Portrait d’une Bibliophile, Valérie

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Je vous propose ce soir le portrait d’une bibliophile, Valérie, plus connue sous le nom de Bergamote. En plus d’avoir la qualité inégalable d’être Lorraine, Valérie est à mes yeux un « spécimen » particulier de bibliophile, dans la mesure où elle fait plus que rassembler et lire des livres anciens : elle les utilise (recréant des recettes du 18ème) et elle pratique également la reliure.

Voici donc son portrait.

Pourriez-vous nous parler un peu de vous et de votre bibliothèque?
J’enseigne les mathématiques (j’entends déjà les réflexions désobligeantes 😉 dans un collège de banlieue et je suis amoureuse des desserts. J’aime tant les sucreries que je leur consacre un blog : Sucrissime.com. J’ai 31 ans et j’habite non loin de Paris. Ma bibliothèque n’est pas énorme, je possède en réalité peu de livres. Mais je chéris ceux que j’ai, et ne m’en séparerais pour rien au monde.
Depuis quand la passion de la bibliophilie s’est-elle emparée de vous?
Toute petite, déjà, je lisais beaucoup. Enormément, même. Je dévorais un livre par jour. Après avoir lu toute la (petite) bibliothèque de mes parents, je me suis attaquée à la bibliothèque municipale. A cette époque, les « grands classiques » avaient ma préférence. Je m’étais en quelque sorte lancé le défi d’avoir lu tous les livres dont le professeur de français parlerait dans ses cours. J’ai toujours aimé les livres, au début pour leur contenu seul, ensuite pour l’objet et son contenu. On peut dire que ma passion pour la bibliophilie proprement dite date du moment où mon bibliophile de mari (« z1k ») s’est replongé dans ses livres anciens, il y a un peu plus de deux ans. Le Coffret de Santal, reliure en peau d’autruche pistache, tranchefiles « peau », papier marbré « ethnique » assorti C’est à cette date que j’ai commencé à prendre des cours de reliure. La reliure est une activité passionnante, j’aime particulièrement choisir les peaux, les textures, les couleurs, le papier marbré… Je pourrais en parler pendant des heures. C’est un travail que l’on n’imagine pas avoir de s’y être essayé. Des heures et des heures passées sur un seul ouvrage, mais quel plaisir lorsqu’il est achevé !

Quels sont vos domaines de prédilection, ou votre approche est-elle éclectique et vous fonctionnez au coup de cœur ?
Mes choix sont complètement éclectiques : je possède (dans une édition tout-à-fait quelconque) tous les Arsène Lupin de Maurice Leblanc, je craque pour des livres de cuisine, qu’ils soient anciens ou neufs, j’aime les livres très très vieux, le parchemin, le vélin, les reliures avec ais de bois… Je fonctionne complètement au coup de cœur : je pourrais acheter un livre uniquement pour sa reliure, ou pour la peau dont il est paré, à cause de son format (minuscule ou énorme), ou encore parce qu’il contient une recette ou un poème que j’apprécie. Je suis très attachée au livre en tant qu’objet. Je me l’approprie, il est à moi.
Où achetez-vous vos livres? Internet, salons, libraires?
J’achète peu de livres, habituée que j’étais à les emprunter à la bibliothèque. Je dirais majoritairement en librairie, et en second lieu sur internet.

