Marche Brassens : « La mauvaise réputation »?

Amis Bibliophiles Bonjour,

J’ai profité d’un léger redoux pour aller faire l’une de mes 4 ou 5 visites annuelles au marché du Livre Ancien et d’Occasion qui se tient sous les halles du marché Georges Brassens, dans le 15ème arrondissement de Paris.
Voici un compte-rendu : j’ai constaté que l’évolution que j’avais remarquée il y a quelques mois se poursuit, avec la disparition des libraires d’anciens au profit de la bande-dessinée et du « bouquin » ou du « beau livre ». Aujourd’hui, il n’y avait que cinq ou six stands consacrés au livre ancien ou au livre 19ème. Cela vous semblera beaucoup si vous habitez au en province, mais c’est peu en regard de ce que proposait le marché il y a quelques années.
L’intérêt pour nous? Sentimental d’abord, le marché est un bel endroit, et pour un bibliophile, il est toujours doux d’être entouré de livres. Digestif ensuite, puisque les allées vous occuperont une bonne heure si vous êtes curieux. Sur le plan bibliophilique pur, chacun se fera son idée, je peux simplement vous faire part de quelques livres aperçus : quelques catalogues de ventes (de 1880 à 2007), quelques bibliographies (voyages, Oberlé, etc.), quelques beaux livres sur les livres (les trésors de la BNF par exemple), de très nombreux ouvrages 19ème ou début 20ème en demi-reliures, et quelques livres anciens, noyé dans la masse, essentiellement des dépareillés ou des ouvrages religieux. A noter néanmoins deux beaux stands dédiés à l’ancien, dont le superbe stand du libraire « Pages Anciennes », que vous trouverez tous les samedis au bas de l’allée centrale de la partie haute du marché. J’ai discuté quelques minutes avec cet aimable libraire qui essaie de perpétuer la tradition de l’ancien à Brassens. Son stand est le plus intéressant du marché, j’y ai noté quelques jolies reliures de maroquin, le Ars Gymnastica, beaucoup de littérature 18ème dans de belles éditions, de la militaria (Guischardt, Folard, etc.). Le stand vaut le déplacement, ne serait-ce que pour le plaisir de la discussion.
En quittant le marché, n’oubliez pas que vous pouvez repartir avec quelques feuilletés au jambon de la maison Poilâne, juste en face de la sortie.

Pour terminer sur un clin d’oeil, vous savez que je cherche toujours des moyens d’agrandir notre petite communauté, aussi ai-je imprimé des cartes de visites aux couleurs du blog, que j’ai disposées sur un stand improvisé devant le marché! Assurément le plus petit stand de la manifestation! Et le plus ridicule!
H

P.S. : pour les curieux, j’ai fait un achat.

83 Commentaires

  1. Bonjour tout le monde,

    Pour ma part, j'ai 35 ans et je fréquente le marché depuis que j'ai suivi avec l'association qui le gère, une initiation aux livres anciens avec Mr Henri Desmars.

    Si depuis, je fréquente occasionnellement Brassens pour apprendre le livre et m'en procurer régulièrement, je me suis retrouver dimanche dernier, premier jour du printemps, au prise avec un exposant qui voulait me vendre 10 tomes broché du Tchemerzine au prix de l'intégrale qui lui en contient 30,de tomes.

    A peine lui avais je fais cette remarque, que deux libraires du marché qui passaient alors son étale en revue, m'ont pris a partie au point que nous avons failli en venir aux mains à plusieurs reprises.

    Pourtant coutumier du ippon, je me suis convaincu de ne pas céder à la tentation dans un lieu qui pour moi ne se prête pas à ce genre de gymnastique.
    Aurait on idée de faire du sport dans un temple, une église ou une bibliothèque?

    Seulement je regrette effectivement que le jeune bibliophile que je suis, n'ai pas sa place dans cet endroit où les libraires avenants et passionnés sont une éspèce en voie de disparition, je rejoint Bernard sur ce point, il y en a.

    Donc, pour moi, réduction drastique du budget livres a Brassens il y aura, au profit d'internet, des quais de seine, voir du grand palais qui approche à grand pas.

