Un grand livre de bibliophilie du XVIIIème: Les Baisers de Dorat

Amis Bibliophiles bonjour,
Pour certains, c’est l’un des plus beaux livres illustrés du 18ème siècle, et c’est vrai qu’il est particulièrement charmant et délicat: Les Baisers, précédés du mois de Mai est le chef d’oeuvre de Claude Joseph Dorat.L’édition originale est parue en 1770 à La Haye et Paris, chez Lambert et Delalain, en format in-8 (119pp.; 47 pp.).
L’ouvrage est connu des bibliographes et des bibliophiles pour son illustration très raffinée: un frontispice par Eisen, gravé par Ponce, une figure à pleine page par Eisen, gravée par de Longueil, un fleuron sur le titre ainsi que 22 vignettes, toujours par Eisen, et 22 culs de lampe par Eisen (20) et Marillier (2), qui furent gravée par Aliamet, Baquoy, Binet, de Launay, Lingée, de Longueil, Masqulier, Massard, Née et Ponce.

Ces gravures exquises sont typiques du 18ème siècle et mettent en scène une amante puis des couples d’amants qui rejouent des scénettes de la vie amoureuse. 


Cohen écrit que l’ouvrage est « illustré avec un goût parfait et une grâce achevée ». Selon lui, pour bien apprécier ses ravissantes illustrations, il est nécessaire de se procurer les exemplaires sur grand papier de Hollande avec les titres en rouge et noir.  C’est le cas ici, un exemplaire sur grand papier de Hollande, avec les titres en rouge et noir et, de premier tirage, à grandes marges, et de surcroît les erreurs dans la numérotation des pages (ou est-ce même dans la pagination?) du premier texte « Le Mois de Mai », et qui est caractéristique des tous premiers exemplaires. Claude Joseph Dorat, également connu sous le nom de Chevalier Dorat, est né le 31 décembre 1734 à Paris, où il est mort le 29 avril 1780. C’est un poète et dramaturge français. Après une carrière éphémère dans le corps des mousquetaires du Roi, il se mit à fréquenter le monde des lettres, du théâtre et des femmes à la mode où il épuisa son patrimoine en dépenses pour ses plaisirs et pour l’impression de ses ouvrages.
Il publia dans de nombreux genres différents : poèmes, tragédies, comédies, contes, fables, épîtres, odes, héroïdes dans le genre d’Ovide, madrigaux, grands vers et vers légers. Dorat a suscité un grand nombre de poètes qu’on a nommés l’école de Dorat.
Dorat publia la plupart de ses ouvrages avec de nombreuses gravures par Marillier et Eisen, ce qui en fit des chefs-d’œuvre d’art et de luxe typographique. L’abbé Galiani disait à ce sujet que le poète « se sauvait du naufrage de planche en planche ». Si la réputation du poète y gagna, sa fortune finit par s’y perdre.Cet exemplaire à toutes marges est habillé d’une jolie reliure signée Lortic, en plein maroquin rouge à la Duseuil, avec de très jolis fers à l’oiseau, et de charmantes gardes de soie brodée. Il ne contient aucun ex-libris et porte le chiffre des Goncourt.
H

88 Commentaires

  1. Dans "La Maison d'un artiste", tome II, p. 1 :

    "CABINET DE TRAVAIL.
    Après la cheminée, le mur reprend avec la littérature, avec la poésie.
    Avouons-le franchement, la poésie du temps ne vaut quelque chose que par les estampes des dessinateurs qui l'ont illustrée.Parlons donc des poètes à images.
    C'est en première ligne Dorat et ses Baisers et ses Fables, et ses petits poèmes, avec ses illustrateurs ordinaires. Eisen, Marillier."
    Y.C.

  2. Quel bel exemplaire, Hugues, et surtout d'une provenance de prestige ! Ce n'est pas moins que l'exemplaire des frères Goncourt, relié à leur chiffre EJ (Edmond et Jules), volume que l'on retrouve d'ailleurs dans le catalogue "Bibliothèque des Goncourt – Livres du XVIIIe siècle" (29 mars-3 avril 1897) sous le n° 372 (où il est bien décrit comme "grand papier"). Détenir ces "Baisers", symbole par excellence du livre illustré XVIIIe, ayant appartenu aux deux frères ayant ressuscité cette époque par leurs écrits et leurs collections, voilà qui ne manque pas de saveur ! Il faudra vérifier si l'exemplaire est cité dans les deux tomes de "La Maison d'un artiste" (1881) d'Edmond : c'est plus que probable. Bien cordialement, Nicolas D.

  3. On connaissait le texte, le papier, les illustrations… Mais c'est la reliure qui, pour cette fois, m'impressionne ! Les gardes de soie auraient méritées d'être ornées de motifs rouge, pour mon goût personnel… C'est un détail, bien sûr. Bel achat. Pierre

  4. Vieille épigramme :

    " Un louis les Baisers."
    " Oui, Monsieur, c'est le prix."
    " Mon cher, le prix est fou ; tu peux garder ton Livre."
    "Je nе le garde pas et le vends un louis."
    " De cette Muse-là le Public est donc yvre. Au moins ses vers sont chers."
    " Eh ! regardez donc bien ; Examinez, Monsieur, le papier, les images, les grouppes (sic), les festons qui décorent les pages, Et vous verrez, Monsieur, qu'on a les vers pour rien."

    Très bel exemplaire que le votre. Vous avez les Imitations des poètes latins à la fin ?

    Nous ne serions pas bibliophile mâtiné de bibliomanie si nous ne lancions pas à la tête quelques dimensions, façon 19e en haut-de-forme (nous avons déjà les bonnes fautes, quel bonheur !). Mon exemplaire, relié sur brochure (Exemplaire Ernest Quentin-Bauchart, reliure Trautz-Bauzonnet en maroquin vert avec dentelles) mesure 245 x 155 mm. J'en ai repéré d'autres à 233 x 147; 215 x 135 ; 210 x 133 ; 210 x 142; 207 x 132 mm (…on passe son temps comme on peut).

    Alors, qui c'est qui a la plus grande…?

    Raphael

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