Connaissance de la reliure: « La reliure de Lyon »

Amis Bibliophiles bonjour,

Si les bibliophiles ont souvent entendu parler des reliures aux entrelacs colorés de cires, réalisées à Lyon et qui recouvrent les petits formats de Gryphe ou de De Tournes, rares sont ceux qui connaissent ce type de reliure dite «  de Lyon » .

En effet la « reliure de Lyon » a principalement été utilisée pour les manuscrits, livres de raison, les terriers et les archives, mais fort peu, voire pas utilisée du tout pour les imprimés. Dès le XVIIIe siècle, la dénomination « reliure de Lyon » est utilisée par Dudin dans« l’art du relieur doreur de livres ».

Si en France nous la trouvons uniquement dans la capitale des Gaules et essaimée de manière très  ponctuelle dans l’est de la France, elle est très présente dans toutes les archives Italiennes.  Dès le XVe siècle, Lyon ayant  multiplié les relations commerciales et culturelles avec l’Italie, il est fort probable que la technique nous soit parvenue  par ces échanges transalpins.

Cette reliure se présente avec un grand rabat qui protège bien l’ouvrage, fermé d’un lacet ou parfois de fermoirs.

Elle a la particularité d’être très solide,  de très bien ouvrir à plat pour permettre l’écriture,  sa grande singularité est de n’utiliser aucune colle.  Elle tient uniquement par les coutures et les liens, liens qui lui donnent cet aspect si reconnaissable.

Le corps d’ouvrage est d’abord assemblé par cahiers, puis lié à la couvrure par des liens renforcés par des bandes, ces liens formant de très caractéristiques et décoratifs motifs géométriques. Les liaisons corps d’ouvrage couvrures apparaissent également au dos.

Les tranchefiles qui jouent un rôle important dans la tenue de l’ensemble sont fabriquées sur un bâton ou un gros nerf.  Dans notre exemplaire la liaison des bâtons de tranchefile à la couvrure apparaît clairement sur le dos, par deux nœuds.

La reliure en parchemin que nous présentons n’avait jamais changé de main, resté propriété de la même famille depuis l’origine et bien protégé dans un torchon de lin. Tous ces éléments sont donc XVIe et sans aucune restauration.  Sur cet in folio 360 x 265 mm la couvrure n’utilise pas de cartons, les rabats de parchemin étant simplement tenus par des points de ficelles.

L’absence de colle et donc d’acidité a permis une conservation optimum du papier. Si les 40 premiers feuillets ont été manuscrits fin XVIe début XVIIe, le reste du volume, plusieurs centaines de pages est d’une parfaite virginité et d’une blancheur peu commune, le papier non altéré nous donne l’idée de la qualité d’origine d’un papier vierge XVIe. Dès qu’il y a de l’encre, sans avoir de rousseurs, le papier est à peine assombri.

Pour ce qui est du contenu de cet exemplaire, ce sont principalement des copies   manuscrites XVIe et tout début XVIIe d’édits du Roy concernant la ville ou province de ?? Lyon…bien sûr ! Un exemplaire qui ne manque pas de sel, le premier étant un édit concernant la constitution d’un grenier à sel…

Pour ceux qui souhaitent en apprendre beaucoup plus sur la technique de la « reliure de Lyon », une remarquable recherche de Pascaline Rollin de Baumont est accessible via ce lien avec de nombreux exemples techniques et iconographiques.

http://restaurationdelivres.fruchard.org/fichiers/reliure_de_lyon.pdf

Vous trouverez également quelques images sur le site des archives municipales de Lyon.

http://www.archives-lyon.fr/static/archives/contenu/64parcours/Recherch/basset/355.htm

Daniel Bayard

Libraire www.livre-luxe-book.com

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