Deux Journaux du 17ème : le Journal des Sçavans et Les Nouvelles de la République des Lettres

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Ca fait plaisir de vous retrouver, merci à tous pour vos mots d’encouragement en ces moments difficiles. C’est l’ami Bernard qui me remet le pied à l’étrier en vous proposant un article sur deux ouvrages que l’on crois de temps en temps, mais restent trop méconnus : Le Journal des Sçavans et Les Nouvelles de la République des Lettres.

Deux journaux de la fin du XVIIème

Dans la seconde moitié du XVIIème siècle deux revues contribuèrent à la propagation des connaissances à travers l’Europe : Le Journal des Sçavans et les Nouvelles de la République des Lettres. Vous en avez certainement rencontré sur ebay ou ailleurs. Si vous n’avez pas eu la curiosité de chercher de quoi il s’agissait, voici quelques renseignements, très orientés vers les sciences (Chacun a ses faiblesses).

LE JOURNAL DES SÇAVANS

C’est en 1664 que Denis de Salo (1626-1669), conseiller au Parlement de Paris, obtient un privilège qui autorise la publication du Journal des Sçavans. Le premier numéro paraît le 5 janvier 1665, à Paris chez Jean Cusson, en forma in-4. Le rédacteur est Hédouville, pseudonyme de Denis de Salo. Celui-ci fait précéder le premier numéro d’un avertissement dans lequel il indique le but qu’il désire atteindre : « Catalogue exact des principaux livres qui s’imprimeront en Europe en disant de quoi ils traitent et à quoi ils peuvent être utiles ; éloge des personnalités célèbres qui viennent à mourir avec un catalogue de leurs œuvres ; exposé des expériences de physique et de chimie, des nouvelles découvertes qui se font dans les arts et dans les sciences et des observations du ciel, des météores et de l’anatomie … ». Rapidement les jésuites intriguent contre le Journal, qui bien que soutenu par Colbert, cesse de paraître le 30 mars 1665. La parution reprend le 4 janvier 1666, sous la direction de l’Abbé Gallois (1632-1707), mathématicien, astronome, physicien et linguiste.
Gallois dirige le Journal pendant un an, avec persévérance, puis les livraisons commencent à être irrégulières : En effet, de 1666 à 1674, l’Abbé Gallois ne fait paraître qu’une année complète, celle de 1666. Il ne donne que seize numéros pour l’année 1667, treize pour 1668, quatre pour 1669, un seul pour 1670, trois pour 1671, huit pour 1672, et se repose toute l’année 1673, pour faire paraître un seul cahier en 1674 ! A la fin de l’année 1674, l’Abbé Gallois est remplacé par l’Abbé de La Roque, « esprit vulgaire, critique maladroit et écrivain médiocre ». Il publie le journal hebdomadairement pendant toute l’année 1678, puis tous les quinze jours en 1679. La publication continue ainsi jusqu’en 1686. Après dix mois d’interruption, le journal reparaît sous la direction de Louis Cousin (1627-1707), Président en la Cour des Monnaies, homme d’une grande instruction et d’une justesse d’esprit remarquable. Le premier numéro parait le 17 novembre 1687 et la parution continue jusqu’à fin 1701. L’Abbé Jean-Paul Bignon (1662-1743) prend la succession et un premier numéro parait le 12 janvier 1702. La parution dure jusqu’en 1792 ; la collection complète est alors formée de 128 volumes in-4. Tous ces renseignements proviennent de L’histoire du Journal des Sçavans par Hippolyte Cocheris parue à Paris en 1860.

Les volumes de ce journal sont rares. On trouve plus facilement des volumes de l’édition d’Amsterdam, copiée sur l’édition parisienne, en format in-12.
Cette série de volumes in-4 constitue la tête de collection ; elle couvre la période 1665 à 1676.

Tous les livres parus en France et à l’étranger sont annoncés et commentés, en Français.

Pour les amateurs de voyages :
Premier éloge de Fermat :
Annonce de l’ouvrage fondamental de Grimaldi sur la lumière :
Parallèle entre Aristote et Descartes : Nouvelles machines pour les planètes et les éclipses : Bilan pondéral de l’alimentation et de la transpiration de l’homme: Première machine pour nager sous l’eau : Annonce du cours de chimie de Lemery (pour Eric) : Première machine pour dessaler l’eau de mer : On y trouve des articles scientifiques fondamentaux, parus ici pour la première fois, par exemple :

– Le premier énoncé de la loi des chocs élastiques par Huygens (18 mars 1669) : En 1669, Huygens adresse à la Royal Society de Londres, qui avait lancé un concours sur les lois du mouvement, un mémoire en latin rassemblant ses principaux résultats. Il est publié en français dans le Journal des sçavans de la même année sous le titre : Règles du mouvement dans la rencontre des corps. Lorsque Leibniz découvre à Paris, en 1671, les démonstrations de Huygens qui utilisent les quantités mv2, il est d’abord sceptique, puis reconnaît, dans ses écrits de 1677, qu’il y a là un principe général de physique : le principe de conservation des forces vives (Nous disons aujourd’hui conservation de l’énergie cinétique ). Une édition définitive du travail d’Huygens n’est donnée que de façon posthume dans les Opuscula Posthuma de 1703.

