Les Loueurs de Livres des 17 et 18ème siècles

Loué soit le Livre, comme je le dis souvent les nuits de pleine lune, quand la maisonnée est endormie, en sacrifiant un jeune poulet et en répandant le sang sur quelque reliure.. Oui! Loué soit le livre! Aré Aré Brunet! Gloire à toi Lortic! etc. etc.

Mais que le livre fût à louer? Quoi? qu’ouis-je?


Et oui, saviez-vous que parmi les différents modes de distribution des livres au 17ème et 18ème siècles, il en est un qui a pour ainsi dire disparu, à savoir la location de livres.

En fait, vous connaissez sans doute l’achat de livre, tel qu’il perdure encore aujourd’hui, voire les souscriptions, qui existent encore d’ailleurs. Peut-être avez-vous entendu parler des cabinets de lecture, sortes de clubs ou de sociétés de lecteurs, mais saviez-vous que l’on pouvait louer les livres?

En fait, si les cabinets de lecture, le plus souvent associés à des libraires proposaient un accès aux livres à une clientèle souvent aisée et qui payait un abonnement, tous les lecteurs ne pouvaient s’offrir ce luxe.

Ainsi, dès la deuxième moitié du 17ème, on trouva à Paris des libraires qui se mirent à louer des livres. A l’origine, le fonctionnement est plus cocasse qu’il n’y paraît. En effet, il semble que le loueur mettait ces livres en location devant sa librairie et les louait pour un temps très court, à savoir celui de la lecture, qui se faisait devant l’officine. On notera même quelques cas où le passant loue la possibilité d’écouter un lecteur lire un libelle, une gazette ou un autre type d’écrit.

Au 18ème siècle, le système évoluera vers les livres classiques qui sont alors loués pour la journée, voire moins. Et comme il est impossible de lire un ouvrage en une journée, certains libraires n’hésiteront pas à découper un ouvrage en plusieurs parties, pour pouvoir accélérer sa rotation et multiplier le nombre de clients pouvant le lire en même temps, en tout cas pour les ouvrages les plus demandés.
La location se pratique alors carrément à l’heure! Mercier évoque cette pratique dans son tableau de Paris, et notamment la Nouvelle Héloïse, qui fût soumise à pareil démembrement pour satisfaire la demande des nombreux lecteurs. Il indique d’ailleurs que c’est un bon moyen de se rendre compte du succès que remporte un livre. On croise parfois des annotations manuscrites ou des étiquettes sur des ouvrages du 18ème, du type « chez X, loueur de livres à Paris, Quai des Augustins ». On croise également un loueur de livres dans Madame Bovary.
Finalement, j’aime assez cette idée, imaginez des lecteurs assidus et complètement captivés par leur lecture qui viennent louer un chapitre ou deux à l’heure, dans une atmosphère un peu fébrile!
Sans parler du fait que cela a permis de mettre la lecture à la portée des moins nantis. A ça ira, ça ira, ça ira, etc!
(Dernier détail amusant au moment où je mets « sous presse », il semblerait que Google travaille actuellement à un projet de location de livres)
H
P.S. : je précise que malgré les incantations de l’introduction, « aucun poulet n’a été sacrifié ou maltraité lors de ce tournage »/écrivage de message.
Images : un colporteur, autre mode de distribution du livre sous l’Ancien Régime, et un petit Molière aux Armes avec des coeurs, de 1749, appartenant à votre serviteur.

5 Commentaires

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  2. Il y a aussi parmi ces anciens loueurs de grandes firmes d’édition actuelles. Je n’ai plus les noms en tête, mais si un jour j’ai l’occasion de les retrouver, je vous en parlerai.

  3. bonsoir

    je connais un bouquiniste qui me pretent des livres, et si ça me plait, j’achète. Il sait que j’aime avoir un livre que j’ai lu et qui me plait, donc pas besoin de louer

  4. Il me semble que les descendants les plus directs de ces loueurs de livres sont les bouquinistes des marchés, non ?

    TE

  5. bonsoir,
    j’en ai connu, une librairie qui louait des livres; ça m’a permis de me mettre a apprécier la lecture dans les années 1970.
    la boutique était située prés du port de dunkerque.
    Le comble du bonheur c’est qu’il était possible d’acheter le livre si il avait plu.
    Il y a bien longtemps que je n’ai plus croisé ce genre de boutique

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