« Liquidité: modérée / Risque: élevé / Gains potentiels: limités »… quand Les Echos déconseillent d’investir dans les livres anciens

Amis Bibliophiles bonsoir,
« Liquidité: modéréeRisque: élevéGains potentiels: limités »
Ces trois lignes concluent un article du site du journal Les Echos consacré aux livres anciens et aux manuscrits: « Les livres et manuscrits parlent à l’âme plutôt qu’au portefeuille ». Je dois avouer que pour une fois, la lecture d’un article économique consacré aux livres anciens m’a réjoui. Enfin, dès le titre, je me reconnais dans l’analyse qui va être faite. 
Et vous, vous la voyez comme ça, votre bibliothèque?L’article de Pierrick Fay est très juste selon moi. Il y rappelle que la majorité des livres considérés comme précieux pas le SLAM ne dépassent pas 800 euros, mais aussi et surtout que chaque ouvrage étant unique, il n’existe pas de cote. 
On y retrouve également quelques fondamentaux de la bibliophilie »intelligente »: privilégier un domaine particulier pour donner une cohérence à l’ensemble de la bibliothèque (un point que je trouve personnellement contestable, tant la notion de cohérence est subjective – et j’ai du mal avec les bibliothèques monomaniaques, ça m’ennuie), privilégier les éditions originales, si possible ne pas acheter sans avoir vu, ne pas oublier que la condition et l’état de conservation sont clefs. Et surtout, ne pas oublier que le prix et la valeur sont également des notions très relatives.
On croise souvent des amateurs (ou des professionnels d’ailleurs) qui mésestiment la valeur d’un ouvrage, parce qu’ils ont découvert au fil de recherches sur internet qu’un ouvrage ayant le même titre valait une petite fortune. Il reste très difficile de comparer deux ouvrages, et en général lorsqu’on y parvient, toutes choses étant égales par ailleurs, c’est que les deux ouvrages sont banals.
Je me réjouis en tout cas de retrouver dans l’article de Pierrick Fay cette vérité, que l’on devrait graver sur le fronton de bien des bibliothèques: la bibliophilie n’est pas un placement financier, mais une passion.
Les plus values y sont très aléatoires, les modes impactent significativement les prix, et le marché est rythmé par des coups de balancier pouvant l’amener dans une direction comme dans l’autre: arrivée de nouveaux investisseurs, dépense déraisonnable d’un spéculateur controversé, effet d’internet, de ses moteurs de recherches ou d’ebay, dynamisme des sociétés de ventes aux enchères, sans parler de l’effet démographique; l’âge moyen des bibliophiles étant ce qu’il est, on peut espérer une arrivée massive de livres en vente dans les vingt années à venir.
A noter que dans un autre article, sur le même site,et paru la même semaine, les journalistes rappellent que:
« La rentabilité n’est d’ailleurs pas la priorité. La plupart de ces placements ne génèrent pas de revenus et la plus-value est souvent aléatoire. Les spécialistes des banques privées, comme les experts indépendants, recommandent de ne pas y allouer plus de 5 à 10 % de ses actifs. Il ne faut pas escompter un éventuel retour sur investissement avant cinq à dix ans.« De façon générale, avertit Antoinette Leonardi, responsable du conseil en art de BNP Paribas Wealth Management, les placements en art sont peu liquides. Une détention de dix ans est souvent recommandée. C’est assez comparable à l’immobilier, il y a des cycles. Face à une urgence de vendre, ces placements nécessiteront néanmoins un certain délai pour être bien vendus. »L’espoir de concrétiser des plus-values tient rarement à un coup de chance mais plutôt à un travail à la fois raisonné et judicieux de constitution d’un patrimoine dans le temps. Acheter par coup de coeur, émotion et plaisir ne doit pas rendre aveugle. « C’est un placement plaisir, mais c’est surtout un placement risqué et même le plus risqué sur l’échelle des placements », avertit Anthony Calci, de Calci Patrimoine. « Pour que je conseille à un client d’y aller, il faut qu’il soit convaincu par le produit et par le fait qu’il peut perdre 50 %. » Pour les investisseurs peu expérimentés, l’achat est semé de chausse-trappes. « 
Beaucoup de facteurs de risque donc, pour des gains potentiels limités. 
Investisseurs, spéculateurs, courage, fuyez… et répétez vous comme un mantra: « Liquidité: modérée / Risque: élevé / Gains potentiels: limités ».
Ca va mieux en le disant.
H
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/medias/actu/0203192896574-les-livres-et-manuscrits-parlent-a-l-ame-plutot-qu-au-portefeuille-638685.php
et
http://patrimoine.lesechos.fr/patrimoine/banque/actu/0203189808703-investir-au-gre-de-ses-passions-638663.php

