Amis Bibliophiles bonjour,
3h30. Une insomnie… C’est le moment de prendre des trains à travers la plaine… Plus de livres, moins de bibliophiles….
Avec le net, le bibliophile est passé d’une situation de sous offre, relative à son isolement, à une situation où l’offre est devenue pléthorique. On trouve de tout d’un feuillet d’une bible de Gutenberg (65000$) aux livres les plus courant. L’offre est presque trop importante d’ailleurs, on peut s’y perdre. Tous les ouvrages qui étaient discrètement rangés sur les rayons des libraires du monde entier, souvent dans l’anonymat, sont aujourd’hui exposés à la vue de tous.
Dans le même temps, le nombre de bibliophiles diminuerait: plus de livres disponibles, moins de bibliophiles… et donc une concurrence entre professionnels significativement accrue et la nécessité pour chaque libraire d’émerger, de se faire une place au soleil, de séduire et de fidéliser les bibliophiles qui comptent. Mais plus de livres disponibles signifie aussi une réduction quasiment mathématique des ventes pour chacun de ces professionnels qui se partagent un gâteau qui rétrécit (les bibliophiles, miam), alors que la vitrine de la boulangerie est de plus en plus riche en douceurs. Plus de livres disponibles, moins d’acheteurs…
Ce nouveau paradigme bouleverse également le rapport au prix: au delà de l’évidente tendance à comparer les prix qui font de vialibri ou addall les premiers assistants à l’achat pour le bibliophile (en ligne, en salle des ventes ou même en boutique – je l’ai vu, je l’ai fait), l’offre accrue exerce également une pression plus grande sur le vendeur, et devient un argument pour l’acheteur.
Plus de livres, moins d’acheteurs… Là où hier l’acheteur n’avait généralement le choix qu’entre un nombre réduit d’exemplaires disponibles, il a aujourd’hui la possibilité de comparer les prix à exemplaire égal ou presque, voire de se laisser tenter par bien d’autres ouvrages. Aux libraires de s’adapter, et de saisir l’acheteur quand il se présente. A l’acheteur la possibilité nouvelle de négocier, et ce d’autant plus que les inventaires des libraires semblent soumis à une faible rotation (que ne compense pas forcément la surexposition), inversement proportionnelle à la pression qui s’exerce sur eux. Ceux parmi ces derniers qui ont compris que dans ce nouvel écosystème c’est le nombre de ventes et non le nombre de livres en vente qui compte, auront probablement les meilleures chances de sourire demain. Cela passe aussi par l’acceptation de ce transfert de pouvoir vers l’acheteur, avec lequel les libraires doivent composer. La négociation entre certainement dans une ère nouvelle.
Dans le même temps, le rôle du libraire évolue: il n’est plus forcément cet éducateur auprès duquel l’amateur venait se former, découvrir, puis acheter. De moins en moins. On connaît des bibliophiles qui n’ont jamais mis un pied dans une libraire. Avec l’explosion de la librairie en ligne, de fait impersonnelle, le rôle du libraire se réduit, et de plus en plus c’est le négoce qui semble primer: dénicher, bien acheter, bien documenter certes, bien vendre (ou vendre vite?).
Pour le bibliophile, s’il peut être tentant d’échapper parfois au passage obligé qu’a longtemps été le libraire (j’allais presque écrire « à l’ancienne »), dans sa boutique, passionné certes, mais souvent l’oeil suspicieux face à l’impudent…le danger de se perdre est grand. L’amateur nouveau se forme souvent tout seul, poussé, stimulé par l’hyper-offre et l’hyper-compétitivité…. il est en permanence, et surtout au début, soumis au risque d’acheter moins cher plutôt que d’acheter mieux…. Ebay incarne bien cette nouvelle donne; beaucoup d’aspirants bibliophiles, peu d’élus finalement.
Avec le recul, on devrait s’inquiéter du fait que cette rupture du lien didactique pourrait encore réduire à terme le nombre de bibliophiles: l’amateur autodidacte redescendra un jour sur terre, quitte à être dégoûté à jamais de la bibliophilie (j’en ai croisé) quand il prendra conscience que ces ouvrages achetés moins chers, incomplets, abîmés, etc. deviennent en fait avec le temps à la fois impossibles à vendre et ne correspondent plus à son exigence et l’évolution de son goût. Alors que celui qui aura su bien acheter tôt, naturellement doué (Pibi, si tu nous écoutes…), éduqué, qui par un libraire, qui par des lectures, qui par un blog, ne pourra que trouver une satisfaction grandissante. Et il me semble que ce sont ces amateurs qui sont les plus intéressants pour les libraires, et pas seulement sur le plan économique…
L’ère du bibliophile autodidacte, celle du nouveau libraire, la nécessité pour les deux de se retrouver sur le prix (d’être ouvert à la négociation, par goût ou par nécessité pour le libraire, avec discernement pour l’amateur), complexe, compliqué pour certains, voire blasphématoire… mais prometteur au fond… Non?
H
Et avec ça la TVA sur le livre qui augmente…
😉
Olivier
Un français comme un autre, dont c'est un des sports favoris.Culture et agriculture, prenons exemple libraires sinistrés!:) nous devrions aller décharger deux semi-remorques de livres de poches pour revendiquer…mais revendiquer quoi? et où ?, à quand le ministère du livre ancien 😉 Pour les reliures de Lortic il sera conseillé de mettre du bulle pack avant de lever la benne.
Daniel B.
"Je trouve les libraires un peu Droopy/Calimero dans leurs réactions."
le libraire est un commerçant comme les autres, ça fait partie de sa nature de se plaindre 😉
"qui dépendent de moins" m'a fait sourire. Si j'avais une double (triple avec ce blog) activité je crois que je ne dormirais pas du tout.
Les libraires ne sont pas mes ennemis, au contraire. Je crois y acheter 60% (dont un tiers lors de salons) de mes livres. Le reste vient de ventes aux enchères (où il vaut mieux que les libraires soient des "amis"…). J'ai acheté 2 livres en un an sur ebay. Pas parce que je me méfie, ou que je crois tous les exemplaires tarés. Simplement parce que j'ai du mal à acheter sur description (je n'achète qu'aux ventes où je suis présent et où je suis allé à l'exposition), faute de temps surtout pour qu'une simple description me fasse envie au point de passer à l'acte.
A y réfléchir une rencontre entre libraires et bibliophiles sans enjeux commerciaux immédiats (et sans côtes du Rhône, je plaisante) "juste pour le fun" est une bonne idée.
