Etes vous cazinophile?

Les « Cazin » sont des livres de petits formats qui parurent à la fin du 18ème siècle. Ils furent surnommés ainsi, du nom de l’imprimeur et éditeur français Hubert Martin Cazin (1724 – 1795).

Celui-ci succéda à son père qui était libraire et relieur en 1755. D’abord installé à Reims, il rejoignit la capitale vers 1782 et s’associa avec Valade, qui était déjà un spécialiste des petits formats. A la mort de Valade, Cazin lui succéda complètement et continua l’édition de petits formats. Selon les bibliographies, il s’agît parfois de formats in-18.

Ces ouvrages sont de véritables petits bijoux (ils sont d’ailleurs les précurseurs des livres bijoux), à la fois pour leur soin, leur qualité, leur typographie et parfois les sujets évoqués. Ainsi, le caractère licencieux de plusieurs d’entre eux valut à Cazin des saisies de livres, une amende et deux séjours à la Bastille! Par extension, les livres de petit format de la fin du 18ème siècle sont souvent qualifiés (à tort) de Cazin, et les cazinophiles (amateurs de d’ouvrages en format cazin) contribuèrent largement à la confusion en attribuant à Cazin des ouvrages qui n’étaient pas de lui. Au total, Cazin publia environ 350 volumes répartis en 200 titres, mais le succès de ce format entraîna de nombreuses contrefaçons, ou copies.


Les pages de titre des Cazins affichent des lieux d’éditions divers : Paris, Londres, Genève, voire Chez Cazin.

Lorsqu’ils sont en bon état, notamment en veau glacé ou en maroquin (presque toujours avec un triple filet doré sur les plats), ce sont vraiment des ouvrages magnifiques et je vous encourage à en posséder au moins un… les éditions les plus recherchées étant bien sûr les curiosa. Il est à noter que ces ouvrages contiennent souvent de très jolies gravures, voire des pages de musique notée… la plupart des grands classiques de la littérature du 18ème sont disponibles.

Nous parlions il y a quelque temps des soucis de rangement qui se posent parfois aux bibliophiles… spécialisez-vous dans les cazins, la collection complète ne prend qu’un peu plus de trois mètres de rayonnage, ce qui est fort peu!

Il existe plusieurs bibliographies… dont Cazin, sa vie et ses éditions, de Brissart-Binet.

Cazin sera tué à Paris, d’un éclat de mitraille, le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), lors des émeutes qui accompagnèrent l’insurrection royaliste. Cette insurrection fût écrasée par le général Bonaparte qui laissa la mitraille tirer pendant trois quarts d’heure, faisant un véritable carnage parmi ces insurgés très inégalement armés. Il y a plus de 300 morts. Le futur consul sera alors surnommé « le général Vendémiaire ».

Mais revenons aux Cazins, vraiment, ce sont des livres admirables, d’une très très grande qualité.

H
Images : quelques cazins de ma collection : Rousseau, des chansons galantes, etc.

10 Commentaires

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  4. Merci pour ces précisions, je m’étais fondé sur des avis d' »experts » pour le format… Il est amusant de constater que pour certains d’entre eux, le format peut effectivement aller de petit in-12 à in-24!
    Mais dont acte, in-18!
    H

  5. Petites précisions dont on jugera l’importance : Hubert-Martin Cazin n’a jamais été imprimeur, mais libraire. Il est décédé le 15 vendémiaire An IV (7octobre 1795) des suites de ses blessures du 13 vendémiaire (5 octobre). Il n’y a de « format cazin » que le seul format in-18.

  6. Je ne suis pas un fan absolu des Cazin non plus… mais il me semblait important d’en parler, voire de le présenter et d’en rappeler l’histoire.
    Je pense en revanche que c’est un passage un peu obligé pour tout bibliophile qui s’intéresse aux livres du 18ème siècle.
    🙂
    H

  7. Encore un bel article ! Puis-je dénoter ? Je n’aime gère les Cazin ! Pourquoi ? Question de feeling sans doute, pas très rationnel je l’avoue, un format pourtant pratique (quoique un peu petit je trouve, je préfère le grand in-12 ou l’in-8), question de « répétitivité » surtout, en fait c’est davantage dans le fait que pour moi, matériellement, tous les Cazin se ressemblent (je me trompe certainement), je veux dire par là que la page de titre, le papier, le format, la typographie, tout se ressemble toujours un peu et fait (pour moi) un peu pas trop comme on dit. Quelq’un a-t-il mon ressenti ou suis-je le seul à bouder les Cazin. Encore que un Cazin en parfait état en maroquin rouge me convient parfaitement… Voilà mon ressenti sur les Cazin.

    Un bibliophile très… libraire en fait !

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