7 Commentaires

  1. Hello Wolfi,

    Je vous trouve bien dur. Un bouquin, c'est quand même issu d'un process de fabrication de serie. Que ce soit fait à la main, amoureusement ou pas.

    Par contre, pour m'être intéressé (1heure) aux eventails du XVIII : c'est super cher ! Un eventail de Marie Antoinette coute facilement le prix d'un de ses beaux maroquin, voire plus encore.

    yohann

  2. Bravo Wolfi,

    A la frontière de la bibliophilie, j'ai eu la possibilité dernièrement de prendre en dépôt vente une bibliothèque de Hetzel d'une personne âgée de 80 ans pas bibliophile mais simple amateur de Hetzel et son constat me semble très sain. Il les avait achetés tous en librairie spécialisée entre 800 et 5000 f d'il y a quelques années, il s'est fait plaisir avec toute sa vie, il les revend au prix d'achat parfois un peu moins les dos s'étant insolés. Il considère cela comme un gain, car il a eu d'agréables et fidèles compagnons tout au long de sa vie et il retrouve à peu près sa mise. Quel autre loisir vous remplit de bonheur pendant de nombreuses années, pour pas un sou ??? Alors faites-vous plaisir avec des livres anciens ou moins anciens.

    Quant au commentaire anonyme sur le livre ancien produit industriel, cela fait rire, rappelons que le livre ancien c'est avant 1800, que chaque feuille était faite à la main dans un moulin, que les pages étaient imprimées une à une, après avoir été composées par le typo, chaque reliure même modeste était unique et artisanale…

    Bonnes fêtes de fin dannée, avec de beaux livres

    Daniel B.

  3. Cher Anonyme,

    c'est saisissant de sortir de telles âneries!
    Je pense que vous n'avez aucune idée de ce qu'est la bibliophilie!
    Plutôt que de vous opposer des arguments afin de vous convaincre que le livre n'est pas seulement un objet, je préfère vous encourager à acheter des bourdaloues et autre pot d'aisance issus des meilleurs ateliers!
    N'oublions pas que la bibliophilie n'est pas un investissement avec des profits automatiques : c'est avant tout une affaire de passion!
    Et personnellement, je considère toujours que je fais une bonne affaire en achetant à un prix intéressant, plutôt que quand je revends en réalisant un profit important.

    Bonnes fêtes à tous!
    sauf Anonyme 🙂

    Wolfi

  4. Il est vrai qu'objectivement le livre ancien paraît cher. Quand il n'est pas doté d'une reliure décorée, le livre imprimé n'est que le résultat d'un processus industriel. Pour le même prix il est possible d'acquérir d'authentiques oeuvres d'art ou d'artisanat (éventails du XVIIIème siècle, Okimono du XIXème, …).

  5. Le postulat me semble correct dans la conjoncture actuelle :"Liquidité: modérée / Risque: élevé / Gains potentiels: limités".

    Par contre je me demandais si, à contrario, il existait encore des investissements à liquidités forte, à risque modéré et aux gains potentiels élevés ? Pierre

  6. Ouf, on est rassuré ! Si c'est un placement risqué, cela signifie que le potentiel de gain est important, il est bien connu que ce n'est pas à la Caisse d'Epargne qu'on fait d'énormes plus-values. 🙂
    Par ailleurs rien n'interdit de se couvrir à terme et d'acheter un put Polyphile pour un call Uzanne, par exemple …
    Textor

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