Tranches antiquées et fers azurés

Amis bibliophiles Bonsoir,
Pour faire écho aux commentaires de Bergamote, Gonzalo et Jean-Paul d’hier soir, j’ai retrouvé mon seul exemplaire de reliure aux tranches antiquées (Cicéron, chez Gryphe, 1576). Voici quelques images. Il me semble difficile de faire ce travail avec un fer azuré, mais pourquoi pas (je penche plutôt vers le burin). Le bord des pages n’est pas dentelé. Et une image des trois types de fers, avec les fers azurés, empruntée à Yves Devaux, dans son excellent ouvrage « L’univers de la bibliophilie », que je recommande à tous.
H

13 Commentaires

  1. Tranches ciselées/Tranches antiquées

    Je cite : Métiers D’art, Numéro 44 Spécial Reliure (septembre 1991), page 65 et 66

    Tranches ciselées : Les tranches sont d’abord dorées, puis, à l’aide de petits burins gravés, frappées de motifs décoratifs du plus heureux effet.

    Tranches antiquées : Aujourd’hui, se confondent avec les tranches ciselées, mais à l’origine, nous dit le Dictionnaire des Sciences, des Arts et des Métiers, Antiquer, c’était, en termes d’ancienne reliure, pratiquer avec des fers chauds sur la tranche dorée ou non dorée d’un livre, des ornements à ramages ou autres.
    Xavier

  2. bonsoir,
    Jean-Paul, merci pour la réponse à ma question.
    Hugues, merci pour ce billet qui a éclairé ma lanterne.
    (Hors-Sujet)Bertrand : ni foie gras ni langoustes, mais des Gaufres du Nouvel An et des Financiers 😀

  3. Pour reprendre le propos de Jean-Paul au sujet de Boyet et des fils d’argents tissés dans ses tranchefiles, j’ai pu en effet le constater de visu sur un petit volume relié par lui où l’on pouvait voir en effet un fil métallique un peu terne (argent) mêlé aux fils de couleurs des tranchefiles. La reliure n’était pas janséniste d’ailleurs mais un plein maroquin rouge au dos richement orné et doublé de maroquin rouge avec roulette dorée en encadrement intérieur des plats.

    Un bijou ! (qui est désormais chez un autre…).

    C’était le Térence 1635 imprimé en deux couleurs par les Elzeviers.

    Pour revenir sur les fils d’argent dans les tranchefiles de Boyet, je pense que lorsqu’ils y sont c’est un signe indubitable de la main du maître, mais je crois aussi que toutes les reliures sorties des ateliers de Boyet n’étaient pas ainsi faites. Pour preuve, on retrouve les roulettes intérieures attribuées à Boyet (Cf. Esmerian) sur des reliures avec et sans les fils d’argent. Mais il y a aussi la possibilité que les fers aient été utilisés par ses successeurs.

    Amitiés, Bertrand

  4. Comme Gonzalo, je pense effectivement que c’est assez ancien (le livre en lui-même l’est, puisqu’il est de 1604). Mais je ne te le vendrai pas 10€ Hugues! 😉 Même si effectivement, le livre ne vaut sûrement pas grand chose.

  5. > « c’est hyper fréquent »

    Tant que cela? J’ai plus souvent vu des tranches « antiquées » que des marques au fer rouge, aussi bien en bibliothèque qu’en librairie. Mais peut-être est-ce du au fait que j’ai plus souvent affaire à des livres du XVIe siècle?

  6. Hugues,

    Je ne suis pas relieur, mais Les tranches antiquées se travaillant par définition sur des tranches dorées, je ne vois pas ce qui empêcherait d’utiliser, outre le burin pour les ciselures (sans oublier les motifs peints ou imprimés qu’on peut associer), la roulette ou les fers à dorer, à chaud bien évidemment.

    Jean-Paul

  7. Désolé de vous avoir abandonnés hier soir, mais il y avait un excellent « Versailles, le rêve d’un Roi » sur la 2 : une fois n’est pas coutume…

    Jean-Paul

  8. Pilou, c’est hyper fréquent et ça ne vaut rien, j’en offre 10 euros, pour te débarasser!
    (je fais mon libraire)
    🙂
    H
    P.S. : Bertrand, détends-toi, je plaisante.

  9. En parlant de ces tranches avec les noms et autres, j’ai chez moi un livre dont le blason et le nom d’un couvent palestinien a été marqué au fer rouge sur les tranches. st-ce que c’est fréquent?

  10. Bonsoir Gonzalo,

    je crois pouvoir dire, sans être relieur, que les coupes guillochées se font à l’aide de roulettes à guillocher, tout simplement.

    Le motif peut être des sties, des hachures, des arabesques, des fleurs ou un simple filet doré.

    Les plus grands relieurs parviennent à poser de manière impeccable jusqu’à un double filet fin doré sur les coupes, c’est du plus bel effet. Les Chambolle-Duru, Marius-Michel et autres Trautz en étaient capables. C’est rare pour les siècles précédents.

    D’ailleurs si on y regarde de plus près les reliures du XVIIIè siècle signées de Derome ou Padeloup, on voit que les filets dorés, les sertissages (lorsqu’il y a mosaïque) et autres fioritures de la reliure de luxe, ne sont pas si « nickel » que cela. La notion de perfection dans la dorure n’apparaît à mon sens que dans la première moitié du XIXè et va grandissant jusqu’au début du XXè.

    Les relieurs modernes sont un autre sujet. Il y a aussi du beau travail, mais beaucoup de déchet je trouve.

    PS : c’était calme le blog ce soir. Mal remis du foie gras et des langoustes les bibliophiles ??

    Amitiés nocturnes, Bertrand

  11. J’ai confondu un peu vite dans mon message d’hier les tranches et les coupes, ce qui conduit à une méprise.

    Ma question était de savoir si les fers azurés servaient à faire des coupes guillochées, et non des tranches.

    Il me semble que les tranches « antiquées » (j’ai, pour ma part, plus souvent entendu « ciselées ») sont toujours faites au burin, et pas avec des fers de reliures. C’est du moins ce que j’avais cru comprendre, mais je peux me tromper. Souvent, me semble-t-il, les propriétaires faisaient ciseler leur nom sur les tranches.

    Comme souvent face à de belles reliures anciennes, on peut se demander s’il existe encore des gens capable de réaliser ce genre de choses aujourd’hui.

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