Découvrir la bibliothèque d’un bibliophile, partie I: les classiques reliés en maroquin

Amis Bibliophiles bonjour,

Je vous propose de continuer aujourd’hui la visite de la bibliothèque de l’un des fidèles lecteurs du blog, grand amateur d’ouvrages anciens en maroquin d’époque. Commençons par la littérature… Durant ces vingt dernières années, j’ai recherché des exemplaires d’oeuvres poétiques des maîtres classiques : Ronsard, Du Bellay, Villon, Desportes… Le malheur pour un bibliophile au budget raisonnable, c’est que justement durant ces vingt dernières années, ces livres ont atteint des prix astronomiques, du moins pour les exemplaires un peu exceptionnels.
J’ai bien trouvé quelques titres (dont un Du Bellay et un Desportes en maroquin 18e qui étaient fort jolis), mais j’ai vite compris que je n’arriverai jamais à quelque chose de satisfaisant. Je me suis donc rabattu sur une anthologie :
Annales Poétiques 1778-1788, 30 volumes en maroquin rouge d’époque (sur la photo, je n’ai pas mis tous les volumes). Avec un portrait à chaque tome.

Cette édition comporte normalement 42 volumes, mais elle ne se rencontre jamais complète et les 2 derniers volumes n’ont pas été mis en vente. Les 10 premiers volumes constituent une véritable anthologie de la poésie française du Moyen Age jusqu’à la Renaissance. On y trouve au tome 1, 25 poésies de Charles d’Orléans dont 16 paraissent pour la première fois ici.
Si je trouve un jour un exemplaire de « Recueil des plus belles pièces des poètes francois » 1692 en 5 vol in-8, en complément… J’ai un par ailleurs petit faible pour les éditions illustrées par Picard. L’édition de Boileau « Oeuvres » 1718, 2 vol in folio en maroquin rouge est particulièrement réussie. Le frontispice notamment est très beau.


Elément étonnant, et rappelant que le relieur était avant tout un artisanat, cette reliure présente une légère différence pour les deux tomes : bien que ce soit exactement les mêmes fers utilisés, et que les deux tomes soient exactement de la même dimension, la répartition des entre-nerfs diffère.
J’avais déjà présenté mon exemplaire de l’édition de Khel de Voltaire. Mais que serait, dans une bibliothèque 18e, Voltaire sans Rousseau? Mon choix s’est porté pour une édition maniable : Rousseau « Oeuvres » 1783-1789 en 34 vol in -12 en maroquin rouge, dans le style Bradel Derôme (la photo ne présente pas la totalité des volumes). L’exemplaire n’a jamais été ouvert…
Je n’ai pas eu l’occasion de trouver un exemplaire abordable de la belle édition in-4 illustrée par Moreau le Jeune, mais je ne désespère pas…
Autre petit chef d’oeuvre de délicatesse, Alcoforado « Lettres portugaises » 1796 2 vol grands in-12 en maroquin bleu, à très grandes marges. L’édition originale est fort prisée de cet ouvrage et ne se rencontre jamais en maroquin d’époque. A défaut, cette édition illustrée d’un frontispice, est vraiment charmante.
Continuons par le théâtre avec Racine « Oeuvres » 1682 en 2 vol in-12 en maroquin bleu marine fin 18e. L’exemplaire provient de chez Bérès (catalogue n°59 avec reproduction). Chose remarquable : toutes les pièces sont datées de 1678 (première édition elzévirienne). Seul le frontispice a été renouvelé à la date de 1682. Cet exemplaire m’a beaucoup intrigué car les pages de gardes (2 au début et 2 à la fin) sont en peau de vélin. Cela m’a mis la puce à l’oreille : est ce que l’exemplaire ne viendrait pas de la bibliothèque Renouard? Mes recherches sont restées vaines…Renouard a dû faire d’autres ventes que son catalogue de 1854 en 4 volumes, mais je n’ai pas trouvé trace. Quelqu’un aurait il une piste?
Restons dans le classicisme, avec les auteurs grecs et latins : Homère « L’Illiade et L »Odyssée » 1780-85, en 6 vol in-8 en maroquin vert d’époque. L’exemplaire contient une double suite : celle de de Marillier et celle de Biosse. Il provient de la collection personnelle du libraire Gougy (n464 de son catalogue de vente). C’est la même provenance que mon Lucrèce que je vous avais présenté la dernière fois. Lucien Gougy s’était hissé au niveau des librairie Rahir et Belin au niveau de la qualité des exemplaires proposés.
Horace « Poésies » 1778, en 2 vol in-4 en maroquin rouge. Tous ces classiques ne sont guère recherchés de nos jours, mais ils constituent tout de même les bases d’une bibliothèque…
Virgile « Oeuvres » 1796,  4 vol in-8 en maroquin rouge. J’ai préféré cette édition à celle de 1743 que l’on trouve parfois en beau maroquin ancien, mais dont l’illustration est un peu décevante. Dans cet exemplaire, les illustrations sont d’un tirage bien contrasté.
Je recherche toujours un exemplaire en grand papier in-4 ou in-folio relié par Bozérian aux mille points. Ca devrait être trouvable…
Pour finir les classiques anciens: Xenophon « La Cyropédie » 1777, 2 vol in-12, en maroquin rouge aux armes du Duc d’Orléans. L’exemplaire provient de la bibliothèque Rahir (n°1203) et Jules Lemaitre.
Rendez-vous demain pour la suite… Bonne lecture à tous!
Wolfi

3 Commentaires

  1. Effectivement, Renouard mettait parfois une étiquette.
    Souvent aussi, il faisait dorer son nom entre deux filets à l'intérieur ou à l'extérieur sur les plats.
    Là, il n'y a rien.
    Mais il se peut que ce soit un premier exemplaire qu'il a revendu par la suite, l'étiquette ayant été enlevée.
    Tout ceci reste bien entendu une hypothèse, mais les gardes en peau de vélin sont vraiment caractéristiques de la bibliothèque Renouard.
    Il y a dû avoir d'autres ventes que celle de 1854, mais je ne les ai pas…
    Quelqu'un peut-être aurait il une idée?

    Cordialement,

    Wolfi

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