Je trouve les libraires un peu Droopy/Calimero dans leurs réactions.Détendons-nous…
L'occasion de nouer des relations qui débouchent (des bouteilles et) sur d'heureux achats et d'heureuses ventes en quelque sorte.
Enfin ce que j'en dis…
Olivier
Rires, j'aimerais bien être libraire, mais disons plutôt que je suis un bibliophile qui s'amuse à vendre des livres.
Comme le soulignait Bertrand, ça reste "pour le fun".
Ce qui est certain, c'est que si je devais en vivre, avec toutes les bouches avides qui dépendent de moins, je crois qu'il arriverait que je dorme mal!!
H
Maintenant qu’on sait qu’Hugues est libraire, on comprend pourquoi il a des insomnies …
Lauverjator
je me souviens d'un précédent article, qui avait suscité autant de commentaires… l'un d'eux, d'un libraire, "regrettait" les conditions actuelles, qui mettent plus en lumière les différences entre prix d'achat et prix de vente. Et pourtant, effectivement, les libraires sont des commerçants, qui doivent appliquer les mêmes règles que tout commerçant. Une marge permettant de maintenir le commerce est certainement largement plus élevée que 30%.
Dans l'édition moderne, elle est de plus de 30%, et jugée trop faible pour permettre aux petites librairies de s'en sortir (cf numéro de télérama de cette semaine).
Mais il y a un vieux préjugé, ou méconnaissance, du commerce en général. Pour certaines personnes de ma famille, "commerçant" est synonyme de voleur.
Voyons Hugues, compter les moutons à 3 h 30 du matin ! Tu as une réputation à tenir, il te faut plutôt compter veaux glacés et maroquins! Même si d’autres plus bibliomanes n’en doutons pas préfèrent compter les bergères.
Textor.
(non, c'est un faux nom)
Lauverjat
Je reposte mon commentaire en corrigeant les fautes.
Je ne suis pas d'accord avec la première affirmation "plus de livres".
En fait, c'est moins de livres et de moins bonne qualité.
Internet permet une meilleure visibilité et une plus grande transparence. Cela transforme le marché (rareté, prix, accès à un marché global pour les vendeurs comme pour les acheteurs, accès à des textes numérisés).
Qu'en sortira-t-il ? Je n'en sais rien, mais je ne crois pas que l'avenir du libraire soit à terme dans une vente "low cost" avec une rentabilité basée sur le volume. Tout simplement car ce dernier n'arrivera pas à renouveler son stock avec des livres de qualité équivalente. De rotation en rotation, le volume diminuera et la valeur de son stock sera réduite à néant.
Eric
Quand je disais "plus de livres" Eric, je parlais pour le bibliophile: plus de livres disponibles à l'achat, ce qu'a indéniablement amené internet et mondialisant l'offre.
Ainsi les deux derniers livres que j'ai acheté à des libraires, je les ai achetés à des libraires américains. Ce qui aurait été impossible ou quasiment impossible sans internet.
Sur le prix, je suis d'accord avec toi, le dilemme pour certains libraires est de vendre, même à un prix plus faible, ou d'immobiliser longuement une trésorerie vitale.
Hugues
Ce commentaire a été supprimé par l’auteur.
Ok Olivier pour dire que le libraire va voir les prix sur Adall. Mais si il veut que son stock ne dorme pas, il va les consulter avant d'acheter, et n’achète que si il peut bien se placer à la revente en rapport à l'offre déjà présente, donc je dirai que cette pratique tire les prix vers le bas et non le haut.
Daniel B.
Ah oui, j'ai aussi oublié de répondre à Pierre: "Hugues se demande s'il franchira le pas, un jour. Il nous énumère l'ensemble des arguments défavorables au commerce actuel du livre ancien en espérant que nous allons abonder dans son sens et le dissuader d'envisager une pareille entreprise. Sauf que… Je ne crois pas que Hugues souhaite vraiment avoir une boutique sur Ebay et une chaise à Drouot. Pour lui, comme pour beaucoup de passionnés, la profession ne se réduit pas au commerce du livre. Il y a la boutique, l'odeur des livres, l'ambiance, la décoration, le choix des livres, les clients, etc… Alors OUI Hugues, votre analyse est excellente. Est-ce que cela suffira à vous dissuader d'entreprendre ?"
Pierre, vous le savez, j'ai déjà timidement franchi le pas avec la Libraire Ancienne L'Autre Monde, j'ai d'ailleurs choisi ce nom à dessein: Autre Monde par rapport à mes activités de bibliophile, Autre Monde aussi par rapport à mes activités professionnelles. C'est une expérience amusante (comme le fun, comme dirait Bertrand), puisque je n'en dépend pas économiquement, ce qui fausse un peu mon jugement. C'est aussi une expérience qui me permet de pousser un peu plus loin la découverte du monde du livre: le blog, la Nouvelle Revue des Livres Anciens, facebook, l'édition d'un ouvrage, un autre projet. Elle me permet aussi de vendre des livres acquis lors d'un achat de bibliothèque dans des conditions fiscales adéquates, plutôt que de tomber dans un para-commercialisme qui n'aurait pu qu'être important. Je découvre de multiples facettes. Il ne faut jamais dire jamais, mais je crois au regard de cette micro activité de libraire que je ne suis pas fait pour cela: j'ai trop de mal à vendre des livres, à m'en séparer, je ne sais pas fixer les prix (peut-être justement parce que je n'en dépends pas économiquement…), ce n'est ps régulier, et puis ce n'est qu'un passe-temps pour moi, puisque je n'ai pas beaucoup de temps à y consacrer.
Enfin, je crois que je me suis fait mal comprendre: je pense au contraire que pour les libraires qui ont compris l'évolution actuelle, il y a énormément d'avenir et d'opportunités, le métier me semble évoluer. C'est plutôt positif mais si c'est probablement délicat, comme toute phase de transition. Je n'aime pas trop prendre l'exemple des américains, mais il me semble que leur librairie ancienne est un peu plus moderne que la notre, si vous permettez l'expression. C'était tout le sens de cette divagation nocturne: un constat, une évolution du rapport, et une très belle opportunité pour les libraires, dont j'ai déjà dit mille fois (c'est usant de le répéter), qu'ils sont vitaux pour le livre, et encore plus pour les bibliophiles. Mais il faut avouer que c'est une expérience amusante, sauf lorsqu'il s'agît pour moi de me séparer d'un livre vendu. Je sais que les bons libraires se consolent en se disant que d'autres viendront, moi je n'y parviens pas encore 🙂
Hugues
Sauf erreur, personne n'a relevé dans ce débat qu'internet a aussi sans doute fait relever les prix des libraires qui, comme le bibliophile, ne font plus leur prix en ne se fiant qu'à leur appréciation et leur petit bon sens mais s'alignent sur ce qu'ils lisent sur Vialibri et calibrent aussi, et c'est bien normal, leurs enchères en ce sens.
