Le Catalogue des Gothiques Français, de Guy Bechtel

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Je vous propose ce soir un article de Gilles sur l’une de ses dernières lectures, qui pourrait devenir rapidement un nouvel ouvrage de référence, le « Catalogue des Gothiques français ».Voici un nouvel ouvrage de référence (découvert à la librairie Giraud-Badin à Paris). Monsieur Guy Bechtel est un bibliophile confirmé passionné et érudit. Il est l’auteur du meilleur livre actuellement disponible en français, à mon avis, sur Gutemberg (Gutemberg et l’invention de l’imprimerie, une enquête, Paris, Fayard, 1992. 697 pp.). Aujourd’hui il nous livre le fruit de ses recherches sur les livres en français imprimés en caractères gothiques de 1476 à 1560, sous la forme d’un “Catalogue des Gothiques français”, tiré à 150 exemplaires et édité chez l’auteur, 162 boulevard Berthier à Paris et vendu 160 euros (dépôt légal: mai 2008).
Guy Bechtel aime les gothiques et les défend bien. Ce livre représente cinquante années de glanes de références dans les salles de ventes, les librairies, les bibliothèques (Bnf, Deutsche Staatsbibliotheck , Arsenal, Mazarine, Bibliothèque de Médecine, Strasbourg, Méjanes, Blois, Chantilly et tant d’autres), les annales des ventes, les bibliographies et ces dernières années sur internet.
La préface cerne cette recension et situe les livres de langue française imprimés en gothique par rapport à ceux qui le furent à la même époque en romain. Statistique à l’appui Guy Bechetel démontre que le mouvement savant et italianisant ou déclaré moderne se tourna vers une édition en romain devenu le caractère des clercs, des humanistes, des réformés. Dans le même temps, la littérature populaire, l’histoire merveilleuse, les textes proches de la vie quotidienne en droit ou en religion conservèrent l’impression en caractères gothiques, graphie issue du Moyen Age français qui semble ainsi chevaucher dans le temps la période dite Renaissance. Pour faire court et ne pas paraphraser l’auteur je dirais que si Sophocle ne se trouve pas en édition gothique, le roman de chevalerie “Ogier le Danois” n’a pas de raison d’être imprimé en romain.Les 784 pages de ce livre in-4 décrivent ainsi 6 171 éditions. Les livres d’heures gothiques ne sont pas recensés, on peut le regretter mais il existe il est vrai d’autres ouvrages, considérables, anciens et récents, qui s’y intéressent. Les livres sont classés par ordre alphabétique d’auteur ou de titre si le livre est anonyme (mais il existe parfois des rappels si vous ne connaissez pas l’auteur). Pour les titres le parti a été pris de retenir le premier substantif significatif du titre. Chaque édition reçoit un numéro d’ordre précédé de l’initiale de l’auteur ou du titre ce qui facilitera la référence bibliographique. Chaque notice donne le titre sinon in extenso au moins dans une forme suffisamment précise pour éviter les confusions, la collation et le format, un commentaire descriptif. Enfin la dernière entrée (mais non la moins intéressante) biblio./ex. Signalés donne les exemplaires que l’auteur a croisés ou repérés et ceux passés en vente ou en librairie avec leur prix. Pour de très nombreux ouvrages l’auteur nous gratifie d’une note de présentation souvent essentielle.
De nombreuses reproductions de bois gravés ou de pages de titre hors échelle émaillent l’ouvrage mais ce n’est pas un corpus de reproductions. Un regret: la collation des bois gravés n’est pas toujours donnée avec précision, mais cela tient peut-être aux exemplaires rencontrés par l’auteur qui invite, modestement, le lecteur à lui faire part des omissions constatées.
Cet ouvrage a le mérite inégalé de faire le point sur des livres souvent composites et maintes fois réédités ou remaniés, où les collations varient extrêmement comme les illustrations de Gaule de Jean Lemaire de Belges, la mer des Histoires, les Annales de Gilles Nicole, les Annales d’Aquitaine de Jean Bouchet, les Mystères des frères Gréban. Mais on y trouve aussi bien sûr les oeuvres originales ou princeps des conteurs et des poètes comme Rabelais, Guillaume de Lorrys, Villon, ou Habert.Au final, ce livre est une “somme” érudite pratique et plaisante à la fois et surtout nécessaire.
Merci beaucoup Gilles.
HP.S.: comme vous le savez peut-être je démarre un nouveau travail, dans une nouvelle ville, demain matin. Il est possible que j’ai quelques difficultés à poster des messages dans les jours qui viennent. Merci de votre compréhension.

3 Commentaires

Les commentaires sont fermés.