Amis Bibliophiles Bonjour,
J’ai déjà évoqué la reliure de nombreuses fois sur le blog, mais pour être plus clair, j’ai décidé de me lancer dans une typologie des reliures que je connais. Aujourd’hui, la reliure dite « à la fanfare ».
Le style « à la fanfare » caractérise un type de reliure qui apparaît au milieu du 16ème siècle et qui durera jusqu’au premier tiers du 17ème.
Comme nous l’avons déjà évoqué à de nombreuses reprises, le terme est apocryphe et est en fait le résultat de la collaboration entre Nodier et Thouvenin. Pour faire court, Nodier, bibliophile et grand amateur de reliure, demande à son relieur favori, Thouvenin, d’exécuter pour lui une reliure pastiche sur un ouvrage de 1610 (ou 1613, selon les sources), intitulé « Les Fanfares et courvées abbadesques des Roule-Bontemps de haute et basse coquatigne« . L’imitation eut du succès et pour pouvoir la désigner plus facilement on utilisa la dénomination « reliure à la fanfare », qui resta, et qui par extension, désigne désormais toutes les reliures de ce type, exécutées au 16ème et au 17ème siècle.
Comment reconnaître une reliure à la fanfare? En vérité, si vous en croisez une, il vous sera difficile de ne pas la remarquer, tant ces reliures sont spectaculaires. La décoration de type fanfare concerne principalement les plats, encore que le motif de la dorure puisse se prolonger sur le dos.
La dorure recouvre en effet entièrement les plats, et est exécutée au petit fer.
Pour Hobson, « le décor dit à la fanfare repose sur de stricts jeux de rubans dessinant, à partir d’un ovale central laissé vierge de toute dorure ou marqué des armes d’un possesseur, des compartiments de formes et de tailles diverses qui structurent toute la surface des plats et qui sont ensuite complétés de feuillages et de petits fers dont le nombre et la disposition déterminent la densité d’une composition toujours unique (1935). » Les zones délimitées au départ par les rubans ou filets, sont de forme ovale, ronde, quadrilobée ou carrée.
Si l’on entre dans le détail, on connaît deux sortes de reliures « à la fanfare »:
– les « fanfares primitives » ou « fanfares vides » sur lesquelles les zones délimitées par les rubans ou les filets sont vides.
– les fanfares classiques, que l’on appelle simplement fanfares, sur lesquelles les plats sont entièrement couverts de petits fers et les zones délimitées par les rubans ont accueilli des ornementations de plus en plus riches et de plus en plus raffinées.
L’origine des reliures à la fanfare? On raconte (merci Gonzalo et Jean-Paul), mais sans que des preuves formelles aient pu être apportée, que les relieurs du milieu du 16ème s’inspirèrent du caparaçon d’un sergent apparaissant dans une gravure du livre d’entrée d’Henri II à Paris (réf. exacte: C’est l’ordre qui a este tenu a la nouvelle et ioyeuse entrée, que treshault, tres excellent, & tres puissant prince, le roy tres chretien Henry deuzieme de ce nom, à faicte en sa bonne ville et cité de Paris, capitale de son Royaume, le sezieme iour de Iuin M.D.XLIX., Paris, Jacques Roffet dict le Faucheur, disponible sur Gallica : http://www.exlibrisdatabase.com/images/fanfare.jpg).
Voici pour les reliures « à la fanfare ». Sur le plan pratique, on en trouve encore parfois sur des ouvrages du 18ème. Naturellement quelle que soit l’époque, il s’agît le plus souvent de maroquins… et naturellement, elles sont recherchées des bibliopégimanes!
H
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Ok, cette semaine sainte comporte un décor proche d'un décor à la fanfare, mais pas réalisé aux petits fers. Ce décor a été obtenu par une grande plaque gravée appliquée aux balancier. Cette technique mise principalement au point par Dubuisson, c'est répandue au début du XVIIIe sur les almanachs et les semaines saintes, permettant une réponse plus rapide et économique à la demande. Gain de productivité déjà au XVIIIe!…La présence de ce décor, avec les mêmes entrelacs et armes de travers existe sur plusieurs exemplaires avec des variantes dans les armes qui étaient probablement frappées séparément, ou montées à part dans la plaque ? . Il est vrai qu'il est maintenant plus vendeur de qualifier ces reliures de "aux petits fers"…ceci dit, cela n'enlève rien à la beauté de ces reliures.
Daniel B.
http://www.braidense.it/bookbinding/big/081.jpg
une fanfare plus caractéristique, avec ses feuillages et ses rinceaux, XVI° siècle
L’exemplaire de Nodier des « Fanfares et corvées abbadesques » est bien de 1613 et non de 1610.
Jean-Paul
Merci pour ce billet. Le fait de détailler chaque thème de la bibliophilie et de la reliure en particulier est une très bonne idée. Cela va permettre (à moi entre autre) d’acquérir et d’accroitre notre connaissance dans le domaine. J’attends avec impatience (et un peu d’angoisse, n’oubliez pas que j’ai une femme bibliopégimane et que cette affaire risque de me couter cher 🙂 )les prochains articles.
Joyeuses fêtes.
Eric
Merci pour ce travail de synthèse. J’attends avec impatience les définitions suivantes!
En espérant que vous avez tous passé un bon noël,