Ca perd un peu en romanesque et les surprises sont rares en ouvrant un livre chez un libraire pour en trouver le prix.
Heureusement il y a les modes bibliophiliques et pour peu que la librairie soit (elle aussi) ancienne, le prix peut ne pas avoir suivi la mode.
Malheureusement il n'y a plus de librairie ouverte en 1499 qui conserve un Songe Polyphile à prix bradé tant il connut peu de succès à sa sortie… (soupir)
J'occupe mon dimanche à relire les chroniques de Vanderem (pour le bulletin du bibliophile) c'est très réjouissant tellement c'est méchant pour le panurgisme des bibliophiles (dont je ne m'exonère pas) dans leurs goûts et leurs pratiques.
A lire les échanges je me demande ce qu'en penserait un étranger à ce monde : ces gens-là comment peuvent-ils s'entendre?
Heureusement il y a plus de bonnes fées que de mauvais bougres chez les libraires.
Olivier
Ce n'était pas mon but Bertrand, mais voilà, je me suis sentie gênée et touchée par votre "amener des filles".
Je suis pas ailleurs lectrice de votre blog et de feu votre facebook, je connais donc votre approche sur le sujet.
Stéphanie
J'ai bien cru que j'allais être censuré pour "outrage aux bonnes moeurs" dis-donc ! Mais non, juste une petite réprimande, ouf !
Je m'en vais dans la verte campagne, soulagé.
B.
"Amener des filles"…. moi qui me voyais déjà venir avec mes trois filles, histoire de mettre un peu d'ambiance au milieu des barbons! Mais non, on parlait d'autre chose…
Preuve qu'il n'y a pas qu'un "petit" fossé entre amateurs et bibliophiles, mais aussi encore entre "femmes modernes" et "hommes à l'ancienne", bien que j'avoue ne pas tout à fait comprendre ces deux expressions. Il faudrait que je demande à mon père, ou plutôt à mon grand-père.
Imaginez un libraire homme, un peu à l'ancienne, et une bibliophile femme, moderne, tous les deux sont sur une île, comme Robinson Crusoé et Vendredi… Ca chaufferait, et pas seulement à cause du soleil.
Reconnaissons que l'expression de Bertrand n'était pas très heureuse, et que l'intervention de Stéphanie plutôt drôle et imprévue. Finalement, je sais enfin ce qu'il faut faire pour débusquer les femmes bibliophiles et les amener à s'exprimer sur le blog. Depuis le temps que j'aimerais faire un portrait d'une héritière des Cent-Unes.
"Bref", comme on dit quand on est à la mode – je suis un homme moderne 🙂 -, laissons déjà les libraires organiser leur colloque et répondre aux défis de l'avenir, après tout, c'est à eux de réagir puisqu'ils sont déjà réunis en association. Ce qui tombe bien, puisque la gent féminine est représentée avec talent, notamment au SLAM.
Pour revenir au débat, la remarque d'Anonyme en réponse à SebV est effectivement au centre du débat: la pression qui s'exerce à cause de la faible rotation peut légitimement jouer sur les nerfs des libraires, et c'est normal. Ils n'ont pas fait ce métier pour gérer des cash-flows, et force est de reconnaître que la trésorerie est un critère essentiel si on veut distinguer divers types de libraires. D'un côté ceux qui ont des moyens importants, pouvant acheter à tout moment, ou ceux qui ont hérité de librairies familiales (on ne rendra jamais assez hommage aux libraires partis de rien)… et à l'autre bout du spectre, ceux qui ont des trésoreries plus tendus et qui doivent vivre.
H
Voilà ! vous avez mis le doigt dessus ! Vraiment très forte et à fond dans le coeur du débat.
Je vous invite à aller faire un petit tour sur mon blog de temps en temps, il devrait y avoir quelques galeries pour vous détendre.
Sur ce je vais me jeter une petite mousse, en bon bavarois que je suis.
B.
Je ne sais pas ce que vous aviez cru comprendre, Bertrand, puisque c'est vous qui avez proposé "d'amener des filles".
Ca promettait d'être sympathique, entre hommes, avec un humour de chambrée, à boire du Côtes du Rhône et attendant que quelqu'un "amène les filles". Pour la troisième mi-temps peut-être, je veux dire, une fois que les discussions sérieuses entre hommes seront terminées. Qu'on rigole un peu en se tapant sur les cuisses. Notamment.
Hilarant, j'imagine que nous étions nombreux et nombreuses à être pliés de rire en lisant ce commentaire, et en se disant, "Ah ce sacré Bertrand, il est tellement moderne". J'appelle ça de l'humour 1907, un peu bavarois, on imagine le Kaiser avec ses amis autour d'une bonne bière (pardon pour mes amis allemands).. ahahachh grossssseeu rigoladeuuu. Comme vous dites "ah l'humour"…
Hélas, pan sur le bec.
Stéphanie
Ah l'humour Stéphanie…
tant pis ! de toute manière on oblige personne à venir à ce colloque si ? J'avais cru comprendre d'après le projet de Limier que c'était fondé sur la base du volontariat.
B.
"Les femmes modernes"? Par opposition avec qui, "Les femmes à l'ancienne"?
Seriez-vous vous même un homme à l'ancienne, pour parler ainsi "il faudra penser à amener des filles" (comme du bétail)? Ou briguez vous un poste au FMI?
C'est triste, ça se vaut de l'humour, mais en réalité… Je trouve cela déplacé dans le contexte du débat. Subitement, ça me semble moins intéressant ce colloque où on "amène des filles"
Stéphanie
Bonne suggestion Stéphanie !
Ainsi nous verrons si les femmes modernes sont aussi ouvertes qu'elles le disent.
B.
Amusant ça!
Le plus simple Bertrand c'est que vous veniez avec votre épouse………..
Stéphanie
Parfait Limier ! Moi ça me va ! (sauf le Côte du Rhône hein…)
B.