– La première description de la balance inventée par Roberval (10 février 1670). – La première description du télescope de Newton (29 février 1672) dans une lettre de Huygens, avant la publication dans les Philosophical Transactions.
– La démonstration touchant le mouvement de la lumière par Roemer (7 décembre 1676) : En 1676, l’astronome Ole Roemer (1644-1710), alors qu’il séjourne à l’Observatoire de Paris tout nouvellement bâti, déduit des irrégularités apparentes de la période des satellites de Jupiter une méthode de mesures de la vitesse de la lumière. Ses résultats sont publiés dans le Journal des Sçavans du lundi 7 décembre 1676. Roemer parvient à une valeur approximative de la vitesse de la lumière de 215 000 kilomètres par seconde. Il montre ainsi que l’hypothèse cartésienne de la propagation instantanée n’est pas fondée. L’ensemble de ces mesures et observations impose une refonte complète de l’optique cartésienne.
– Une dizaine de lettres de Huygens : De la sympathie et concordance de deux pendules suspendues d’une même perche (16 mars 1665) – Observation de Saturne faite à la bibliothèque du Roi (11 février 1669) – Réflexions sur la description d’une lunette, publiée sous le nom de M. Cassegrain (12 juin 1672) – Figure de la planète de Saturne (12 décembre 1672) – Nouvelle manière de baromètre (12 décembre 1672) – Nouvelle invention d’horloges très justes et portatives (25 février 1675).

Pour les amateurs de voyages, de théologie, de médecine, etc, le journal est également une mine de renseignements, « de première main »

NOUVELLES DE LA RÉPUBLIQUE DES LETTRES.
Protestant français exilé en Hollande, Pierre Bayle (1647-1706), peut être considéré comme le « père des Lumières ». Sa liberté d’expression et ses polémiques contre les théologiens catholiques, mais quelquefois aussi protestants, l’ont fait accuser d’athéisme. En 1682, il publie anonymement à Rotterdam la première édition de son livre sur les comètes, Lettre à M.L.A.D.C., docteur de Sorbonne, où il est prouvé par plusieurs raisons tirées de la philosophie et de la théologie que les comètes ne sont point le présage d’aucun malheur. L’année suivante paraît la seconde édition augmentée avec le titre définitif : Pensées diverses écrites à un docteur de Sorbonne à l’occasion de la comète qui parut au mois de décembre 1680. La renommée de Pierre Bayle est surtout due à son Dictionnaire historique et critique, destiné à redresser les erreurs propagées par les hommes de lettres et les scientifiques. Bayle entreprend la rédaction mensuelle des Nouvelles de la République des Lettres en 1684. Le premier journal parait en mars 1684 à Amsterdam, chez Desbordes. Bayle y indique qu’il doit « refléter en quelque sorte une société utopique où les savants travaillent ensemble en grande harmonie aux progrès du savoir ». Cette revue est faite de compte rendus de livres de théologie, philosophie, histoire, sciences… Elle a rapidement une très grande notoriété à travers toute l’Europe. En 1687, Bayle abandonne la publication de cette revue pour se consacrer à son Dictionnaire historique et critique. La parution est interrompue entre avril 1689 et janvier 1699 puis reprend jusqu’en 1718. Cette série de 11 volumes in-12 constitue la tête de collection, en reliure uniforme d’époque. Elle couvre la période de mars 1684 à avril 1689. Les volumes jusqu’au mois d’avril 1685 sont en seconde édition, les suivants sont en édition originale.
Difficile acceptation des idées de Descartes : Annonce de la parution de La pluralité des Mondes, par Fontenelle : Résolution d’un problème posé par Leibniz : En sciences, on trouve des articles importants de Papin, Huygens, Leibniz, Varignon, etc. Les autres disciplines sont également présentes.

Pour conclure, ces deux revues donnent une vue détaillée de tous les ouvrages parus à la fin du XVIIème. On peut noter que l’Académie des Sciences de Paris ne publiera ses mémoires qu’à partir de 1699. Merci infiniment Bernard,H

7 Commentaires

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  2. Bernard,

    Merci pour cet article.
    Je ne me lasse pas de m’émerveiller, grâce à vous, devant les connaissances scientifiques acquises dès le XVIIeme siècle (et ceci avec des outils du XVIIeme siècle!)
    Etant par penchant naturel plus intéressé par les sciences naturelles, je n’en dirai pas autant des connaissances médicales et vétérinaires de ce même siècle…
    Corolaire à vos articles : Je n’écarte plus d’un geste méprisant les ouvrages anciens de chimie et ou de physique qui me passent sous les yeux. Pour comprendre, il faut quelquefois tout reprendre par le commencement…
    Cordialement. Pierre

  3. Pour info, je n’ai plus les derniers commentaires des bibliophiles affichés à gauche de l’écran… ce qui ne facilite pas le suivi des interventions… sans doute un problème technique indépendant de la volonté du chef ?!

    Amitiés, Bertrand

  4. On trouve de temps en temps des séries incomplètes de quelques volumes du journal des sçavans mais presque toujours dans l’édition d’Amsterdam. Une bouteille à la mer: Je cherche certaines années dans l’édition parisienne: 1678, 1679, 1681 à 1709. Vous pouvez me contacter via les commentaires. Les premières années sont numérisées sur Gallica.
    Les Nouvelles de la République des Lettres sont rares également. Tous les bibliophiles « à thème » y trouvent leur bonheur.

  5. Encore un bel article Bernard !

    Je n’ai eu en mains que quelques volumes des Nouvelles de la République des Lettres de Bayle…

    Une collection complète en reliure uniforme est-elle trouvable ??? J’en doute ou alors un exemplaire en maroquin rouge aux armes resté caché bien au fond d’un rayon d’un château familial… ??

    Bonne soirée,

    Bertrand

  6. Je suis heureux de pouvoir à nouveau consulter les nouvelles du blog. Bon courage dans cette passe qui est très difficile.

    Cordialement Aleks

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