Autour de la reliure, la réalisation d’une boîte, née de l’imagination d’un amateur et de ses relieurs.

Amis Bibliophiles bonjour,
Si vous suivez fidèlement le blog vous savez que je confie extrêmement peu de travaux de reliure. Quelques restaurations mais jamais de reliure sur un ouvrage broché, puisque je n’achète que rarement d’ouvrages brochés, à part de la documentation, que je ne fais pas relier. Et pourtant, chaque samedi, comme le baron Pichon, je me rends chez mon relieur, ou plutôt chez mes relieurs, devenus des amis, Carine Vilaine et Patrice Goy, qui ont repris l’atelier Moura. On devise, on plaisante, je vérifie votre niveau de bibliophilie en jetant un oeil rapide et indiscret aux ouvrages que vous avez confiés à l’atelier… Je plaisante.


Au fil du temps la pression montait, Patrice se désolant que nous ne travaillions jamais ensemble :). Il fallut trouver une solution. 
J’avais d’abord pensé à un petit exemplaire du Livre de quatre couleurs relié modestement en demi-vélin de l’époque. Sujet compliqué. Quelle reliure, originale et en plein maroquin créer sur ce type d’ouvrage, sans tomber dans l’anachronisme? Sur les conseils de Patrice, nous abandonnions la piste.
Pendant mes visites à l’atelier, je l’avoue, j’ai les yeux grand ouverts: je contemple chaque fer, chaque reliure qui attend de retrouver son propriétaire, chaque ouvrage de documentation dans la petite bibliothèque de l’atelier. Et j’ai fini par avoir le déclic en regardant une boîte élaborée par Patrice il y a quelques années. C’était la solution. Je n’ai pas d’ouvrage à faire relier, mais j’ai évidemment des ouvrages à protéger. 
Ne me restait plus qu’à trouver le bon candidat. 
Imprimé en 1597, l’ouvrage avait donc été relié sous sa forme existante au XIXe. Au XXIe siècle, j’ai pensé qu’il pourrait être judicieux de lui offrir une protection digne de lui. Nous avions le candidat. Au passage, il est à noter qu’une boîte reste une démarche beaucoup moins engageante qu’une reliure, la réversibilité, si je puis dire, étant évidente est immédiate: avec la boîte, hop, sans la boîte. Magie.
Le plus « simple » était fait! Le samedi suivant, à l’atelier, l’aventure véritable démarrait. Il était entendu avec Patrice que je passerai avec l’ouvrage mais que je ne laisserai pas à l’atelier. Patrice prît donc les mesures et découpa les cartons dans la foulée, avant de les assembler.



Cela c’est le démarrage de la partie technique, il nous restait à préciser l’approche artistique: choisir le type de boîte, les couleurs, les peaux, etc. Et je dis « nous », parce que je suis convaincu que ce type de réalisation, comme une reliure, ne peut être réussie que si le relieur et l’amateur sont sur la même longueur d’ondes et échangent beaucoup. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler.
Pour le type de boîte, la reliure de l’ouvrage étant janséniste, il nous est vite apparu qu’il fallait rester simple: pas de nerfs, quelques filets à froid, et la reprise des mentions dorées sur le dos de l’ouvrage. 

Le choix des couleurs et de la peau se fait quasi simultanément: en effet, c’est un compromis entre la qualité des peaux disponibles, le goût et les échanges entre le relieur et l’amateur. Et c’est là que j’ai fait une petite erreur: dès le départ Patrice m’a proposé des couleurs de peaux contrastant avec le rouge cerise quasi neuf de la reliure du XIXe (il était évidemment exclu de retrouver la même peau, la qualité des peaux du XIXe n’existant hélas plus aujourd’hui). Du vert, mais je n’aime pas le vert. Du bleu, du marron… Je n’étais pas convaincu, en fait je pensais – à tort – que l’idée du contraste ne correspondait pas à ce que je voulais. C’est ma première boîte. Nous nous sommes donc orientés vers un rouge, puis sur ce chagrin lie de vin. Pour l’intérieur, un agneau velours bleu nuit sur lequel nous nous sommes en revanche très rapidement mis d’accord.


A la réflexion, et même si je suis très très satisfait, je pense aujourd’hui que la piste de Patrice, celle d’une peau bleue à l’extérieur était peut-être la bonne. Mais comment savoir? En fait, c’est la qualité de la peau qui m’a amené à penser que les deux qualités étant différentes, peut-être eût-il été judicieux de varier également les couleurs.

Je vais vous éviter les étapes techniques de la boîte, qui feront l’objet d’un autre message, pour vous faire découvrir le résultat après dorure.


Le livre est désormais dans une boîte, dans ma bibliothèque, et d’une certaine façon, il se mérite encore plus. 
H Cette boîte a été exécutée par Patrice Goy et dorée par Carine Vilaine, âmes, coeurs et mains de l’excellent atelier Moura à Lyon.

12 Commentaires

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    Après lecture de cet article, je me suis décidé à franchir le seuil de l’atelier et à rencontrer Carine Vilaine et Patrice Goy, qui sont très accueillants et de bon conseil en effet. Je suis allé chercher la boîte aujourd’hui et j’en suis pleinement satisfait.

    Donc merci à l’auteur de ce blog et merci à Carine Vilaine et Patrice Goy pour leur accueil chaleureux, leurs conseils et surtout pour la qualité et la beauté de leur travail !

  5. J'aime particulièrement les filets à froid (?) qui rappellent qu'on est au 21ème siècle.
    Quant à la couleur, l'art du camaïeu est un art délicat…
    Mais je suis à moitié daltonien 😉

    Cette boîte n'était-elle pas l'occasion de poser une forme d'ex-libris, discret (genre : si la provenance ne vous plaît pas : jetez la boîte!)?

    Bonne soirée,
    Olivier

  6. Toujours un travail parfait. Patrice devrait venir installer son atelier dans mon petit village et laisser à d'autres la grande ville… j'irai ainsi lui rendre visite et lui confier des reliures. Lyon, c'est trop loin. Un grand bonjour à toute l'équipe de l'atelier, et toute ma considération pour son travail, comme toujours, impeccable et de bon goût.

  7. Pierre vient d'inventer la poupée russe bibliophilique !!

    Cet article est intéressant car il montre toute la difficulté à devoir habiller un livre du passé. Le choix n'est jamais évident.

    Bon, je n'aime pas les boites, ni les reliures de Capé sur les ouvrages du XVIème mais je reconnais que nous avons ici du beeau travail de reliure.

    Textor

  8. Très beau travail d'artisan et belle réalisation menée de concert avec le propriétaire de l'ouvrage.

    Quand Patrice Goy et Carine Vilaine auront acquis la notoriété de Capé, il faudra néanmoins penser à faire un emboitage de protection pour leur boite ;-)) Pierre

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