Livres anciens ou modernes, rares… l’irruption de la Science-Fiction dans la bibliophilie

Amis Bibliophiles bonjour,

« Livres anciens » ou « livres rares », quelle est aujourd’hui l’appellation la plus judicieuse? Le débat fit « rage » entre libraires et quelques bibliophiles il y a quelques semaines sur les réseaux, alors que Nicolas Malais évoquait l’un des premiers débats du Congrès de l’ILAB à Los Angeles.

Plus précisément la question posée par Nicolas: « peut-on encore communiquer aujourd’hui avec l’appellation traditionnelle «Antiquarian books »ou doit-on privilégier l’appellation «rare books», qui semble plus accessible ? « Rare books » semble désormais l’emporter chez les professionnels !« .

Il est toujours utile de consulter l’Enssib (http://www.enssib.fr) lorsque l’on se pose ce genre de questions. Dans sa partie « Services et Ressources », l’Enssib rappelle ainsi que:

« La définition du livre ancien a fluctué au cours des temps. Jusque dans les années 1980, était considéré comme un livre ancien en France tout ouvrage antérieur à 1811, année de création de la Bibliographie de la France. Cette coupure s’avère aujourd’hui artificielle et insatisfaisante. Depuis les années 1990, de nombreuses bibliothèques considèrent comme ancienne tout ou partie de la production du XIXe siècle. Selon les établissements, la date frontière entre imprimés anciens et modernes est 1850, 1900, 1914 voire 1920.
Pour sa part, et depuis sa création en 1945, l’Unesco considère comme ancien tout ouvrage de plus de cent ans d’âge. C’est une définition aujourd’hui reprise par la législation douanière française et le ministère français de la Culture. Il s’agit donc d’une frontière mouvante.
L’historien du livre, lui, distingue le livre de la période artisanale, imprimé sur une presse à bras entre le milieu du XVe siècle et les années 1830-1840, du livre de la période industrielle imprimé depuis le second tiers du XIXe siècle. »

Que vous soyez un puriste, que vous écoutiez l’Unesco, que vous soyez un libraire français ou américain, il est probable que la notion la plus stricte de « livre ancien » ne suffit plus à définir ces ouvrages qui nous attirent tant.

Ainsi au Salon du Grand Palais par exemple sont proposés des livres anciens et des livres modernes, voire contemporains, tous plus ou moins rares; la notion de rareté pouvant évidemment elle aussi être soumise à interprétation.

Personnellement j’aime le mot « ancien », qui rattache le livre au monde des antiquités et, plus simplement, du temps qui s’écoule, mais force est de reconnaître qu’aujourd’hui, le mot rare, à défaut d’être plus précis, semble avoir plus de sens.

Du reste, et c’est là le propos de cet article, les goûts des bibliophiles évoluent avec le temps – et c’est normal – avec on voit apparaître sur le marché des ouvrages qui ne sont définitivement pas anciens mais pourtant tout autant dignes d’intérêt. Je me souviens d’un « Planète des Singes » dans un catalogue Sourget, j’ai déjà signalé ici et là des Houellebecq ou des Deleuze qui semblaient intéressants, dans des catalogues de libraires ou en vente. Et pourquoi pas d’ailleurs, il y a moins de temps entre Céline et Houellebecq qu’entre Baïf et La Fontaine et cet écart qui nous semble important quand on compare un livre contemporain à un livre plus ancien n’est rien à l’échelle de l’histoire du livre; une histoire très courte d’ailleurs si l’on considère qu’Homo sapiens a 200 000 ans. Cela fait 500 ans que l’on imprime des livres, et il est envisageable que les livres aient disparu dans  500 ans, ou peut-être 150… Memento mori.

Enfin bref, tout cela pour évoquer que c’est bien le terme « rare » qui nous anime, nous le savons bien. Un livre commun, qu’il soit ancien ou moderne, n’éveille pas la même petite flamme en nous.

Le livre rare le plus récent de ma bibliothèque date de 1991. Et vous?

Et la Science-Fiction, que j’évoquais ci-dessus, commence à éveiller mon désir. C’est donc avec intérêt que j’ai parcouru le premier catalogue (numéro 147) que l’excellente librairie Bromer a dédié à ce thème; voir des libraires importants proposés de tels livres interpelle, mais finalement à tort car il est avéré que certains grands libraires du début du 20ème siècle proposaient des ouvrages rares qui n’avaient que quelques décennies, voire moins.

Ce joli catalogue de 56 numéros nous guide d’une édition de 1687 de Cyrano de Bergerac aux nombreuses éditions originales de Philip K. Dick, Bradbury, Clarke, Wells ou King.

En voici quelques uns, mes favoris:

Vous pouvez consulter le catalogue dans son intégralité ici: https://www.bromer.com/images/upload/scificat147-web.pdf

H

3 Commentaires

  1. Bonjour, je vais bientot vendre mon 2001, edition americaine 1968…je dirai tout…dans une dizaine de jours, plus une surprise pour les amateurs de science fiction.A un prix très doux. Certain suivent « plus belle la vie » moi je regarde les ventes et hier soir ,il y avait un épisode passionnant sur le troisième voyage de Cook sous couverture d’attente…ça fini bien, a part pour Cook…bonne journée

  2. Le Bradbury « full asbestos » fait-il peur ? En ce qui concerne le vieux chimiste que je suis, je me considère comme mithridatisé par l’usage intensif de l’amiante pendant des décennies. Ce qui m’effraie plus, c’est le prix !
    Je me contente donc de la première édition « Ballantine » de 1953. Malgré les bibliographies, il semble difficile d’identifier, à coup sûr, les premiers tirages.

    René

  3. Bonjour,
    Merci pour cet article fort intéressant. Si les livres de science-fiction vous passionnent, je vous invite à visiter la Maison d’Ailleurs (Yverdon-les-Bains, Suisse).
    Elle dispose d’un fond considérable, portant sur Jules Verne, l’utopie et la SF en général.
    Les expos temporaires valent, à elles seules, le détour.
    Amicalement,
    David

Les commentaires sont fermés.