A 9 heures, J'ai soulevé l'édredon pour aller sous les gouttes à Pont Saint Esprit soutenir le moral d'une dizaine de libraires-bouquinistes qui exposaient dans la Salle Municipale. Les livres sont certes ni ceux de Sourget ni ceux de Scheller, le maroquin fait défaut, mais on est toujours dans le binôme acheteurs- amateurs/libraires. Dans ce type de manifestation, L'accueil est aimable, le rabais modérée sur le prix marqué toujours offert, le choix en bonne et moyenne bouquinerie constant. Tous les goûts, toutes les bourses. J'ai même vu quelques ouvrages du XIX° dans des états corrects et j'ai fait une modeste acquisition à prix doux. Un rayon de soleil, en sorte.
Parfois les connaissances bibliophiliques de certains exposants valent bien celles des librairies glacées corsetées d'orgueil citées par certains commentateurs du blog. Tous ceux avec qui je me suis entretenu regrettent de ne plus trouver de marchandise correcte. Il y a quelques années quand l'oncle Jules ou la tante Berthe passait dans la barque à Caron, la famille appelait le libraire-bouquiniste du coin à venir voir la bibliothèque. Maintenant si la succession à trois reliures, on appelle le priseur via le notaire ou alors on décide de se faire marchand sur EBay en copiant les prix des Pros.
Le Monde des échanges tarifiés évolue très vite, le livre ancien n'y trouve pas encore tout sa place. Il y a des pistes à découvrir d'ou l'idée de colloque ou à travers quelques tables rondes on discuterait des problèmes du moment autour d'un Cote du Rhône et avec si nécéssaire un apport de la gente féminine ne serait ce que pour plaire à Bertrand.
Bonne journée.
sebV
La seule question intéressante est de savoir si vous avez vendu depuis au prix affiché le livre dont vous avez refusé l' offre d'achat avec un prix réduit ?
Si oui vous avez bien fait de refuser.
C'est le bibliophile Crusoë qui est retrouvé sur son île. Les marins qui accostent voient qu'il a construit deux huttes avec sur chacune un panneau "librairie ancienne". Ils s'étonnent :"une librairie soit, mais pourquoi deux?".
Le bibliophile Crusoë de répondre "il y a celle où je vais tous les jours et celle où je ne mettrai plus jamais les pieds".
Adaptation libre d'une blague juive (où il suffit de remplacer librairie par synagogue).
macro-économie… hum… quel gros mot… (sourire).
Si j'étais un brun opportuniste (pourquoi pas après tout), je crois que j'irais faire un tour en Grèce dans les prochaines semaines, puis je poursuivrais mon voyage en Italie, je prendrais un vol pour le Portugal puis je reviendrais en France par l'Espagne… Miam ! De quoi faire un beau marché non ?
Arf ! J'oubliais, pour acheter, même à bas prix, il faut de la monnaie… beaucoup de monnaie… Finalement la boucle est bouclée. La crise risque bien de profiter à ceux qui en pâtiront le moins (snif).
PS : Caliméro dirait : "c'est vraiment trop injuste !"
B.
@Bernardin:
Le livre a bel et bien un coût pour le libraire qui combine le prix d'achat , les charges et frais de vente, les taxes et en dernier un petit peu de salaire. Part salariale qui doit représenter en général 10 à 15% du prix de vente.
Difficile alors de rester courtois quand on reçoit des propositions à -50% comme ça m'est arrivé dernièrement.
47 commentaires, le sujet passionne. Il est étonnant de constater qu'une fois de plus (vous êtes incorrigibles), on en revient à la relation amateur/libraire.
Ce n'était pourtant qu'un point parmi d'autres dans mes divagations, dont l'essentiel portait plutôt sur l'évolution macro du marché et le rééquilibrage (limite un peu paradoxal) de la relation économique.
Pas grave ceci dit, on voit que le fossé reste important. Avant de faire un colloque bibliophiles-libraires (et d'ailleurs on y ferait quoi?), ne serait-il pas temps que le SLAM (par exemple) organise une journée de réflexion entre libraires autour du thème "Hé les gars, qu'est ce qu'on fait face aux défis de demain: démographies inquiétante des bibliophiles, diversité de l'accueil réservé (une charte de bonne conduite?), etc. etc."?
Hugues
Lille semble la ville idoine
Il ne faut pas prêter attention à l'attitude de certains libraires. Personnellement je ne me suis fait rembarrer qu'une fois d'une grande librairie parisienne (à qui j'avais acheté un bouquin à 2.500 euros 1 an auparavant au grand palais…) et je m'en f**s car de toute manière ils sont spécialisés dans un sujet qui ne m'intéresse pas particulièrement. Cela étant il est vrai que sauf cas de force majeure je n'achèterai plus jamais rien chez eux. J'ai toujours été très bien reçu chez Scheler/Clavreuil, A. Lamort, Teissèdre, Bonnefois, Rossignol pour ne citer que ceux-là…
on devrait peut-être collectionner des bouchons de champagne ça serait plus simple.
faudrait voir à penser à amener des filles aussi hein ! (sourire)
B.
Bertrand, il faudrait l'organiser au Palais des Sports et prévoir un cordon de CRS entre les deux blocs :))
@ Jean Marc. La mésaventure m’est arrivé aussi, c’était sur les quais, pour une suite de gravures avant la lettre, bien emballée sous plastique, on m’a dit, si vous ouvrez, vous achetez ! C’est ce que j’ai fait. Il y avait un petit côté pochette surprise …
Quant au concept de rareté pour les livres, il y aurait beaucoup à dire. Paradoxalement un livre rare n’est pas forcément cher car par définition le prix n’a pu en être fixé par le marché. Je ne prendrais qu’un exemple : l’innamoramento di Rinaldo de Monte Albano (les amours de Renaud de Montauban, un roman de chevalerie en vers chez les frères Bindoni, 1522, plutôt séduisant avec sa cinquantaine de petites vignettes séparant les chapitres : Je ne l’ai jamais revu passé en vente ni trouvé dans aucune bibliothèque, j’ai surement bien fait de l’acheter pour 40 euros, même si le vélin est un peu fripé et qu’il manque un feuillet … Il n'est pas trop tard pour me rapporter la preuve contraire.
Textor
Cher Limier,
l'idée d'un colloque libraires-bibliophiles est une riche idée à laquelle je souscris à deux mains !
Vous organisez ça ?
B.
Conclusion ?
