Des ouvrages prisés des bibliophiles: les livres à système

Amis Bibliophiles bonjour, A l’origine, un livre à système ou livre animé, est un livre comportant des mécanismes qui mettent en mouvement certains éléments pour en modifier la position ou pour découvrir des parties cachées. Par la suite, on désigne ainsi les livres pour enfants qui se développent en relief lors de l’ouverture des pages ou qui composent de petites scènes, animées par des volets à soulever, des rabats, des tirettes, des roues que l’on tourne. Les éditions du XVIe siècle de la Cosmographiade Petrus Apianus sont certainement les tous premiers livres à système et sans doute les plus connus, on y voit les représentations de phénomènes astronomiques comme les éclipses, comportant des disques mobiles : les fragiles volvelles, souvent victimes des atteintes du temps.    La Sphaera de Sacrobosco est un autre exemple fort semblable. Certains traités d’anatomie de la même époque comportent des planches dont certains éléments peuvent être soulevés pour laisser voir les organes intérieurs. On trouve également des ouvrages sur les exploitations minières comme La Richesse Minérale de Héron de Villefosse.   Ces ouvrages anciens posent les bases du livre à système : disques, languettes, pages découpées. Fin XIXe – début XXe sont apparues des encyclopédies didactiques, dans le domaine des sciences et techniques, abondamment enrichies de maquettes en carton mince comme dans l’Atlas de l’ Encyclopédie de Mécanique et Électricité de Henri Desarces.  On pourrait aussi mentionner certains Livres de médecine où l’on voit des écorchés anatomiques, certains (comme le Livre d’Or de la Santé de Magnus von Platen) ayant été munis d’un fermoir à clé dans le but de les soustraire à l’avidité de connaissance des adolescents en quête d’illustrations instructives …  Dans un tout autre domaine, on trouve un ouvrage, curieux et peu courant : La Confession coupée ou la méthode facile pour se préparer aux confessions  par  le R. P. Christophe Leuterbrewer, franciscain belge, paru pour la première fois en 1677. L’ouvrage est recherché pour sa singularité, chaque page est découpée en languettes contenant chacune l’énoncé d’un péché : lors de l’examen de conscience, le pénitent sort les languettes qui le concernent afin de ne rien omettre au moment de la confession.   LES LIVRES À USAGE RÉCRÉATIF C’est au cours du XIXe siècle que l’on voit apparaître des livres et des illustrés comportant des personnages à découper et à placer dans un décor ou des figurines de poupées accompagnées de leurs vêtements.   Par la suite viennent les livres à système proprement dits, dont les figures sont animées par des mouvements de tirettes ou de disques, d’autres où un relief se manifeste lors de l’ouverture des pages. C’est  l’époque des lanternes magiques aux plaques dessinées et coloriées – certaines animées et appelées chromatropes – des Phénakisticope, zootrope, mutoscope et Praxinoscope, préfigurant le cinéma. Ces divers appareils font eux-mêmes les délices des collectionneurs de Pré-Cinéma.
  La production de ces ouvrages ludiques se poursuivra jusqu’à nos jours avec des hauts et des bas. Au début des années 60, on assistera à la naissance du Pop-Up moderne : des éditeurs américains  proposent des livres très élaborés et vivement colorés dont la complexité révèle une inventivité toujours plus poussée. Les éditeurs puisent dans les récits traditionnels (comme les Contes de Perrault) ou s’inspirent des productions cinématographiques (Cendrillon, Mickey …) tout en conservant une part de création spécifique.  

  Malgré l’invasion massive des jeux électroniques, le domaine du livre animé reste aujourd’hui bien vivant. Comme c’est le cas pour tous les jouets, il est aussi bien plébiscité par les adultes que par les enfants. Les superbes réalisations, généralement fort fragiles, sont d’ailleurs souvent soustraites aux petites mains destructrices : les collectionneurs, comme pour les BD, deviennent de plus en plus exigeants et pointilleux, l’idéal pour eux étant le livre conservé sous la cellophane d’origine et jamais ouvert ! Ne rencontre-t-on pas les mêmes excès (sans intention péjorative) chez les bibliophiles qui conservent non coupés des livres du XIXe ou antérieurs, quand il s’en trouve.
 Aujourd’hui, cette vitalité du livre à système se concrétise par des expositions un peu partout dans le monde. Gageons que les futurs bibliophiles, qui seront à mille lieues des langues mortes et de la littérature humaniste, feront leurs délices de ces productions éphémères et délicates. C’est déjà le cas pour les bandes dessinées, avec les excès que l’on sait. René

4 Commentaires

  1. La première édition de la Cosmographia d'Apianus date de 1524.
    On connaît des manuscrits du moyen-âge qui comportent déjà des parties mobiles, je n'en possède évidemment aucun et n'en ai même jamais eu en main …

    René

  2. ah,
    J'ai en tête un livre a systeme encore plus vieux : 1557, le vitruve de barbaro avec les planches gravées par Palladio.

    de memoire 160 shéma mobiles et equères pour aider l'architecte à calculer les bonnes proportions.

    Beres avait celui de Catherine de Medicis ( ca c'est pour le reve)

    a bientot

    jlp

  3. belles choses, fragiles, dans des mains peu scrupuleuses : tous les ingrédients pour une grande valeur dans 200 ans ! il n'y a plus qu'à trouver l'eau de Jouvence pour pouvoir en profiter..

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