Amis Bibliophiles bonjour,
Je vous propose de reprendre le cycle des professionnels du livre, en particulier des libraires, avec aujourd’hui le portrait de Sébastien, de la librairie Les Portes Sombres.
Bonjour Sébastien, pourriez-vous nous parler un peu de vous et de votre librairie ? Comment êtes-vous arrivé au livre ancien, puis au métier de libraire?
Il y a toujours une généalogie de la passion du livre ancien pour ceux d’entre nous qui n’ont pas hérité de leur charge. Pour moi, il faut sans doute remonter vers 6-7ans, un grenier poussiéreux (celui de ma grand-mère) dans lequel siégeait une grande malle. Un coffre au trésor rempli de livres qui paraissaient dater de l’âge des dinosaures, au moins ! Je me souviens assez bien de la pénombre de ce grenier, la poussière qui grattait la gorge et les livres que je feuilletai sans les lire mais avec le sentiment d’avoir trouvé la 8ème merveille du monde. Le libraire que je suis maintenant identifierait d’un coup d’œil une collection de livre de la bibliothèque verte des années 40 au papier de bois friable, une malle que les bouquinistes ne prendrait même plus la peine d’entreposer. Hop à la benne la huitième merveille du monde !
Il y eut ensuite une adolescence de lecteur avide (tendance Stephen King plutôt que Balzac), un Jean de Bonnot dans la bibliothèque familiale, mais plus vraiment de contact avec le livre ancien.
Le vrai déclic est venu plus tard, un décès dans ma belle-famille, et une bibliothèque éparpillée dans la maison qu’il fallait rassembler, classer et dont il fallait jauger la valeur. Puisque j’aimais les livres, la tache me fut attribuée. J’ai alors retrouvé la pénombre d’un grenier, la poussière qui grattait la gorge, les livres… peu de livres anciens, des Jean de Bonnot, des EditoService, des incomplets…mais j’avais mis le doigt dedans ! En parcourant le net j’avais découvert que les livres anciens étaient accessibles !
Donc j’ai commencé à acheter, pour me faire plaisir, avec un tout petit budget. D’abord un peu de tout, puis ma petite collection s’affinant s’est tournée vers les sciences naturelles et surnaturelles. Puis l’engrenage, j’ai acheté de plus en plus, j’ai acheté des lots sur ebay dans lesquels un livre m’intéressait et je me chargeai de revendre les autres. Période enrichissante de découverte du monde livre ancien, et aussi de sa blogosphère !
Dans le même temps je terminai un postdoc de biologie cellulaire au CNRS et l’état de la recherche en France ne m’incitait guère à poursuivre dans cette voie.
Et donc pourquoi pas ? Lancer son entreprise c’est sauter dans une piscine vide et trouver de quoi la remplir le temps de la chute, BANZAÏ !
C’était fin 2011, cela fait donc maintenant 5 ans que je suis libraire. Beaucoup d’erreurs commises (la principale ayant été de se lancer avec une trésorerie rikiki), un salaire divisé par pffiou…, mais un métier-passion, enrichissant, stimulant un choix que je ne regrette pas !
Vous qualifiez-vous plutôt de bibliophile libraire ou de libraire bibliophile… ou bien encore autrement ?
En fait la question m’est complètement étrangère, comme s’il fallait opposer le libraire et le bibliophile. Le bibliophile serait-il le vertueux amoureux des livres et le libraire le vilain qui fait des profits ? L’un n’existe pas sans l’autre, dans la psyché du libraire comme dans la société. Nous sommes les derniers des mohicans d’une culture qui menace de s’éteindre ne nous opposons pas !
Avez-vous des domaines de prédilection, ou votre approche est-elle éclectique et vous fonctionnez au coup de cœur ?
J’ai longtemps marché sur trois pattes : une philosophie, une occultisme et une varia/ bouquinerie. J’ai lancé la collection Les Portes Sombres en 2013 avec un site qui regroupait tous nos livres occultes et étranges. C’est maintenant cette collection qui a mangé les autres, même si nous nous allouons encore unilatéralement le droit aux coups de cœur dans tous les domaines. Cependant nous nous sommes de plus en plus spécialisés dans les livres les plus noirs, les plus étranges, les arts qui effraient le profane, le hululement de la chouette au clair de lune et l’ombre de la faucheuse.
Bref si vous cherchez un maroquin aux armes de la Pompadour et le crissement discret d’un soulier ciré sur de la moquette Napoléon III, ce n’est pas chez nous qu’il faut venir ! Par contre j’ai un bon manuel d’autopsie en ce moment…
Où vendez-vous vos livres ? Que pensez-vous de l’évolution actuelle du marché liée à internet?
En relisant les portraits de mes illustres confrères datant de quelques années j’ai en effet constaté que c’était la question qui animait alors les libraires : faut-il être sur internet ? Question complètement surréaliste aujourd’hui ! Il faut être là où sont les collectionneurs de livres c’est simple, et aujourd’hui ils sont en ligne ! Le commerce du livre n’est pas une sphère hors du temps.
Je propose donc mes livres exclusivement en ligne depuis le début de l’activité, cela me permet un certain luxe au quotidien (travailler chez soi au fin fond de la campagne béarnaise), de réduire mes frais fixes (pas de boutique ou stand) tout en pouvant toucher des clients en Corée du Sud ou au Brésil. Il en a fallu des années pour que les historiques s’y mettent aussi, mais je crois que c’est maintenant fait : tout le monde a son catalogue, ou partie de son catalogue, en ligne. Tous n’ont pas encore compris les bonnes pratiques de la vente par correspondance (photos !! envois rapides et protégés !!) mais ça viendra.
C’est d’ailleurs l’une des raisons sans doute pour lesquelles la situation s’est tendu pour les libraires. L’ensemble des catalogues étant accessible à tous, les bibliophiles ont un choix qu’ils n’ont jamais eu. Et la loi de l’offre et la demande agissant inexorablement…
Ce qui nous sauvent encore un peu c’est qu’internet permet également aux libraires de toucher une clientèle plus large. Et de fait bon nombre d’entre nous subsistons grâce à l’export.
Autre facteur qui vient un peu troubler la loi de l’offre, c’est qu’il n’y a pas un livre qui ressemble à un autre, ni une bibliophilie qui ressemble à une autre. Chacun peut donc trouver chaussure à son pied.
D’ailleurs à ce propos, je crois que l’article le plus déprimant que j’ai lu sur ce blog est « La hiérarchisation des exemplaires selon M. Christian Galantaris », ça me donnerait presque envie de m’assommer à coup d’elzeviromètre. C’est pour moi l’émanation d’une bibliophilie qui sent le renfermé ou pour le moins le manque cruel d’imagination. Je pense comme Berès, qui empruntait à De Vinci, que la bibliophilie e cosa mentale et que par conséquence il faut accepter de voir autant de bibliophilie que de bibliophiles. C’est même je crois le rôle du libraire des proposer des livres en dehors des codes, auxquels le client n’aurait pas osé penser.
Etes-vous présent sur les réseaux sociaux, pourquoi? Les marchés, les salons?
Les marchés et les salons c’est une sorte de réseau social du siècle dernier, c’est ça ? Non mais allo quoi !
Plus sérieusement, ici non plus il n’y a pas de questions à se poser, si les collectionneurs sont sur les réseaux sociaux il faut y être et y proposer du contenu ! Je dirai même plus, il faut que les libraires y soient moteurs ! Pourquoi devrait-on laisser les nouvelles technologies à la frange la plus inculte de la population ? Mais à chaque fois que je vois l’annonce d’une conférence ou un salon et que je demande s’il y aura des sessions Périscope, j’ai l’impression de parler martien…
Je fonctionne avec un tout petit catalogue qui tourne souvent, donc facebook est un moyen facile de tenir mes clients informés (quasi-quotidiennement) des nouvelles rentrées.
Toutes nos nouveautés sont ainsi d’abord annoncées sur notre page Facebook (https://www.facebook.com/LesPortessombres) avant de passer sur les canaux de ventes traditionnels ça permet aux acheteurs malins de court-circuiter les ventes 😉 Et les plus téméraires iront même voir sur Instagram les photos des derniers déballages.
Mais plus qu’un canal commercial c’est aussi le lieu pour se tenir au courant des tendances, des magouilles, des belles photos et articles, avoir des discussions avec les autres libraires et les bibliophiles…
Quel avenir imaginez-vous pour le métier de libraire ?
Abordons les choses qui fâchent ! Ne nous en cachons pas la situation actuelle est préoccupante, les libraires tirent la langue et quand on va au-delà du mur de pudeur, on s’aperçoit que beaucoup sont sur la corde raide. Rentrer du stock plutôt que de changer les pneus de la voiture, brader un livre pour payer le RSI, passer parfois des mois sans pouvoir se payer…c’est le quotidien de beaucoup. On ne remerciera d’ailleurs jamais assez les compagnes des libraires qui tiennent le marché du livre ancien à bout de bras grâce à leur patience !
