Bibliopégimanie extrême, plaisir coupable et grand frisson: offrez-vous un recueil de criminologie relié en peau humaine, avec le tatouage de l’assassin

Amis Bibliophiles bonsoir,
Des reliures en peau humaine apparaissent régulièrement en salles des ventes (plus curieusement d’ailleurs, beaucoup moins dans les catalogues, comme si elles disparaissaient « sous le manteau » vers des bibliothèques d’amateurs de curiosités), on croise en général deux types d’ouvrages, soit des ouvrages de la période romantique, soit des ouvrages de médecine (j’avais eu l’occasion d’en parler ici: http://bibliophilie.blogspot.fr/2012/07/connaissance-de-la-reliure-les-reliures.html).


Plus rares sont les peaux tatouées proposées sur le marché. Les plus célèbres sont déjà conservées dans les grandes bibliothèques publiques, dont la BNF. 
Le lot 237 de la vente Pierre Bergé du 16 mai 2014 est donc intéressant à plus d’un titre: reliure en peau humaine sur un recueil de criminologie, tatouée et surtout provenant du criminel dont il est question dans le recueil. On ajoute que la reliure a été réalisée par un relieur connu et respecté, le relieur lyonnais Albert Guétant.
Voici la description du catalogue:
237 – [CRIME]. RAMBERT (Louis-Marius, 1903-1934) assassin10 000 – 12 000 €
Recueil d’une trentaine de documents, Lyon 1931-1934; montés dans un volume in-4 (env. 65 pages formats divers), reliure basane fauve à cadres teintés et caissons avec insertions de peau humaine tatouée dans les plats et contreplats (Albert Guétant, Lyon). 
Extraordinaire recueil de documents concernant les assassins Rambert et Mailly, et les tatouages de criminels, réunis par le docteur Jean Lacassagne, dans une étonnante reliure faite avec la peau de Rambert. 
Le double assassinat, à Écully (Rhône) dans la nuit du 22 au 23 octobre 1930, du chimiste Henri-Odolis Bergeron et de sa tante octogénaire Mlle Péan, à coups de marteau, est un cambriolage qui a mal tourné, oeuvre de deux récidivistes déjà condamnés pour vols et cambriolages: Louis- Marius Rambert (1903-1934) et Gustave Mailly (1903-?). Condamnés à mort par la Cour d’Assises du Rhône le 28 octobre 132, ils seront graciés et la peine commuée en travaux forcés à perpétuité le 16 mars 1933; Rambert mourra de tuberculose à la prison Saint-Joseph de Lyon le 25 janvier 1934, après avoir rédigé ses mémoires et les avoir confiés au docteur Jean Lacassagne (1886-1960), qui l’avait soigné, et à qui il lègue également sa peau. Jean Lacassagne a publié notamment une étude sur les Tatouages du « Milieu » (Albums du Crocodile, 1934). 3 photographies de Rambert au moment de son arrestation, couvert de tatouages: nu, en pied, de face; en buste, de face; accroupi, montrant le torse, les bras et les pieds.4 photographies des fiches signalétique et anthropométrique de Rambert (photographies de face et profil, empreintes digitales, description précise des tatouages, mensurations). 10 coupures de presse sur la découverte du crime, le procès, l’attente de la grâce ou la mort, le décès de Rambert. Feuille de température de Rambert (novembre-décembre 1932, Prison Saint-Paul). Facture et lettre d’envoi de la Compagnie générale des Pompes funèbres de Lyon pour le transport du corps de Rambert de la Prison St Joseph à l’Institut Médico-Légal, à la charge du Professeur Lacassagne. Testament autographe signé de Rambert, Prison St Paul 12 juin 1932 (1 p. in-8): « sentant très bien que je ne veut pas faire de vieux os je tiendrai, une fois mort à ce que mon corp fût donner à la faculté de médecine (Institut médico-légal) et ma peau pour les tatouages à vous seul M. le docteur Lacassagne ». 
Manuscrit a.s. du Dr Jean Lacassagne, Rambert en prison, 25 janvier 1934 ‘mort de Rambert (8 p. in-fol.), relatant dans le détail ses relations avec Rambert depuis son incarcération et l’évolution de sa maladie, jusqu’à son décès. 5 manuscrits autographes de Rambert. – Mémoires de Rambert (6 p. in-4), où il raconte sa jeunesse, depuis sa naissance à Vichy, l’orphelinat, les débuts de la délinquance, le milieu, ses crimes, et conclut: « si ma vie était à refaire je préférer aller travailler que de fréquenter; car les ouvriers que nous prenont pour des caves, pour moi se sont des affranchie et les caves ce sont nous car nous sommes dedans »). – Narration du crime par Rambert (8 p. in-4), relation détaillée, se terminant ainsi: « à Mailly et à moi on devrait nous couper la tête à tous les deux. Là se serait la vraie justice, mais je voudrais que Mailly passe le premier, pour voir tomber ses larmes ». – Arrestation de Rambert, racontée par lui-même (5 p. in-4). Les Souteneurs, par Rambert (4 p. in-4), avec d’intéressants détails sur le métier de souteneur, et le milieu de la prostitution à Lyon. – Technique du tatouage par Rambert (1 p. in-4, 16 janvier 1932, dix jours avant sa mort), racontant les techniques de tatouage, notamment comment on fabrique de l’encre rouge en broyant des briques). Dessin représentant L’assassinat d’Écully, signé et daté par le détenu Guillot, Lyon St Paul 8 mars 1932 (24,5 x 33 cm). Manuscrit autographe signé de Gustave Mailly, Mémoire et impression au assise, Prison St Paul 22 mars 1933 (cahier de 16 p. in-4), dédié au docteur Lacassagne, racontant sa vie difficile, sa rencontre avec Rambert, le crime d’Écully, son arrestation, son procès… – Testament autographe signé de Gustave Mailly, Lyon 1er octobre 1932 (1 p. in-8), léguant son corps au laboratoire d’anatomie pathologique.- Photographie de Mailly en convalescence à Fourvière (1921-1922). 