Laisser du temps au temps. Remercier le marchand avec une politesse exquise pour ses bons soins et … se souvenir en repassant la porte que " passer pour un idiot – ou, suprême délice, un pauvre – aux yeux d' un imbécile est une volupté de fin gourmet "
ps: il est possible d'oublier de fermer complètement la porte… si le grognon est trop
Ma contribution au débat en quelques points :
1) Voir mon message tout à l'honneur de ces libraires qui savent devancer les désirs du client : http://bibliotheque-dauphinoise.blogspot.com/2011/09/la-bonne-fee-du-bibliophile-dauphinois.html
2) L'amour du livre étant aussi et surtout l'amour du livre comme objet, la librairie a un avantage indéniable sur les autres moyens : on peut voir, toucher et sentir le livre. Cela me semble irremplaçable. Et j'espère que cela n'est pas dépassé.
3) Internet a fait tomber de son piédestal quelques réputations usurpées de rareté. Mais la rareté existe toujours, et Internet permet de la confirmer. Dans mon domaine, certes très ciblé, il y a des ouvrages que je n'ai pas revus, pour ceux que j'ai, ou vus, pour ceux que je convoite, en 15 ans de recherches.
4) Pour finir, avant tout, je cherche des livres. Le jour où je les trouve, et peu importe qui me les vend (libraires, ventes, e-bay, etc.) je les achète s'ils correspondent à mes critères.
Jean-Marc
PS :
Pour Gonzalo : il ne faut pas se laisser impressionner par l'accueil parfois réticent de certains libraires. Ce n'est ni l'apanage des libraires, ni une défiance orientée vers les jeunes. C'est, me semble-t-il, un trait de caractère français. Pour ma part, je n'ai eu qu'à me réjouir de la majorité de mes échanges avec des libraires, une fois passé cette première barrière. J'ajoute que ce n'est pas seulement les libraires de « haute bibliophilie ». Il y a encore une semaine, à Champerret, une libraire (mieux, un bouquiniste) d'ouvrage à quelques dizaines d'euros, qui les présente sous plastique (type Brassens, pour ceux qui voient ce que je veux dire) a refusé de me déballer un livre à 50 € quand je lui ai dit que je voulais le voir par curiosité. Comme si la base de la bibliophilie n'était pas la curiosité…
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Conclusion?
560 euros est probablement le prix d'achat pour le libraire aussi et quand il l'a vendu sur ebay, il n'a probablement pas fait de marge mais à récupéré sa mise et a déstocké… Multiplier par 3 un prix d'achat est normal (2,5 ou 3) quand on est commerçant : il faut bien faire un bénéfice et payer les charges! Le libraire n'avait probablement pas très bien acheté mais si cela continue comme cela pour lui, il n'achètera plus du tout! Quelqu'un aurait des statistiques sur la diminution du nombre de librairies anciennes en France ces 20 dernières années?
Ah ! Zut, pour une fois que je n'ai pas d'insomnie, je me réveille ce dimanche matin de flotte infinie trop tard pour pouvoir participer à la fête des commentaires mais le sujet est plus que vaste, passionnant et me ramène à mon idée de Colloque annuel entre libraires et bibliophiles. Pas un Salon de plus ou on vient acheter et vendre mais un endroit hors le Web ou on se rencontre physiquement pour se connaitre et échanger tout et rien sur nos passions. Je vois cela dans le Sud, la vallée du Rhône et en Septembre. Après (ou avant) les participants pourraient s'égayer sur Lourmarin ou Tarascon pour leurs emplettes. QU'en pense Hugues, Betrand, Pierre, Textor et tous les autres et j'aimerais bien que tous les Gonzalo de France participent. Il pleut trop, je retourne à l'édredon.
Bonjour,
J 'ai le souvenir due EO proposé par un libraire à 2000 €, sans négociation possible vu la rareté du livre.
J' ai acheté un an plus tard cet exemplaire mis en vente – en douce – sur Ebay par le même libraire à 560 €.
Je l'ai trouvé en vente publique, il y a quelques jours, à 500 € + frais.
Conclusion ?
Pour répondre à Pierre,
comme je l'ai écrit, il n'y a pas de "vrai prix" pour un livre ancien, puisqu'il n'y a pas de cout. Ceci explique (ou expliquait) la variabilité des prix pour des livres équivalents, ainsi que certains écarts lors des ventes aux enchères.
Si le prix proposé est bon, nous faisons affaire.
Mais en conséquence, quand je vois un prix que je considère comme trop élevé, je dis "ce livre est trop cher" et non "le marchand est un voleur". D'ailleurs, si je considérais que la bonne proposition est la seconde, je m'en irais. Or, c'est le contraire; le livre n'est pas à "mon bon prix" (et c'est peut-être pour ça qu'il n'est pas encore vendu). Donc, essayons ensemble de trouver le prix qui convient dans notre relation vendeur-acheteur.
Et tout le monde sera content. Sinon, tant pis pour le vendeur. C'est l'intérêt d'être collecteur et non collectionneur.
La même chose se fait pour les antiquités, les meubles, les tableaux, etc… qui n'ont également pas de cout (si ce n'est le cout d'achat, mais le marchand doit y réfléchir avant).
C'est comme ça que tout le monde peut être respecté.
Bernardin
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Je ne crois pas qu'on puisse faire directement des offres de plus de 15% de réduction avec respect et courtoisie, Michel ! Vous prenez alors systématiquement votre interlocuteur pour un voleur et vous vous considérez comme une personne à qui on ne l'a fait pas…
Croyez-vous que le commerce du livre ancien soit moins respectable que les autres ? Par moments, je me demande comment les bibliophiles font dans leur propre métier si tenté qu'ils travaillent encore ;-)) Pierre
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Eternelle et non inutile discussion sur les circuits de vente des livres !!
Quelques commentaires d'un "acheteur de livres", je n'ai pas l'impudence de m'appeler bibliophile.
@ Gonzalo. Je ne suis pas si jeune que vous, mais la sensation d'être transparent, quand vous n'avez pas le bon look, est la même chez certains libraires (parisiens ou autres) que chez De Jonckheere, spécialiste de la peinture flamande, ou dans d'autres spécialités. Essayez la même chose à Londres, vous verrez la différence.
@ Tous
A la différence des livres neufs qui ont un cout, les livres non neufs n'ont qu'un prix, par ailleurs très variable. La diffusion de "ces produits" par le biais d'Internet (outre la facilité de faire connaître ses livres très loin de chez soi), permet surtout un peu plus de transparence sur les prix (même si ça ne plait pas à certains). Mais il permet aussi pour certains de relever leurs prix, en fonction de ce qui est déjà proposé.
