La Société Philomathique de Paris

Amis Bibliophiles bonsoir,
Bernard vous propose ce soir un message sur la peu connue Société Philomathique de Paris.
La collection de périodiques relève-t-elle de la bibliophilie ? En tout cas c’est certainement une des plus difficile à réaliser. Après des années de patience, j’ai réussi à regrouper une collection de bulletins scientifiques qui contiennent en avant première les découvertes des savants les plus imminents de 1788 à 1840.
La Société Philomathique ( ou philomatique)* de Paris a été fondée en 1788, par Augustin François de Sylvestre, Alexandre Brongniart et quelques autres jeunes gens intéressés par les sciences. Leur but initial, exprimé par la devise Etude et Amitié, était de se réunir pour lire leurs mémoires et se tenir au courant des nouveautés scientifiques.
Avant la suppression de l’Académie royale des Sciences, le 8 août 1793, la Société Philomathique de Paris compte parmi ses membres deux chimistes : Nicolas-Louis Vauquelin (1763-1829) et Armand Seguin (1767-1835), et un inventeur qui sera bientôt célèbre, Claude Chappe (1763-1805).
Parmi les membres recrutés dans les derniers mois de 1793, on distingue: Claude Berthollet (1748-1822), Antoine Fourcroy (1755-1809), Antoine-Laurent Lavoisier (1743-1794), Gaspard Monge (1746-1818), Gaspard Riche de Prony (1755-1839), Jean Darcet (1725-1801), Pierre-Simon Laplace (1749-1827) … Le chimiste Jean Chaptal (1756-1822) et le physicien Jean-Baptiste Biot (1774-1862) deviennent membres à leur tour. Suivent le chimiste Jacques Thénard (1777-1857), le mécanicien Denis Poisson (1781-1840), le chimiste Joseph Gay-Lussac (1778-1850), le physicien André-Marie Ampère (1775-1836), le physicien François Arago (1786-1853), le chimiste Eugène Chevreul (1786-1889), le mathématicien Augustin Cauchy (1789-1853), le physicien Joseph Fourier (1768-1830). Arrivent ensuite Augustin Fresnel (1788-1827), Gustave Coriolis (1792-1843), Joseph Liouville (1809-1882), Augustin Fresnel (1788-1827), etc.Les philomathes lisent leurs mémoires lors des réunions hebdomadaires.Jeton de présence. Au dos la devise Etude et Amitié.
En juillet 1791, la Société décide de faire circuler un Bulletin de la Société Philomatique à ses correspondants. Les quinze premiers numéros, en quatorze livraisons de juillet 1791 à septembre 1792, étaient manuscrits, copiés à 18 exemplaires et distribués aux seuls correspondants élus de la Société. Le succès de ce Bulletin fut tel que la Société décida de l’imprimer en septembre 1792 et de le diffuser plus largement, le tirage étant de 200 exemplaires.
La société publie en outre quatre volumes de Rapports généraux qui portent sur la période du 10 décembre 1788 au 20 frimaire an VIII. Ces rapports contiennent des notices et éloges de divers personnages dont tous n’ont pas été philomathes.En germinal an V, le bulletin prend le titre de Bulletin des Sciences par la Société Philomathique de Paris et est mis en souscription. Cette première série comprend 96 numéros mensuels de germinal an V à ventôse an XIII.Le nombre des abonnements au Bulletin est de 16 au début ; il n’atteint que 114 deux ans plus tard pour retomber aux alentours de 60-80 dans la période allant jusqu’à 1814. Il en résulte des difficultés financières qui expliquent la succession de libraires de 1797 à 1814.La majorité de mes exemplaires du bulletin ont été envoyés au souscripteur par la poste ; sur la couverture imprimée ou sur la première page on trouve le tampon postal.Exemple d’illustration d’un mémoire de sciences naturelles.En mars 1805 (ventôse an 13), à cause du trop petit nombre d’abonnés, le bulletin cesse de paraître pendant deux ans et demi. Il reparaît en octobre 1807 sous le titre de Nouveau Bulletin des Sciences par la Société Philomathique de Paris . Avec la diffusion croissante du Bulletin, la société cesse la publication des Rapports.
La publication du bulletin se prolonge jusqu’en 1827 ; elle reprend en 1832 et 1833. A partir de 1836, la société philomathique publie ses notes dans le Journal l’Institut ; en fin d’année ces notes sont regroupées en un seul volume. Le Journal l’Institut disparaissant en 1876, la publication autonome reprend en cahiers trimestriels.
Les membres présents à chaque séance signaient une liste de présence.Ces données sont extraites de la thèse de Jonathan Mandelbaum, présentée à l’Ecole des hautes Etudes en Sciences sociales de Paris en 1980 pour l’obtention du doctorat de 3ème cycle et ayant pour titre la Société philomathique de Paris de 1788 à 1835.
Merci Bernard,
H