    Quand au marché Brassens s'il veut survivre, il devra à mon avis mener le même genre de campagne qu'a du mener la guadeloupe pour faire revenir le chaland, cette campagne s'appelait bonjour et son logo un grand sourire…

    Bien a vous

    Ahmed

  2. Dis Hugues, c’était quoi ton achat au fait ?

    Le problème de Brassens (pour y revenir) c’est que chaque fois que j’en suis rentré, hormis le plaisir d’avoir vu des livres « en vrai », d’avoir pu en « toucher » et éventuellement « discuter le bout de gras » avec un ou deux libraires sympathiques (ils sont rares tout de même…), j’ai à chaque fois l’impression franche que j’aurais mieux fait de rester chez moi devant mon écrand d’ordinateur à essayer d’attraper un livre sur Ebay ou chez un collègue sur Abebooks…

    La chose se vérifie quasi systématiquement. D’autant que franchement, désormais, inutile d’espérer faire une affaire « hors net » puisque chaque livre ou presque est déjà passé à la moulinette Abebooks ou LRB pour bien montrer au passant que 1. le libraire est compétent (il a pris le temps de faire un copier-coller d’une notice dont bien souvent seul le titre a quelque chose à voir avec le livre… passons sur l’état de conservation, la reliure, la provenance, toutes ces considérations semblent d’une autre planète pour bon nombre d’exposants) 2. bien marquer la valeur du livre et assoir le professionnalisme du libraire (enfin si on veut).

    Internet est vraiment un outil à double tranchant. J’ai peur que les exposants Brassens ne sachent pas totalement maîtriser l’outil à des fins « utiles » et « agréables » pour tous.

    Ce n’est encore une fois qu’un avis.

    Amitiés, Bertrand

  3. Tout d’abord, Hugues, je n’ai pas remarqué votre « stand »; peut-être n’y avait-t-il plus de cartes?
    Je suis à 100% d’accord avec le dernier commentaire de Bertrand.Je fréquente Brassens depuis de nombreuses années, et la dégradation est bien réelle. L’attitude de certains « libraires » est souvent désinvolte, et leur « amour » des livres me semble bien faible.Heureusement il reste une poignée de libraires aimables et motivés.

  4. Je suis d’accord avec vous François. Même si de mon côté je ne connais Brassens que depuis quelques années seulement. Je le fréquente en dilletante uniquement pour me faire plaisir. J’avoue y avoir déjà fais quelques affaires et m’être bien fait avoir aussi… Les libraires de Brassens sont aussi pour bon nombre d’entre eux de vieux barroudeurs de la bouquinerie et ne s’effraient pas de matraquer le pigeon si vous voyez ce que je veux dire…

    D’ailleurs c’est amusant de faire Brassens sous plusieurs casquettes pour juger de l’accueil, en anonyme béat et néophyte, en bibliophile érudit, ou en professionnel à l’affût, vous verrez un accueil différent à chaque fois.

    Par ailleurs, comme ailleurs (mais peut-être un peu plus qu’ailleurs tout de même) on y voit dans toute sa splendeur un certain dédain ET pour le client ET pour le livre que je déteste au plus haut point. (Cf. les parties de cartes en allée centrale, en haut, entre « pros » qui vous dévisagent hautainement lorsque vous avez le malheur de demander un prix…

    Je pense que Brassens n’échappe pas à la règle du « marchand de livres renfrogné et/ou pas très gracieux » pour rester poli…

    Cela n’aide pas à faire des affaires ni à lier connaissances avec des clients (amateurs) potentiels, surtout lorsqu’il fait froid et que bien des poches sont désormais un peu plus vides qu’avant.

    De plus la qualité n’y est pas. Question de volonté ? Question de marché ?

    C’est encore un cercle vicieux, si l’argent ne rentre pas j’imagine que les marchands ne se lancent plus dans des achats couteux qui représente une immobilisation d’argent pour des mois… ils ramassent donc les mannettes de Drouot… au ptit bonheur… en espérant que… et quelques fois c’est bon, d’autres non.

    Est-ce cela être libraire ? Je ne sais. Ce qui est certain c’est qu’internet a du donné un coup mortel à ce marché, comme aux autres d’ailleurs, comme également aux villages du livre (Bécherel, Cuisery, Fontenoy la Joute, etc) qui sont devenus de véritables mouroirs à livres oubliés…

    Dommage.

    Amitiés, Bertrand

  5. Sans faire mon ancien, je fréquente le marché Brassens depuis 15 ans et je ne pense pas que ce soit là la raison Bertrand.