Depuis mes débuts en 2011 le marché ne cesse de se dégrader. Par exemple le marché du petit bouquin ancien a disparu en 5 ans. Je parlai il y a quelques temps d’un bibliocide, je crois que nous y sommes.
Et c’est je crois le sentiment de tous : il faut déployer de plus en plus d’énergie pour vendre un livre.Il y a plusieurs facteurs qui peuvent expliquer cela, d’abord l’augmentation de l’offre depuis que l’ensemble des catalogues libraires sont disponibles en ligne. Ça s’est ressenti encore cette année sur ebay avec l’arrivée de gros stock mis en ligne à prix cassés.
Autre problème la concurrence déloyale exercée par les SVV. J’utilise à dessein le terme déloyal puisqu’elles ne fonctionnent pas avec la même législation que les libraires. Si les clients des libraires sont protégés par le code de la consommation, il n’en est rien quand le marteau tombe : frais cachés, conditions générales aberrantes, pas de rétractation ou de recours possible…Ils peuvent vendre sans risque financier, assurer un service après-vente déplorable, avec des prix constatés assez similaires aux librairies…et dans le même temps nous prendre des parts de marché ! Si ils progressent sur le même rythme, les SVV seront sans doute les fossoyeurs de la librairie ancienne dans les années à venir. Je m’étonne d’ailleurs tous les jours de voir la majorité des libraires encore grenouiller dans les salles de ventes. C’est comme si la Fnac se fournissait chez Amazon, c’est complètement aberrant ! Mais Houellebecq ne dit-il pas que l’habitude est la plus forte des motivations humaines ?
Il y a d’autres risques auxquels la librairie ancienne devra faire face : l’arrivée massive de bibliothèques sur le marché avec le deadly-boom, la baisse possible du nombre de bibliophiles (mécanique par la démographie, et idéologique avec des générations moins attachés au support matériel de la culture).
Mais je préfère finir sur une note positive. Comme des poissons mis hors de l’eau les libraires gigotent beaucoup en ce moment. Beaucoup pour râler et regretter le temps où il suffisait de poser le livre sur son rayonnage et d’attendre qu’il se vende tout seul, mais on voit aussi fleurir beaucoup d’idées pour renouveler le genre : fiches vidéos, enchères privées, retrouver le métier d’éditeur, construire des lieux privilégier de rencontre, créer du contenu pour le bibliophile, etc…
Beaucoup s’aperçoivent que pour faire vivre la librairie ancienne il faut travailler sur le soft-power, la cosa mentale. Nous avons en France un patrimoine incroyable, il faut le faire savoir, et savoir le rendre désirable.
Quel est le ou les livres qui vous font rêver ?
J’ai des rêves en général assez raisonnables et l’enthousiasme facile, le secret du bonheur !
Mais il y a bien sûr les incontournables dans le domaine, j’aimerai bien un jour pouvoir rentrer un Compendium maleficarum de Guazzo avec ses bois gravés, ou un Malleus maleficarum.
Et puis faire un bond de quelques siècles et avoir la Nouvelle iconographie de la Salpêtrière avec notamment les centaines de clichés de femmes hystériques que traitaient Charcot à la fin du XIXème. Toute l’équipe de Charcot (Regnard, Legué, De La Tourette…) a d’ailleurs laissé une littérature très intéressante mettant en parallèle leurs observations psychiatriques et les cas historiques de possessions démoniaques (#conseil du libraire).
Et les livres que vous possédez déjà ou que vous avez eus et qui vous sont particulièrement chers ? J’ai par exemple en ce moment l’exemplaire de Schwob de la seconde édition du Dictionnaire infernal de Collin de Plancy, sorti directement de la bibliothèque familiale, plus d’un siècle après les ventes successorales. J’ai eu ce livre de magie avec les notules de Guaïta dont Bechtel s’est servi pour son petit opuscule sur les ex libris de Guaïta. J’ai eu les œuvres de Patin avec l’ex libris de La Martinière, livres donc tenus par les mains qui grattaient les croutes de Louis XV ! En fait les livres qui me touchent sont ceux qui ont eu un destin particulier, ou qui ont croisé l’histoire des hommes, ce sont des livres qui me font voyager à travers les siècles.
Vous savez que les lecteurs du blog aiment les belles histoires, auriez-vous une anecdote à nous raconter?
Et à ce propos un chopin qui m’a marqué, parce qu’on est à la fois très loin des standards bibliophiliques et pourtant c’est le livre que je regrette le plus d’avoir vendu. Acheté à une époque où donc je venais de redécouvrir les livres anciens, une période où l’on achète un peu tout et n’importe quoi. C’est un petit livre détomé, à la reliure triste, les mors fendus vendu 1,5€ par un brocanteur. Je l’avais acheté parce qu’il avait été édité en 1789 et qu’il y avait une partition dedans ce que je n’avais alors jamais vu dans un livre ancien. Un livre avec un score de -15 sur l’échelle Galantaris donc.
Content de mon achat, je l’ai posé dans ma bibliothèque et l’ai oublié un ou deux ans. Dans la même période j’étais vraiment tombé en bibliophilie et commençait sérieusement à me demander si je n’en ferai pas mon métier. J’étais aussi passé level 2 en bibliographie et un jour j’ai repris ce livre et je remarque un tampon sur une garde :
« Bibliothèque du citoyen Napoléon-Bonaparte » !!! Mon coeur bondit, j’ai le rire de Guillaume de Baskerville quand il réussit enfin à pénétrer dans la bibliothèque de l’abbaye et je me jette sur google qui m’apprend qu’il s’agit du tampon ex libris du Prince Jérome Napoléon (1822-1891). Et qu’en principe les reliures de sa bibliothèque sont monogrammés à son chiffre. Je reprends le livre au dos sale et noirci et bingo on devine bien un J couronné ! J’avais donc entre les mains un volume des Soupers de Vaucluse, oeuvre que Barbier attribue à Restif de la Bretonne, édité en 1789 au faux lieu de Ferney, qui a été en possession de la famille Bonaparte et qui en mai 1871, alors entreposé dans la bibliothèque de Jérome Napoléon au Palais royal, a subi un incendie déclenché lors la Commune de Paris. Ce qui explique son dos noirci par les fumées ! Un siècle d’histoire fait livre !
Merci Sébastien!
H
Because the admin of this site is working, no uncertainty very quickly it will be famous, due to its feature contents.|
Bonjour,
Personnellement j'ai arrêté ce métier il y a dix ans en ayant compris que l'âge d'or était révolu et que les temps s'annonçaient difficiles. Je ne me suis pas trompé apparemment et ne le regrette pas. Seulement parfois un peu de nostalgie…
Bonjour à tous,
Je vous remercie pour vos commentaires et je remercie encore plus particulièrement Sébastien de s'être prêté au jeu du portrait.
Comme souvent dans ce cas sur le blog, les lecteurs bibliophiles et les lecteurs libraires en profitent pour donner leur vision du monde!
Dans le cas présent, les questions que se pose Sébastien, avec lucidité, ont stimulé un peu plus l'envie de partager ses arguments, chez les uns et chez les autres.
C'est d'ailleurs fréquent sur les réseaux sociaux où Sébastien pose régulièrement des questions un peu poil à gratter.
Vous le constaterez, j'ai effacé 1 ou 2 commentaires, anonymes, qui me semblaient offensants.
Pour le reste, il me semble qu'il faut se garder d'être trop catégorique: il y a des SVVs malhonnêtes, des libraires malhonnêtes et des bibliophiles malhonnêtes. J'ai vu les trois.
Il me semble également qu'internet redistribue les cartes de la relation entre libraires et bibliophiles, accordant désormais plus de pouvoir aux seconds: plus de concurrence, accès à l'information plus simple, marché mondial et non plus local, apparition de nouveaux acteurs comme ebay, ou les SVVs en ligne. Cela ne doit pas vouloir dire que les premiers ne jouent pas un rôle essentiel.
Pour autant, 1. chacun sa bibliophilie (il est des bibliophiles allergiques aux libraires, et d'autres allergiques aux SVVs, etc.). Et peut-être le plus important en ce qui me concerne en tant que bibliophile, 2. on achète des livres et non pas dans un endroit ou l'autre. Personnellement je vais où les livres m'attirent et me portent, sans distinction.
Enfin, ce qui paraît évident, c'est qu'il faut plus que jamais se garder de ranger les bibliophiles dans des cases, et des clichés: je connais des bibliophiles qui dépensent plusieurs dizaines voire centaines de milliers d'euros en livres par an qui achètent aussi sur ebay, en salles et chez les libraires, comme je connais des grands libraires qui vendent sur ebay, en salle des ventes et chez eux…
Les cartes sont redistribuées.
