François-Louis Schmied (1873-1941): phare de la bibliophilie moderne

Amis Bibliophiles bonjour, 
François-Louis Schmied est un des phares de la bibliophilie moderne; ses réalisations figurent parmi les livres légendaires du XXe siècle.

Né à Genève en 1873, mort au Maroc en 1941, ce graveur Suisse émigre en France, et réalise à partir de 1910 des illustrations pour diverses publications, avant de collaborer avec Paul Jouve pour son premier coup d’éclat : Le Livre de la Jungle, pour la Société du Livre Contemporain, qui paraît en 1919.

Graveur, mais pas seulement : Il abordera tous les aspects du livre, concevant la plupart du temps la typographie, l’illustration, la mise en page et la gravure des ouvrages qu’il dirigera.

Ses réalisations sont aisément reconnaissables : il montre un sens aigu de la modernité, en adoptant pour l’illustration les techniques les plus compliquées, pour obtenir un résultat toujours plus éclatant, utilisant les métaux précieux, dans un style Art Déco poussé à l’extrème; modernité combinée à une mise en page et une typographie prouvant une connaissance des incunables, voire des manuscrits enluminés, utilisant les lettrines, les pages réglées, les illustrations en bandeaux… toutes règles typographiques connues depuis des siècles, et assez délaissées.

Ses réalisations, tirées à tout petit nombre, le plus souvent pour une société de bibliophiles, ou à son compte personnel, sont des ouvrages de très grand luxe, de part leur réalisation technique parfaite, alliée aux matériaux d’exception employés. Ils font les beaux jours des ventes aux enchères, comme par exemple la vente Marcillac, et les prix atteints découragent le pauvre bibliophile..

Le premier livre produit est « La main enchantée », de Gérard de Nerval, illustré de gravures sur bois de Constant Le Breton. Il s’agit d’un in-4 de 99 pages, achevé d’imprimer le 31 juillet 1930. Il est tiré à 1000 exemplaires : 10 exemplaires sur japon anciens avec une suite sur chine et deux dessins originaux, 94 exemplaires sur japon impérial accompagnés d’une suite sur chine, 876 exemplaires sur vélin de Lana, et 20 exemplaires de collaborateurs.

Et pourtant !
 
couvertures des éditions du Bélier

François-Louis Schmied, en 1930, crée avec quelques amis (Maurice Tahon notamment) une maison d’éditions, « Les éditions du bélier ». Ces livres sont conçus et supervisés par Schmied, qui se fait aider de son fils Théo. L’ordonnance et la typographie sont conçus par F-L Schmied.

François-Louis Schmied « conçoit l’ordonnance et la typographie ».

Gérard de Nerval, la Main enchantée, justification et page de titre. Le deuxième livre est l’Avare, de Molière, illustré de vignettes gravées sur bois par Théo Schmied. Il s’agit d’un in-4 de 166 pages, de même format ; le tirage est quasi identique aux deux livres précédents, avec 856 exemplaires sur vélin de Lana ; l’achevé d’imprimer est du 15 février 1931. Ici on reconnaît encore l’intervention de F.L. Schmied, avec notamment l’usage des illustrations en bandeau vertical.Les gravures sont monochromes ; le tirage est important ; le papier est relativement courant: on est dans les standards de l’édition à prix raisonnable. Mais on reconnaît bien un livre de Schmied : la mise en page généreuse, le texte réglé en rouge, avec un groupe de filets pour le souligner, les gravures incluses dans la réglure, les bandeaux de début de ligne.
Gérard de Nerval, la Main enchanté

Molière, l’Avare, justification et page de titre.


Molière, l’Avare


Jean Giraudoux, Amphitryon, frontispice et page de titre On retrouve ici la composition de Schmied : texte encadré, jeux de filets, illustrations intégrées au texte, bouts de ligne.

La troisième réalisation est Amphitryon 38, de jean Giraudoux, illustré par Mariano Andreu, achevé d’imprimer le 15 juin 1931. Ici également, c’est F.L. Schmied qui en a conçu l’ordonnance et la typographie, même si cela se sent moins. Il s’agit toujours d’un in-4, de 213 pages, de même format ; le tirage est sensiblement le même que pour le premier livre, avec notamment 857 exemplaires sur vélin de Lana.

Jean Giraudoux, Amphitryon

Dante, le paradis, frontispice et page de titre

Le dernier livre publié sera le Paradis, de Dante, illustré de gravures sur bois de Giovanni Costetti. Il s’agit d’un in-4 de 133 pages, de même format, achevé d’imprimer le 15 février 1932. Ce livre n’est tiré qu’à 500 exemplaires, dont 400 sur vélin de Lana.

La production de cette maison d’édition s’arrêtera peu après avec la réalisation d’une plaquette de Maurice Tahon, Nuit, illustrée par Théo Schmied. Elle est tirée à seulement 50 exemplaires, « pour notre délassement », et « vu la grande misère du temps présent ». En effet c’est la crise ; les éditions du Bélier disparaissent, comme beaucoup d’autres de ce genre.

Dante, le Paradis.

Mais il nous reste quatre livres, qui nous permettent de profiter du génie de François-Louis Schmied, et c’est déjà beaucoup !

C.

 

11 Commentaires

  1. Hi! I could have sworn I’ve been to this website before but after browsing through a few of the articles I realized it’s new to me. Regardless, I’m certainly delighted I discovered it and I’ll be bookmarking it and checking back often!|

  2. Hi! I know this is kinda off topic however I’d figured I’d ask. Would you be interested in trading links or maybe guest writing a blog article or vice-versa? My blog goes over a lot of the same topics as yours and I believe we could greatly benefit from each other. If you happen to be interested feel free to shoot me an e-mail. I look forward to hearing from you! Fantastic blog by the way!|

  3. Certes, mais des sources bien établies sur les illustrés modernes, telles que cet article, restent peu courantes, merci beaucoup donc pour ce bon papier sur un de mes dadas ! Même si c'est effectivement très parcellaire.
    Je vais essayer de le compléter dans les semaines qui viennent.

    Merci à C., donc !

    B.

  4. Article certes intéressant mais limité à une toute petite partie de la production de SCHMIED, celle relativement méconnue publiée par "Les Editions du Bélier".
    On s'étonne donc de la dernière phrase de C. "mais il nous reste quatre livres….."
    Dieu merci il y en a beaucoup plus.
    Quant au deuxième anonyme ( mettez donc une signature pour qu'on puisse vous distinguer des autres anonymes ! ) merci de nous avoir renvoyé vers le très bon article de Javier Martin Santos qui avait d'ailleurs paru dans le Magazine du Bibliophile (N°110 janvier 2014) avec une réponse de Danuta Cichocka.
    L'essentiel dans tout cela est le résultat quelle que soit la part de l'un et de l'autre.

    Patrick C.

  5. la polémique sur Miklos n'est pas près de s'arrêter… mais ici on est tout de même assez loin des réalisations prestigieuses litigieuses.
    Au passage je ne félicite pas C. pour sa mise en page. Il aurait pu faire un effort 🙂

  6. Depuis les travaux de D. Cichocka sur Gustave Miklos, il me semble difficile de regarder d'un même oeil les travaux de François-Louis Schmied…
    Les livres restent fort beaux mais le doute s'insinue irrémédiablement !

Les commentaires sont fermés.