Les reliures d’almanachs

Amis Bibliophiles Bonjour,

Qu’il est difficile pour un bibliophile de fixer son attention sur un domaine particulier entre la littérature, les voyages, les Cazin, l’ésotérisme… j’ai choisi de ne pas choisir, même si ce choix s’est imposé à moi, puisque que toute bibliothèque est à l’image de son propriétaire: non pas que j’ai des difficultés à choisir, non, plutôt des difficultés à me limiter, ou à me cantonner à un seul domaine et à limiter ainsi ma curiosité. Au milieu de tous domaines, j’ai ainsi une tendresse particulière pour les almanachs: d’une part les almanachs « de colportage », comme Le Messager Boiteux, dont j’ai déjà parlé ici, parce qu’ils constituent des témoins passionnants de la culture populaire d’une époque, et d’autre part les almanachs que l’on pourrait presque qualifier « de cour », notamment pour leur reliure.En effet, à la fin du 18ème siècle la France a vu se multiplier la publication de d’almanachs. Ceux-ci paraissaient à la faveur de la nouvelle année et constituaient en fait de charmants « agendas de poche » pour l’époque, ils étaient du reste souvent offerts à l’occasion des étrennes de nouvel an (d’où l’appellation étrennes qui figure régulièrement sur leur page de titre). On connaissait ainsi les Etrennes Mignonnes, le Calendrier des Dames, le Calendrier de la Cour, l’Almanach de la toilette et de a coiffure des Dames françaises, l’Almanach des Folies de l’Amour, les Etrennes Spirituelles, plus sages, l’Almanach des Folies Modernes, L’amour dans le Globe ou l’almanach volant, etc.Avec le petit format et leurs illustrations, la reliure est l’un des éléments caractéristiques de ces almanachs. Elle était le plus souvent en maroquin, et la dorure, bien que la plupart du temps réalisée en série, sortait des meilleurs ateliers de l’époque. Il s’agissait souvent de plaques, soit à dentelle, par exemple celles de Dubuisson, soit de compositions florales ou de décors originaux: coiffure de dame, montgolfière. Le raffinement allait parfois plus loin en offrant à ces petits bijoux des reliures peintes, mosaïquées ou agrémentée d’une miniature protégée par une plaque de mica. Les dorures allégoriques sont également légion à partir de la période révolutionnaire et donnent un parfum particulier aux almanachs de cette période: bonnet phrygien, guillotine, personnages de l’histoire.C’est d’ailleurs ce que j’aime dans ces almanachs: leur contenu est définitivement ancré dans une époque et leur reliure est également le témoin de cette époque: raffinement de la fin de l’Ancien Régime, ou porteuses des messages de l’époque, la superficialité des toilettes des dames, ou les figures emblématique de l’époque révolutionnaire. Charme qui ne gâche rien pour le bibliophile qui manque de place, ces charmants petits volumes prennent encore moins de place que des Cazin!

H

3 Commentaires

  1. Superbe Hugues!
    Pour Olivier: le style de l’écriture date parfois le document mais c’est assez peu fiable.. à voir tout de même avec des photos,et de la reliure aussi pour le plaisir de tous?
    Lauverjat

  2. Cher Hugues,
    Je suis moi aussi sensible à ces petits objets qui faisaient partie du quotidien (de ces dames souvent). Je me demandais s’il était possible de déterminer si les petites notes de ces pages rugueuses et bleuâtres destinées à être réécrites (ancêtre du crayon à papier et de la gomme) étaient, justement, d’époque. J’ai un joli almanach (auquel ne manque que son crayon à mine de plomb)où figurent des notes qui relèvent de la comptabilité d’une bonne maison. Je voulais donc savoir si l’on pouvait déterminer « à l’oeil » si elles étaient contemporaines de l’almanach…
    Bien à vous tous,
    Olivier

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