Amis Bibliophiles Bonsoir,
Emmanuel, un fidèle lecteur du blog m’a envoyé un email pour me faire part d’une bien triste nouvelle, celle d’un bibliophile qui a vu sa bibliothèque partir en fumée.
Évidemment, il est impossible de trouver un quelconque aspect positif à cette catastrophe, mais on peut néanmoins en tirer une leçon : il faut assurer et assurer convenablement ses livres, à partir d’un certain montant global.
En effet, il serait une erreur de croire que votre bibliothèque est assurée dans le cadre de l’assurance de votre habitation. En effet, sans disposition particulière, en cas de sinistre, votre bibliothèque sera évaluée en fonction d’un pourcentage du capital mobilier. Exemple : il y a un capital mobilier de X dont Y d’objets de valeur ( médailles, alliances..) Mais, attention, cette part Y est souvent calculée sur la base d’un pourcentage de X. Ce qui au final donne 100 000€ dont 5000€ d’objets de valeur par exemple, ces 5000 euros étant supposés compenser la perte de votre bibliothèque. On le voit, la prime est sans commune mesure avec la valeur.
En fait, au même titre que pour l’ISF, les livres rares et anciens, sont considérés comme des « œuvres d’art » du point de vue de l’assurance. Il faut donc faire mentionner les bibliothèques dans les polices spécifiques, et pour cela procéder auparavant à une estimation et un « catalogage » des livres que vous possédez…
A vous de voir, j’avoue que je ne l’ai pas fait, dès que je croise un assureur, j’ai l’impression qu’il va me voler mon portefeuille, mais peut-être devrais-je y songer, et vous?
H
Bonjour,
Tout d’abord Hugues, ne t’inquiete pas, je n’ai ressenti aucune offense, les assureurs ont mauvaise presse, nous n’y pouvons rien, et j’ai appris à vivre avec!
Concernant l’assurance, pour moi, c’est une question d’arbitrage. On peut parfaitement décider de rester son propre assureur, il n’y a aucune obligation, le tout est de savoir ce qui est couvert et ce qui ne l’est pas. Je vous renvoie donc à votre contrat et à ses définitions. De même vous n’êtes pas obligé d’assurer l’intégralité de votre bibliothèque mais simplement un ou deux ouvrages par exemple.
L’expertise, le catalogage de ses ouvrages ne débouche pas forcément sur un contrat d’assurance. Vous pouvez décidé d’expertiser votre bibliothèque et adresser le rapport à votre assureur habitation « pour informations » ou » a classer au dossier ». En cas de sinistre, cela prouvera au moins que vous étiez en possession d’ouvrage de valeur. Il y a effectivement le probleme de la valeur, qui est tres lié a l’affect. L’expert tarifiera selon la « valeur de marché » de l’ouvrage. La notion de recherche, d’acquisition, de lecture, n’est pas prise en compte. Maintenant, je ne suis pas expert non plus.
Il est vrai que le risque « vol » est peu important pour les bibliophiles, les ouvrages sont encombrants, lourds et qu’il est difficile d’identifier les ouvrages les plus onéreux du premier coup d’oeil dans une bibliothèque.
Concernant les chateaux et les établissements publics, Bertrand à raison, beaucoup ne sont pas assurés ou pas assurés convenablement. Mais c’est un autre débat.
Bonne continuation à tous,
Olivier B.
Bonsoir,
La première fois que j’ai entendu parler d’assurance… J’en étais à mes premiers livres : je voulais savoir si mon EO de La Ligue de Voltaire en était une… la réponse du libraire se fît en deux temps : 1) oui c’est bien l’EO, 2) « cela vaut le coup de vous faire assurer ». Je ne l’ai jamais assuré et elle n’est plus dans ma bibliothèque (pour des raisons qu’il serait trop long d’expliquer)…
Ce qui me chagrine c’est que Voltaire (y compris en EO) ne côte guère (dixit un expert, vérifié de nombreuses fois lors de ventes)… Ce qui interroge sur la « valeur » des livres qui sont chez nous (et chez moi) et appelle un débat plus large. A y réfléchir, que Voltaire (le Voltaire rare, s’entend) soit de peu de valeur bibliophilique est un scandale intellectuel. Quand des naturalistes dont se moquait (à raison) Voltaire sont hors de prix (en comparaison de leur valeur intellectuelle)… pour leurs planches : « Quand on lit pour s’instruire, on voit tout ce qui a échappé, lorsqu’on ne lisait qu’avec les yeux » (FMA)
Ultime remarque en forme de témoignage : la bibliophilie est réputée être exempte de vol, j’ai lors d’une transaction ebay été (et l’acheteur avec moi) victime d’un vol… Comme quoi…
Bien à vous tous,
Olivier
Oups, la boulette, un assureur me lisait… Il y en a du monde qui lît ce blog! Désolé Olivier pour ma petite remarque de fin de message.