    Quand la qualité était présente, je n’achetais pas beaucoup plus, mais au moins j’allais toutes les semaines au Marché.

    Clairement il y a eu à un moment un départ des libraires importants, c’est ce qui a tout déclenché. Je me souviens les avoir entendus dire à l’époque (« il fait trop froid », « on ne vend plus rien », « les affaires ne marchent pas »… en même temps avez déjà entendu un commerçant dire que les affaires vont bien?).

    Personnellement, je pense qu’internet a contribué à la chute progressive de Brassens. Deux facteurs arrivant simultanément : un renouvellement des clients du marché, certes, mais qui s’accompagnait d’un rajeunissement important.

    Du coup, les anciens clients qui venaient avec leurs billets de mille dans les poches (je me souviens avoir vu des premiers ministres par exemple) ne venaient plus et étaient remplacés par des clients plus exigeants sur le prix… ce qui n’a jamais été la grande qualité de Brassens, ce qui est paradoxal, mais bien vrai.

    Et il faut avouer, que les prix pratiqués à Brassens n’ont jamais été très atractifs (pour du livre ancien de qualité, j’entends).

    Départ des anciens clients, arrivée de jeunes clients plus durs au niveau des prix (notamment parce qu’internet permet de nouvelles comparaisons… que ne faisait pas le grand mamamouchi si vous voyez de qui je veux parler), froidure (il faut bien l’avouer)… autant de facteurs qui ont allumé la mèche, ou déclenché ce cercle vicieux dont parle Hugues, et qui est bien réel. Les rares libraires d’anciens qui sont en ce moment à Brassens rêvent d’avoir des concurrents parce qu’ils sont convaincus (à raison je pense), qu’une offre plus vaste ferait revenir les clients.

    En attendant, petite anecdote… Il a quand même fallu longtemps aux libraires importants de Brassens pour afficher les prix, et je sais que moi, à un moment, cela a contribué à me faire fuir. Je leur en parlais, ils haussaient les épaules…

    La vache a été traite longtemps, et je pense que les libraires présents n’ont pas su se remettre, même légèrement en question, au moment crucial.

    Ce qui serait intéressant, ce serait plutôt de savoir pourquoi de jeunes libraires ne viennent pas. Je suis persuadé que c’est un excellent moyen d’apprendre le métier… et de créer un fichier de clients.

    François.

  6. Pensez que le problème ne vient que des marchands serait à mon avis une erreur.

    Hugues a raison lorsqu’il dit que cela est la résultante d’un cercle vicieux. Mais c’est point de départ de ce cercle vicieux qu’il faudrait identifier avec certitude.

    Moins d’amateurs de livres anciens de belle qualité (j’entends par là, complets et qui ne sortent pas tout droit d’un grenier sordide avec encore les toiles d’araignées et les tranchées de vers in situ.) ?

    Moins de vendeurs de livres anciens de belle qualité ?

    La réponse est vite trouvée me semble-t-il. Si les livres anciens, complets et en bon état se vendaient bien, à des prix raisonnables à la fois pour le marchand et l’amateur, ils seraient présents en nombre. Ce n’est pas pas le cas.

    C’est donc que l’amateur de livres anciens de cette catégorie n’est plus présent ou n’est pas prêt à consentir l’effort de débourser quelques euros supplémentaires pour passer de la catégorie « bouquins » à la catégorie « livres ».

    Enfin c’est mon avis.

    Amitiés, Bertrand

  7. J’ai des éléments de réponse : je connaissais bien l’un des derniers marchadns importants de Brassens, il a pris sa retraite.
    En ce qui concerne les autres marchands de livres anciens, il semblerait que ce soit une sorte de cercle vicieux : ils n’étaient pas contents du résulat, ou l’estimaient trop faible par rapport à l’effort consenti, et ils sont partis progressivement.
    A mesure de leur départ, ils ont été remplacés par des vendeurs de bouquins ou de BD, ce qui a de plus en plus dissuadé les clients potentiels d’Ancien de venir, éloignant ainsi les derniers vendeurs d’anciens, etc.
    H

  8. Question simple : oùsont donc passés les libraires d’ancien qui étaient autrefois à Brassens ? Ils ne sont pas tous morts !? Il serait intéressant de les retrouver et de leur demander pourquoi ils n’y sont plus…

    Jean-Paul

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