Reconnaître les peaux utilisées en reliure

Amis Bibliophiles bonjour,

Reconnaître le matériau organique utilisé pour une reliure nécessite une petite expérience, mais on prend vite l’habitude…

Quelles sont les différentes et les plus fréquentes appellations pour nommer une reliure et son matériau, et que signifient-elles réellement? (pour les livres anciens).

La Basane : la basane est une peau de mouton, contrairement à ce que certains bibliophiles pensent à cause de sa ressemblance avec les reliures en plein veau. En réalité, elle de qualité moindre et est surtout employée pour les reliures courantes au 18ème siècle. Lisse et souple, elle a un grain moins noble qu’un veau et semble plus fine… parfois aussi fine qu’un cartonnage. Elle est rarement d’une autre couleur que « brune » ou « marron », même si elle peut être mouchetée, racinée, etc.

Le veau : le matériau le plus courant pour les livres anciens à partir de la fin du 17ème siècle, c’est une peau de… veau. D’aspect lisse, son apparence est plus noble que la basane, mais sa fleur est très délicate et peut être facilement éraflée, rayée ou tâchée. Le veau se prête particulièrement bien à la dorure. Il est le plus souvent « brun » ou « marron », mais a également fait l’objet de teintures vertes, bleues… cela reste rare, car dans ces cas précis, les relieurs optèrent souvent pour un maroquin.

Le vélin : utilisé à l’origine pour réaliser certains manuscrits, le vélin s’est imposé avec l’invention de l’imprimerie. C’est en fait un parchemin (d’où le fait qu’il est parfois ainsi nommé, à tort selon moi) fait à partir d’une peau de veau ou de chèvre. Il est en général très clair, et peu même être imprimé. Certains livres sont ainsi appelés « exemplaire sur peau de vélin ». Le papier vélin est une chose différente, on l’appelle ainsi à cause de la ressemblance avec le vélin. Les reliures en vélin ont tendance à disparaître à la fin du 17ème au profit du veau. On peut les « dorer », mais les contraste et moins saisissant que sur le veau, elles sont également parfois estampées à froid. Le vélin est de couleur claire, « crème ».
Le Maroquin : le plus noble des matériaux utilisé pour relier un ouvrage. Il s’agît en fait d’une peau de chèvre à gros grains, que l’on réserve aux reliures de luxe. Avec le temps le grain est devenu plus apparent… presque invisible au 17ème, il est très visible sur les reliures du 20ème siècle. Il peut être teinté, et si la couleur la plus fréquente était le rouge, on croise également des citrons, des bleus, des tête-de-nègre, des noirs (pour les reliures de deuil par exemple) et d’autres couleurs. Malheureusement, pour les couleurs les plus claires comme bleu ou citron, le dos est le plus souvent passé.

La peau de truie : elle a quasiment disparu après la seconde moitié du 16ème siècle, c’est une peau claire, épaisse, et qui était parfois richement décorée à froid. Elle recouvrait souvent des ais de bois (qui constituaient les plats).
On connaît également le box (veau utilisé en reliure moderne), le cuir de Russie et des matériaux qui furent utilisés de manière exceptionnelle, en particulier à partir du 19ème… reptile, métaux, papier, bois.. et même d’autres choses encore plus étranges, que j’évoquerai peut-être une autre fois.
HOuvrages présentés : les différentes reliures en question.

18 Commentaires

  1. naturally like your web-site but you have to check the spelling on quite a few of your posts. Several of them are rife with spelling issues and I find it very bothersome to tell the truth nevertheless I will definitely come back again.

  2. Je vous remercie pour ces éclaircissements mais mon esprit un peu lent (soyez compréhensifs, j’en suis la première victime) ne comprend pas tout :

    Philippe a dit :  » la notion d’EDITION ORIGINALE n’a rien à voir avec l’état physique du livre « 

    Ha bon ? A quel état faut-il se référer ? A l’état psychique ? 🙂
    Il y a donc une édition originelle et une édition originale ? C’est original… 🙂

    Je plaisante, comprenant malgré tout ce que vous me dites (je fais un effort, remarquez). Mais c’est un détail inétressant car il me semblait, peut-être à tort, qu’un livre non-relié était moins côté…

    TE

    PS : je fais surtout référence aux reliures dites d’attente (en papier souvent) et à un livre aux pages non coupées.