La Bible de Gutenberg d’AustinQuel est le ou les livres qui vous font rêver? Et les livres que vous possédez déjà et qui vous sont particulièrement chers?
La Bible de Gutenberg exposée à Austin (Texas) m’émerveille. Je rêve de réaliser la même reliure. J’aime les livres d’artistes, mais n’en possède malheureusement aucun…
Les livres qui me sont particulièrement chers ? Entre autres, ceux que j’ai moi-même reliés : Le Coffret de Santal, de Charles Cros, en peau d’autruche pistache. L’intégrale de « Chocolat Magazine », reliée et dorée par mes petites mains. Un dictionnaire de patois lorrain de 1842 (ma région natale) en veau velours ocre. Livres sans grande valeur pécuniaire, mais leur valeur sentimentale est infinie.
Chocolat Magazine, toile noire, pièce de titre dorée à la main, signet (pour mieux retrouver les recettes, bien sûr !)Vous savez que les lecteurs du blog aiment les histoires, auriez-vous une anecdote à nous raconter, sur une trouvaille, un livre, autre chose qui touche à la bibliophilie ? Pas vraiment une anecdote, juste une petite histoire : le grand-père de mon mari, auguste médiéviste aujourd’hui décédé, me faisant un jour visiter sa bibliothèque absolument énorme, j’eus l’imprudence (ou l’impudence…) de lui demander s’il avait lu tous ses livres. Il me regarda, interloqué, se demandant sérieusement si je ne me moquais pas de lui, et me répondit (usant d’une concordance des temps que je ne saurais reproduire, pardonnez-moi) : « Comment, Mademoiselle, pouvez-vous imaginer un instant que je n’aie lu chacun de ces livres ?!? ». (NDLR : amusant, j’ai déjà lu une anecdote en tout point identique dans un ouvrage sur les bibliophiles)/

Enfin, vous êtes un visiteur fidèle du blog… qu’en attendez-vous ?
Qu’il continue à me faire découvrir de nouveaux auteurs, types de reliure, à m’instruire… Qu’il m’oblige à me creuser la tête (j’adore l’énigme du vendredi soir). Qu’il reste un lieu d’échanges convivial et enrichissant (sans aspect mercantile :).

Je dois dire que je suis souvent intimidée par la culture des visiteurs qui laissent des commentaires sur ce blog, commentaires très intéressants mais si érudits que la simple prof de maths que je suis hésite souvent à écrire un message par peur du ridicule. Merci Hugues, et longue vie à ton blog !

(NDLR : c’est déjà ça, petite vengeance, j’en ai tant bavé cours de maths en prépa… bien fait!).

Merci Bergamote/Valérie.

H

11 Commentaires

  1. Bonsoir z1k, disons que ce n’est pas vraiment le lieu pour parler d’un individu comme « l’autre Carlos », disons que son vrai nom est ILLITCH RAMIREZ SANCHEZ… je te laisse chercher le reste sur Google.

    Je tiens à préciser que mon message précédent était une blague, un vil jeu de nom, si l’on a encore le droit d’en faire dans ce pays.

    Ma référence en matière de « rire » disait que l’on pouvait rire de tout mais pas avec n’importe qui.

    Mais je suis certain qu’ici les esprits sont fins et aiguisés.

    Amitiés, Bertrand

  2. Cela fait des années que le « nouveau Fléty » doit sortir ! Pascal Fulacher, alors rédacteur en chef d' »Art et Métiers du Livre », avait sollicité plusieurs bibliopégiographes, dont votre serviteur, pour compléter le Fléty,en particulier en ce qui concernait les relieurs provinciaux, sans droits d’auteur naturellement. Depuis, la revue a changé de propriétaire, et le projet est tombé à l’eau. Mais où sont tombés les textes de compléments ? J’espère que nous ne serons pas l’objet d’un plagiat silencieux…

    Jean-Paul

  3. Avis aux bibliopégimanes.
    L’ouvrage : Dictionnaire des relieurs français ayant exercé de 1800 à nos jours ; (suivi d’ un) Guide pratique des relieurs, doreurs, marbreurs et restaurateurs contemporains / par Julien Fléty. – Paris (31 pl. Saint-Ferdinand 75017) : Ed. Technorama, 1988 semble devoir bientôt faire l’objet d’une mise à jour, en 2 vol. :
    Vol. 1 : Histoire de la reliure en France des origines à nos jours. – Paris : Faton
    Vol. 2 : Répertoire biographique des relieurs français et étrangers ayant travaillé en France de 1800 à nos jours, prosopographie des relieurs ayant exercé en France de 1800 à nos jours, bibliographie et liste des expositions depuis 1800 / Julien Fléty ; L.-M. Biheng Martinon. – Paris : Faton (éditeur d’Art & Métiers du livre)