Néanmoins, ce qui m'a frappé dans les commentaires, c'est la fréquente opposition entre ces deux mondes qui font l'univers du livre ancien. Elle me paraissait moins forte avant l'apparition d'internet, qui précipite un peu tout ceci, au sens chimique du terme.
Et je le vois quand je vous rencontre, libraires et bibliophiles, dans la vraie vie. C'est terrible à dire, mais il est des libraires qui n'aiment pas les bibliophiles… comme il est des bibliophiles qui se passent de libraires.
Ce fossé est inquiétant.
D'un naturel optimiste, je ne le suis plus quand je pense au livre ancien et à la bibliophilie, et donc, indirectement à la librairie, et ce fossé qui se creuse ne fait que m'inquiéter plus encore.
On trouvera moult contre-exemples dans les deux cas, et c'est heureux, mais cela reste troublant. Et un peu triste.
Hugues
Pour ceux qui aiment Alain Fournier, sur eBay a 150€ le grand Meaulnes en édition originale avec la faute page 133
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Le bon Papa Noël m'a apporté un Robert "Dictionnaire Historique de la Langue Française" AVEC ENVOI d'Alain REY s'il vous plaît (oui, encore un livre, je sais !). A l'article "Bibliophile", j'y trouve les mots suivants (assez intéressants je trouve, notez bien les dates) :
"Bibliophile : est attesté au XVIIIe s. (1740, de Brosses), un titre du début du XIVe s., Le Philobiblion de Richard de Bory n'ayant suscité aucun vocabulaire propre. Il est formé de biblio* et phile*.
– Le mot désigne l'amateur de livres, et spécialement de livres rares et précieux, la notion moderne, à la fois économique et liée à la collection d'objets d'art , se dégageant au XIXe s. : la Société des Bibliophiles français est fondée en 1820.
– C'est alors, à l'époque romantique, que sont formés les dérivés BIBLIOPHILIE n. f. (1845 dans un dictionnaire) et BIBLIOPHILIQUE adj. (repéré chez Balzac en 1835).
Bon Noël à tous !
Je confirme, Loi Chatel sur la vente à distance ou par correspondance ; 14 jours, frais de retour à la charge de l'acheteur. Sous réserve bien sûr d'emballage aussi soigné que l'envoi et de non-dégradation du bien vendu.
Pour achat à libraire en France, comme pour tout achat par correspondance vous avez 14 jours pour retourner l'ouvrage, défaut ou pas, même si vous avez simplement changé d'avis, le libraire a obligation de le reprendre, c'est la loi.
Qu'a t-il bien pu arriver pour qu'un exemplaire de la Bovary sur grand pap ET avec envoi "perde" le feuillet de dédicace avec la faute ??? Moi je dis exemplaire cheulou…
Re-bonjour, j'ai acheté il y a deux dans une maison de ventes belge un lot de trois livres, dont un seul m'intéressait. Il était écrit qu'il y avait un envoi de l'auteur sur la page mais la photographie ne permettait pas de le lire.
En fait, c'était un envoi du traducteur. De plus la deuxième couverture de ce livre broché avait été remplacée par un papier.
Quand j'ai protesté, on m'a dit que les lots n'étaient pas repris (c'était en effet écrit dans les CGV) et que l'erreur est humaine. Malgré tout, on m'a remboursé. Je crois que certaines descriptions sont faites de façon à tromper (cf le dos dont les trois quarts du cuir manquait, dans mon message plus haut) mais que d'autres, qui sont mal faites, le sont par manque de temps -c'est une explication, pas une excuse.Pour cette même raison, mais aussi par manque de sérieux parfois, je suis convaincu que beaucoup de livres ne sont pas collationnés par les svv. D'ailleurs, je connais quelqu'un qui a acheté l'eo de Madame Bovary sur grand papier avec envoi dans une très grande maison de ventes pour un prix très modeste. Une fois le livre en main, il s'est rendu compte que le fameux feuillet contenant la dédicace à Senard était absent.La svv a remboursé sans aucun problème et s'est longuement excusée.
Je crois moi aussi, en écho à un commentaire ci-dessus, que les règles de la vente par correspondance, lorsqu'elle est exercée par un professionnel, protège bien les acheteurs puisque l'on peut rendre dans les 7 jours -je crois- ce qu'on a acheté, sans avoir à justifier (à moins que je me trompe).
Je signale aussi au passage que si on achète un livre sur abebooks et qu'on paie par carte de crédit sur ce site, on est extrêmement bien protégé en cas de problème car alors c'est abebooks qui est "responsable" de la transaction. Par contre le vendeur paie 3,5% (sans plafond) au site pour chaque transaction réglée ainsi.
Le matin je vais à une expositio, qqes livres en fin de vente m'intéressent, j'y retourne donc à 17h00. Après achat il s'avèrent que 2 d'entres eux étaient incomplet d'un feuillet. ==> J'y retourne pour le faire remboursé : fin de non recevoir, il parait qu'à l'ouverture de la vente, là où ils annonce les frais ils auraient aussi annoncé que les livres n'avaient pas été collationné. Après moultes échanges des plus vifs, je n'ai réussi qu'à me faire rembourser les frais acheteurs. Le PV fait foi mon bon monsieur.
Un autre vente, manquent des planches, je veux rendre l'ouvrage. Réponse de l'expert : je n'ai pas mentionné dans la notice qu'il y avait des planches. Dans l'os.
Autre cas. Grosse SVV anglosaxone, achat d'un petit livre in-12, je demande à ce que l'ouvrage me soit posté. Frais d'emballage et port plus de 100 euros. Bonjour les frais caché.
Grande méfiance avec les SVV. Évidement si vous êtes un client qui dépense plusieurs dizaine de milliers d'euros pas an ou que vous avez une influence (médiatique ou un patrimoine intéressant pour vos futures relations) dans le milieu on sera peut-être gentil avec vous … Mais combien renoncerons à porter une réclamation au conseil des ventes pour un achat de quelques centaines voir milliers d'euros et lâcherons, comme moi, l'affaire, surtout dans les cas gris (typiquement des question d'état +/- subjectif) ?
Bonjour, au sujet des retours de livres achetés en svv: j'ai acheté il y a quelques mois à une maison de ventes italienne, via invaluable, l'eo de Carmen.
Le nombre de pages était indiqué mais je n'ai pas cherché à vérifier (si j'avais vérifié, j'aurais vu aussitôt que le livre ne pouvait pas être complet). Cette eo comporte trois textes: Carmen et deux autres nouvelles. Seul Carmen était présente…et quand je me suis adressé à la maison de ventes, on m'a répondu que j'avais eu ce livre à un prix assez peu élevé, qu'il faisait souvent plus en svv et enfin que même si l'exemplaire était incomplet, l'essentiel était que j'aie la meilleure des trois nouvelles: Carmen.Bref, je devais m'estimer heureux.
J'ai répondu que je n'allais pas en rester là et j'ai contacté invaluable. Je ne sais pas s'ils l'ont appris mais dès le lendemain j'ai obtenu une réponse positive de la svv et j'ai été remboursé (hors frais de port).
Quelques temps après j'ai reçu un courrier d'invaluable me demandant en gros si le litige était résolu.
Je n'avais eu jusque là aucune nouvelle d'invaluable et je m'attendais à ne pas en avoir car à la lecture de leur CVV,après coup, j'avais vu qu'ils n'interviennent pas dans les litiges; Visiblement ce n'est pas le cas et la svv devait le savoir (?).
Voilà, si mon expérience peut être utile, ce sera très bien.
Bonnes fêtes à tous.
PS: je confirme pour la vente d'occultisme: pour un des livres,par exemple, "dos un peu frotté" signifiait": "les trois quarts du cuir du dos sont absents".
Les rapports entres libraires et bibliophiles sont plaisants et complices, bientôt 69 commentaires, chacun voulant faire plaisir à l'autre, c'est parfait en ces fêtes de fin d'année, bon Noël à tous.
Les SVV permettent en effet souvent d'acheter des ouvrages pour un prix modique.
Par contre louer les qualités de leur descriptif ou des possibilités de retour est faire preuve de légèreté.
Lisez des conditions générales de ventes avec en grand classique le "un examen préalable ayant permis blablabla … aucune réclamation ne sera acceptée).
ou encore "Les indications données par … sur l’existence d’une restauration, d’un accident ou d’un incident affectant le lot, sont exprimées pour faciliter son inspection par l’acquéreur potentiel et restent soumises à son appréciation personnelle. L’absence d’indication d’une restauration d’un accident ou d’un incident dans le catalogue, les rapports, les étiquettes ou verbalement, n’implique nullement qu’un bien soit exempt de tout défaut présent, passé ou réparé. Inversement la mention de quelque défaut n’implique pas l’absence de tous autres défauts.".