Hugues
Je crois savoir qu’un gros pourcentage des intérieurs de châteaux ainsi que pas mal de fonds anciens de musées ne sont pas assurés !! Cela couterait effectivement très (trop) cher proportionnellement au risque.
En même temps, quand on parle affres et déboires de la vie ordinaire, hormis Bertall, Grandville et Gavarni, cela me fait inmanquablement penser aux Egouts du Paradis ou si vous préférez le casse du siècle, ou encore pour les incultes en matière de grand banditisme (personne n’est parfait), l’affaire Spaggiari. Que de gens croyaient leurs biens en sécurité derrière les coffres blindés de la Société Générale de Nice… Aujourd’hui on sait bien que la SG ne protège pas vraiment grand chose…
Amitiés, Bertrand.
Bonsoir,
mes parents se sont renseignés pour assurer les meubles de famille, au début de leur mariage, et plus récemmment. Ils l’auraient fait, cela leur aurait couté 5% de la valeur estimée par an (pour le vol, l’incendie, etc). Ils ne l’ont jamais fait, et n’ont eu aucun problème en 30 ans. Il est vrai aussi que la maison n’est pas forcément la plus sécurisée non plus, mais le calcul a été vite fait.
Je pense qu’il doit en être de même pour les livres.
Pour ma part, étant encore jeune, je serai certes très affecté par ces déboires, mais je crois que je recommencerai comme j’ai commencé: les petits livres courants pour commencer le fond qui m’intéresse, puis passer aux plus beaux livres ensuite. Je ne compte en aucun cas assurer ma bibliothèque (qui reste modeste en valeur pour l’instant, mais même s’il y avait des livres de grande valeur)
Wall
Messieurs,
Cela fait quelques semaines que je viens sur le blog en tant « qu’observateur », je suis un jeune amateur, tres loin de vos connaissances sur l’univers de la bibliophilie. Je me décide à intervenir sur le blog (enfin!!) car il se trouve, que je suis assureur. Je vais donc à ce titre essayer d’aprofondir le sujet.
Chaque contrat d’assurance habitation est « unique » : lors de la signature l’assureur a dû vous remette des « dispositions générales » dans lesquelles figurent des définitions. Les termes « objets de valeur », « collection » y figurent généralement. Ainsi vous saurez la particularité de votre contrat, les ouvrages qui rentrent dans le cadre du « mobilier courant », ceux qui sont considérés comme « objet de valeur » et « collection ».
Les « objets de valeurs » sont effectivement généralement exprimés en pourcentage du capital mobilier. Je ne peux que vous encourage à vous référer à votre contrat.
Par ailleurs un problème en cas d’incendie ou de dégat des eaux, est la valeur de l’ouvrage. Autant lors d’un dégât des eaux, une expertise reste possible, autant après un incendie total, vous ne pourrez même plus prouver l’existence d’une bibliothèque (les factures aussi ont tendance à bruler).
L’idéal est de procéder à une expertise régulière de sa bibliothèque, de manière à communiquer à l’assureur une copie de ladite expertise, afin qu’il détermine un contrat spécifique.
Ainsi en cas de sinistre total, la valeur que va vous payer l’assureur correspond a celle de la dernière expertise. Vous n’aurez que la mauvaise humeur d’avoir à reconstituer votre bibliothèque…
Je ne peux bien entendu pas vous communiquer de prix, cela dépendra du montant de votre bibliothèque, de certains ouvrages en particulier, de la compagnie d’assurance à laquelle vous ferez appel, et je ne souhaite pas faire de publicité pour aucune compagnie.