13 Commentaires

  1. Oh my goodness! Incredible article dude! Thanks, However I am encountering difficulties with your RSS. I don’t understand the reason why I can’t subscribe to it. Is there anybody else getting identical RSS issues? Anybody who knows the answer will you kindly respond? Thanx!!|

  2. Je confirme, c'est une vraie quête que d'arriver à rassembler une collection complète d'une revue savante. J'ai essayé pour le Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes. Mais, il me manque quelques numéros.

    Merci pour cet article qui fait surgir de l'ombre une société aujourd'hui un peu oubliée (et évidemment que je ne connaissais pas).

    Jean-Marc

  3. Pour Bergamote:

    En 1864, dans les Nouvelles études scientifiques et philologiques, Raspail donne son interprétation des fluctuations de l’orthographe : « Le mot philomathique garde son orthographe originelle en tête de ces fascicules jusqu’au 15ème inclusivement ; il est écrit philomatique en tête des fascicules 16 à 23. Il reprend son deuxième h dans les fascicules 24 à 32 ; il le quitte des fascicules 33 à 38 ; il le reprend du 39 au 96, fascicule qui termine cette série, l’an XIII de la République (1805). La publication de ce bulletin est suspendue par des embarras étrangers à la Société philomathique, disent ses rédacteurs, et reprise en 1807 (1er octobre) ; et la Société philomathique garde son h toute cette 1ère année c’est-à-dire dans ses 12 fascicules ; mais elle l’a supprimé à partir d’octobre 1808 jusqu’à ce jour … voici une coïncidence qui semble nous donner le mot de cette énigme et de cette apparente puérilité ; c’est que l’orthographe philomatique n’a été définitivement adoptée qu’avec la promotion de 1807, année où le jésuitisme préparait déjà 1815 en faisant irruption un peu partout. Dès 1808, la rédaction du Bulletin n’est plus confiée, à tour de rôle et de promotion, qu’à des membres vrais croyants et adeptes de la Société de Jésus : Blainville, Mirbel, Léman, Desmarest, Ampère, et puis plus tard, Dumas, Pouillet, Auguste Saint-Hilaire, etc. Dès l’époque où Royer-Collard eut organisé le retour du passé, de concert avec la Société de Jésus, il fut décidé qu’on s’efforcerait d’effacer de plus en plus les innovations révolutionnaires, par suppression de mots ou modification d’orthographes … De là sans doute la suppression de la lettre h, afin de faire croire aux ignorants que, sous l’empire de la République, les savants eux-mêmes ne savaient pas l’orthographe ; et de Société philomathique, qui signifie amie des sciences, on fit philomatique, qui, d’après l’étymologie, ne pourrait signifier que société consacrée aux embrassements … On voit par là que les puristes bien pensants aimèrent mieux appartenir à la Société pieuse des embrassements qu’à la Société révolutionnaire des amis des sciences ; et l’Académie des Sciences, toujours bien pensante, ne pouvait manquer de se ranger du côté des philomates bien pensants. La pauvre embéguinée et encapucinée depuis 1815 allèguerait-elle en faveur de cette incorrection qu’elle tend à supprimer les h étymologiques qui ne se prononcent pas ? ».
    Un peu tordu il me semble.

    Bernard

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