Amis Bibliophiles bonjour,
Je vis des moments difficiles sur le plan personnel depuis quelques mois et je n’ai hélas pas l’énergie ou la ressource nécessaires pour m’occuper mieux de bibliophilie.com et publier plus souvent des articles.
J’aimerais vous dire que je vais reprendre un rythme plus soutenu, ne serait-ce que parce que cela signifierait que je vais mieux… nous verrons…
Merci à Christian, qui a eu la gentillesse de m’envoyer un article, que je publie ici en son nom:
Dans la hiérarchie des reliures, sujet toujours discuté, on trouve sur le podium les reliures en maroquin, le plus souvent rouge, quelquefois mosaïqué ; les vélins anciens sont également recherchés. Les chagrins et basanes ont moins de prestige ; sans parler des demi-reliures – les cartonnages constituant une catégorie à part.
En pratique, le maroquin domine largement le concours, aidé par la pratique courante au XIXe siècle, de faire re-relier les livres, le plus souvent en maroquin. Mais certains autres types de reliure sont particulièrement plaisants, à mon avis du moins.
Voici quelques exemples d’un de ces types : la reliure en veau blond glacé. On parle de veau glacé, quand le cuir est lissé, de façon à briller ; et on le qualifie de « blond » ou de « fauve » dans certains cas.
Ces reliures sont semblables par la matière, la couleur, et la décoration : dans tous ces exemples les plats sont ornés d’un triple filet doré.
Les dos sont différents, traduisant plus la date de leur réalisation, qui va de 1780 à 1835 environ.
Certaines de ces reliures sont signées : REL. . BOZERIAN JEUNE, Koehler.
Une troisième est signée R.P. Ginain.
François Bozérian, dit Bozérian le Jeune, est né en 1765 à Briord (Ain) ; il a été actif de 1801 à 1818 environ. François Koehler, élève de Thouvenin, commence son activité en 1834. Ginain est actif entre 1821 et 1847.
Ces livres ont donc un point commun visible : leur reliure.
Les livres réunis ici sont les suivants :
Galatée, roman pastoral, imité de Cervantes, par M de Florian, quatrième édition, à Paris, de l’imprimerie de Didot l’aîné, 1785.
la page de titre montre la marque typographique de François Ambroise Didot (1730-1804), dit Didot l’Aîné, fils (aîné, donc) de François Didot.
Le livre se vend chez Didot l’Aîné, rue Pavée S. André et De Bure, quai des Augustins. Guillaume de Bure est le beau-frère de François-Ambroise.
Œuvres de Boileau Despreaux, à Paris, de l’imprimerie et de la fonderie de P. Didot l’aîné, 1815, trois tomes in-8°, relié par Bozérian Jeune.
P Didot l’aîné, c’est Pierre Didot (1751, 1853), dont on voit la marque typographique, fils (aîné, donc) de François-Ambroise, qui s’est retiré des affaires en 1789 et a confié l’entreprise à ses deux fils Pierre et Firmin.
Le livre fait partie de la Collection des meilleurs Ouvrages de la langue Françoise, dédiée aux amateurs de l’art typographique, ou d’éditions soignées et correctes, chez P. Didot l’aîné, ci-devant au Louvre, présentement rue du Pont de Lodi. Bonaparte avait accordé la Galerie du Louvre à Pierre Didot, qui y avait créé les fameuses Éditions du Louvre. Cet exemplaire est sur papier fin ; il existe d’autres qualités de papier pour ces éditions.
Les Provinciales, ou lettres de Louis de Montalte, par Blaise Pascal, à Paris, de l’imprimerie de P. Didot l’aîné, imprimeur du Roi et de la Chambre des Pairs, 1816, deux tomes in-8°, reliure non signée.
L’année suivante, la page de titre de cette collection affiche une mention supplémentaire, nouveau témoignage de la faveur dont continuent à jouir les Didot.
Cet exemplaire est sur papier vélin, de meilleurs qualité. Il existe un troisième papier : le papier ordinaire. Ce livre était vendu 9 francs en papier ordinaire, 15 francs sur papier fin et 30 francs sur papier vélin.
Œuvres choisies de Quinault, à Paris, de l’imprimerie de P. Didot l’aîné, chevalier de l’Ordre Royal de Saint-Michel, Imprimeur du Roi, 1822, deux tomes in-12, reliure signée par Koehler.
La faveur de Pierre Didot ne se dément pas dans les années suivantes. Ce livre ne fait pas partie d’une Collection, contrairement à beaucoup de production des Didot.
Relation des Campagnes de Rocroi et de Fribourg, par Henri de Bessé, sieur de la Chapelle-Milon. Paris, N.Delangle, éditeur,rue du Battoir, numéro XIX, 1826. Relié avec : Œuvres choisies de Sarrazin, même éditeur, même date. Un volume in-16, relié par Ginain.
Ces deux livres font partie de la Collection des Petits Classiques François, dite aussi Collection de la Duchesse de Berry, à qui elle est dédicacée. Elle est imprimée à 500 exemplaires aux frais et par les soins de Charles Nodier et N. Delangle avec les caractères de Jules Didot Aîné.
La page en regard porte la mention suivante : Imprimerie de Jules Didot Aîné, imprimeur du Roi, Rue du Pont-de-Lodi, n° 6.
Jules Didot (1794-1871) est le fils (aîné bien sûr) de Pierre Didot ; il est associé dès 1820 aux affaires paternelles, comme l’indique la page de titre du Siècle de Louis XIV, de Voltaire, édité en 1820 par Pierre Didot, l’Aîné, chevalier de l’ordre royal de Saint-Michel, imprimeur du Roi et de la Chambre des Paires, et Jules Didot fils, chevalier de la légion d’honneur (Nb : cet exemplaire, relié en veau raciné et non pas en veau blond glacé, n’avait pas sa place ici) – Jules succède à son père en 1822 mais « conduit ses affaires de manière désordonnée et sombre dans la déraison en 1838 » (André Jammes). Cette branche de la dynastie Didot s’éteint avec Jules ; la relève passe par Firmin, le frère de Pierre, et ses descendants qui prendront le nom de Firmin-Didot.
Des éditions Didot reliées en plein veau blond glacé sur cinquante années, que demander de plus ?
Calamar
Je vous souhaite bon courage dans les épreuves et vous remercie pour toute l’énergie que vous consacrez à la communauté bibliophile !
Et merci à vous Calamar, c’est toujours un plaisir de vous lire, même avec une paire de coquilles …
hum… en me relisant, je trouve, outre les inévitables fautes d’inattention, une magnifique coquille, qui devrait vous donner envie de lire cet article jusqu’au bout 🙂
Bon courage Hugues
Je te souhaite bon courage Hugues…
Amitiés
Philippe K.
merci à toi Hugues, et courage, les beaux jours reviendront !