La magie des enchères: le testament de l’empereur, où le retour gagnant d’une copie sur le marché…

Amis Bibliophiles bonjour,
Le 7 décembre 2004, la société Piasa mettait en vente la copie manuscrite de deux codicilles au testament de l’Empereur. Evalué (raisonnablement?) entre 1300 et 1500 estimée par l’expert Thierry Bodin à l’époque, le lot avait été adjugé 4800 euros. Il est à préciser que le document n’était ni de la main de l’Empereur, ni même signé par lui, mais de celle du Comte de Montholon, 19 jours avant la mort de l’exilé. Mais adjugé à qui? 
Neuf ans plus tard, le 6 novembre 2013, un autre expert, M. Thierrt Nicolas, estimait ce même lot entre 80 000 et 120 000 euros pour le compte du commissaire-priseur Christophe Castandet. Magie des enchères, il était finalement adjugé 357 000 euros (frais compris, 280 000 euros hors frais) à un heureux amateur.  

Depuis je m’interroge… Napoléonite aigüe entretenue par les belles ventes de l’étude Osenat, flambée des prix sur le marché des autographes et des manuscrits entretenue par de nouveaux acteurs, incompétence du premier expert et des légions d’amateurs qui n’avaient pas décelé la pépite en 2004, surprise pure et simple qui survient parfois dans les salles quand un amateur (voire deux…) se déchirent pour un lot (car oui, il y avait probablement quelqu’un qui a enchéri juste au-dessous, autour de 270 000 euros, et qui est peut-être fort frustré, qui sait…)… Il reste qu’en 2013 le lot était adjugé plus de 60 fois l’estimation basse faite par M. Bodin en 2004, lorsque le lot était parti pour 4800 euros…
1300 – 1500 euros -> 4800 euros…. 80000 – 120000 euros -> 357000 euros…
Interrogés par des journalistes, Christophe Castandet déclarait qu’il ignorait que le lot était déjà passé en vente quelques années plus tôt. Thierry Bodin, l’expert de la première vente semble avoir refusé de répondre aux journalistes. Personne ne semble s’étonner, et encore moins l’acheteur alors que la presse (Le Nouvel Observateur, le Figaro, a minima) s’est largement fait l’écho de cette vente.
Mais alors, à qui profite « le crime », au vendeur, à l’expert (lequel?), au tiers qui a enchéri pour un client, une société qui aurait intérêt à voir les cours se maintenir… est-ce simplement le hasard? Qui est le pigeon de qui (le premier vendeur, victime d’une estimation qui s’avère finalement déconnectée du marché),  ou n’y-a-t-il aucun pigeon? Depuis novembre, je ne cesse m’interroger…
Je me console en me disant que je n’étais pas le premier vendeur, celui de 2004, et en me disant que c’est le premier acheteur qui a fait la belle affaire. Mais qui est-il vraiment?
H

15 Commentaires

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  2. La dernière phrase du petit article de Wikipédia sur le sujet du faussaire Vrains-Lucas de l'affaire Chasles, m'a toujours beaucoup amusé: "Sa dernière peine purgée, il regagna l'Eure-et-Loir et se livra au commerce des livres anciens".

  3. Merci pour la proposition -alléchante- Xavier, mais pour ma part je réserve mes billes pour la vente prochaine du linceul du Christ.

    Nicolas

  4. J'ai pour ma part dans ma collection une copie de la liste des courses établie par le beau-frère du voisin de la belle-mère de Napoléon, alors qu'il était sur l'île d'Elbe…
    Je vous en donne lecture :
    -1 kg de sucre
    -du papier blanc
    -des enveloppes blanches
    -un bicorne
    -une carte de France Michelin des alentours du Golfe Juan
    -une boussole
    -une douzaine d'oeufs
    -Maalox (2 bouteilles de 3 l.)
    -le dernier livre de Jean Tulard
    -un savon
    -du miel

    Si un amateur est intéressé je peux céder ce monument historique pour 20000 euros, prix d'ami.

    Xavier

  5. J'avais compris également que c'est la copie qui a fait 280 000, pas le brouillon original.

    Si c'est bien ça, c'est en effet hum hum… "Légèrement" problématique.

  6. cher Monsieur, il faut distinguer deux choses :
    1) le BROUILLON, qui fut adjugé 111 000 euros en décembre 2004.
    2) une COPIE, qui passa elle aussi chez Piasa, avec une estimation aux environs de 1500 euros.

    Ce qui fut vendu chez Castandet en novembre 2013, c'est la copie, non le brouillon !

    L'expert était initialement Pierre Jean Chalençon, aussi propriétaire du mansucrit … Castandet préféra mettre Alain Nicolas, pour bien distinguer le propriétaire de l'expert ….

    Dans cette affaire, tout est arnaque !!!

  7. Merci. Étonnant. La réponse était pourtant simple pour les experts. Je m'y perds, la culbute est bien mince dans ce cas… Adieu veau, vache, cochon…

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