  4. Merci à toi, Pierre, pour ce gentil commentaire. Quand je suis dans ma salle de classe, je suis exhubérante, voire élucubrante, mais quand je visite ce blog, je tâche de rester humble devant tant de connaissances 🙂
    Merci à toi aussi, Bertrand. J’ai choisi le métier de prof car j’aime enseigner, expliquer, communiquer (et les maths car il n’y a pas plus rigoureux) et je dois reconnaître que ma profession me laisse plus de temps libre qu’à d’autres. Et encore, je n’ai même pas parlé de nos deux enfants (encore petits) et de ma passion pour le piano (j’en joue depuis plus de 15 ans, je continue à prendre des cours)…
    Quant à mon bibliophile de mari, j’espère bien le « garder » au moins aussi longtemps que mes livres adorés, à savoir jusqu’à la fin des temps 😉
    Il est vrai que, parfois, entre aller en cours, s’occuper des enfants, préparer le dîner, faire un dessert et le publier sur le blog, continuer ma reliure pastiche en parchemin et travailler le 2ème prélude de Rachmaninov, pfff, il me faudrait des journées d’au moins 36 heures 🙂
    PS : je suis assez d’accord avec toi quant aux professeurs de physique/chimie/mécanique (aaah la méca-flu !)…

  5. Enfin !, une photo de la reliure en peau d’autruche dont tu nous avais parlé au dîner (ça y est… je tutoie une prof de math !!!!).
    Bravo, belle réalisation
    à bientôt de vous revoir

    Tout mon amitié
    Xavier

  6. Bonjour Bergamote,
    hier soir fatigué, dodo de bonne heure (eh oui Jean-Paul, ça m’arrive !).

    Merci pour ce beau portrait encore une fois.

    Ah les profs de maths ! J’avoue avoir eu bien des fois envie de démarrer une carrière de Carlos (pas le chanteur, l’autre…) à cause d’eux… Et puis avec les années on se calme et puis on trouve pire, les profs de physique chimie par exemple ou pire les profs de mécanique… Bref, tout ceci étant révolu, les études étant loin derrière moi maintenant… La chose est appaisée.

    Je t’admire Valérie car je ne sais pas comment tu arrives à concilier dans des journées de 24h, cours de maths, travail à la maison, art patissier, cours de reliure, etc etc. Je pense que moi je n’y arriverais pas. Bravo. Comme quoi quandt on veut on peut !

    Ta reliure en autruche pistache donne envie de la manger… c’est mon côté gourmand (eh puis je suis allé trop souvent sur ton blog sucrissime.com , superbe !)

    Autre chose, toi et z1k sont à ce jour le seul exemple que je connaisse de bibliophilie de couple consacrée !! Vraiment assez rare pour être souligné. Généralement l’homme est bibliophile et la femme demande le divorce au bout de quelques années…

    Encore merci et à très bientôt, avec obligation de poser au moins 1 commentaire par jour !! Et toc !

    Amitiés gustatives, Bertrand

  7. Un simple merci à Bergamote dont j’ai apprécié la modestie (simple prof de math…On croit rêver !) , l’éclectisme en bibliophilie, le pardonnable penchant pour la bibliopégimanie (j’ai réussi à le placer !) et le parcours initiatique en bibliothèque municipale qui m’a rappelé mes premières découvertes de lecture et mes plus irréprimables fou rires.
    Bergamote, il n’est pas forcement nécessaire d’etre érudit pour publier un commentaire, il suffit tout simplement de manquer de la plus élémentaire pudeur… (sourire)

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