Stephen Carrie Blumberg : bibliophile et bibliokleptomane…

Amis Bibliophiles bonjour,
Bibliophile, bibliomane, bibliokleptomane, y-a-t-il plus d’un pas entre ces différentes étapes ?Stephen Carrie Blumberg était assurément les trois. Voici l’histoire du plus grand voleur de livres de l’histoire, ramenant l’exécrable Libri au niveau d’un simple pickpocket…

Comme nous tous, Blumberg avait un domaine de prédilection, un thème pour sa bibliothèque, le sien était simplement que tous ses ouvrages avaient été volés. Et lorsque la police de l’Iowa est venue l’arrêter le 20 mars 1990, il avait réuni près de 24 000 livres en une vingtaine d’années, tous volés.

Le FBI mît deux jours entiers et mobilisât 17 personnes pour sortir près de 900 cartons de livres de la maison de Blumberg, soit près de 24 000 livres au total.

Mais qui était Blumberg ? Le personnage est complexe et il faut se garder des jugements hâtifs. Ainsi à la différence de Libri, il est évident que Blumberg était bibliophile, dans la mesure où il n’a pas dérobé ces livres pour les revendre, mais bien parce qu’il nourrissait à leur égard une passion démesurée. D’ailleurs, en bon bibliotaphe (personne qui refuse de montrer ou de prêter ses livres), il les préservait du regard d’autrui et en jouissait seul, dans sa maison de 17 pièces. Il était également un lecteur compulsif des ouvrages ainsi dérobés. Enfin, Blumberg était l’héritier d’un famille aisée et bien que la valeur totale des livres volés avoisinât les 8 millions de dollars, il n’en a pas revendu.

En fait, ce qui est caractéristique de Blumberg, c’est qu’il n’est pas un simple bibliophile se mettant au vol pour satisfaire ses pulsions, mais plutôt qu’il est à la base un voleur de génie (le FBI le qualifiera par exemple de serrurier virtuose) dont le talent va croiser la passion, avec les conséquences que l’on sait.

Chez lui, les autorités découvrirent ainsi les plans de nombreuses bibliothèques américaines, des catalogues de collections, ainsi que l’arsenal nécessaire à un Arsène Lupin de haut vol (mais pas d’arme). Il est intéressant de constater que Blumberg aurait pu employer son talent au vol de bijoux, de diamants ou d’autres objets précieux, mais qu’il « choisit » les livres… pour pouvoir les lire, et les posséder.
Son but était vraiment de se les approprier, et il a d’ailleurs enlevé toutes les marques de propriété, rendant l’identification des ouvrages extrêmement difficile (en fait, l’inventaire a donné lieu à la rédaction d’un catalogue dans lequel les anciens propriétaires étaient invités à reconnaître leurs livres). Blumberg agissait différemment selon les cas, soit il se laissait enfermer dans une bibliothèque, soit il se faisait passer pour un enseignant d’une université.

Il est cocasse (ou pathétique) de constater que de nombreuses bibliothèques n’avaient même pas découvert que des livres manquaient dans leurs rayonnages.

Finalement, j’ai infiniment plus de tendresse pour Blumberg que pour Libri. En effet, il est clair que le premier est « prisonnier » de sa passion quand le second n’est qu’un vulgaire escroc. D’ailleurs, quand un enquêteur du FBI demanda à Blumberg ce qu’il éprouvait en voyant ainsi sa maison vidée de ses livres, notre Arsène Lupin du jour répondit, je vois le « squelette de ma vie ».

Paradoxalement, on pense que l’action de Blumberg a finalement rendu service à de nombreuses bibliothèques américaines, qui ont fini par prendre conscience de la faiblesse de leurs systèmes de sécurités, qui furent alors considérablement renforcés.

H

L’histoire de Stephen Carrie Blumberg a été retracée dans une fiction télévisée de la chaîne CourtTV, appelée Masterminds (voir image).

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