Dans sa reliure, Le relieur lyonnais Albert Guétant a inséré six morceaux de la peau tatouée de Rambert. Sur le plat sup., la poitrine, avec ses poils et le téton gauche, et les tatouages: un papillon avec les inscriptions Mon Droit. Barcat. puis Victime Col Bleu au-dessus d’un combat entre un aigle et un dragon. Au contreplat, deux fragments bras gauche: tête de femme, un marin avec l’inscription Allez-y, Moi j’en viens, croissant de lune et étoile, tête de clown, une fleur [pensée] inscrite Ma femme… Au contreplat inférieur, deux fragments du bras droit: étoile inscrite du malheur, et tête de femme avec chapeau; tête d’apache avec casquette et foulard. Au plat inf., l’avant-bras droit: une femme dans un fer à cheval, étoile inscrite d’amour, serpent enroulé sur un baton… (petites éraflures et usures à la reliure).
Un lot particulièrement désirable donc, au moment où plus que jamais, en bibliophilie, les exemplaires uniques sont recherchés. Ici l’exemplaire est parfait si l’on peut dire: traçabilité attestée (par des photographies, difficile de faire mieux), provenance intéressante (Jean Lacassagne, dermato-vénérologue et historien de la médecine français, est aussi le fils du célèbre Alexandre Lacassagne, l’un des fondateurs de l’anthropologie criminelle), et probablement grande maîtrise technique dans la mesure où la reliure est signée Guétant.
Avec évidemment les petites choses en plus: le dragon tatoué, l’odeur de souffre qui entoure le crime perpétré par Rambert; seul petit bémol à mes yeux peut-être, les poils, pas pratique, peu hygiénique.
Le 16 mai, c’est mon anniversaire.
H

12 Commentaires

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  3. Je ne suis pas d'accord: l'exemplaire parfait de cet ouvrage devrait présenter une reliure dos-à-dos des deux assassins.

    Olivier

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