Amis Bibliophiles bonjour,
Le type de reliure que je vous présente aujourd’hui n’a rien de précieux, du moins à l’origine. Les reliures en parchemin de réemploi sont d’un usage aussi ancien que le livre. Dans leur logique économique elle rejoignent les palimpsestes, textes écrits sur des parchemins de récupération dont l’écriture première a été effacée. Il s’agit là de protéger un livre d’usage courant le plus souvent (livres liturgiques, manuels de droit) à moindres frais. Ces couvertures de fortune bénéficient parfois d’un parchemin enluminé daté du XIIIe au XVIe siècle, bribe d’un livre liturgique qu’on regarderait aujourd’hui comme précieux, bien que le reste de ses pages ait souvent servi de claies de reliures.
Je vous propose quelques exemples. Le premier sur un minuscule coutumier du Berry de 1629, recouvert, comme il se doit, d’un fragment d’un acte notarié concernant un bien immobilier. La couvrure est faite sur un carton rigide.
Le second recouvre une Bible des Noëls imprimée à Blois en 1723. Deux pages d’un livre liturgique, rubriquées, ont été utilisées repliées, cousues sur les bord et cousues ensemble pour s’adapter au format.
La couture au corps de l’ouvrage est des plus sommaires. Il n’y a pas de contre plat. Le manuscrit est musical, il utilise une portée de quatre lignes avec des notes carrées noires à lire en clef d’ut deuxième. La composition du texte est en gothique bâtarde. L’ensemble est assez difficile à dater à cause de la longue survivance de cette notation dans la liturgie. Je penche pour une première moitié du XVIe siècle. Mes derniers exemples regroupent plusieurs livres en vente chez Kapandji Morhange le 25 mai prochain (parchemin souple, parchemin rigide, demi vélin et parchemin de réemploi) et un autre vendu jeudi 12 mai à Lyon (feuillets de parchemin sur cartonnage souple du XIXe siècle).
En effet, au XIXe et au début du XXe cet usage de réemploi des enluminures liturgiques surtout a perduré chez les bibliophiles sans préoccupation de coût mais avec le soucis d’une reliure chatoyante et d’un cachet “rétro”. Cachet “rétro” qui égaille aujourd’hui efficacement une bibliothèque de livres en peau de vélin d’époque!
Lauverjat
je remercie Lauverjat pour son « article » intéressant et féliciter Monsieur Miguel, expert en manuscrits musicaux médiévaux, pour son » Houla » tout a fait a propos.
Bernard
« L’ensemble est assez difficile à dater à cause de la longue survivance de cette notation dans la liturgie. Je penche pour une première moitié du XVIe siècle. »
Houla… que ne faut t-il pas lire… Je vais vous donner un conseil en tant qu’expert en manuscrits musicaux médiévaux. Pour dater un manuscrit on utilise principale la paléographie (donc le texte) et la notation pour le situer géographiquement mais la notation musicale peut donner quelques indices sur une datation mais uniquement des indices…
Donc ici vous avez un fragment d’un antiphonaire avec lectures (donc un peu particulier) du début du XIVème siècle probablement du sud ouest de la France ou de l’Espagne (pour départager il faudrait regarder en détail).