Sauf de rares exceptions, les collations y sont absentes, les photos très limités et de toute façon ne montrant pas les défauts. Les lois de la VPC ne s'appliquent pas (lire les conditions générales de vente) contrairement au marchant qui eux sont soumis à une possibilité de retours à 14 jours sans que le client n'ai besoin de justifier quoique ce soit et encore moins de devoir justifié si l'accroc à la coiffe non mentionné est un défaut suffisant pour justifier un retour ou non, de savoir si le feuillet manquant non signalé a été enlever par l'acheteur ou s'il était manquant avant la vente, si le coins cassé l'a été avant ou après le coup de marteau du commissaire priseur.
Bonjour,
Je suis assez en accord avec les observations (vives) de JLP.
– Les Maisons de Ventes parisiennes ont l'obligation de reprendre les lots mal écris (dans le sens une erreur pouvant influencer significativement l'acte d'achat), et cette obligation s'est récemment durcie. Un commerçant le l'a pas vraiment, même s'il peut consentir à un geste commercial, mais il y a un abime entre recevoir une grâce (du libraire) et un droit..
– Je vais très rarement chez les libraires, car malheureusement (et heureusement pour mon portefeuille) je n’achète plus les ouvrages intermédiaires que je trouvais chez eux (ou en vente), non je les telecharge sur Gallica. Je n'achete plus que des livres "objets" à provenance en général. Je suis assez convaincu que Gallica, mais c'est la modernité en même temps, a participé ou participe à réduire les échanges de livres physiques, plusieurs de mes amis, en général chercheurs, concentrent leur achats sur quelques exemplaires, et téléchargent le reste pour leur lecture ou travail.
– Concernant les libraires, j'ai toujours été étonné de voir de belles fiches descriptives et plus rien du tout sur la facture (cela dit pas mal de maisons de vente peu informatisées le font toujours). Mais ça laisse toujours un gout amer, on se demande ce que cache la disparition du descriptif détaillé.
– concernant les prix des libraires / maisons de ventes, je crois que c'est simple : on va où c'est moins cher général (oui ok il y a toujours l'exception autour de laquelle on radote), et comme l'information ne coute pas très cher il n'y a pratiquement plus s'assymétrie d'informations entre le collectionneur et le libraire.
A mon sens, la diffusion large des prix, le renouvellement des générations connectées, vont de plus en plus établir un quasi prix "marché" similaire en gré à gré ou aux enchères, le gain pour les libraires ne provenant plus que de leur capacité à acheter moins cher (en gros, à l'étranger, en tachant de "marger" au taux des Maisons de Ventes : en gros 5 à 8% + 25 à 28% / soit 35% approx). La qualité des fiches a décidément perdu de sa valeur.
@Eric
Laissez Jlp à ses frustrations, somme toute compréhensibles. Si certains confrères de l'ancienne génération travaillaient comme ça (ce qui est une certitude), il y a forcément certaines personnes qui se sont bien fait avoir…
Il en oublie néanmoins que :
– les particuliers forment l'essentiel de notre clientèle, preuve que la confiance est toujours là chez la majorité
– beaucoup de libraires mettent des livres en salle des ventes
– beaucoup de SVV réclament des livres aux libraires
– les manettes à Paris sont bien souvent le fond de bibliothèque achetée par un libraire qui ne garde que ce qu'il veut
En ce qui me concerne, si je ne suis pas dans la prétendue "haute bibliophilie", j'ai renoncé plusieurs fois à de beaux achats à prix très attractif en raison de l'absence d'une description détaillée d'un ouvrage. Si je ne suis pas étonné par ce manque d'informations de la part d'un particulier ou même d'un libraire "généraliste", l'absence de notice détaillée sur un ouvrage de plusieurs centaines d'euros chez un libraire spécialisé a tendance à me mettre la puce à l'oreille. En particulier quand on "omet" de mentionner un tampon de bibliothèque et qu'on se contente d'une photographie de mauvaise qualité mise en queue de série de photos.
L'avantage d'internet c'est qu'on peut aussi comparer la prestation du libraire avec ce qui se fait à l'étranger. Du moins, c'est un avantage pour l'acheteur, parce que très honnêtement, à ce jeu-là, les libraires français pouvant se targuer de fournir une vraie prestation de qualité sont assez rares. Une notice détaillée mentionnant les provenances quand elles sont évidentes, les défauts et les particularités d'un ouvrage (notamment le nombre d'éditions, s'il s'agit de l'EO d'une traduction, un bref historique sur l'auteur ou le destin de l'ouvrage, s'il s'agit d'une édition pirate…) est la preuve que le libraire a fait son job et ne vend pas simplement un bouquin, mais une vraie antiquité témoin d'une époque qui n'a plus rien à voir avec la nôtre. C'est d'autant plus facile que ces informations sont consultables en libre accès sur Gallica grâce à deux ou trois siècles de commentaires accumulés.
Je n'ai jamais négocié le prix d'un livre ancien doté d'une belle notice précise me permettant de savoir exactement ce que j'achète, alors que je le fais systématiquement pour un bouquin mentionnant à peine un nombre en page de garde pour figurer un prix. (notez la distinction)
Défendre son métier, ce n'est pas défendre un prix de vente qui est souvent totalement délirant, se contentant de multiplier par trois ou quatre le prix des invendus visibles sur internet pour "intégrer sa marge". C'est traiter son produit avec égard pour inciter le consommateur à l'acquérir en ayant la certitude de faire une belle affaire, en acceptant le jeu de dupes que constitue la négociation, et en arrêtant de se plaindre à longueur de temps des difficultés auxquelles tout le monde fait face, y compris jusque devant sa clientèle qui vient juste en librairie pour passer un beau moment devant des ouvrages mis en valeur et éventuellement craquer sur un beau volume…
Un immense merci à des libraires positifs comme les Portes Sombres pour leur vision optimiste d'un magnifique métier!
Les libraires n'achèteraient donc des livres qu'aux SVV (des bons forcément, les autres étant de toute façon repris sous garantie par les SVV) et ne revendraient ensuite que des exemplaires à défaut aux particuliers ?
Sur un tel sous entendu montrant votre méconnaissance du marché et l'insulte qui suis, je crois que je vais vous laisser à vos certitudes,
Eric
Libraire humour variable, franchement c'est ridicule, ca serait mal de chercher a acheter moins cher ce qu'on trouverait chez un libraire
La réalité est que nous achetons aux memes sources que vous.
Les svv offrent une garantie decenale que j ai déjà fait agir qq années ap, chez alde ou d autres et franchement ils ne m ont jamais pose problème.
Par contre tous les exemplaires a défauts chez mon père viennent des plus beaux libraires de paris. Dieu merci internet et svv nous ont permis de ne plus se faire voler
Jlp
Qu'est-ce qui fait qu'un bibliophile a envie d'acheter un livre ?
Son imaginaire personnel. C'est d'ailleurs cela que l'on perçoit ensuite lorsque l'on à la chance de visiter une bibliothèque patiemment réunie au fil des ans.
Comment se construit cet imaginaire ?
Si l'on vends une bible de Gutenberg, pas de besoin de notice, l'acheteur devra juste être sur qu'elle est authentique et de son état. L'imaginaire de tout personne s'intéressant un tant soit peu à l'histoire de livre et de l'humanité sais ce que représente cet ouvrage.
Si l'on vend une rare plaquette insignifiante ou les expériences sur les forces psychiques de Crooke, je pense que la notice doit être détaillée (comme vous l'avez fait), à la fois pour que le bibliophile sache si cet ouvrage qu'il ne connait pas du tout ou mal (et ne me dites pas que nous connaissons tout sur tout) entre dans ses centres d'intérêt que pour aussi participer à construire le nouvel imaginaire des bibliophiles lisant vos catalogues.
Bien sur les notices de libraires ne sont pas les seules sources pour construire cet imaginaire, études, magazines spécialisés, et surtout les lectures de jeunesse, notre itinéraire personnel…
Mais faute de tout cela le champs d'intérêt de nos clients se rétrécira aux seuls livres anciens qu'ils connaissent déjà.
Eric
Serions-nous en passe de battre le record de commentaires ? La trêve est traditionnellement bonne pour la fréquentation du Blog, je remarque ! (et sûrement pour les sites en général ?)
B.
Plus sérieusement, mon chopin est un très bon autographe.
Vous vous imaginez bien qu'un autographe de malade non répertorié a de quoi faire flamber les flambeurs.
En fait, j'ai hésité un temps le vendre à Aristophil, qui m'en avait proposé un prix pour lequel il était pourtant difficile de résister, mais le collectionneur a pris le dessus.
L'anonyme du 21 décembre 2016 à 17:21
NON
L'anonyme du 21 décembre 2016 à 17:21
Bravo Xavier voila la plus belle phrase de l'échange, si il fallait comptabiliser le prix de tous les plaisirs aux centimes, où serait le plaisir ? Le plaisir du beau livre ? Cela m'étonne toujours ces discussions alors que les acheteurs de beaux livres sont en majorité des CSP++ et les mêmes qui vont passer une semaine à Serre chevalier ou boire un Margaux dans un bon resto, quand ils l'ont bu il n'y a plus rien , plus plus rien comme dirait Férré. Qu'un prof de fac passionné (il y en a ) qui paye ses livres sur dix mois en dix chèques ait cette conversation car il doit vraiment faire des arbitrages, je pourrais éventuellement comprendre.