Il faut rappeler que le prix de vente (réel) n'est que le reflet d'un accord entre vendeur et acheteur (loi de l'offre et la demande), même si interviennent rareté, qualité et même prix d'achat. Pourquoi plutôt 1000 ou 2000 euros !!
Quant au stockage, c'est une vieille pratique bien connue et très ancienne, pour faire croire à la grande rareté (et pas réservée aux libraires).
Comme tout collecteur (ou collectionneur, j'aime faire la différence), nous faisons des erreurs de jeunesse, même si parfois certains libraires ou experts peuvent être de bon conseil. Il faut simplement éviter de les faire sur des objets de valeur (notre cassette n'étant pas illimitée).
Maintenant, si le commerce de livres anciens veut continuer à travailler et à trouver de nouveaux clients, il faut aussi qu'il s'adapte au budgets des acheteurs potentiels.
Eternel débat entre vendre (quelque chose qui n'a pas de cout) cher et peu & vendre avec moins de marge mais plus souvent. Mais voyons, il ne faut pas casser le marché !!!
Bernardin
PS Tout à fait d'accord avec le commentaire de Michel.
En tout cas, là où Hugues a raison, c'est que le rapport s'est nettement rééquilibré. Il n'y a que pour les ouvrages uniques ou rarissimes que le libraire peut encore resté campé sur un prix (et à condition d'avoir un acheteur), pour le reste, tout est devenu négociable par la grâce de l'explosion de l'inventaire mondial en ligne et de la faible rotation des fonds. Il faut vendre.
Personnellement, je fais désormais des offres aux libraires pour les livres qui m'intéressent, de façon directe, et au delà des 10 ou 15% habituels. Toujours avec respect et courtoisie.
Cela fonctionne très bien, alors qu'il y a 20 ans on m'aurait chassé à coup de balais.
Le bibliophile est devenu bibliographe, et quasiment courtier. C'est un changement important, évaluer la valeur d'un ouvrage est devenu simple, et qui dit information dit pouvoir (au moins de négociation)
M.
Certains libraires de la capitale semblent bien prétentieux à vous lire. J'avais débuté en bibliophilie à Grenoble, il y a maintenant trop d'années. Que de longues heures de discussion avec Mr Ménager,Dufour, Clément, Munari, tous libraires, Saporito relieur tous aujourd'hui à la retraite ou dans un monde meilleur. Certes ils n'avaient pas beaucoup de pièces d'exceptions, et étaient entre bouquinerie et librairie d'ancien, mais je n'avais pas beaucoup d'argent, j'avais quand même acheté le Stirpium Historiae de Lobel 1500 bois XVIe, des petits atlas XVIIIe et XIXe qu'un libraire me réservait à des conditions incroyables car il avait peur qu'ils soient cassés par les Transalpins voisin qui achetaient sur Grenoble; Il avait donc aussi un éthique…Ils étaient tout heureux de voir un jeune de vingt ans s'intéresser aux livres et me faisaient des conditions vraiment sympas et formation gratuite. Ils me fourguaient bien aussi quelques mauvais livres, mais cela fait parti du jeu, il fallait bien qu'il me test! Les temps auraient donc autant changés que mes rides naissantes et mes verres progressifs arrivants ?? 🙂
Pourtant, revenons à 2011, quand je reçois des clients cela ce fini plus souvent autour d'un café ou en dégustant un verre de vin de la région, qu'en les traitant de voleur, mais c'est vrai que je vends principalement sur internet, et ne reçois que sur RV, pas le stress de la boutique et tout content de voir du monde! cela me change de mon écran! Bibliophiles déprimés, appelez-moi! 🙂
Daniel B.
Oui, de plus les vendeurs sur Ebay sont souvent très sympa
Gonzalo, si cela peut vous rassurer, l’attitude de certains libraires parisiens n’est pas réservée qu’aux jeunes impécunieux. Il ne faut surtout pas rentrer chez eux le week- end en Jeans et Tshirt : ils prennent peur. Un jour j’avais décidé de visiter les 3 libraires d’anciens qui se suivent dans la rue derrière chez moi où je n’avais jamais mis les pieds. (il faut dire qu’avant de pousser la porte, il faut appuyer sur une sonnette..). Bref, histoire de me donner un prétexte pour franchir leur seuil, je mets sous le bras un livre ancien que je venais d’acheter et sur lequel je faisais des recherches. Le libraire me toise avec un air … de libraire parisien… je finis par lui montrer mon ouvrage. Il s’exclame en voyant l’ex-libris : « Quoi ! un livre de la famille de XXX ! Où l’avez-vous trouvé ? Ce livre a été volé !! ». Inutile de dire que j’ai repris mon livre, tourné les talons et claqué la porte (ce qui s’appelle partir comme un voleur !). Les deux autres ont fait les frais de cet accueil indélicat, je n’y ai jamais plus mis les pieds ! Ebay a cela de bien qu’on est pas obligé de mettre une cravate pour acheter.
T
Oeuf corse, rien n'est tout blanc ou tout noir.
Je fustigeais dans mon commentaire précédent certains de tes confrères. Pas toute la profession.
Pour tout dire, si je traine mes guêtre dans le monde du livre ancien, c'est sans doute grâce à un libraire qui, lui non plus, ne correspond pas au portrait que j'ai fais tout à l'heure. Un homme généreux, passionné, ouvert, et qui sait accorder sa confiance facilement.
Rassure toi : je sais apprécier les bons libraires. Seulement, entendre toujours la même antienne ("les jeunes ne lisent pas"), de la part de libraires qui nous traitent comme des indésirables…
Heureusement tout s'arrange: je vieillis! Je finirai par devenir crédible quand je me déguiserai en client!
NB: pour venir dans ta boutique… Ce serait avec plaisir. Mais je ne prends plus trop la route de la Bourgogne ces derniers temps. Mais à l'occasion, sois sûr que j'irais!
Gonzalo est en colère ! Soit il est vraiment… impécunieux (sourire), soit il est tombé sur de mauvais libraires. Car, cher Gonzalo, ce n'est pas faute de t'avoir invité à venir visiter mon antre, mais tu n'es pas venu… dommage, car tu le sais, je suis accueillant et fort bavard quand il est question de livres.
