Portrait de libraire: Charles Chadenat (1859 – 1938)

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Les catalogues de vente de livres anciens décrivant des ouvrages sur la littérature de voyage notamment aux Amériques font parfois référence, outre à Sabin, à une référence bibliographique se présentant sous la forme : Chadenat n° xxx. Mais à quoi cela fait-il référence ?
Charles Chadenat (14/12/1859-22/03/1938) prénommé en réalité Antoine Jean, fils de Jacques Chadenat, était le propriétaire-gérant de la Librairie américaine sise 17, quai des Grands-Augustins. Il publiait régulièrement un bulletin, l »e Bibliophile Américain : Catalogue de Livres, Cartes et Documents relatifs à l’Europe, Asie, Afrique, Amérique, Océanie. Bulletin trimestriel… – Paris : librairie Ch. Chadenat, 188?-191? »

En 1901, Charles Chadenat rachète le fonds de la Librairie américaine et coloniale de E. Dufossé, son second employeur après Guillemot. Dufossé publiait lui-même un bulletin (Americana : bulletin bibliographique trimestriel des livres relatifs à l’Amérique [« puis » Bulletin du bouquiniste américain et colonial…]. – Paris (27, rue Génégaud « puis » 21, quai Malaquais) : librairie ancienne et moderne de E. Dufossé.)
Le fonds de la librairie Chadenat a été vendu aux enchères entre 1942 et 1956. Et c’est le catalogue de cette vente qui constitue « Le Chadenat ». Aussi, les numéros des catalogues des libraires d’anciens font référence aux catalogues de vente de livres publiés lors des ventes organisées par l’étude de Me E. Ader et expertisées par L. Giraud-Badin, L. Lefèvre et Cl. Guérin (Bibliothèque de feu M. Ch. Chadenat… 1re-17e partie : ouvrages précieux sur l’Amérique, l’Asie et l’Afrique, géographie, voyages. – Paris : L. Giraud-Badin, 1942-1954).

Le 24 mai 1956, une 18e vente eut lieu pour des instruments de mathématiques anciens.

En 1980, les catalogues de vente ont fait l’objet d’une édition cumulée qui s’intitule «Bibliothèque de feu M. Ch. Chadenat, ancien libraire : géographie, voyages, atlas, ouvrages sur l’Asie, l’Afrique, l’Amérique et l’Océanie. – Paris : Éditions du Vexin français, 1980. – 2 vol. non paginés, format in-4)
Cette édition a l’avantage de fournir des index des noms d’auteurs et des ouvrages anonymes établis par C. Coulet. Une table des prix d’adjudication complète le document.

Pour finir, les curieux trouveront une longue évocation de Chadenat par Blaise Cendrars dans Bourlinguer, chapitre « Paris, port-de-mer : la plus belle bibliothèque du monde », où l’on trouve l’extrait « Chadenat, le roi des libraires ».

On y apprend ainsi que Chadenat était « un être d’un caractère comme on n’en fait plus, tout d’une pièce, bourru, pas accueillant, peu aimable, ou flanquant facilement à la porte, un esprit méprisant, exclusif, une âme d’une autre époque », qui « n’aimait pas vendre ses livres et ne le faisait que contraint par les circonstances, neuf fois sur dix en rechignant et toujours à bon escient et comme une grâce, conscient de rendre service à l’un ou à l’autre de ses bons et loyaux clients de toujours. » Aimable quoi.
Cette réticence à vendre est confirmée par Patrick O’Reilly (Vignes, voyages, vahinés ou le bonheur de Maupiti, Paris : chez l’auteur, 1950, 224 p.), à la page 128 : « Le père Chadenat était un connaisseur, follement amoureux de ses livres ; encore qu’il payât patente, pour les vendre, il hésitait parfois à se séparer des plus glorieux. »

Sinon, sauf erreur, le seul article scientifique répéré à ce jour sur Chadenat, illustré de 2 portraits, est dû à Philippe Barbat ; Pierre Gheno, « Charles Chadenat », Bulletin du bibliophile, 1997, n° 1, p. 154-162.

H.

12 Commentaires

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  2. Voir sur le libraire Chadenat les longues descriptions que fait Blaise Cendrars de cet homme et de sa librairie dans Bourlinguer, chapitre "Paris, Port-de-mert"

    Cordialement.

    C.B

  3. Plus récemment que la Bedoyère… il y a l’histoire d’Alexandre (Balabanian), qui est toujours un fidèle de Drouot.
    Ce monsieur a plus de 80 ans aujourd’hui et c’est lui même qui m’a raconté son histoire alors que nous attendions l’ouverture d’une salle.
    Elle est tout aussi attachante que celle de La Bedoyère, si ce n’est plus.
    Alexandre Balabanian ne s’appelle pas Alexandre en fait, j’ignore son prénom. A Drouot tout le monde l’appelle Alexandre ou Monsieur Alexandre, du prénom de son père.
    Son père,le véritable Alexandre Balabanian est arrivé en France au début du 20ème siècle, directement d’Arménie, et s’est établi comme libraire. Il s’est donc rapidement mis à fréquenter Drouot.
    C’est à Drouot que nait la légende : Balabanian, comme ses collègues, remporte des lots, mais il s’attire les quolibets en annonçant « Balabanian » au crieur… Avec le temps, il décide d’utiliser son prénom pour éviter les moqueries. Toute sa vie, on l’appellera Alexandre, prénom qui restera à son fils.
    Le jeune Alexandre, qui est encore parfois présent à Drouot, m’a confié qu’il a assisté à sa première vente de livres au début des années 1930.
    Il a ensuite succédé à son père, et est devenu un spécialiste des bibliograhies.
    Il y a quelques années, il a mis en vente une grande partie de son fonds et en a racheté immdéiatement une partie lors de la vente, soit parce qu’il ne pouvait se résoudre à voir partir certains ouvrages, soit parce que le prix final lui semblait trop faible.
    Le personnage est d’une sympathie légendaire, mais également fort érudit. J’ai discuté plusieurs fois avec lui, mais pas forcément osé lui poser des questions indiscrètes… Je ne connais pas son prénom, mais tout le monde l’appelle Alexandre, quand à son nom, je pense que c’est bien Balabanian.. Mais cela reste à vérifier.
    En savez-vous plus?
    H

  4. Alexandre,

    C’est le comte de Labédoyère qui, après avoir vendu ses livres, passa le reste de sa vie à les racheter dans les ventes.

    Jean-Paul

  5. Des libraires qui refusent de se séparer de leurs livres, je ne sais pas, mais il y a une histoire à Drouot, avec un célèbre bibliophile, qui était aussi libraire, et qui a racheté certains de ses livres lors de la vente de son stock, qu’ila avit lui-même voulue.
    Alexandre

  6. Merci beaucoup, Olivier, pour ce portrait d’un personnage haut en couleurs.
    Existe-t-il encore des libraires si peu désireux de se défaire de leurs ouvrages à l’heure où, internet aidant, les acheteurs semblent bien moins dépendants d’un vendeur attitré ?

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