A moins que ce ne soit des biblioplaçeurs et qu'ils n'y prennent aucun plaisir si c'est le cas ? Changez vite, achetez autre chose.
Un libraire d'humeur variable.
… après lecture(j'ai abandonné en cours de route d'ailleurs)… c'est décidé je revends vite ma bibliothèque (à n'importe quel prix… 500… 1000… 2500… 10000… 150000) et je me mets au Playmobil de la série 2016, au moins le prix est marqué dessus. Sérieusement, certes le prix est important… mais à lire tout cela j'ai l'impression que l'on passe à côté de l'essentiel… moi qui travaille un peu dans la finance j'ai l'impression de faire des heures sup en lisant ces échanges 🙂
Bonne fin d'année, belles fêtes et beaux achats dès lors que le prix est dans vos moyens et que le livre répond à vos souhaits…
Xavier
Je rebondis sur les messages précédents pour relater la situation des catalogues des salles de ventes concernant le descriptif de l'état des ouvrages proposés.
J'ai participé hier à Drouot à une très belle vente de livres anciens, dont les 2/3 concernaient des thèmes autour des sciences occultes.
Sur la quarantaine de lots qui m'intéressaient sur catalogue, il n'en restait plus que 8 suite à la présentation de 11h. J'ai exclu les autres car leur état était médiocre…et quasiment non renseigné tel sur le catalogue avec absence quasi totale de photos.Certains ouvrages avaient le quart du dos manquant, il était indiqué "des frottements"…Les acheteurs à distance, de province ou à l'étranger doivent se sentir bien frustrés lorsqu'ils reçoivent un ouvrage cher dans un état médiocre.
Là où ebay permet de retourner un livre pour un trou de vers à une page, la SVV semble inattaquable. D'où deux questions : savez vous si des mesures précises sont prévues à l'avenir pour rééquilibrer cette situation ? Et savez vous pourquoi les prix de vente semblent se tasser sur ebay, alors que ceux obtenus en SVV continuent à être soutenus ?
la description est tout de même importante – pour vérifier qu'on parle bien de la même édition, et pour s'assurer qu'il n'y a pas de loup (exemplaire incomplet d'un tome ou d'une gravure) – ce qui est tout de même assez fréquent.
Mais publier une annonce sans photos (au pluriel) ça devient assez incompréhensible – et pourtant de grandes librairies le font encore couramment.
D'accord avec vous :
sur ebay, je ne lis quasiment pas les textes de présentations qui constituent les fiches de présentation des livres. Je me contente d'aller voir la condition de conservation, les photos, le prix et le montant des frais de port.
Tandis que, sur les catalogues papiers, souvent je me prends à lire les notices (pas toutes, mais celles qui attirent mon attention). Mais c'est que les conditions de lecture ne sont pas les mêmes, le plaisir non plus.
***
Cher anonyme du 21 décembre 2016 à 17:21 : dites nous en plus sur votre chopin ! C'est trop frustrant !
Je rejoins l'avis de Sébastien conforté par celui de Hugues : les photos sont primordiales, d'abord pour repérer l'objet – l'aiguille dans la botte de paille ou la pépite au milieu des gravats – ensuite pour se faire une idée de son état.
Toutefois rien ne vaut évidemment le contact physique, on voit aussi avec les mains…
Je n'ai malheureusement plus beaucoup l'occasion de cultiver cette pratique, devenant hélas chaque jour un peu plus cacochyme.
Quant aux descriptions, mieux vaut trop courtes que trop longues. Combien ai-je découvert de lots intéressants en parcourant le catalogue pendant la VP, alors que je m'ennuyais comme un vieux croûton derrière une lessiveuse en attendant le livre qui m'intéressait.
René
Ben non, la marge c'est quand on vend.
DGCCRF
Mon ressenti, c'est que les libraires font de grosses marges. Je m'en vais vous aligner tout ça.
RSI
Cela correspond donc bien à mon ressenti
Le texte n'est pas a négligé dans les titres et les fiches pour le référencement puisque les méta mot clés ne servent à priori plus à rien, mais sinon effectivement les photos sont fondamentales, et là aussi bien les référencés. Une annonce avec photos uniquement serait une idée séduisante mais pour le moment semble impossible pour la raison précédente du ref.
Daniel B.
Pour répondre à Sébastien, au risque de décevoir, la seule chose qui m'intéresse dans les fiches, c'est la condition de l'ouvrage. Mais c'est parce que globalement, je connais les livres que je recherche.
La photo si elle est présente est un plus, mais je n'achète de toutes façons pas sans photo.
Et, j'avoue que les références Cioranescu 1234, les Brunet IV-222, cela ne m'intéresse pas du tout non plus.
Mais c'est une façon de pratiquer qui m'est propre.
Pour répondre à la question, une fiche hyper longue ne change pas mon avis, de belles photos si.
Hugues
J'ai dit qu'il le vendait 1000, je n'ai pas dit que je l'avais payé 1000.
Je reviens là dessus : "La rédaction de superbes fiches avec recherches historiques, ref biblio, est elle encore un facteur de mieux vendre ?" (message de 16h17)
Chacun a je crois sa petite habitude, qui vont de ceux qui copient-collent wikipedia en intégralité (en laissant les liens cassés…c'est d'un drôle) à ceux qui sont encore au "rel.mar.tr.dorés".
J'ai fait au début des fiches fleuves en cherchant des références un peu plus rares mais finalement je me suis aperçu qu'elles n'étaient pas lues. Et encore régulièrement on me pose des questions dont les réponses sont en gros et gras dans la fiche.
En ligne, il me semble que l'attention est beaucoup moins captive. Le point à soigner est à mon avis la photo (point que beaucoup négligent encore), la description rigoureuse (collation et physique) et deux-trois arguments sur le contenu.
Qu'en pense les bibliophiles ?
C'est vous qui ajoutez l'adjectif qualificatif "bon" devant client, pas moi. Cela donne une notion de valeur qui n'était pas dans mon propos.
Je loue votre générosité consistant à préfèrer payer 1000 euros à un libraire que de payer 500 euros aux enchères sur Ebay.
Vous êtes une espèce de bibliophile en voie de disparition.
Eric
En fait, Eric, le fait que je sois le bon "client" pour le libraire n'est pas tellement la question… surtout que si j'ai bien compris tous les libraires ne sont pas aujourd'hui en mesure de sélectionner leurs clients. Faut-il un diplôme de bon client pour acheter aux libraires? Par qui? Vous le demande-t-on quand vous allez acheter votre baguette ou votre voiture?
Non, le pb n'est pas là, le pb est plutôt ce fossé qui se creuse entre les deux populations, et que de telles choses n'aident pas à combler hélas.
Le pb est aussi que plus d'un an après le libraire n'a toujours pas vendu l'ouvrage. Alors que moi je l'ai acheté à un autre libraire, à 1000 euros. Il était d'ailleurs déjà en vente à ce prix chez le libraire lorsque j'ai raté l'adjudication à 500 euros sur ebay… parce que voyez vous, je me disais qu'entre 500 et 1000, autant aller l'acheter chez le libraire, quitte à négocier un peu. Ce que je fis.
Un an plus tard, faisons un bilan. L'ouvrage acheté 500 sur ebay et relisté 2500 n'est toujours pas vendu, j'ai acheté un autre exemplaire à un autre libraire pour 1000 euros.
Il me semble que pour le libraire qui l'a relisté 2500, le bilan n'est pas très positif.
Il me semble aussi, et c'était mon propos, que la pratique de prix élevés, comme dans le cas cité (sans parler du fait qu'il le remet sur ebay), finit fatalement par instiller l'idée chez les bibliophiles que les prix sont trop élevés (ce qui est déjà endémique chez eux! Sourire), et que cela systématise le marchandage, ce dont se plaignait un intervenant sur le blog.
Prix élevé n'est pas gage de vérité, et surtout il est cocasse de voir que c'est souvent pratiqué par ceux qui pourfendent la haute librairie.
Charles.
Ce n'est plus du chopin mais du mozart!
Sur les prix d'achats, ça me rappelle un de mes plus beaux chopins sur ebay. Personne quasiment ne l'a vu, et ceux qui l'ont vu n'ont pas compris ce que c'était…
J'avais mis une enchère automatique 200 fois supérieure au prix final qui n'étais pas 1 euro. Le strict équivalent s'est vendu 500 fois mon prix d'achat récemment.
Pour dire que la démonstration d'Eric est effectivement la bonne. On se moque du prix final atteint aux enchères. L'essentiel pour un libraire est de faire sa marge, de faire le pari qu'il la fera.