Par ailleurs un des éléments que peut imposer votre assureur (en fonction des élements ci dessus) ce sont les moyens de protection de votre habitation (contre le risque de vol cette fois). Il faudra peut être (et je ne le souhaite pas) augmenter la serrure ou les protections sur les fenetres.
J’espere ne pas avoir été trop « pro » ou trop lourd…et avoir un petit peu eclairé votre lanterne.
a bientot
bonjour,
je ne voulais pas vous inquièter, mais juste faire état de cet élément pour les assurances. Les livres anciens sont considérés comme une « collection » pour les assureurs et cette notion de collection rentre ds la catégorie « objets de valeur » ds le contrat classique que vous avez (ne me demandé par pq je l’ignore). Il faut juste pratiquer une nouvelle répartition du risque par exemple au lieu de 150 000 dont 2000 (objets de valeur) mettre 150 000 dont 50 000, après c’est de la négociation ( pour info ds une ville de province on trouve une police à 400/500E /an)
Pour info je ne suis absolument pas assureur !
Bien à vous
Emmanuel
Je me rappelle une autre anecdote: un bibliophile (ou bien plutôt un érudit ?) ayant vu ses précieux ouvrages partir en fumée répondit à un quidam s’enquerrant de son chagrin: « Si j’étais triste d’une perte matérielle, je n’aurais pas été digne de posséder tous ces trésors de la pensée », ou quelque chose dans ce genre…
Plus facile à dire qu’à faire !
Guillaumus
En tant que professionnel je souscris à une assurance spécifique pour les professionnels avec l’assurance du stock (valeur évaluée – sorte de valeur déclarée comme un colis à poster), reste à évaluer une « valeur » moyenne, évidemment fluctuante, mais qui, je te rassure Gonzalo, ne se réduit jamais à rien et ne saute pas du jour au lendemain à 3 millions d’euros.
En même temps assurer un stock est une chose, vous avez en cas d’avarie, un remboursement à la hauteur, qui vous permettra de « redémarrer » si vous êtes un professionnel ou bien de « reconstituer » votre collection si vous êtes amateur, néanmoins, votre Molière de 1682, vos contes de La Fontaine de 1685 et vos Fables d’Oudry en maroquin rouges aux armes sont des BIENS IRREMPLACABLES… alors vous pleurerez devant le chèque de l’assureur… mais vous pleurerez quand même. En espérant que cela n’arrive jamais à personne.
Connaissez-vous l’anecdote du Voltaire de Kehl en maroquin rouge, qui passa en vente à Paris dans la deuxième moitié du XIXè s. Tout le monde à l’époque à Paris savait que ce Voltaire était convoité par une célébrissime princesse d’Europe. En conséquence et par courtoisie, personne n’enchérit dans la salle. L’exemplaire fut adjugé pour 5.000 francs or (je crois – somme déjà énorme pour l’époque, ce Voltaire valait certainement 5 à 10 fois plus). Stocké aux Tuileries pendant quelques temps… Cet exemplaire périt à jamais dans les flammes qui embrasèrent les Tuileries en 1871 (23 mai 1871)… destin cruel !
Amitiés, Bertrand Balboa
Plusieurs questions: à partir de quelle valeur (marchande) jugez-vous qu’il soit rentable d’assurer une collection?
Quelle est l’importance de l’aspect « collection » (unité du fonds) dans l’évaluation financière d’une collection? Je m’explique: posséder trois cents petits formats brochés des XVIIe et XVIIIe siècles, ce n’est pas comme posséder trois cents bibliothèques bleues ou trois cents manuels de civilité. Est-ce que la cohérence d’une collection (et donc me travail humain pour la composer) est prise en compte par l’assureur?
Enfin, question pour Bertrand et ses confrères: comment le libraires assurent-ils un fond qui, par définition, évolue très vite (la valeur de votre fond peut augmenter très vite et diminuer aussi rapidement, en fonction des arrivages et des salons divers…)?
J’y ai souvent pensé, sans aller plus loin que :
– ce doit bien être assuré dans le cadre de mon habitation
– Et si ce n’est pas le cas, le cout d’une telle assurance doit-être rédhibitoire ==> Avez vous des indication de prix (en % de la valeur de vos livre, par exemple) ?
Je vais me renseigner rapidement plus précisément.
Eric