Un livre très particulier: Notice historique sur l’instruction des jeunes aveugles, par Sébastien Guillié (1819)

Amis Bibliophiles bonjour,

J’aimerais vous présenter aujourd’hui un ouvrage très particulier, Notice historique sur l’instruction des jeunes aveugles, par Sébastien Guillié (1819).

Ce livre très étonnant est imprimé avec des lettres en relief, et sans encre, blanc sur blanc.

Voici sa description bibliographique:

Notice historique sur l’instruction des jeunes aveugles.
Sébastien Guillée (1780-1865).
Paris: « Imprimé par les Jeunes Aveugles, » 1819.
4to, pp. 53. 271 x 212 mm
Exemplaire aux armes de Louis-Henri-Joseph, Duc de Bourbon, Prince de Condé.

Guillée était un physicien français et le diretceur de l’Institut pour les jeunes aveugles, où le livre fût « imprimé ». L’ouvrage contient l’histoire de l’institut et une description du procédé de fabrication au sein de l’Institut.

L’institut pour les jeunes aveugles fut créée en 1785 sous l’impulsion de Valentin Haüy (1745-1822).

En 1771, Haüy assista à une représentation donnée par de jeunes aveugles à la Foire de Saint Ovide place de la Concorde à Paris (alors place Louis XV). Il fut si choqué de l’accueil moqueur qui leur fut réservé qu’il décida de fonder une école, comme l’avait fait l’abbé de l’Épée pour les sourds-muets.

En mai 1784, sous le porche de l’église Saint-Germain-des-Prés, il rencontra un jeune mendiant aveugle, François Lesueur, à qui il fit l’aumône. Le jeune homme lui fit remarquer qu’il avait dû se tromper en lui donnant une pièce de trop grande valeur. Valentin Haüy comprit alors qu’à l’aide du seul toucher, le jeune aveugle avait été littéralement capable de « lire » sa pièce. Lesueur fut son premier élève.

Sa grande idée étant de faire lire les aveugles, il fit réaliser des caractères spéciaux : des lettres romaines de forme ordinaire mais de taille très supérieure, il s’en servit pour gaufrer des feuilles de papier cartonné. Avec cette méthode de lettres en relief, Lesueur apprit à lire, composa des phrases, acquit des rudiments d’orthographe, apprit les quatre opérations de base du calcul. Il fit de rapides progrès, et Haüy annonça le succès de son entreprise dès septembre 1784, dans le Journal de Paris, recevant ensuite des encouragements de l’Académie des sciences.

En 1783, une société philanthropique avait ouvert un atelier de filature pour une douzaine d’aveugles qu’elle avait pris en charge ; elle confia l’instruction de ses protégés à Valentin Haüy. En 1786, L’institution des Enfants Aveugles était née. Son but était d’instruire les élèves et de leur apprendre un travail manuel : filature, impression typographique… Consécration suprême, le 26 décembre 1786, Valentin Haüy présenta à Versailles les vingt-quatre pensionnaires que comptait alors l’institution.

Photographie : © Stéphane Briolant pour Librairie Benoît Forgeot

À l’école, les enfants apprennent à lire sur des lettres en relief mais ne peuvent pas écrire, car l’impression est faite avec des lettres cousues sur du papier. Dès son entrée à l’institution, Louis Braille, qui a rejoint l’institution, apparaît comme un élève de premier ordre. Il réussit dans toutes les disciplines enseignées et rafle toutes les récompenses, qu’il s’agisse de tâches manuelles ou de travaux intellectuels. Braille n’a pas encore quinze ans qu’on lui confie déjà certaines responsabilités d’enseignement.

Braille remplacera par son célèbre alphabet la technique des mots en relief mise au point pas Haüy et dont cet ouvrage est un bel exemple.

Dans le chapitre Des caractères en relief et de la lecture, Guillée propsoe une table des caractères pour la composition des textes et explique que les jeunes aveugles formés à cette technique peuvent transcrire 10 à 12 lignes d’un volume in 8 en un quart d’heure.

Guillée explique ensuite la lecture des caractères en relif: « la lecture avec les ongles doit être évitée par les aveugles; le lecteur ne doit pas appuyer trop fort sur les lettres, ni laisser la peau de ses doigts devenir trop dure, pour que les doigts restent sensibles au relief ».

Ce magnifique exemplaire bénéficie d’une magnifique boîte de maroquin parfaitement établie par Patrice Goy et Carine Vilaine de l’atelier Moura de Lyon.

A noter que Patrice Goy est Meilleur Ouvrier de France, dans la catégorie « reliure » depuis quelques mois. Une récompense méritée depuis de longues années.

Hugues

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