherché dès sa parution pour ses prévisions météorologiques douze mois à l’avance. Ainsi, il avait prévu la canicule de 2003. Elles sont en fait fondées sur l’étude d’un moine allemand au XVIIe siècle, statistiques établies sur une période de 40 ans et à partir desquelles ce dernier conclut que la météo se renouvelait par cycles de 7 ou 9 ans.
L’almanach du Messager boiteux est resté très populaire. L’édition de Vevey est encore aujourd’hui imprimée à 80000 exemplaires.
Je possède deux exemplaires, 1807 et 1812, et j’en recherche naturellement d’autres, non pas pour les prévisions météorologiques ou les phases des astres, mais pour les faits divers et autres histoires que l’on trouve dans les dernières pages : histoires de revenants, actes d’héroïsme, longévité record, etc. et qui sont généralement illustrés par de très jolis bois. C’est un ouvrage de colportage, qui paraissait naturellement broché.
Une dernière chose, cet Almanach ne couvre pas que la Suisse Romande, mais bien la zone géographique des Alpes suisses, françaises, italiennes, de l’Alsace, de la Bourgogne, du Jura, de la Lorraine, etc.
H
Je m’arrête, Jean-Pual apportera ses précisions! 🙂
Bonjour, je possède quelques éditions du messager boiteux,
Dates: 1810, 1789, 1826, 1837, 1793 en parfait état et bien d’autres…que je souhaite vendre. Je vous transmets un mail ou vous pourrez avoir plus d’informations. titoonn@hotmail.fr. Meilleures salutations.
Bergamote n’était pas loin : le rédacteur en chef actuel du Messager Boiteux se nomme Roger Simon-VERMOT !
Jean-Paul
Bertrand, tu dors déjà ?
Bravo,Hugues, ton article est très supérieur à celui du « Dictionnaire encyclopédique du Livre » dont je ne nommerai pas l’auteur qui ne s’est pas foulé !
J’ajouterai que c’est à Samuel Kneubuhler que remonte la paternité du « Messager boiteux », de Vevey (Suisse). Autorisé en 1675à publier des calendriers, mais non à s’établir à Berne, il créa l' »Almanach de Berne » qui devint en 1708 le « Messager boiteux de Vevey ».Cet almanach se publiait en allemand. Paul-Abram Chenebié, imprimeur fixé à Vevey dès le commencement du XVIIIe siècle, eut l’idée de donner une édition française de l’almanach. En 1717, la veuve Bondeli obtint un privilège pour cette publication qui commença à paraître en 1748en langue française. Cinq ans plus tard, c’est à Yverdon qu’il s’imprimait et peu après le Messager Boiteux de Berne et Vevey revint se fixer à Vevey. Le Vieux Messager Boiteux de Strasbourg date de 1807 pour l’édition allemande et de 1816 pour l’édition française.
Jean-Paul
Soit. Mais je maintiens que les deux réponses que je t’ai proposées collaient mieux à ton énigme, si si 😉
(dans ma famille, on connaissait plutôt l’almanach Vermot *rires*)