Je vois que ça a déjà réagi avant que je poste le message de 16 h 57 qui devait succéder à celui d'Hugues. pour répondre à Calamar le défi du libraire c'est bien justement la manette mais avant qu'elle soit en svv, c'est sur qu'un libraire n achètera jamais la bibli de Pierre Bergé, mais doubler les SVV sur de petites bibliothèques là est notre défi de demain et même d'aujourd'hui.
le libraire qui s’interroge en place publique
Chhhuttt… Les notaires, les successions, les adresses en direct, en gros les même que les svv et passer avant ! Mais vous savez comment fonctionnent les notaires avec les svv tout a un prix, celui de l'apport d'affaire est connu, l'homme étant assez vénal, il suffit simplement d' être meilleur, bon j'en ai assez dit, je ne voudrai pas trop donner d'idées à mes collègues, et néanmoins concurrents…Je pense que c'est compliqué pour un libraire qui n'achèterait que des livres à l'unité de vivre, il y a une notion de demi-gros détail qui n'est pas a perdre de vu pour garder l'indispensable marge dont parle les portes sombres. Acheter des lots importants, tenir les prix de la crème et vivre sur le débit de petit lait, tel pourrait bien être un fonctionnement sain de librairie ?
A l'anonyme du 12 décembre à 12:01.
Si vous avez parcouru les innombrables textes du Blog du Bibliiphile, vous avez certainement pu constater que de nombreux lecteurs ont, depuis longtemps, proposés des articles décrivant des ouvrages de leur bibliothèque, à commencer par Hugues lui-même. Il semble toutefois que depuis quelque temps, cela se présente moins souvent et il n'est peut-être pas inutile de réactiver l'idée.
René
Bonjour Charles,
la question est : selon vous quelle est la juste valeur de cet ouvrage dont vous parliez ? 10,250, 500, 1000, 1500, 2500 euros
Quelle que soit votre réponse la conclusion pour le libraire c'est que vous n'êtes pas un client pour lui.
Vous estimez le livre à 250 ou 500 euros et pourtant un professionnel enchéri plus que vous, estimant donc qu'il a une valeur de marché supérieure. Les clients qui sont acheteurs à un prix inférieur au prix d'achat des libraires, ne sont pas une clientèle "cible" pour les libraires, vous le comprendrez bien.
Vous l'estimez à 1000, voire plus et pourtant vous arrêtez vous enchères à 500 ==> Si vous avez raison quand à votre estimation, le libraire le vendra à quelqu'un d'autre. Et vous n'êtes toujours pas un clientèle cible pour le libraire car vous achetez les livres à la moitié de la valeur que vous même estimez.
Partant de ce constat le libraire fera un autre calcul. S'il pense que l'ouvrage a une valeur de marché à 2500 euros, pour acheter et couvrir ses charges et son salaire, il place une enchère à (peut-être 1000/1500 euros). Sauf que le second enchérisseur (vous) s'arrête à 500 euros ==> génial devrait-il pour autant baisser son prix de vente ?
Ce n'est pas à vous qu'il le revendra c'est sur, mais si vous pensez que l'ouvrage valait plus de 500 euros, et que vous n'avez pas pu ou voulu mettre plus, n'en faites pas reproche au libraire.
Eric.
circuits non visibles des acheteurs finaux = manettes en fin de vacation. A part ça, je ne vois pas… dans le temps les SVV organisaient des ventes en semaine, pas trop bien cataloguées ; mais avec le live c'est fini.
Pour le marchand qui revend son achat 3 fois plus cher, c'est effectivement normal, sinon ce n'est plus un métier mais du bénévolat. Ce qui peut sembler choquant ici ce n'est pas que le libraire vende 2500 ce qu'il a acheté 500 – s'il le fait c'est qu'il estime que la bonne valeur de vente c'est 2500 : et il a estimé, à tort ou à raison, qu'à 500 c'était un prix d'achat valable pour son commerce.
Non, ce qui peut sembler choquant c'est de revendre immédiatement sur le même canal – les enchérisseurs du livre qui n'ont pas voulu l'acheter à 500 le revoient à 2500 et se posent des questions ; dont la première devrait être : "je l'ai laissé passer à 500 ; ai-je bien fait ?"
J'imagine que le libraire en question sait ce qu'il fait – c'est son métier, et pas le mien 🙂
Qu'appelez vous des réseaux non accessibles aux clients finaux à l'heure d'Internet?
H
Si de par les nouvelles technologies un important transfert du savoir a eu lieu vers les bibliophiles, on peut effectivement s' interroger sur la notion du temps qualifié. La rédaction de superbes fiches avec recherches historiques, ref biblio, est elle encore un facteur de mieux vendre ? Parfois je m’interroge, ne serait il pas plus judicieux de feindre de ne pas savoir ce que l'on vends afin que le bibliophile en fasse lui même la découverte ? Quelques photos, une notice rapide, et finalement le prix est le même ? et consacrer la majeur partie du temps à trouver des ouvrages ? surtout dans des réseaux non accessibles aux clients finaux ? Mais alors quel intérêt du métier si c'est pondre des fiches au kilo sans le plaisir de la recherche bibliographique ?
un libraire qui s’interroge en place publique
La précieuse seconde qui m'aurait permis de corriger la coquille avant d'envoyer le message 😉
J'ai hésité avec "je ne connais pas de ressource plus précieuse",
ce qui aurait évité qu'on me réponde l'amour, dieu, la liberté, les petits chatons 😉
L'amour?
Voire, soyons fous, l'amour du livre.
🙂
Hugues
Je ne connais pas rien de plus précieux 😉
Je trouve cela un peu triste d'être résumé à un "vendeur de temps", y compris par des collègues. 🙁
Un libraire
Vous avez raison sur le fonctionnement et la clientèle ebay, il y a le livre aux enchères produit d'appel sur lequel on ne gagne souvent pas grand chose mais c'est nécessaire pour faire venir sur la boutique et le prix fixe. En décembre j'ai vendu un livre de voyage aux enchères chopin pour l'acheteur, j'en ai ravalé un important prix de réserve non atteint mais qui m'a généré plus de 1000 visites sinon tous les livres vendus l'ont été en prix fixe.
Daniel B.
Alors clairement la question du "vrai prix" est un noeud indémêlable. L'acheteur paie ses livres trop chers jusqu'au jour où il veut les vendre et il trouve les prix qu'on lui propose trop bas…Quel est le vrai prix ? celui d'un vendeur pressé qui brade ? ou celui qu'un vendeur passionné défend ?
Posez vous par exemple la question, quelle est le vrai prix de ma collection ?
Sur Ebay: Ebay ne vend pas de livres, ce n'est qu'une place de marché. Se poserait on le même problème si marché Brassens les libraires et bouquinistes s'achetaient des livres entre eux ? (il parait que ça se fait). De même si vous le vouliez vous pourriez prendre chaque catalogue de libraire et remonter pour la majorité des livres à leur source (ebay, abebooks, svv, librairie…etc), y compris chez ceux qui disent de la main gauche ebay-caca et cliquent de la main droite sur enchérir… Mais encore une fois si vous avez le temps de faire ça, n'allez pas chez un libraire. Ebay est bien sûr pour moi un canal d'achat ET un canal de vente il n'y a aucune raison de se l'interdire.
Ebay ne vend pas de livres, ebay n'est qu'une place de marché que des libraires utilisent pour vendre des livres (je répète parce que j'en vois au fond qui n'ont toujours pas entendu).
Sur les marges: la librairie est un commerce, pour faire vivre un commerce il faut grosso-modo faire en moyenne entre 2,5 et 3x le prix d'achat (à 2,5 on se rémunère pas ou peu). Parfois on se plante et on perd des sous, parfois on fait une bonne affaire et on fait x10 ou x15. La plupart du temps on fait des paris…Pour être transparent je viens de faire la moyenne sur les 5ans d'activité je suis à 2,74 (et c'est très loin d'être la folie sur la rémunération hein plutôt de la survie à bas régime).
Enfin je rajouterai que cette question de la recherche du bas prix n'est primordiale que pour une poignée de notre clientèle (ceux qui ont donc le temps). Certes la frange la plus passionnée, la plus savante, la plus active (voire agressive) sur les blogs, mais pas la plus acheteuse. Comme dans toutes les passion…il y a le joueur casual de jeux vidéos et le geek qui va pucer sa console et télécharger (c'est pas bien, dont do it). Par exemple sur ebay la clientèle qui traque les enchères et celle qui achète à prix fixe est souvent très différente. Ces derniers n'ayant pas l'abnégation de programmer un sniper, d'attendre 7j que l'enchère finissent, ou attendre 2ans de voir passer une enchère sur le livre convoité…
(désolé j'ai encore fait un pavé de texte)
Je me suis mal exprimé.
