Les expressions de la bibliophilie: « fusillé en tête »

Amis Bibliophile bonjour,
Découvrons aujourd’hui une nouvelle expression méconnue de la bibliophilie, l’expression « fusillé en tête », en usage chez les bibliophiles les plus puristes du XIXe siècle et que Vandérem nous rappelle dans La Bibliophilie Nouvelle.
Cette expression est à rapprocher du culte (bien légitime) des marges chez les bibliophiles de l’époque. Comme pour les ouvrages brochés, l’objectif de ces amateurs était de réunir des ouvrages dans une condition la plus proche possible de leur condition originelle: la taille des marges était donc capitale. Les marges latérales, bien sûr, mais aussi les marges inférieures et supérieures. Il faut dire que les relieurs du XIXe avaient une forte tendance à rogner à l’extrême…
Histoire générale des Larrons, 1640, « fusillé en tête » par un relieur anglais Pour être un bon exemplaire aux yeux de ces bibliophiles exigeants, il convenait donc que l’ouvrage n’ait pas été ébarbé ou rogné. Il suffisait qu’un relieur quelque peu zélé ait quelque peu rogner sur ces sacro-saintes marges, pour par exemple dorer la tête d’un ouvrage pour que celui-ci soit qualifié, sans appel, de « fusillé en tête ». Une bien vilaine expression donc, pour une bien vilaine pratique. 
H

13 Commentaires

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  3. C’est une constatation un peu terre à terre mais une reliure telle qu’on la proposait a la fin du XIXe ou au début du XXe siècle, chez un grand relieur moderne coûterait fort cher, aujourd‘hui. D’autre part, les exemplaires brochés quand on les trouve, n’étant pas protégés sont parfois salis ou cornés. Il vaut mieux, comme le fait dorénavant un de mes amis, n’acheter que des exemplaires déjà reliés avec l’inconvénient éventuel de « fusillés en tête » que l’on réalisait souvent dans des ateliers qui travaillaient sur des ouvrages religieux (le temporel se moque de ce genre de détail !).

    D’accord avec Hugues sur le fait que les bibliopégimanes sont des bibliophiles tolérants. Par contre, ils deviennent intraitables quand on parle relieurs ;-)) Pierre

  4. Hugues, permettez-moi d'applaudir à la lecture de votre commentaire. Je souscris!
    A Olivier : sans malice aucune, quand Vandérem expose ses préférences en matière d'auteurs, quand est-ce? Si c'est en 1920, le temps a déjà bien fait son tri et il est plus aisé de repérer les "grands auteurs" du XIXème… Qui aujourd'hui pourrait se targuer de connaître les "bons auteurs " de notre époque? Je ne me risquerais à pas établir une liste même si j'aurais à coeur d'installer Pierre Michon à la première place.
    Bonne soirée
    S.D.

  5. Au delà de l'aspect pécunier, faire relier un livre aujourd'hui prend énormément de temps si l'on veut quelque chose de potable, l'espace-temps en arrive même à se rompre si l'on souhaite de très belles reliures. Faire relier sa bibliothèque complète et synonyme d'une remise en cause de la théorie de la relativité. Certes déjà battue en brèche mais bon…

    Faire relier des livres modernes relève de l'anachronisme ?

  6. "Qui trouverait aujourd'hui normal qu'un bibliophile trouvant un exemplaire tel que paru (les siècles en plus) se précipite chez son relieur : massicotez moi, lavez moi et ré-encollez moi tout ça et mettez lui un beau maroquin dans le goût du 20ème siècle…? "

    Effectivement l'approche n'est plus la même aujourd'hui où l'on s'efforce de garder le livre au plus près de son état d'origine. Le prix à payer pour une reliure est aussi un facteur…
    Et pour revenir à l'article :

    Plutôt que de rechercher un livre relié avec le maximum de ses marges conservées, le mieux n'est il pas d'avoir le livre broché, tel que sorti de l'imprimerie avec sa couverture gris-bleue ?

  7. En fait ce que reproche Vandérem aux grands bibliophiles de son temps c'est d'être passé à côté des grands textes et des auteurs majeurs (il a surtout les deux derniers tiers du 19ème en tête). Ce qui est quand même dommage, on peut en convenir. Et, quand ils les redécouvrent, de les dénaturer au motif… d'être passés à côté au moment où ils auraient dû juger de leur valeur en ouvrant les livres.

