Dans la bibliothèque du bibliophile: la Divine Comédie ou le Terze Rime de Dante, Venise, chez Alde Manuce, 1502

Amis Bibliophiles bonjour,
On ne rentre pas aussi simplement que cela dans la bibliothèque du bibliophile… mais parfois le bibliophile ouvre les portes et sort un ouvrage.

Aujourd’hui la fiche d’un ouvrage assez attachant: le Terze Rime de Dante.

Le Terze Rime [La Divinia Commedia]
Dante
Venise, Alde Manuce 1502.

Un volume in-8 de a-z8 A-G8 H4 : 244 feuillets. Caractères italiques I1:80. 30 lignes à la page et titre courant.
Contenu : a1r titre, a1v second titre, a2r Enfer, l3r Purgatoire, x4r Paradis, H4r colophon : Venetiis in Aedib aldi accuratissime men aug 1502 (avec un V renversé pour le A d’aedibus), H4v marque typographique : Fletcher 2 et A1a. Sans l’ancre Aldine sur le dernier feuillet.

Maroquin lavallière orné d’un important décor rétrospectif inspiré des décors de la Renaissance : Dos muet à faux nerfs, entrelacs de filets dorés, titre doré au centre du 1er plat, date et lieu dorés au centre du second plat. Quadruple filet doré en encadrement sur les contreplats, double filet doré sur les coupes. Toutes tranches dorées. 
Reliure XIXe signée Trautz-Bauzonnet. Etat parfait.
Références: Adams D-83 ; Renouard p. 34 n° 5 ; Ahmanson-Murphy 59 (et 59.5)
Première édition aldine et première édition de Dante au format octavo, à l’égal des classiques édités dans le format des libri portabile.

Soigneusement travaillée par Bembo et achevée le 25 juillet 1502, la copie, qui porte les annotations pour l’impression, se fonde sur le manuscrit envoyé par Boccace à Pétrarque entre 1351 et 1353. Bembo a, semble-t-il travaillé à cette édition à la villa di Ricano lorsqu’il y était l’hôte d’Ercole Strozzi (cf. C. H. Clough,  » The Library of Bernardo and of Pietro Bembo « , The Book Collector, 1984, pp. 312-317). 
Bembo envoyait sa copie cahier par cahier, ce qui explique qu’Alde ait pu annoncer son édition dans la préface du Pétrarque de 1501. Premier ouvrage où Alde utilise son ancre (ici non présente); Renouard pense qu’une petite série fût imprimée sans l’ancre.
Cette édition demeurera, comme celle de Pétrarque également préparée par Bembo, le texte de référence pendant tout le XVIe siècle. Son travail impliqua notamment une forte régularisation grammaticale. Le succès fut si important que ce textus receptus sera également imprimé dans les éditions à venir avec le commentaire de Cristoforo Landino (Florence, 1481) qui pourtant se fonde sur des leçons différentes. Comme le Pétrarque, ce Dante fut l’un des principaux véhicules de la réforme littéraire et de la nouvelle langue italienne. Le titre Le terze rime ne sera pas repris, sauf par les contrefaçons. Alde, dans les catalogues de sa maison d’édition, désigna plus simplement ce volume par Dante.

L’un des ouvrages les plus importants de l’histoire de la littérature et de l’imprimerie. Ouvrage très désirable pour Brunet qui souligne que les exemplaires complets et en bonne condition sont très rares.
Bel exemplaire de ce monument, dans une reliure rétrospective parfaitement exécutée par Trautz-Bauzonnet, à toutes marges et très frais. Sans l’ancre, mais comme dirait un bibliophile, les exemplaires sans l’ancre dont encore plus rares! 🙂
HAu milieu du chemin de notre vieje me retrouvai dans une forêt obscure,dont la route droite était perdue.(les premiers vers en français)

15 Commentaires

  1. on ne sait rien de l'ancienne reliure, c'est vrai. Ce qu'on peut en déduire, c'est qu'elle a été jugée indigne du livre, soit par son état, soit plus simplement par sa matière : peut-être un vélin simple, pas à la mode à ce moment, pas au goût du propriétaire en tout cas.
    Et maintenant ces reliures en vélin, devenues moins courantes, sont d'autant plus recherchées…
    Finalement c'est peut-être un bien pour la bibliophilie : 2 livres en vélin courant au XIXe donnent 2 livres au XXIe, l'un en vélin rare, l'autre en maroquin très travaillé, tous deux très recherchés.

  2. Le reproche fait aux bibliophiles du XIXe est toujours le même. On critique les superbes reliures historicistes qu'ils ont commandées mais on ne sait rien de l'état (probablement pitoyable) de la précédente reliure et on oublie la rareté de l'exemplaire. Ce livre porte une histoire bibliophile. Moi j'aime bien.

    Lauverjat

    Bien sûr un Capé bleu aurait été préférable, ou à la (grande) rigueur, un Lortic rouge 🙂

  3. Vous êtes bien sévère : à part la couleur du maroquin peut-être inhabituelle, ce décor rétrospectif me semble assez bien choisi et il est probablement très bien exécuté… Qu'auriez-vous préféré, un maroquin noir janséniste? C'est mieux qu'un décor romantique ou rocaille non? Certes, un exemplaire en reliure de l'époque avec, par exemple et au hasard, la provenance Grolier eut été préférable… 😉

  4. certes, on peut faire une reliure pour remplacer une relique, mais dans le cas, le choix du bibliophile est curieux.

    Mais bon, comme il y a autant de bibliophiles que de bibliophilies…

    Je pourrais avoir ça dans ma bibliothèque, je ne dirais pas non, c'est sur!

    Le même anonyme 😉

  5. Absolument, et c'est pour cela qu'il est beaucoup mieux dans ma bibliothèque que dans les vôtres! 🙂

    Et de manière générale, mieux chez moi que pas chez moi…!

    Et puis, qui sait quelle robe il portait avant?

    Hugues

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