Et puis, en tant que libraire, je pourrais dire la même chose, quand on donne le nom d'une petite librairie de province à un "grand libraire" il sourit plus souvent qu'on ne croit. Mais il faut aussi saluer des gens tels que MM. Marchiset de la librairie l'Intersigne, qui, loin des poncifs misanthropes que tu dis, au contraire, aident les jeunes librares (et les jeunes bibliophiles), à trouver leur place.
Bref, rien n'est blanc, rien n'est noir, tout est gris clair ou gris foncé, ça dépend des jours.
Sinon pour Ebay, c'est amusant en effet de voir débarquer des livres à 10.000 euros et plus en achat immédiat (sorte de catalogue en ligne comme je le fais moi-même). La librairie Le Bail s'y essaye. D'autres librairies y sont déjà depuis plus longtemps. Qui achète ? Tout le monde ! Du plus grand libraire au plus petit, et les livres circulent … et les prix changent … d'une main à une autre… à chacun de faire son choix, si possible, le bon !
La bibliophilie n'est pas une science exacte, pas plus que la librairie, on tatonne. Et quand on essaye d'en vivre (j'exclue donc tous ceux qui font ça "pour le fun"), rien n'est jamais si simple qu'on croit.
B.
Le vrai bibliophile-mane achète ses livres partout, selon l'ouvrage et non celui qui le lui vend, ce cloisonnement n'a plus de sens.
Et il y a sur ebay pour qui sait chercher autant de beaux livres que chez la plupart des libraires.
Et comme le souligne Benoît, les libraires, qui y achètent, ne s'y sont pas trompés.
Hugues
@Gonzalo : je suis 100% d'accord avec vous. L'attitude glaciale de certains libraires nous pousse à aller sur eBay, mais il faut résister à cette tentation car souvent les libraires ont des livres qu'on ne trouve nulle part ailleurs (les libraires ne se fournissent pas exclusivement en salles des ventes). Cela ne fait que confirmer ce que je pense : on va parfois sur eBay pour les mauvaises raisons (pour être "tranquille") et non pas pour la qualité des livres…
Jérôme, vous mélangez tout en assimilant libraire à Sourget, Clavreuil et autres.
La librairie est plus diverse que cela et la plupart des libraires d'ancien n'ont pas d'incunables ou de livres rares.
Plus amusant, au cas où vous ne le sauriez pas, Sourget, Clavreuil, Latude, Chamonal et autres achètent ebay, Le Bail y vend même.
Benoît
@Anonyme : vous avez raison, il y a du très bon comme du très mauvais sur eBay, mais le très bon n'est pas fréquent. Je ne critique pas eBay, il m'arrive d'acheter sur eBay quand c'est justifié mais je me rends compte en ce moment que finalement, les plus beaux livres sont chez les libraires (ou en salles des ventes). Je ne pense pas que Sourget, Thomas Scheler & co. vendent sur eBay…
Certains vieux libraires ne sont présents ni sur internet (addall etc), ni sur eBay et ont des livres incroyables.
Ebay c'est sympa car on peut fouiner dans les livres comme on veut sans être dérangé, mais en même temps c'est vite lassant d'être derrière son écran à chercher. Comme vous tous je suppose, je préfère les librairies avec leur atmosphère de caverne d'Ali baba.
heureusement, tous les libraires ne correspondent pas aux portraits de Gonzalo !
j'en ai rencontré des charmants, qui m'aidaient et me poussaient à chercher et farfouiller dans leurs rayons.
Baisse des prix? Pas si sûr d'après ce que j'ai cru comprendre. La moindre édition du XVIe, même en latin, atteint des sommes toujours relativement élevées.
Par ailleurs, sur le rôle de formation des libraires, il y aurait beaucoup à dire… Un libraire du SLAM m'expliquait il y a peu que les conférences organisées par le syndicat visaient prioritairement les étudiants – futurs bibliophiles. Belle intention. Mais pour avoir fréquenté les libraires et les salels des ventes assez jeune (22 ans), j'ai pu tester l'accueille que réserve les "grands" professionnels aux jeunes gens impécunieux…
Scène récente : j'avais décrit, toute la journée, des livres anciens dans une grande bibliothèque parisienne. J'avais eu dans les mains, comme tousles jours, des livres forts beaux, forts rares. En sortant de la bibliothèque, j'entre chez un grand libraire.
– Bonjour
– On peut vous renseigner?
– Non, je vous remerice. Je flâne.
Je me tourne vers les rayonnages, examine les pièces de titre, cherche à repérer quelque chose d'intéressant. Quand le libraire reprend :
– Si vous voulez voir quelque chose, vous me demandez avant.
Bon. Tant pis. Je commence à avoir l'habitude. Me voyant intéressé par les livres et sentant sans doute mon irritation naissante, le libraire se fend d'une explication. Il m'explique que ce sont des livres rares, qui coutent très chers. Et me propose son catalogue :
– ce ne sont que des livres assez chers, mais ça vous fera de la lecture.
Je suis sorti. Un peu las. J'ai en tête d'autres scènes, comme cette séance d'exposition de livres avant une vente. Je demande à voir un livre, on me demande si je suis intéressé. Je réponds que je peux l'être mais que je veux voir le livre. On consent à me le donner. Je le feuillette, le libraire se tient devant moi, me surveille de près. Il en est presque à tourner les pages à ma place, alors que le livre n'est pas si rare que cela… Je lui indique que je ne suis pas intéressé. Que le livre est incomplet. Sa notice ne l'indiquait pas ; ça lui avait échappé. Il en est tout surpris.
Bref… Messieurs les "grands libraires", qui font dans la "haute bibliophilie", pour l'avenir de votre profession : ne vous tirez pas une balle dans le pied. Faites l'effort d'accueillir les jeunes gens dans vos boutiques avec les mêmes égards que vous réservez à vos clients fortunés. Car vous savez, souvent, être humiliants. Et les gens de ma génération ne se posent pas de question : plutôt que de risque l'humiliation en rentrant chez un libraire, il est souvent plus confortable pour nous d'acheter en ligne. Et de se détourner de vos librairies froides – cimetières de livres – et de vos attitudes prétentieuses ou condescendantes.
3h30, c'est aussi mon heure pour les réflexions profondes. Souvent, je m'en passerais bien ;-))
Hugues se demande s'il franchira le pas, un jour. Il nous énumère l'ensemble des arguments défavorables au commerce actuel du livre ancien en espérant que nous allons abonder dans son sens et le dissuader d'envisager une pareille entreprise. Sauf que… Je ne crois pas que Hugues souhaite vraiment avoir une boutique sur Ebay et une chaise à Drouot.