  3. Tout à fait d’accord avec la réponse de Bertrand sur la notion d’EO. Il faut distinguer l’impression de la reliure. C’est la date de l’impression qui fait d’un ouvrage une édition originale, la reliure n’a rien à voir.
    Néanmoins, on comprend mieux l’intérêt d’une bonne notice quand il est précisé « reliure de l’époque », pour un livre en EO.
    Et également d’accord sur le fait que les libraires/éditeurs/imprimeurs proposaient une partie des tirages en veau ou en basane, afin de les écouler directement (à mon avis ça devait représenter une part importante de leurs ventes, malgré tout).
    A ce débat, il faudrait ajouter les ouvrages proposés en souscription, pour lesquels les futurs acheteurs pouvaient choisir la reliure de leur exemplaire avant l’impression.

  4. Bonjour TE,
    non, la notion d’EDITION ORIGINALE n’a rien à voir avec l’état physique du livre, relié ou broché, ou en feuille, en fait il faut considérer ces livres « brochés » ou « en feuilles » (rarissimes pour les XVI au XIXè s., je n’en ai encore jamais rencontré), il faut les considérer disais-je plutôt comme des exemplaires « dans leur état originel » ou « tel que paru en librairie à l’époque ».

    En espérant vous aider,
    Amicalement Bertrand de Baskerville

  5. Bonjour Bertrand et merci pour ces précisions. Voilà qui semble moins surprenant. Mais dans ce cas, une « véritable  » édition originale serait donc un exemplaire non-relié ?

    TE

  6. Présent !

    en fait il faut dire deux choses je pense. Si l’on s’en tient aux siècles XVI, XVII et XVIII, je pense qu’on peut dire que 1. les imprimeurs et les libraires (souvent confondus mais pas toujours) avaient pour habitude de livrer les ouvrages imprimés « en feuilles ou plus exactement en « ballot » de feuilles. Ce qui n’était pas la marchandise vendable, on est bien d’accord. Cependant c’est comme cela que l’on a retrouvé dans les arrières boutiques des libraires le stock de telle ou telle édition encore non écoulé. Que faut-il en conclure ? Les libraires faisaient relier en basane et en veau (voire en cartonnage simple) quelques exemplaires (quelques centaines certainement) pour la vente directe et rapide. Les autres exemplaires pouvaient être confiés à un relieur pour une demande particulière, une belle reliure maroquin, aux armes, etc. En 2. on peut dire que même si statistiquement on recontre moins de livres du XVII ou XVIIIè brochés ou en simple cartonnage, cela ne signifie pas qu’ils étaient peu nombreux. A mon avis ce sont les exemplaires qui ont le plus souffert et ceux qui sont parvenus à nous le plus rarement (fragiles, donc usés, donc jetés …). D’où l’extrême rareté de grands textes du XVIè au XVIIIè en brochure d’époque ou cartonnage d’époque, papier non rogné.

    Sur ce, bonne soirée,

    Bertrand

  7. Il est vrai que les libraires étaient aussi éditeurs et imprimeurs, et vice-versa… c’était même parfois les auteurs eux-mêmes qui financaient l’impression et la distribution. Il arrive ainsi que l’on trouve des pages de titre précisant « Disponible chez l’auteur, à telle adresse, etc ».

    En ce qui concerne les reliures, il est exact que différents types de reliures étaient disponibles, avec des prix en fonction (broché, relié en basane, en veau, en maroquin)… mais de là à dire qu’aucun livre ne s’achetait relié et qu’il fallait le porter chez un relieur…. j’avoue que je suis surpris.

    Un avis Bertrand?

    H

  8. A la réflexion, je pense qu’on dit peau « de truie » par souci d’élégance, et qu’on utilisait aussi bien le cochon que la truie. En effet, les anglo-saxons disent « pigskin ».
    H

  9. Très intéressant.
    Je discutais hier avec un libraire qui m’apprenait qu’aucun livre ne s’achetait déjà relié à l’époque. On portait donc soi-même son ouvrage à un relieur qui le « finalisait » selon ses choix (financiers pour la plupart). Ce qui devait impliquer des délais pénibles…
    On se rend compte aussi que les libraires étaient souvent les éditeurs des oeuvres. Une petite liste des plus prestigieux du 17ème (avec un petit historique) pourrait être intéressante.

    TE

  10. Magnifique ces couverture en « cochon »! La plus belle que j’ai vue recouvrait une bible du XVIème siècle, avec sur la couverture le portrait de Luther!

Les commentaires sont fermés.