Le livre à été vendu sur ebay par un particulier, pour 500 euros.
Acheté 500 euros donc par un libraire pro.
Revendu sur ebay par ce libraire, 2 semaines plus tard, pour 2500 euros.
Et invendu à ce jour. Un an plus tard. Charles
Donc c'est normal ! le particulier l’achète 500 sur ebay a multiplié par 2 soit vendu 1000 au libraire qui lui même met son coef soit 2000/2500, la seule chose étrange est pourquoi un particulier l’achète pour le revendre aussitôt ? c'est du commerce plus de la bibliophilie !…
100% certain qu'il ne s'agissait pas du même vendeur.
Vendu par un particulier (que j'ai contacté après la vente), acheté puis revendu par le libraire pro.
Charles
Pour votre livre érotique, êtes vous certain que ce n'est pas le même libraire qui l'a présenté aux enchères sur un compte, l'a ravalé le prix étant ridiculement bas et l'a remis à prix fixe raisonnable sur un autre compte. Car cela aussi est assez fréquent sur ebay, la vente à perte n'étant pas forcément judicieuse à long terme 😉
Sympathique portrait. Bravo Sébastien!
Un modèle que vous n'évoquez pas, qui est très présent chez certains libraires c'est le "j'achète sur ebay et je revends sur ebay".
Ca me surprend toujours, d'autant plus que dans certains cas, un x3 à X5 est pratiqué. (ce que je ne critique pas nécessairement, ils ont leurs charges).
Sur la question des prix élevés, j'aimerais vous livrer une réflexion Sébastien: pensez-vous qu'une logique de prix élevés soit viable à moyen terme dans un environnement où la concurrence amenée par internet tend à faire baisser les prix?
Ne pensez-vous pas qu'une logique de prix élevés induit le comportement que vous et vos collègues décriez souvent, à savoir donner l'habitude aux clients de négocier.
Pour revenir à l'exemple d'ebay cité ci-dessus: j'ai enchéri sur un ouvrage érotique qui s'est vendu 500 euros, il a été finalement acheté par un libraire qui l'a relisté 15 jours après dans sa boutique ebay à 2500 euros. Cela fait plus d'un an désormais. Le livre est toujours invendu.
Conclusion: pour moi le libraire est évidemment trop cher, et je l'ai rangé dans une case "ne plus lui acheter de livres", et surtout cela me conduit à me dire "je vais négocier ardemment pour chaque achat", marchander.
Pas dans une logique de "accro à la bonne affaire", comme vous le soulignez, mais tout simplement comme observateur du marché.
Charles.
P.S: j'aime votre idée qu'on achète du temps, mais j'y mets néanmoins un bémol. Paradoxalement il me semble le temps du bibliophile et du libraire avait plus de valeur dans un monde sans internet, où la recherche était compliquée. Aujourd'hui, chacun dispose presque des mêmes outils et s'il est bien organisé, avec les bonnes recherches automatiques, il gagne un temps fou.
Super idée JB, on commence par le votre. 🙂 Envoyez-le moi à blog.bibliophile@gmail.com
Hugued
Bonjour, hormis les portraits de libraires et/ou de collectionneurs (rubriques fort intéressantes cependant), ce serait super si on pouvait intégrer hebdomadairement une rubrique présentant un ouvrage rare (ou important) provenant des bibliothèques des lecteurs du site, avec photos et petit descriptif à l'appui (contenu, edition, reliure, acquisition…etc.). Il pourrait y avoir un thème chaque mois (litterature fantastique, livres du XVI e siecle, etc.) et un artcile par semaine redigé par un lecteur. Qu'en dites vous ? Bien à vous. JB
Bonsoir,
Beau portrait d'un libraire "contemporain" avec qui j'ai eu plaisir à échanger rapidement. Nous sommes au 21e siècle avec de fabuleux outils encore inconnus il y a simplement vingt ans. Il appartient aux libraires de les utiliser pour toucher le public élargi que mérite le livre ancien. Encore faut-il faire preuve d'imagination et proposer de nouveaux services aux clients ce que fait la librairie Les Portes sombres.
Pour ma part, je suis convaincue que sans un site internet, impossible de vendre à Tokyo ou à Los Angeles que sans Facebook impossible de communiquer rapidement. Mais les outils restent souvent froids et il faut probablement proposer un contenu susceptible d'attirer l'attention d'autres publics. Dans ce domaine, j'ai pris quelques leçons du côté de Tarascon avec l'ami Pierre qui savait ciseler autour de ses livres, un blog accessible et plein d'esprit. J'ai aussi poussé "l'audace" à imaginer que sur un thème choisi, on puisse faire correspondre des livres neufs avec des livres anciens. Je pense qu'une librairie physique n'est pas indispensable surtout lorsque ignorant cet univers, l'on appréhende d'y rentrer. Il y a sans doute des choses à faire dans ce domaine lorsque l'on dispose de la trésorerie nécessaire pour monter ce type de projet. C'est pourquoi comme mon confrère béarnais, j'ai choisi le vecteur du net en tentant de mettre de la chair autour de l'outil par le biais d'un blog et en assurant un service client de qualité comme il existe sur les sites internet. Et pour les rencontres avec les clients, ce sera en avril prochain au Grand Palais.
Bel article,
Internet est une formidable opportunité. C'est une ouverture sur le monde de la bibliophilie. Certes, à ce jour, cela dérange. Pourquoi ? Parce que des rentes sont détruites. Parce que des savoirs jalousement cachés y seront dévoilés. Certains y voient qu'une opportunité commerciale et pensent avoir trouvé le graal avec e-bay et consorts en cassant les prix. Ils s'épuiseront vite, si ce n'est déjà fait. Internet va faire rentrer la bibliophilie dans le XXI Siècle. Il va lui permettre de vivre, de se développer, de voir de nouveaux collectionneurs, de nouveaux libraires. Cela va être cette tour de Babel tant rêvée du livre rare. Certains y trouveront des trésors, d'autres en feront découvrir de nouveau. Mais enfin, ce monde va s'ouvrir.
Merci à tous je suis agréablement surpris par tous les gentils messages que je reçois, ça fait du bien. 🙂
Oui les libraires se plaignent souvent (je le fais itou), comme l'a dit Daniel on est souvent isolé et la tentation est grande de s'épancher sur une épaule confraternelle. Tout devient plus tragique quand il s'agit de sa propre survie.
Mais effectivement on ne fait pas de commerce avec de la morale ni de la pitié. Sinon nous ne ferions pas collectivement travailler des enfants à l'autre bout du monde pour satisfaire nos appétits de consommateur (je ne pointe personne du doigt on est tous coupable). Et nous devrions prendre garde de ne pas montrer que ce visage défaitiste à nos clients. Encore une fois nous devons travailler sur le désir.
Sur les prix, il y a encore quelques semaines j'étais le tenant d'une stratégie low-cost, réduire mes marges à peau de chagrin et avoir une rotation rapide de stock. Mais après moultes discussions sur facebook (dont ce portrait est finalement le résumé) mes contradicteurs ayant été persuasifs, il m'est apparu que 1/concrètement ça ne fonctionne pas, C.A. à l'appui parce que d'autres pratiqueront des prix toujours plus bas 2/à ce jeu on détruit collectivement la valeur du livre ancien (y compris la valeur de la propre collection des accrocs aux bonnes affaires) 3/cela détruit la valeur ajoutée du métier de libraire et les grosses structures qui achètent sur palette gagneront toujours).
Si vous achetez un prix, le libraire n'a aucun intérêt pour vous. Mais si vous achetez du temps de recherche, de sélection, de proposition alors vous trouverez votre compte chez nous. De la même manière que vous pourriez faire votre pain, pousser vos légumes, monter votre ordinateur, démonter un robinet etc…il y a pleins de domaines où l'on délègue un savoir-faire que l'on pourrait facilement acquérir parce qu'on juge son temps plus précieux que l'argent qu'on n'y met. D'ailleurs c'est à ça que sert l'argent, acheter le temps des autres, son propre temps étant la seule ressource toujours en débit!
Le prix n'est pas un sujet, il n'est que la balance entre le désir que ce livre vous inspire et le temps que vous mettriez à le trouver moins cher.
Rapidement pour les sources au fin fond du Béarn, elles sont les mêmes que pour tous. Quand on est libraire il y a des livres qui viennent à vous tout seul mais sinon ce n'est que du temps passé à scruter tout ce qui est en vente…Je peux vous dire par contre que je n'ai plus acheté en salle de vente depuis février 2012 (question d'être cohérent entre ce que l'on pense et ce que l'on fait).
A propos des enchères sur notre site (limitées à 1 par semaine), c'est un mode d'achat qui semble plaire, pourquoi donc les laisser aux plus mauvais acteurs du marché ?