    Après il ne juge que de la valeur artistique des oeuvres et n'a que faire de l'intérêt historique ou documentaire de textes sans valeur littéraire.
    En général, j'ai du mal à le prendre en faute (sauf quelques passions coupables pour des auteurs qui n'ont pas passé la barre de la postérité) quand il parle de la nécessité de juger de la valeur artistique des illustrations (et des illustrateurs), des reliures ridicules du début du 20ème,etc. Quand on voit les artistes qu'il promeut (auteurs, illustrateurs, relieurs) c'est assez rock'n roll à l'époque pour un vieux monsieur (surtout pour les deux derniers).
    Bref, pour faire oecuménique, il appelle à la réconciliation de la droite et de la gauche bibliophiliques : pour l'avenir, faire relier somptueusement (et par les bons artistes) au bon moment les auteurs et les illustrateurs qui en valent la peine.
    Pour le passé, faire (sans nostalgie et sans révérence) avec les pêchés des ancêtres.

    Qui trouverait aujourd'hui normal qu'un bibliophile trouvant un exemplaire tel que paru (les siècles en plus) se précipite chez son relieur : massicotez moi, lavez moi et ré-encollez moi tout ça et mettez lui un beau maroquin dans le goût du 20ème siècle…?

    J'ai, mais c'est personnel, l'impression que parfois on (et j'en suis) se paie ce faste qu'on ne s'autoriserait, dans tous les sens du terme, pas aujourd'hui.

    Bonne soirée,
    Olivier

  8. Eternel débat, qui me surprend toujours parce qu'il oppose contenant et contenu. A ma droite les bibliophiles amateurs de grands textes, dont on aimerait être certain qu'ils les lisent, à ma gauche les amateurs de reliures, qui oublient parfois qu'un livre c'est d'abord un texte.

    Il est toujours amusant de constater que ce sont toujours les premiers qui critiquent les seconds. Mais il est surtout étonnant parce que cette opposition au fond n'a pas de sens. On peut avoir un grand texte dans une grande reliure, c'est ce à mon sens ce qu'il faut rechercher. Mais on peut aussi avoir de ces textes recherchés par les bibliophiles qui sont en fait illisibles (qu'importe alors qu'ils soient mal ou bien reliés), ou de très belles reliures sur des textes sans intérêt… par exemple sur des textes religieux, pour ne pas les nommer…

    Après, la bibliophilie est aussi pour moi affaire de sensualité, et je souffre toujours de voir la reliure vue de manière quelque peu péjorative. Peut-être parce que je suis aussi un grand lecteur, paradoxalement. Et la relation charnelle avec le livre est sans doute ce qui m'a fait évoluer de la lecture à la bibliophilie.

    Mais encore une fois, pourquoi opposer l'un à l'autre, c'est un débat simpliste, qui n'est pas à la hauteur de la bibliophilie, finalement… Non?

    Je vois rarement les bibliopégimanes critiquer les amateurs de textes, et c'est sans doute parce que je suis viscéralement au milieu du gué, que mon coeur peut se permettre de pencher vers les premiers. Je les trouve plus sympas! 🙂

    A gauche donc, mais ça, fidèles lecteurs, vous le saviez déjà :))))

    Hugues

  9. C'est bien Vandérem qui avait raison et qui était le vrai bibliophile. Les "Beraldistes" n'étaient effectivement que des collectionneurs de plats et de contreplats dits "doublures" : ce sont eux-mêmes qui disaient qu'ils n'avaient rien à faire des textes.

  10. On pourrait ajouter : lavés, habillés de manière anachronique, affichant des provenances héraldiques ridicules, truffés, etc.
    Le miracle ce n'est pas de trouver un 16,17 ou 18ème un tant soit peu rare habillé par Bauzonnet mais de le trouver sans qu'il est rencontré le couperet et les chèvres du 19ème.

    Vandérem est drôle parce qu'il est méchant et peu complaisant (il devait avoir plein d'amis ;-)). Titrer, à propos de la vente Béraldi, "une collection de plats" c'est gonflé.
    Moi j'adore (sans m'exonérer de l'attirance, forcément coupable, pour les livres anciens en maroquin bien lustré du 19ème).

    Olivier

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