Pour lui, comme pour beaucoup de passionnés, la profession ne se réduit pas au commerce du livre. Il y a la boutique, l'odeur des livres, l'ambiance, la décoration, le choix des livres, les clients, etc…
Alors OUI Hugues, votre analyse est excellente. Est-ce que cela suffira à vous dissuader d'entreprendre ? On verra… Pierre
@ Jérome, votre analyse me semble fausse, tous le marché du livre est présent sur ebay, le très bon comme le très mauvais. Mr Sourget, comme nombre de grands libraires est un fin acheteur, et certain de ses livres (peu il est vrai) proviennent sans aucun doute de ce lieu, il sait probablement les repérer et les acheter avant vous…D'autre part Walden, édition originale( feu follet), pour ne citer que des libraires SLAM qui brisent le tabou et osent s'afficher vendent les mêmes bons livres sur ebay que sur leur catalogue, ils ne vont pas les tarer pour les mettre sur ebay :), sans compter les nombreux libraires qui vendent sans s'afficher…Votre analyse est juste pour les incunables si vous vous limitez à ebay france, mais world village vous en trouvez de très beau sur ebayUS, ebayAllemagne…Ebay est une simple place de marché et vitrine de grands professionnels, comme de particuliers qui ont trouvé trois Massillon, la Henriade, et Fénelon du XVIIIe dans le grenier et pensent avoir le trésor du siècle. C'est ce qui fait le charme d'ebay. Une belle femme est encore plus belle et remarquée au milieu de la foule sur un quai de métro, qu'au milieu d'un défilé de mode.
Grrr…un bug a effacé mon long message…
Je n'ai le courage de réécrire que les principaux axes:
– Transfert d'une partie du travail bibliographique du libraire à l'acheteur en échange d'une baisse de prix.
– Baisse de prix compensée par l'ouverture du marché à l'international.
Bref le libraire doit se rappeler qu'il est d'abord un commerçant et sortir de son antre (argh beurk, le soleil!), où il ne vendait qu'aux notables de sa ville pour, si il s'adapte, écouler son stock en Nouvelle-zélande.
Bonjour.
Je trouve que Jérome est un peu dur avec Ebay.
On y trouve effectivement de tout mais aussi du très bon et du très beau (parfois aussi du très cher).
Ces beaux ouvrages (particulièrement XVIII et avant) ne sont certes pas légions, mais toutes les semaines quelques exemplaires sortent de la jungle des listes de ventes Ebay.
Il s'agit d'ailleurs souvent d'exemplaires proposés par la même petite demi-douzaine de vendeurs dont les amateurs connaissent les pseudos
A Jacques et Benoît : par exemple, vous ne trouverez jamais des livres du catalogue de la librairie Sourget sur eBay… ni d'incunables (c'est interdit sur eBay France car ce sont des biens culturels). Bien sûr on ne peut pas s'acheter ce genre de livre tous les jours mais si on veut faire une "folie", mieux vaut aller chez un libraire que sur eBay.
Hugues, Belle analyse de marketing désabusée. Je vous rejoins sur ce sujet, la grande transparence du marché et l’offre excessive dévalorise les biens . Autrefois on se disait, j’achète , même s’il est un peu défraichi car je ne reverrai jamais un tel exemplaire. Aujourd’hui, on se dit qu’une vente loupée n’est pas grave car l’objet reviendra vite, peut-être moins cher !
Un libraire vendant sur ebay à qui je disais qu’il bradait vraiment ses ouvrages à pas cher m’a répondu « faut que cela tourne ». Pourtant, s’il stockait un peu plus, il contribuerait à la rareté indispensable à la valeur.
Mais il est vrai que de nos jours le vin est vendu avant que la vigne soit vendangée !
T
Jérôme: il y a beaucoup de libraires, la plupart d'ailleurs, qui n'ont aucun livre rare dans leur librairie.
Benoît
Il faut dormir la nuit cher Hugues!
Jérôme: c'est quoi pour vous un livre rare? Pour ma part, j'en ai déjà beaucoup, de très intéressants sur ebay (je pense notamment à un livre qu'Hugues m'a soufflé, le 1er livre imprimé par Alde), le tout est de les trouver (et de voir ce qu'on met dans cette acception).
Jacques L.
Bonjour,
Les plus beaux livres ne sont pas sur eBay mais chez les libraires. Le règlement eBay ne permet pas aux vendeurs français de vendre des biens culturels, du coup on tombe très rarement sur des livres vraiment exceptionnels. J'aime beaucoup eBay car on peut parfois y faire de bonnes affaires sur de très beaux livres (à condition d'être exigeant bien sûr, car il y a quand même une grande majorité de livres "sinistrés"), mais vous ne trouverez jamais un livre vraiment rare sur eBay.
oui, c'est étrange, mais maintenant que les garanties officielles des commaissaires-priseurs ont bien été revues à la baisse, ils s'engagent moins sur l'état.
Mais il est vrai que maintenant le "client" peut facilement vérifier une collation.
Bon… j'avais programmé la publication de ce message demain pour pouvoir le relire à tête reposée aujourd'hui… Mais évidemment à cette heure là, on n'a pas les yeux en face des trous…
Calamar: il me semble qu'internet/ebay et la rupture du lien avec le libraire favorise des entrées un peu sauvages et mal encadrées en bibliophilie au sens large (non pas que je sois pour encadrer, au contraire). J'ai croisé pas mal de "bibliophiles" qui raflent ainsi de façon avide un peu n'importe quoi, dont des incomplets (vade retro satanas), et j'ai la faiblesse de penser que dans "l'ancien système", les libraires ne les conseillaient pas.
Il est probable d'ailleurs qu'ebay favorise la vente de ces incomplets et leur permet d'atteindre des prix… parfois étranges.
Pourne pas parler que d'ebay, avez-vous remarqué que les SVV ont complètement laissé tomber la mention "complet" que l'on trouvait encore au bas des bonnes descriptions il y a quelques années.
H
réflexions bien moroses… à mettre sur le compte de la nuit, Hugues ?
il est sûr que les pratiques nouvelles changent beaucoup la donne, pour les vendeurs comme pour les acheteurs… les dures réalités apparaissent plus rapidement, mais est-ce que la revente d'un incomplet a été facile un jour ? pas sûr… simplement on mettait peut-être plus de temps à se rendre compte de ses mauvaises affaires !