Sébastien
Bon finalement on est en phase, au libraire de s'adapter au marché et à ses évolutions. Mais attention, on a connu dans d'autres domaines des changements qui ont entraîné la disparition totale du mode historique de distribution et de ses opérateurs au profit de nouveaux interlocuteurs, qui vendra les beaux livres anciens dans dix ans, nous verrons…
Daniel B.
En réalité Daniel, c'est tout le contraire, mais je crois que la tension du marché ou la pression qui semble s'exercer sur certains libraires les amènent à se tromper "d'ennemi". Sans bibliophiles pas de libraires, et comme le dit justement Calamar, on ne peut demander aux bibliophiles de se contenter d'acheter en librairie.
Dans un marché, c'est toujours au fournisseur de s'adapter au client, pas l'inverse.
Moïse
Cher Moïse, j'ai l'impression que les flots du Nil vous ont déjà porté bien loin des échoppes virtuelles ou réelles des libraires…Un commerçant qui n'aimerait pas ses clients, ce serait un comble. Souvent les clients téléphonent en s'excusant de déranger, c'est drôle, le jour ou un client me dérangera, effectivement je changerai de métier ! En tous cas pour moi, comme pour de nombreux libraires qui avons été bibliophiles avant d'être libraires, ce serait bien schizophrénique…Nous aimons nos clients bibliophiles et ils nous le rendent bien, par des échanges cordiaux et conviviaux. Chez la plupart des libraires, la porte est toujours ouverte sur RV à qui veut venir voir les livres et les toucher. Le marché a simplement plus évolué en 15 ans que dans les 200 années précédentes, ouvrant les champs des possibles, mais savonnant aussi la planche de ceux qui ne sauront pas s'adapter. Heureusement que certains libraires se posent des questions, pour garder un peu de maîtrise et de visibilité sur leur avenir.
Daniel B.
Bravo Sébastien!
Votre enthousiasme est agréable. Je me posais une question: où achète-t-on ses livres quand on ets libraire en Béarn?
Merci Hugues pour ce très beau portrait.
Sébastien offre une visi
on positive de notre métier qui comme beaucoup d'autres évolue. Doit-on toujours regretter le passé….
Au grand Palais l'an dernier il n'y avait pas que des nonagénaires !
L'analyse de Sébastien sur l'évolution des modes de ventes est très constructive.
Très belles fêtes à vous toutes et tous
Emmanuel
AuxvieuxlivresdeGustave
Très beau et très sympathique portrait! Votre initiative d'enchères est étonnante, mais elle est intéressante.
Je vous souhaite le meilleur cher Sébastien!
Benoît.
En fait je ne parlais pas des "vieux" libraires. Ce sont les jeunes, enfin certains qui se plaignent le plus. Les bibliophiles sont radins, les bibliophiles ont disparu, les bibliophiles achètent en SVV ou à l'étranger.
Je me demande si la fracture n'est pas en grande partie liée à cela.
Avec le recul, je me rends compte qu'aujourd'hui les libraires n'aiment plus les bibliophiles, ils font avec.
Moïse
beau portrait, effectivement – même si le thème choisi ne correspond pas à mes goûts personnels.
Concernant les discussions sur les prix, les circuits, les concurrences déloyales (ou non) – je voudrais présenter mes excuses – c'est promis, si je vois un livre qui m'intéresse, à pas cher sur eBay ou en svv, je ne l'achèterai pas – je préviendrai plutôt mon libraire préféré, par télégramme. Et si je trouve le même livre, dans le même état, cinq fois plus cher sur le site d'un marchand, je mettrai ce marchand dans mes favoris – il est vrai qu'il aura bien besoin de mes achats.
D'ailleurs dès pas plus tard que maintenant, je ne regarde plus que les sites des marchands, à l'exclusion de tous autres circuits – qui sont naturellement réservés aux professionnels.
Merci pour ce beau portrait qui bien que lucide reste positif, il y a évidemment beaucoup à faire pour vendre de nos jours du livre ancien, et c'est heureux que de jeunes libraires apportent leurs idées nouvelles. Pour le bibliophile qui s'étonne des échanges entre libraires sur les réseaux, c'est sans doute lié au nouveau mode de commercialisation des livres qui entraîne l'isolement de chacun, un libraire qui n'a pas de boutique peut passer maintenant une semaine entre ses piles de livres, son appareil photo et son clavier et ne voir personne, il échange donc avec ses collègues. Mais vous avez raison sur un point, si c'est public cela devrait rester positif, si le débat est perçu de manière négative, c'est sans doute involontaire et il devrait rester privé. Le libraire n'en reste pas moins français, donc un peu râleur sans doute, et comme en général, il essaie d'analyser ce qui ne va pas et non ce qui va bien, cela donne peut être cette impression négative !…C'est pourtant un métier passionnant.
Un libraire à peine moins jeune, enfin j'espère 😉
Daniel B.
Ne vous inquiétez pas cher bibliophile… libraire également, plutôt jeune (pour un libraire s'entend !), je me sens parfaitement à l'unisson de Sébastien et je connais au moins quelques confrères qui ont la même fibre…
Les livres anciens susciteront toujours des enthousiasmes, des envies de bien faire, de communiquer, d'échanger…
Je n'imagine d'ailleurs pas faire ce métier (comme tous les métiers de l'ancien) sans un peu de juvénilité et de bonne humeur !
Après, les vieux barbons et autres mandarins continueront à maugréer dans leur coin… Fi !
Très beau portrait, merci. Les spécialités des Portes Sombres étant ce qu'elles sont, il est peu probable que nos chemins se croisent, et c'est dommage, j'aurais eu plaisir à vous acheter des ouvrages.
Ce qui me marque dans votre portrait, c'est que vous êtes positif, et cela en soi vous distingue de beaucoup de vos confrères, surtout provinciaux, les libraires parisiens étant soit plus discrets, soit moins inquiets, ou alors moins lucides. En effet, il ne se passe pas un jour sans que beaucoup de libraires provinciaux ne s'épanchent ici ou là, et principalement sur les réseaux sociaux: les bibliophiles sont absents, les bibliophiles sont radins, la poste c'est trop cher, ebay c'est le mal, etc, etc.
Si bien qu'on a vraiment envie de leur conseiller d'abréger leurs souffrances et de changer de métier. L'effet sur moi est en tout cas immédiat et finalement assez cruel: les libraires qui se plaignent tout le temps me fatiguent, et je m'éloigne d'eux, au bénéfice d'autres, pas toujours plus jeunes, mais plus positifs.
Ce qui est cocasse, c'est que les prix pratiqués par ces libraires déprimés et déprimants sont souvent inversement à leur joie de vivre. On les contemple avec stupeur, sur les réseaux sociaux, dans leur entre-soi (alors que c'est au vu et au su de tous), se plaindre sans cesse des bibliophiles, ou d'autre chose. Finalement, on se demande si pour eux, le bon bibliophile n'est pas le bibliophile mort, dont on peut acquérir la bibliothèque et la revendre aux confrères, qui eux mêmes la revendront à d'autres.
Ah, le bibliophile, empêcheur de tourner en rond, qui, rendez-vous compte, essaie de faire des affaires, et négocie!
Bref, vous ne me semblez pas être fait de ce triste bois et vos Banzaï me laissent à penser que tout n'est pas perdu pour les libraires français, face aux béhémoths que sont les SVVs et autres sites internet type ebay.
Il faudrait, un jour, qu'un libraire prenne quelques minutes pour écrire les dix commandements de la profession (pas ceux du SLAM, entendons nous bien), les tables de la loi sur lesquelles je rêve de voir figurer, en haut de la liste: le bibliophile tu respecteras, joie de vivre pour donner envie tu cultiveras, point sans cesse ne te plaindras, etc…
Mais je rêve sans doute, le fossés entre les trois acteurs, bibliophiles, SVVs et libraires me semble difficile à combler.
Cher Sébastien, continuez ainsi, votre dynamisme et le plaisir évident que vous prenez à faire avancer le schmilblick me redonnent envie de franchir la porte d'une librairie. Pour peu que le libraire (re)veuille de moi!
Moïse, un demi-siècle de bibliophilie derrière lui.
Tiens tiens, en parlant de S.V.V. ; j'apprends aujourd'hui que "The Romantic Agony" et "Henri Godts" fusionnent, formant ainsi désormais un gros acteur du Bénélux en matière de vente de livres & autographes…
B.
Beau portrait d'un très intéressant libraire qui pointe bien les évolutions du marché et de ses pratiques avec ses risques et ses opportunités. Mes achats se font à 95% sur internet, que ce soit auprès de libraires, en ventes publiques ou sur ebay (mais ce sont souvent aussi des libraires) et se sont largement internationalisées : essentiellement en France bien-sûr, mais aussi souvent en Allemagne et aux Etats-Unis. Cette migration vers des formes moins traditionnelles de librairies me semble inévitable même si cette dématérialisation se fait hélas au détriment du contact humain (avec le vendeur) et physique (avec l'ouvrage avant l'achat).